Lancés il y a à peine cinq ans maintenant, Martin Kidd et son équipe ont rapidement su imposer Victory comme l’un des leaders du marché des amplis guitare haut de gamme. On parle de tout fait main en Angleterre depuis leurs ateliers de Surrey, avec des produits qui embrassent fièrement la tradition britannique des amplis qui sonnent très très fort !
Après avoir développé une gamme de combos et têtes d’amplis pour tous les goûts, des sons les plus cleans du V40 aux Crunch Marshalliens du Sheriff jusqu’aux doubles canaux de gain infernaux du Kraken – Victory a décidé d’investir le marché des pédales en offrant les mêmes sons (cela reste à voir) dans un format beaucoup plus compact.
Des lampes dans les profondeurs
Cette gamme dûment « V4 Preamp Series » reprend donc la section de préampli des circuits qui ont fait leur renommée, lampe comprise, et se présentent comme ça. Le Kraken sur le banc d’essai aujourd’hui inspire la confiance et la solidité. Malgré une taille relativement compacte de 223 × 140 × 90 mm, cette (superbe) boîte pèse quand même un bon kilo et demi en raison de sa construction intégralement métallique. Pas peur de marcher dessus donc, et c’est tant mieux parce que les lampes, c’est fragile ! En effet le Kraken affiche un signal 100 % lampes et est équipé d’une EC900 et de trois CV4014. Cela laisse présumer de très bonnes choses en ce qui concerne les étages de gain.
Sur la face supérieure, le préamp arbore un superbe design du poulpe démoniaque, dont les tentacules viennent s’emmêler dans les contrôles. Comme sur l’ampli on y trouve donc une égalisation trois bandes classique, un mini switch « bright » permettant de régler la présence générale d’aigus dans le son sur 3 paliers, et enfin pas un, mais deux contrôles de gain et de volume ! En effet, il s’agit bien d’un préampli à deux canaux, activés par le « Bypass » switch sur la droite et commutables donc via le switch « gain 1/2 » à sa gauche. Et enfin, pour éviter un possible accident de scène ou un pied lancé avec un peu trop d’entrain sur la pédale, les potentiomètres de réglage sont protégés des contrôles au pied par une barre transversale.
Sur les côtés, on ne trouve que la grille d’aération des lampes ainsi qu’une connexion pour un switch externe si par exemple vous souhaitiez déporter le changement de canal sur un switcher qui gèrerait un pedalboard complet. Malin.
Enfin sur la tranche supérieure, on trouve toutes les entrées et sorties possibles et inimaginables afin d’intégrer l’unité dans n’importe quelle configuration. Et le petit plus pour les gens qui ne seraient pas familiers avec les méthodes « 4 câbles » et autres, Victory a pris le temps d’indiquer exactement où se branchait quoi !
On discerne donc deux contextes de branchement spécifiques, organisés en rangées. La rangée supérieure correspond à l’utilisation du Kraken Preamp en amont de votre ampli. Il sert alors essentiellement de double pédale d’overdrive, distorsion. Il garde les caractéristiques soniques de votre ampli, et y ajoute une bonne dose de polyvalence. C’est également l’utilisation la plus simple probablement, car elle revient à brancher votre guitare dans l’entrée INPUT de la pédale et de ressortir vie la EFFECT OUT vers l’entrée de votre ampli.
La rangée inférieure, en revanche, va vous permettre de tirer le maximum d’options soniques de votre configuration en utilisant la méthode 4 câbles. Essentiellement, si vous disposez d’un ampli avec boucle d’effet, il vous suffira de 4 câbles (oui… c’est de là que vient le nom) afin de transformer un canal en trois ! Imaginons que vous avez un ampli clean que vous utilisez en plateforme pour vos pédales d’effets, eh bien le Kraken Preamp en 4 câbles vous permettra d’obtenir ce même son clair sans altérer le préampli, ainsi que les deux canaux du Victory Kraken en utilisant uniquement le préampli de la pédale et plus de votre ampli.
Donc on résume : quatre lampes, deux canaux, un branchement ultra polyvalent et un design qui tue.
Jusque-là tout va bien, mais tout cela ne reviendrait pas à grand-chose si la bête des profondeurs ne sonnait pas aussi bien qu’elle n’en laisse présumer.
Profond, brutal et organique !
On s’attaque à présent aux extraits sonores avec une mention à la personne qui a développé le préampli en partenariat avec Victory : Rabea Massaad (Dorje, Toska, Frog Leap). Déjà à l’origine des amplis Kraken et Super Kraken, le guitariste à l’afro presque aussi impressionnante que son talent et son amour du son, a pris part au design de ce préampli pour s’assurer qu’il était à la hauteur de ses prédécesseurs.
Tous les extraits suivants sont réalisés avec une guitare Friedman Vintage T équipée d’un micro double en chevalet et P90 au manche. Elle est branchée dans le V4 Kraken via les différentes configurations proposées et sort dans un Fender Hot Rod Deluxe capté par un micro Sennheiser E906.
Aucune égalisation ou traitement n’a été effectué après l’enregistrement des pistes.
Le premier son est relativement clean. Dans la mesure où le préampli propose 2 canaux avec deux étages de gain séparés il reste compliqué d’avoir un son parfaitement clair, mais cela peut facilement être atteint en réduisant le volume de la guitare directement.
On arrive assez vite sur son crunch très ouvert et dynamique et qui réagit donc extrêmement bien à l’intensité de votre jeu. Toujours sur le premier réglage de gain, les basses légèrement sous midi, les médiums et aigus vers 13h et le bright switch en position centrale. Le son est riche et nécessitera sans doute une égalisation dans les basses notamment une fois placé dans un mix, mais comme le dit l’adage, mieux vaut trop que pas assez !
Mais si vous avez cliqué sur l’article d’un préampli qui porte le nom de la bête, vous n’êtes surement pas là pour jouer du jazz ! Il est donc temps de réveiller le second canal. Le gain est vite monstrueux. Le pousser revient à ajouter un peu de compression plus que de distorsion et le potard se révèle en cela un excellent atout pour passer d’un son de riff mordant et dynamique à un son de solo plus compressé et constant.
La compression est visible sur la courbe. Encore une fois les basses sont trop présentes et nécessitent un mixage, mais je voulais m’assurer que la représentation était la plus fidèle possible. Le gain est à peine à 6 et c’est amplement suffisant pour n’importe quel type de metal. Les étages de gain se superposent de manière très organique et offrent un résultat riche en harmoniques.
Alors juste pour voir, on drop la guitare en Ré, on pousse le gain à 8, coupe un peu de basses, repasse sur le micro de chevalet, et wow…
Pas grand-chose à ajouter si ?
Conclusion
J’ai l’impression de commencer à me répéter, mais le mot d’ordre ici, s’il devait y en avoir un, est organique. C’est un préampli qui envoie du très très lourd, mais qui sait parfaitement se calmer et offrir de superbes (presque) cleans et crunchs formidables, sans devenir stérile comme le font la plupart des amplis typés métal si on essaie de les calmer.
Le Victory V4 The Kraken est une pédale qui fait oublier que ce n’est qu’une pédale et vous permettra de radicalement transformer n’importe quel ampli en un monstre de gain à lampes à la hauteur des amplis Kraken ou Super Kraken.