L’annonce de l’Iridium avait fait beaucoup de bruit au NAMM. Strymon, dont la réputation n’est plus à faire, se lance donc dans la simulation d’amplis et d’enceintes. La marque s’est forgé une image solide grâce à ses produits d’excellente facture comme la Big Sky, la Time Line ou la Volante. Mais avec l’Iridium, elle rejoint le peloton des marques comme Tech21 ou Line 6.
Amp & Cab
L’Iridium se présente sous la forme d’une pédale à double footswitch reprenant le format développé par Strymon avec les connectiques placées sur le dessus. Il s’agit d’un produit destiné à remplacer un ampli sur scène, en studio ou à la maison. On dispose de 3 modèles d’amplis choisis par la marque pour leur côté classique incontournable. Dénommés Round, Chime et Punch, ces simulations d’amplis sont basées respectivement sur un Fender Deluxe Reverb, un Vox AC30 Top Boost et un Marshall Super Lead Plexi 1959. Chaque ampli dispose de 3 réponses impulsionnelles pour un total de 9 IR dans l’Iridium. Intérieurement, la pédale dispose d’un étage de préamplification qui utilise un transistor JFET pouvant développer jusqu’à 22 dB de gain. Cet étage de préamplification analogique permet à la pédale de rester très silencieuse tout en étant très réactive et dynamique. Ce préampli est allié à un processeur SHARC ADSP-21375 et un co-processeur ARM qui fonctionnent de manière conjointe. En manipulant un potard sur la pédale, c’est toute une série de calculs qui se met en marche, gérée uniquement par le processeur ARM laissant le SHARC-ADSP se charger de la conversion. En termes de résolution, l’Iridium fonctionne sous 24 bits et 96 kHz pour les conversions A/D et D/A.
Strymon a particulièrement insisté pour développer des réponses impulsionnelles répondant à leur cahier des charges, avec une réxolution maximale de 500 ms. Strymon a collaboré avec 4 pionniers des réponses impulsionnelles : OwnHammer, cabIR, Valhallir et Celestion. La marque a travaillé 5 ans pour mettre au point le système le plus réaliste possible. Strymon a en effet utilisé 48 000 points d’échantillonnage contre 2 048 pour les IR habituelles. De plus, la pédale offre la possibilité de charger ses propres réponses impulsionnelles par l’intermédiaire du port USB. Ce dernier permet de connecter la pédale à un ordinateur et d’importer ses IR dans la pédale grâce au logiciel Strymon Impulse Manager. Les 9 IR présentes dans l’appareil sont les suivantes : Deluxe Reverb 1×12, Blues Junior 1×12, Vibrolux 2×10, AC30 2×12, 1×12 Alnico, Mesa Boogie 4×12, GNR 4×12, 2×12 Vintage 30, Marshall 8×12.
L’Iridium bénéficie également d’une fonction Room qui ajoute une petite touche d’ambiance très naturelle. On a même le choix entre 3 tailles de pièce : Small, Medium ou Large. Une pression continue sur le footswitch d’activation de la pédale permet d’entrer dans le menu de sélection de la taille de la pièce. En tournant le potard Room, on change de paramètre. La LED est alors verte pour le réglage Small, orange pour le réglage Medium et rouge pour le réglage Large. C’est une fonction très appréciable surtout quand on joue au casque. Cela permet de spatialiser virtuellement l’ampli de manière très efficace et musicale. Le potard Room permet de doser le niveau d’ambiance qu’on souhaite entendre.
Les contrôles de la pédale sont très intuitifs et il est très facile d’obtenir un bon son rapidement. Les potards de la rangée du dessus permettent d’ajuster le niveau de gain et le volume. On trouve ensuite une égalisation 3 bandes et le potard Room. Strymon a travaillé le Tone Stack de chaque ampli afin que l’égalisation réagisse comme celle de l’ampli sélectionné. Le modèle Round, qui est calqué sur un Fender Deluxe Reverb, dispose de la même égalisation que l’ampli original qui ne possède pas de réglage Middle. En plaçant ce réglage sur sa position centrale, l’ampli réagit comme l’original et on peut choisir de booster ou couper les fréquences médiums. De plus, en plaçant le potard Middle sur sa valeur maximale et en faisant de même avec le potard Drive, on obtient les sonorités du Deluxe Tweed qui développe davantage de fréquences médiums et une saturation plus dense.
Quand on se trouve sur le modèle Chime, la modélisation de Vox AC30 Top Boost, le potard Middle sert ajuster la fonction Tone Cut qui enlève des aigus à mesure qu’on augmente sa valeur. Le potard Bass ajuste les fréquences médiums également, comme sur l’ampli original. C’est donc un potard très important pour sculpter le son, comme on peut l’entendre dans l’extrait audio.
Le Tone Stack du Marshall est également fidèlement reproduit. On peut en effet augmenter le niveau de saturation en plaçant tous les potards d’égalisation sur leur valeur maximale, comme sur l’ampli original. Sur la fin de sa course, le potard Drive augmente la saturation, comme si on avait placé un Boost devant l’ampli.
En haut de la pédale, entre les potards Drive et Level se trouvent 2 mini-switchs. Le premier, baptisé Amp, permet de basculer entre les 3 amplis simulés dans la pédale et le second, dénommé Cab permet de basculer entre 3 réglages de simulation de haut-parleur, A, B ou C. Enfin, le footswitch de droite permet d’activer ou désactiver la pédale et celui de gauche, appelé Fav, est dédié à un réglage favori. En maintenant une pression continue sur ce footswitch, la LED clignote ; une autre pression suffit à geler les réglages (tous les réglages) afin de créer un pré-réglage favori qu’il est possible de rappeler à volonté grâce au footswitch Fav.
En termes d’entrées et sorties, la pédale est bien équipée. L’entrée peut être Mono ou Stéréo en utilisant un câble TRS. On peut même utiliser un mode baptisé SUM qui permet d’entrer en stéréo et de sortir en mono. L’Iridium dispose de sorties stéréo séparées (L & R). Une fiche jack baptisée EXP/MIDI permet d’accueillir une pédale d’expression que l’on connectera avec un jack TRS et qui fera office de pédale de volume. Ce port est également destiné à accueillir un Strymon Multiswitch ou Multiswitch Plus, ou même un câble EXP MIDI pour contrôler la pédale à distance et stocker jusqu’à 300 préréglages. Sur le panneau arrière se trouvent aussi le port USB dédié à l’import des IR ainsi que la fiche d’alimentation. Comme de nombreuses pédales de la marque, l’Iridium nécessite une alimentation 9 volts centre négatif délivrant au moins 500 mA.
3 amps, 9 cabs, 1 pedal
Il est donc très facile d’obtenir le son qu’on recherche, rapidement. L’Iridium se présentant sous la forme d’une pédale et disposant des contrôles traditionnels que l’on trouve sur la plupart des amplis, pas besoin de naviguer dans de multiples menus et sous-menus pour faire ses réglages. C’est assez agréable surtout à l’heure des processeurs multi-effets surpuissants sur lesquels on doit passer de longues heures à se promener dans les menus à la recherche de tel ou tel réglage. Les sons des 3 amplis modélisés dans l’Iridium sont de bonne facture et on reconnaît bien le timbre et la personnalité de chaque ampli. Le fait de bénéficier de la fonction Tone Cut sur la simulation de Vox est un petit détail assez sympa. Grâce au potard Drive, il est possible de faire saturer légèrement le Deluxe Reverb, chose assez délicate avec le vrai ampli. Le Tone Stack des 3 amplis est ici fidèlement reproduit. En passant de l’un à l’autre, on distingue réellement les caractéristiques de chaque ampli et leur réalisme est assez frappant. L’égalisation réagit bien mais très différemment d’un ampli à l’autre. Le fabricant a particulièrement travaillé sur les Tone Stack des amplis afin de les faire correspondre le plus possible à ceux des « vrais » amplis.
Le Deluxe Reverb est bien reproduit et, comme l’ampli original, prend très bien les pédales. Pour le test, nous avons placé une Mooer Solo (émulation du son de la pédale Suhr Riot) avant d’attaquer l’Iridium et le son obtenu est très convaincant. Le caractère de l’ampli est bien reproduit avec ce léger creux dans les fréquences médiums, typique des amplis Fender Blackface. Le fait que le fabricant ait également intégré les sonorités du Deluxe Tweed est très sympa.
Les 3 réponses impulsionnelles sont toutes efficaces dans des registres différents et il est très agréable de pouvoir changer d’enceinte par l’intermédiaire d’un simple switch à 3 positions.
Le modèle Chime qui simule un Vox AC30 Top Boost est lui aussi très convaincant. Comme pour le Deluxe Reverb, on retrouve les caractéristiques sonores et les réactions de l’ampli. Avec le potard de Drive, on perçoit bien les sons clairs typiques Vox avec ce côté très brillant sans être perçant. Plus on monte le niveau de saturation, plus on entre dans les territoires des sons typiques des 60’s. On se prend vite pour un Beatle tant le son est réaliste. En plaçant le potard Drive sur sa valeur maximum, on obtient un son d’ampli boosté, comme si on avait placé un Treble Booster devant l’ampli pour le faire saturer davantage. Le grain Vox reste bien présent avec ce côté très brillant et direct qui garantit de sortir du mix sans souci, à la Brian May. Les 3 simulations d’enceintes sont elles-aussi bien réalisées et bien détaillées. La dynamique de l’ampli est respectée, on peut baisser le volume de la guitare pour obtenir des sonorités plus claires.
La simulation de Marshall Super Lead Plexi 1959 est la plus décevante des 3, bien que de très bonne facture également. Le son est bon, sans être exceptionnel. On aurait aimé davantage de saturation, d’autant que le fabricant annonce qu’en plaçant le potard Drive sur sa position maximale, on obtient des sons de Plexi boosté. En revanche, on retrouve le caractère Marshall avec une grosse présence dans les médiums pour ce son British si caractéristique. En baissant un peu le niveau de saturation et en plaçant un Boost devant l’Iridium, on obtient des sons typiques des 80’s à la Van Halen, Mick Mars et autre Ritchie Sambora. Ce son d’ampli Marshall boosté est devenu le symbole de cette époque d’épopée capillaire et on peut le retrouver aisément avec l’Iridium.
- Round (Deluxe Reverb) Clean 3IR02:01
- Round (Deluxe Tweed) Crunch 3IR03:48
- Round Clean + Mooer Solo, 3IR01:24
- Chime (Vox AC30) Clean 3IR03:01
- Chime (Vox AC30) treble Booster 3IR03:41
- Punch (Marshall Plexi) Clean 3IR02:20
- Punch (Marshall Plexi) Crunch 3IR03:49
- Punch (Marshall Plexi) maxed out 3IR04:18
De la Room, des femmes et de la bière
La fonction Room est quant à elle, très bien pensée. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une réverbe, mais davantage d’une ambiance, un peu comme ce qu’on trouvait sur les produits Tech 21 FlyRig. On dispose quand même de 3 tailles différentes ce qui permet de spatialiser virtuellement l’ampli de manière assez variée. Quand on joue au casque, c’est un vrai plus qui rend l’Iridium très agréable à jouer alors que jouer au casque sur certains profilers et autres multi-effets peut s’avérer assez déplaisant. De plus, le fait de pouvoir ajuster le niveau d’ambiance à la volée sans devoir entrer dans un menu ou sous-menu a été bien pensé. Le fait que cette ambiance soit stéréo ajoute un côté très qualitatif au son et rend l’expérience du jeu au casque encore plus satisfaisante.
Souple et solide à la fois
Pour son premier simulateur d’ampli et d’enceintes, Strymon a littéralement pensé à tout. L’Iridium offre une solution tout en 1, efficace que ce soit pour le live, le studio ou à la maison. Son format très compact permet de le placer sur un pedalboard très facilement, d’autant que, comme toutes les pédales de la marque, ses fiches d’entrées et sorties sont situées sur le dessus. Le produit est simple et bien pensé, tous les réglages s’effectuent très rapidement et sans prise de tête. Bénéficier d’un footswitch dédié à un pré-réglage favori est également un vrai plus pour l’Iridium. On peut se concocter un son clair et l’enregistrer comme favori, régler la pédale pour un son saturé et ainsi disposer de 2 canaux accessibles au pied. L’intégration du protocole MIDI permet la sauvegarde de 300 pré-réglages, ce qui sera largement suffisant pour aborder n’importe quel concert sereinement. De plus, on peut piloter la pédale à distance et agir sur tous les potards et footswitchs ce qui peut s’avérer pratique. La marque aura mis du temps avant de dévoiler l’Iridium, mais on comprend pourquoi dès la prise en main de l’appareil qui est complet, fiable et sonne bien. Comme toujours avec Strymon, la pédale est fabriquée aux États-Unis. Well done Strymon !