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Test d'Arturia Pigments 7 - Pour quelques couleurs de plus

9/10
Award Valeur sûre 2025
2025
Valeur sûre
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Moins d’un an après la version 6, Pigments revient dans une nouvelle mouture. Plus timide en nouveautés que les précédentes, cette septième version saura-t-elle malgré tout apporter de nouvelles couleurs à vos productions ?

Test d'Arturia Pigments 7 : Pour quelques couleurs de plus

Lorsque Pigments a débarqué il y a quelques années, il s’agis­sait avant tout d’un synthé­ti­seur logi­ciel centré sur la synthèse à tables d’ondes, doté d’un moteur wave­table poussé et d’un système de modu­la­tion visuel d’une redou­table effi­ca­cité. D’em­blée, Artu­ria avait posé les bases d’un instru­ment moderne, flexible et remarqua­ble­ment clair dans son fonc­tion­ne­ment. Mais c’est au fil des versions succes­sives, grâce à l’ajout de nouveaux moteurs, de filtres supplé­men­taires, d’ef­fets élabo­rés et d’un séquen­ceur toujours plus inspi­rant, qu’il s’est trans­formé en véri­table couteau suisse de la synthèse. Pigments est devenu l’un des rares synthés capables d’al­lier puis­sance, poly­va­lence et convi­via­lité, sans jamais tomber dans la complexité gratuite.

Avec la version 7, Artu­ria pour­suit cette évolu­tion, mais d’une manière plus timide que par le passé. Il ne s’agit pas ici d’une révo­lu­tion, ni même de nouvelles possi­bi­li­tés essen­tielles, mais plutôt d’une série d’ajouts et d’amé­lio­ra­tions qui renforcent le poten­tiel, déjà énorme, de l’ins­tru­ment.
Il faut recon­naître que si la liste des nouveau­tés peut sembler un peu légère, Pigments 6 avait atteint un tel niveau de puis­sance et de matu­rité qu’il devient diffi­cile d’ima­gi­ner ce qu’Ar­tu­ria pour­rait réel­le­ment ajou­ter de déci­sif. Une fois n’est pas coutume, commençons donc par évoquer les quelques manques que l’on pour­rait regret­ter.
Un nouveau géné­ra­teur basé sur la FM, peut-être ? Pigments possède déjà des possi­bi­li­tés de modu­la­tion de fréquence puis­santes, mais l’ajout d’un moteur dédié à cette synthèse avec davan­tage de contrôle ferait sens. On regrette égale­ment l’ab­sence persis­tante de sauve­garde de présets par section, une fonc­tion qui serait pour­tant très précieuse compte tenu de la profon­deur de l’ins­tru­ment et qui faci­li­te­rait gran­de­ment la créa­tion rapide de nouveaux sons.
Enfin, contrai­re­ment à Serum 2 ou Dune 3, Pigments ne propose toujours pas la possi­bi­lité de créer ses propres wave­tables direc­te­ment dans l’in­ter­face. Voilà tout, et cela laisse encore une petite marge de progres­sion pour les prochaines versions.
Mais globa­le­ment, on serait vilaine langue de critiquer ce logi­ciel déjà si complet, plai­sant à l’usage, et qui de plus propose ses mises à jour gratui­te­ment.
Penchons-nous main­te­nant sur les nouveau­tés propre­ment dites, en renvoyant les lecteurs inté­res­sés par une vue d’en­semble vers les tests précé­dents.

Une nouvelle vue Play moder­ni­sée et orien­tée perfor­mance

Pigments 7 -2La refonte de la vue Play est sans doute l’un des chan­ge­ments les plus visibles pour quiconque découvre Pigments 7 pour la première fois. Artu­ria a choisi de moder­ni­ser cette inter­face en s’ins­pi­rant de ce que l’on connaît déjà dans Analog Lab, tout en y ajou­tant un visuel dyna­mique. La fenêtre est désor­mais large­ment occu­pée par une visua­li­sa­tion animée : chaque caté­go­rie de sons dispose de la sienne, réagis­sant à la fois aux formes et aux couleurs du signal audio.
Les macros, davan­tage mises en avant que par le passé, appa­raissent en surim­pres­sion de cette anima­tion, tandis que les commandes d’édi­tion sont regrou­pées en bas de l’écran. L’en­semble est clair, effi­cace et visuel­le­ment très réussi.
Pour autant, ce n’est pas sans nuances. Si cette nouvelle vue Play s’avère indé­nia­ble­ment plus moderne et parfai­te­ment adap­tée au jeu en temps réel, elle montre aussi certaines limites lorsqu’il s’agit d’édi­ter rapi­de­ment un son. Presque tous les contrôles précé­dents sont toujours présents, mais l’ac­cès direct est moins immé­diat et passe davan­tage par des onglets.


Pigments 7 -3Cela dit, ce choix s’avère fina­le­ment perti­nent. L’an­cienne vue Play était quelque peu bancale, sorte de version allé­gée de la page Synth dont l’uti­lité n’était pas toujours évidente. Pensée à l’ori­gine comme une alter­na­tive plus simple pour program­mer sans passer par l’in­ter­face complète, parfois inti­mi­dante, elle peinait à trou­ver sa place. Cette nouvelle mouture porte bien mieux son nom et se recentre clai­re­ment sur le jeu et la perfor­mance.
Ce repo­si­tion­ne­ment trans­forme la vue Play en un véri­table espace dédié au jeu. Pour les sound desi­gners dési­reux d’ex­plo­rer en profon­deur les moteurs de synthèse, elle ne remplace évidem­ment pas l’ac­cès aux pages détaillées, mais elle offre une expé­rience plus immer­sive lorsqu’il s’agit d’im­pro­vi­ser ou d’ajus­ter en temps réel des para­mètres essen­tiels, notam­ment via les macros.

P7 08 – Amor­phic Over­tone
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  • P7 08 – Amor­phic Over­tone00:27
  • P7 09 – Arp Bad karma00:21
  • P7 10 – Arp Da Rave00:18
  • P7 11 – Arp Square00:19
  • P7 12 – Arp SF00:18
  • P7 13 – Digi­punch01:54
  • P7 14 – Dirty Flute01:01

Des filtres et un effet qui ajoutent vrai­ment du carac­tère

Pigments 7 Ripple Reverb filtersPigments 7 étend la palette sonore avec trois nouveaux filtres distincts et un nouvel effet. La gamme de filtres exis­tante est déjà large, mais ces ajouts apportent une couleur et une person­na­lité nouvelles.

Le filtre Rage donne une capa­cité de satu­ra­tion qui n’était pas vrai­ment présente aupa­ra­vant. Il combine des éléments de réso­nance et de distor­sion multiple, avec plusieurs types dispo­nibles (Diode, Distor­tion, Soft Clip, Tape et Tran­sis­tor), ce qui permet d’ob­te­nir des colo­ra­tions douces ou agres­sives. Sur des basses ou des leads, ce filtre apporte une éner­gie distinc­tive qui plaira parti­cu­liè­re­ment aux musiques élec­tro­niques modernes.

Le Ripple propose quant à lui via ses 3 types (Subtle, Medium et Hard) de jouer sur des phéno­mènes de phase et de déca­lage fréquen­tiel, offrant des timbres oscil­lants qui ne sont pas simple­ment des varia­tions de cutoff. Ce filtre très origi­nal peut vibrer ou pulser de manière très inté­res­sante et se posi­tionne un peu comme un outil de sound design textu­ral plutôt qu’un filtre clas­sique destiné à « tailler dans la matière ».

Pigments 7 Corroder fx whiteLe Reverb Filter est encore plus atypique : il faut le pratiquer pour en comprendre véri­ta­ble­ment le fonc­tion­ne­ment. Il produit des textures réson­nantes qui se rapprochent effec­ti­ve­ment d’une réver­bé­ra­tion. Son champ d’ac­tion est à la fois vaste et typé. Il peut se révé­ler utile dans de nombreux cas de figure, mais c’est parti­cu­liè­re­ment en sound design, et dans des textures brui­tistes ou expé­ri­men­tales, qu’il tire son épingle du jeu. Aucun doute que des program­meurs talen­tueux sauront en tirer de nombreux timbres origi­naux.

Enfin, Pigments 7 ajoute à son arse­nal d’ef­fets le Corro­der. À la lecture de la liste des nouveau­tés, on pour­rait rapi­de­ment se dire que l’ajout d’un nouvel effet destiné à salir le son ou à ajou­ter de la distor­sion n’a rien de fonda­men­tal. Et pour­tant, à l’usage, Corro­der se révèle rapi­de­ment convain­cant.
Il est présenté comme un outil explo­rant des trai­te­ments de dégra­da­tion contrô­lée, allant du plus subtil au plus destruc­teur selon les réglages. Et c’est effec­ti­ve­ment le cas. L’ajout de bruit dans le proces­sus consti­tue un véri­table plus, appor­tant de jolies textures et une dimen­sion supplé­men­taire au trai­te­ment.
Surtout, une source de modu­la­tion peut être choi­sie parmi les formes d’onde stan­dards (sinus, square, saw), mais aussi, et c’est là que l’ef­fet devient vrai­ment inté­res­sant, les géné­ra­teurs, les filtres, l’en­trée FX ou encore l’Au­dio Input. Comme nous l’avions déjà constaté avec Pigments 6, cette possi­bi­lité ouvre la porte à de nombreuses fantai­sies, mais appliquée ici à un effet dédié à la dégra­da­tion sonore, elle prend une tout autre dimen­sion.
Votre voix, ou même le bruit de votre machine à laver, peut ainsi servir de modu­la­teur pour Corro­der. Avouez que c’est plutôt cool.
Paral­lè­le­ment à ces ajouts, les filtres « Clas­sics » béné­fi­cient main­te­nant de modu­la­tion FM, ce qui ouvre encore plus d’in­ter­ac­tions complexes entre oscil­la­teurs et filtres. Cela enri­chit consi­dé­ra­ble­ment la capa­cité de Pigments à aller vers des textures métal­liques ou impré­vi­sibles.

P7 01 – Filters Rage Diode + Ripple
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  • P7 01 – Filters Rage Diode + Ripple01:17
  • P7 02 – Filters Rage tape + Reverb01:53
  • P7 03 – Filters Ripple + Rage tape00:21
  • P7 04 – Filters Ripple + Reverb00:36
  • P7 05 – FX Corro­der – Amazing Machine01:55
  • P7 06 – FX Corro­der – Iron Tremor pad01:37
  • P7 07 – FX Corro­der Mars02:16

Autres nouveau­tés Pigments 7 : enve­loppes plus nettes, meilleure gestion CPU, nouveaux présets et wave­tables

Pigments 7 Rage FiltersLe cœur sonore de Pigments béné­fi­cie égale­ment d’une série d’amé­lio­ra­tions plus subtiles, mais néan­moins signi­fi­ca­tives. Parmi elles, l’op­ti­mi­sa­tion de l’en­ve­loppe d’am­pli­tude permet de réduire les clics indé­si­rables et d’amé­lio­rer la netteté des attaques. Le résul­tat se traduit par des sons percus­sifs plus précis et des basses plus « claquantes ». Ce type d’af­fi­nage, certes discret sur le papier, se fait pour­tant ressen­tir assez rapi­de­ment à l’usage.
À noter toute­fois que ces chan­ge­ments peuvent avoir une inci­dence sur certains sons program­més avec des versions anté­rieures de Pigments.
Artu­ria a égale­ment opti­misé les perfor­mances géné­rales et la consom­ma­tion CPU. Et le gain est bien réel : Pigments 7 se montre moins gour­mand que ses prédé­ces­seurs dans des contextes complexes, ce qui s’avère parti­cu­liè­re­ment confor­table dans des sessions char­gées ou sur des machines moins puis­santes.
Le contenu livré avec Pigments 7 a lui aussi été enri­chi. Cette version propose 150 nouveaux présets, accom­pa­gnés de 50 wave­tables, 30 samples et 20 sources de bruit, ainsi que des tuto­riels inté­grés guidant les utili­sa­teurs à travers des scéna­rios concrets de sound design.

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2025
2025
Valeur sûre
Award

Pigments 7 s’ins­crit clai­re­ment dans une logique de conti­nuité. Plus timide que certaines évolu­tions précé­dentes, cette nouvelle mouture ne cherche pas à boule­ver­ser un instru­ment déjà extrê­me­ment abouti, mais à l’af­fi­ner. De ce point de vue, cette version ressemble davan­tage à une 6.5 qu’à une véri­table V7. Pigments a toute­fois atteint un niveau de matu­rité tel qu’il devient diffi­cile d’y ajou­ter des fonc­tion­na­li­tés réel­le­ment déci­sives sans risquer l’em­pi­le­ment ou la complexité inutile. Et puis comme la mise à jour est gratuite, on ne va pas râler, hein.
La refonte de la vue Play, plus moderne et plus lisible, assume désor­mais clai­re­ment un posi­tion­ne­ment orienté vers le jeu et la perfor­mance. En ce sens, le parti pris est cohé­rent et la réali­sa­tion convain­cante, même si cette approche se fait au détri­ment d’une édition rapide.
Les nouveaux filtres et l’ef­fet Corro­der apportent, quant à eux, une réelle plus-value sonore. Ils permettent d’em­me­ner Pigments vers des terri­toires plus abra­sifs ou plus expé­ri­men­taux. Le Corro­der en parti­cu­lier, s’im­pose comme un effet créa­tif à part entière, d’au­tant plus inté­res­sant qu’il exploite intel­li­gem­ment le système de modu­la­tion déjà très riche du synthé.
Les amélio­ra­tions appor­tées au moteur interne, notam­ment sur les enve­loppes, contri­buent elles aussi à rendre le son de Pigments plus pêchu, même si elles peuvent parfois modi­fier légè­re­ment le compor­te­ment de certains presets conçus avec des versions anté­rieures. Enfin, l’op­ti­mi­sa­tion CPU mérite d’être souli­gnée. Pigments 7 se montre sensi­ble­ment moins gour­mand que ses prédé­ces­seurs, ce qui améliore nette­ment le confort d’uti­li­sa­tion dans des projets char­gés.
Au final, Pigments 7 n’est peut-être pas la version la plus spec­ta­cu­laire de l’his­toire du synthé, mais elle en pour­suit l’évo­lu­tion de manière cohé­rente et maîtri­sée. Pigments confirme, version après version, qu’il reste une valeur sûre.

  • Toujours aussi polyvalent, toujours aussi facile d'accès
  • Nouvelle vue Play efficace
  • Effet Corroder !
  • Nouveaux filtres sympa
  • Consommation CPU
  • Mise à jour gratuite

  • Davantage une 6.5 qu'une v7
  • Toujours pas de presets par section
  • Toujours pas de possibilité de créer ses propres wavetables
Intêret de la mise à jour :
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  • madamereve 2513 posts au compteur
    madamereve
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 19/12/2025 à 18:39:46
    Super test! Merci. D'accord pour dire que c'est une 6.5 plus qu'une 7. Pas trop cpuvore même sur un Mini PC.
    Comme je ne suis pas un synthétiste confirmé, pour les wavetables, je me contente de celles inclues.
    Je suis plutôt du genre à tweaker des presets. Un noob, quoi. Mais je me soigne.
    Ce qui m'agace chez Arturia, c'est la quantité de bitmap, jpeg, etc, qui s'installent sur le système. Ils pourraient s'inspirer de la concurrence pour dégraisser le mammouth.

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