Après le test de la sympathique pédale Le Clean, nous allons voir en détail aujourd’hui le deuxième préampli à lampe au format pédale signé Two Notes Audio Engineering : Le Crunch.
Étant donné mes accointances musicales, il s’agît de la pédale avec laquelle j’ai le plus fait joujou. Je vais essayer autant que faire se peut de garder un point de vue objectif sur la bête, mais j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop si parfois je m’emballe un peu, car après tout, je ne suis qu’un homme !
French Connection
Si vous êtes un lecteur assidu d’Audiofanzine, ce dont je ne doute pas, vous pouvez directement passer au chapitre suivant, car nous n’évoquerons ici que les caractéristiques plus ou moins techniques qui sont communes à toutes les pédales et que vous connaissez donc maintenant sur le bout des doigts grâce à l’article précédent.
Tout d’abord, sachez que ces jolis engins ne fonctionnent que sur secteur. En même temps, des piles auraient eu du mal à rassasier la combinaison lampe/transistors MosFet se nichant au cœur de chacun de ces joujoux. Heureusement, Two Notes fournit l’adaptateur adéquat, chose suffisamment rare pour être soulignée.
En ce qui concerne la construction, c’est assez déconcertant… Ces pédales sont d’une légèreté exceptionnelle, et pourtant, elles semblent plus solides qu’un tank ! Sérieusement, vous pourrez y aller à grand coup de Doc Martens sans l’ombre d’une hésitation tant le châssis en fonte d’aluminium est inébranlable. D’autant que les switches ne sont pas en reste niveau robustesse. Bref, un bon point de plus.
Passons maintenant à la connectique. Sur le côté droit, nous avons logiquement droit à l’entrée instrument au format jack 6.35 mm. Celle-ci est directement suivie d’une sortie « THRU » (jack 6.35mm) qui permet, si l’envie vous en prend, de tout de même attaquer un autre ampli, voire de récupérer le signal brut de votre instrument via l’entrée DI d’une carte son au cas où. Viens ensuite la sortie « Send », toujours au format jack 6.35 mm. Oui, vous avez bien lu, ces bestioles intègrent une boucle d’effet. Une fois encore, c’est assez rare pour être salué. Pour finir ce côté, une entrée MIDI au format DIN 5 broches complète le tableau, mais nous en reparlerons plus tard…
La tranche gauche est, quant à elle, un peu plus chargée. Il y a tout d’abord le connecteur pour l’adapteur secteur fourni (12VDC/500mA). Il est suivi de près par une sortie casque au format mini-jack, ce qui permettra aux astiqueurs de manche noctambules de pratiquer leur onanisme musical sans réveiller madame. Nommé « DI Output », le connecteur suivant constitue à mon sens la sortie principale de ces belles machines. Au format XLR, il permet d’attaquer tranquillement aussi bien les consoles que les cartes audionumériques. Et quel signal véhicule-t-il ? C’est au choix en vérité : soit le signal préamplifié dans son plus simple appareil, soit accompagné d’une simulation de HP activable via le switch idoine mitoyen. Notez que cette sortie dispose également d’un switch « Ground Lift » pour supprimer une éventuelle boucle de masse. Bien vu ! Pour finir ce tour du propriétaire, nous avons droit au « Return » de la boucle d’effet ainsi qu’à une deuxième sortie labellisée « Output », tous deux au format jack 6.35 mm. La sortie « Output » ne tient pas compte de la simulation d’enceinte et permettra d’envoyer le signal préamplifié vers un HP, voire – au hasard – vers un simulateur HP de la gamme Torpedo signé Two Notes. Comme vous pouvez le constater, la connectique est on ne peut plus complète. Dans les faits, cela permettra d’utiliser ces pédales aussi bien en concert qu’en studio, en passant par les répétitions ou bien encore la pratique à la maison. Chapeau bas monsieur Two Notes !
À présent, voyons ce que proposent ces joujoux au niveau préampli à proprement parler. Chaque pédale dispose de deux canaux, A et B, activables via leurs switches respectifs situés sur le dessus du châssis. Le premier dispose d’un réglage de gain en entrée, d’un volume en sortie, et d’un égaliseur deux bandes (Bass et Treble) simple, mais ô combien efficace. Pour le canal B, nous retrouvons les mêmes réglages avec en sus une bande semi-paramétrique pour les médiums qui permettra de sculpter encore plus avant votre son. Voilà, plutôt pas mal, n’est-ce pas ? Ah, mais non, attendez une minute, j’ai oublié de vous parler d’un petit quelque chose : le mode Fusion ! En pressant simultanément les switches A et B, qui sont suffisamment éloignés pour une utilisation séparée correcte, mais tout de même assez proches afin de permettre sans mal cette manœuvre, les pédales basculent en mode Fusion. Mais de quoi s’agit-il ? Eh bien, dans ce mode, les canaux A et B peuvent être mélangés de deux façons différentes :
- En parallèle (fusion froide ou « Cold Fusion ») – le potard « Fusion » servant alors à doser le niveau du signal provenant du canal A ;
- En série (fusion chaude ou « Hot Fusion ») – le rotatif « Fusion » dosant alors le niveau du canal A venant booster le canal B.
À l’usage, ce mode Fusion offre à ces pédales 2 canaux un troisième canal pas piqué des vers ! Rendez-vous compte, l’option « Hot » transforme le canal A en un boost survitaminé puisque disposant d’un égaliseur. Quant à l’option « Cold », elle permet d’utiliser en toute simplicité une astuce de studio qui consiste à mélanger en parallèle un signal « clean » avec son double saturé afin de remédier à la perte de précision induite par un excès de distorsion. Tout simplement magique !
Légende Sauf contre-indication, tous les extraits ont été enregistrés avec une guitare Fender Telecaster Road Worn '50s Blonde d’origine. Le préfixe « Re_ » signale qu’il ne s’agit pas d’une prise réalisée directement, mais d’un reamping au travers de la pédale. La mention « A », « B », « hot » ou « cold » indique le canal ou le mode de Fusion utilisé. |
Au passage, sachez que les nouveaux bambins Two Notes ne sont pas avares en ce qui concerne les retours visuels. En effet, la fenêtre dévoilant la lampe s’illumine en fonction des canaux ou du mode de Fusion utilisés : en vert pour le canal A, orange pour le B, bleu pour la fusion froide, et enfin rouge pour la fusion chaude. Simple et efficace, rien à redire.
Avant de passer aux exemples sonores, revenons un instant sur le MIDI qui peut être employé de plusieurs façons. Premièrement, il est possible de piloter via un pédalier MIDI externe le passage entre les canaux A, B et Fusion, ainsi que le mode de Fusion. D’autre part, si vous avez la chance de posséder plusieurs de ces bestiaux, les relier entre eux via MIDI vous permettra de fluidifier les changements de canaux puisqu’alors, une pression sur l’un des canaux d’une des pédales désactivera automatiquement les autres. Enfin, sachez qu’il est possible de programmer l’envoi d’un message Program Change par ces pédales pour chaque changement de canal. Mine de rien, cela peut être diablement pratique si, par exemple, vous possédez une pédale Torpedo C.A.B. de la marque. En effet, il est du coup possible d’associer une simulation de HP différente pour chaque canal.
Même si ces fonctions MIDI ne serviront pas à tout le monde, il faut reconnaître que le constructeur français fait ici très fort sur le plan de la cohérence et de l’intégration avec ses autres produits.
Voilà pour le « petit point » technique. Il est maintenant grand temps de passer à la partie la plus fun de ce banc d’essai : les extraits audio !
Un son à craquer
Son patronyme et sa couleur dorée ne laissent que peu de place aux spéculations, Le Crunch tend à naviguer sur la mer Marshall. Et pour le coup, étant relativement connaisseur en la matière, il faut bien avouer que dès mes premières notes, j’ai ressenti un je-ne-sais-quoi d’embrun familier du plus bel effet. Voyons si pour vous il en sera de même…
Avec un réglage de gain raisonnable, le canal A délivre un son clair remarquable, tant par son caractère que par sa réponse à la dynamique de jeu.
En revanche, dès que l’on pousse un peu, le son se met à « cruncher soyeusement » pour un rendu typique du meilleur esprit Marshall.
Les trois extraits suivants illustrent le respect dont la bestiole fait preuve en regard des changements de micro.
- 03 Re Crunch A neck 00:21
- 04 Re Crunch A neck bridge 00:21
- 05 Re Crunch A bridge 00:22
Passons maintenant au canal B : d’abord avec un réglage de gain faible pour un son légèrement craquant ; puis avec une bonne dose de gain pour une saturation plus marquée ; et enfin avec un « juste milieu » qui correspond à mon idéal personnel, ce qui est on ne peut plus subjectif, je vous l’accorde. Vous remarquerez au passage le souffle un peu trop présent sur l’extrait 07, la faute à un micro simple bobinage… D’ordinaire, j’utilise un Noise Gate pour calmer la chose, mais je n’ai pas souhaité polluer ce banc d’essai avec l’ajout d’un traitement extérieur à l’objet du test.
- 06 Re Crunch B light 00:41
- 07 Re Crunch B crunch 00:41
- 08 Re Crunch B 00:11
Le prochain extrait utilise la pédale en mode « Hot Fusion ». Le rendu possède juste ce qu’il faut de gras et d’agressivité.
Enfin, en mode « Cold Fusion », il est possible d’obtenir un son clair avec un arrière-goût croustillant qui, personnellement, me régale !
Voici à présent quelques fragments audio issus d’une session jam/impro avec le guitariste Romain Preuss (voir en bas). Au passage, sachez qu’il s’agit de la pédale qu’il a le plus appréciée. D’autre part, vous noterez qu’une réverbération a été ajoutée pour son confort de jeu.
- 11 Scotch Crunch A 01:18
- 12 Scotch Crunch B 1 00:32
- 13 Scotch Crunch B 2 00:28
- 14 Scotch Crunch B 3 00:25
- 15 Scotch Crunch B 4 00:52
- 16 Scotch Crunch hot 1 00:27
- 17 Scotch Crunch hot 2 00:32
Enfin, terminons avec quelques exemples utilisant des simulations d’enceinte du Torpedo Wall of Sound III en lieu et place de la simulation embarquée. Quoi, je ne vous avais pas dit ? Two Notes livre avec chaque pédale un bundle de 16 enceintes pour leur plug-in Torpedo Wall of Sound III. Ce bundle est différent selon le modèle de la pédale afin de coller au mieux avec l’esprit de chaque préampli. Du coup, si vous coupez la simulation de HP embarquée pour attaquer votre carte son et ainsi passer par le Wall of Sound, la palette sonore disponible est encore plus conséquente.
- 18 Re Scotch Crunch B 4 AnglVintC 00:52
- 19 Re Scotch Crunch B 4 BritStd 00:52
- 20 Re Scotch Crunch B 4 PrimeB 00:52
- 21 Re Scotch Crunch B 4 Voice30 00:52
C’est ainsi que s’achève notre séance d’écoute. À l’instar de ce que je vous ai déjà dit pour Le Clean, sachez que même si je n’ai pu inclure d’exemple sonore relatif à la boucle d’effet faute de temps, cette dernière fonctionne à merveille. D’autre part, j’ai également utilisé Le Crunch en lieu et place de mon gros ampli habituel avec mon pedalboard en amont. Cela vous intéressera sûrement d’apprendre que mes pédales Ibanez TS9, ProCo Rat et consorts se sont accouplées avec plaisir à la belle.
Conclusion
Décidément, cette nouvelle gamme de pédales signée Two Notes est bien aguicheuse. Si Le Clean m’avait déjà bien titillé, Le Crunch m’a carrément séduit ! Cette dernière arbore non seulement les qualités intrinsèques à la gamme, à savoir une connectique et une qualité de fabrication irréprochables pour un tarif extrêmement attractif (299 €), mais en plus, elle chatouille ma corde sensible en délivrant un son plein de caractère aux accents Marshalliens de la meilleure époque. Difficile à ce compte-là de trouver quelque chose à redire… Enfin si, juste une chose : à quand un modèle similaire tendance Vox ?
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement mon ami Romain Preuss, alias Scotch, pour avoir su trouver le temps de venir me donner un coup de main. Guitariste funambule dont l’immense talent n’a d’égal que sa gentillesse, Romain prépare actuellement la sortie de son deuxième album au sein du duo Scotch & Sofa prévue pour janvier 2016. D’autre part, il défend également sur scène le premier EP de son deuxième groupe Poussin. Encore mille mercis mon Scotch, j’ai vraiment adoré passer ce moment avec toi, plein de bisouilles !
Je souhaite également remercier Geoffrey Levêque pour les photos qui habillent cet article.
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