Six ans après la présentation de la troisième version de son clavier de scène haut de gamme, Nord récidive avec une quatrième mouture encore plus puissante. La marque suédoise va-t-elle à nouveau redéfinir les standards du genre ?

Nord est plus que jamais la marque emblématique des claviers de scène depuis bientôt 30 ans. De nombreux musiciens pro et amateurs avertis lui font confiance pour leurs prestations live, mettant en avant la qualité sonore, le sens de l’essentiel, la légèreté et la robustesse de ses instruments. La marque a également su décliner subtilement sa gamme de produits, entre les synthés de scène, les pianos de scène, les claviers électro de scène et les claviers complets de scène, distillant çà et là des fonctions spécifiques pour ne pas qu’ils se cannibalisent les uns les autres.
Et plutôt qu’élargir à l’infini cette gamme aussi restreinte qu’intelligemment positionnée, la firme suédoise s’est depuis le départ concentrée sur l’amélioration de chaque ligne de produits, dont certaines sont désormais arrivées à leur sixième génération. En haut de la gamme, le précédent Nord Stage était sorti il y a six ans. Le moment était donc venu d’en dévoiler la 4ème génération (6ème en fait si on compte les modèles EX et EX2 apparus au début de la lignée). Une fois de plus, on peut dire qu’à ce niveau, Nord a largement dépassé le stade de la maturité pour atteindre l’expertise. Voyons donc en détail ce que ce Nord Stage 4 nous apporte comme améliorations et nouveautés, pour une somme devenue très coquette.
Tous en scène
Structure générale
Dans chaque Layer Scene, les couches sonores et externes sont assignables à quatre zones du clavier, délimitées par 1 à 3 points de split (Low/Middle/High). Le choix des points est toujours limité à 11 notes, à savoir les Do et Fa sur 5 octaves (C2 à C7). Ces points sont repérés par des LED situées au-dessus du clavier et les zones indiquées dans une page écran spécifique pour faciliter le repérage. Il est possible de créer un fondu au point de split, suivant 3 types de transition par point (aucune, +/- 6 demi-tons, +/- 12 demi-tons). On peut ainsi créer diverses combinaisons élaborées de splits et couches. Autre fonction utile pour les performances live, Morph, qui permet de faire évoluer en continu 20 paramètres prédéfinis dans les différentes sections sonores et les effets, via trois contrôleurs physiques : molette, pression et pédale de contrôle. Pour créer un Morph, on part d’un réglage initial, on maintient l’une des touches Morph correspondant à la source de modulation à assigner, on bouge les commandes souhaitées en position finale et on lâche la touche. On peut bien sûr ajouter des modulations ou tout effacer d’un coup. Parmi les destinations, les tirettes harmoniques, le niveau sonores de chaque section et certaines commandes continues de synthèse et certains paramètres d’effets. Les potentiomètres assignables disposent d’une diode témoin verte, sympa… Tout ceci est mémorisé dans chaque programme.
Orgues modélisés
Pianos multiéchantillonnés

- Nord Stage 4_1audio 01 Piano D900:55
- Nord Stage 4_1audio 02 Piano S601:17
- Nord Stage 4_1audio 03 Piano BL01:30
- Nord Stage 4_1audio 04 CP8000:51
- Nord Stage 4_1audio 05 MkI00:45
- Nord Stage 4_1audio 06 Tines00:20
- Nord Stage 4_1audio 07 Studio Keys00:58
- Nord Stage 4_1audio 08 200A00:31
- Nord Stage 4_1audio 09 B3 Split00:44
- Nord Stage 4_1audio 10 Smoked B00:55
- Nord Stage 4_1audio 11 Amb Split00:55
- Nord Stage 4_1audio 12 Arp Split01:44
- Nord Stage 4_1audio 13 Morph Choir00:48
- Nord Stage 4_1audio 14 Mello Tom00:51
- Nord Stage 4_1audio 15 Cinema Rise00:22
Nord Wave 2 dedans
Le signal passe ensuite dans un filtre multimode résonant (LP12, LP24, LP24 Minimoog, LP+HP en parallèle, HP24, BP12). La fréquence de coupure est modulable par le suivi de clavier (0–1/3–2/3–1), l’enveloppe dédiée (positive uniquement) et le LFO. Le filtre offre 3 positions de saturation, pour grossir le son. La résonance peut pousser le filtre en auto-oscillation. Côté modulations, on commence par un vibrato (donc assigné au pitch), avec délai, contrôle par la molette ou contrôle par une pédale assignable. Puis vient un LFO complet à 5 formes d’onde (triangle, dent de scie, rampe, carré, S&H), capable d’agir sur le pitch, la forme d’onde et le filtre. On peut synchroniser sa fréquence à l’horloge globale. Enfin, on trouve 3 enveloppes ADR routées vers le pitch/variation d’oscillateur, le filtre et l’ampli. Leurs amplitudes sont modulables par la vélocité. On peut ensuite choisir le mode de voix (poly, mono, legato avec priorité de note) ainsi que le temps de Glide. Enfin, un mode Unisson permet d’empiler les voix pour grossir le son (3 dosages) sans perdre de polyphonie. On ne peut pas dire que les modulations soient le point fort du Nord Stage 4. On fait également chou blanc si on cherche à créer un kit de percussions, Nord n’ayant toujours pas décidé de s’y mettre.
Au plan qualitatif, la section synthé est excellente pour tout ce qui est son de synthèse. Le son sait être claquant, les textures variées, on apprécie toujours autant la banque de Mellotron. Les sons acoustiques traditionnels sont en revanche moins bien lotis, compte tenu des échantillons de base qui commencent un peu à dater et souffrir au regard de la concurrence. Il faut les considérer comme des sons d’appoint pour le live. On regrette aussi la perte des oscillateurs à ondes numériques variables, des tables d’ondes et des ondes à formants du Nord Stage 3, qui ajoutaient leur lot d’originalité. Un dommage collatéral du passage au moteur Nord Wave 2, pas toujours supérieur au Nord lead A1. La section synthé comporte 8×64 Presets réinscriptibles (dont 6 banques préremplies) couvrant différents styles de synthés et multisamples pour ne pas partir de zéro.
Effets remaniés
Un peu à part (d’ailleurs il est placé tout à gauche du clavier), le dernier effet est une modélisation de la cabine Leslie 122. Placé en fin de chaine de traitement (donc après la réverbe), il offre une saturation en entrée, simulant l’overdrive de l’étage de préamplification. On peut alterner entre les vitesses de rotation lente/rapide du haut-parleur à l’aide d’un bouton ou d’une pédale externe. L’accélération (le temps de transfert) entre les deux vitesses est paramétrable via le menu. On peut aussi contrôler la vitesse du rotor avec précision via la fonction Morph, pour ceux qui ne se contenteraient pas des deux vitesses de base. Un réglage de proximité des micros a été ajouté sur le Nord Stage 4. Enfin le mode Stop permet d’arrêter le rotor tout en continuant à faire passer le signal à travers la cabine. Une modélisation parfaitement maitrisée, indispensable à la section orgue mais tout aussi intéressante à expérimenter avec les autres sections, qu’on peut lui assigner très simplement. D’ailleurs au plan sonore, la qualité de ces effets nous a beaucoup plu, tout comme les choix d’algorithmes et de réglages nous ont paru judicieux, compte tenu de l’orientation live de la machine. Sur ce plan, Nord ne cesse de progresser.
Pilotage extérieur
Conclusion
Nouvel élément de la lignée, le Nord Stage 4 repousse un peu les limites des claviers de scène haut de gamme. Si les parties orgue et piano évoluent à la marge, c’est surtout la partie synthèse et effets qui se voient remaniées avec, pour faire court, davantage de tout. Seule exception fâcheuse, la perte de certaines synthèses pourtant originales comme les ondes numériques variables, les tables d’ondes et les formants. Les commandes ont également été réarrangées et la gestion des programmes améliorée, avec l’apparition de Presets réinscriptibles dans chaque section. Des tirettes d’orgues physiques sont maintenant présentes sur les trois formats de l’instrument, les claviers à triples capteurs ont fait leur apparition pour un jeu rapide plus souple et la série bénéficie de la compatibilité avec les nouvelles pédales « Half-Damping » de la marque pour la section piano. Bien évidemment, le Nord Stage 4 hérite des qualités de son prédécesseur : moteurs sonores très soignés, commandes directes pensées pour la scène, routage aisé vers différentes zones clavier, morphing en temps réel, import de sons et de samples avec utilitaire ou éditeur, pilotage d’appareils Midi externes, qualité de construction irréprochable alliant solidité et transportabilité.