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Test du Super Gemini d’UDO Audio - Space Oddity

9/10

Trois ans après le Super 6, UDO Audio présente son deuxième synthé, un grand modèle haut de gamme baptisé Super Gemini. Ce magnifique synthé hybride va-t-il nous transporter vers l’infini voire au-delà ?

Test du Super Gemini d’UDO Audio : Space Oddity

UDO Audio a été fondée à Bris­tol en 2018 par George Hearn, aupa­ra­vant déve­lop­peur chez Modal Elec­tro­nics, située dans la même ville de l’ouest de l’An­gle­terre. Après s’être fait la main sur le Modal 008, il a déve­loppé le Super 6 dans sa nouvelle société, un synthé poly­pho­nique hybride béné­fi­ciant d’un son stéréo ample, d’une inter­face convi­viale sans menus et d’une qualité de construc­tion exem­plaire. La fina­li­sa­tion avait pris une bonne année après la présen­ta­tion Super­booth 2019 et nous avions réussi à tester un exem­plaire début 2021, entre Covid et Brexit.
C’est au Super­booth 2023 qu’UDO audio a présenté le grand frère du Super 6, sous le vocable Super Gemini : nouveau clavier étendu avec pres­sion poly­pho­nique, bitim­bra­lité, poly­pho­nie accrue, commandes doublées… le synthé s’an­nonce très promet­teur. Si les premiers exem­plaires ont été diffu­sés fin 2023, il aura fallu attendre que la nouvelle distri­bu­tion de la marque pour la France soit en place avant d’at­tra­per un exem­plaire. Merci à Alex4 de nous avoir prêté un Super Gemini en version 1.12…

Construc­tion magni­fique

Super Gemini 2tof 05 Droite2Tout comme pour le Super 6, la qualité de construc­tion du Super Gemini est irré­pro­chable : coque en métal plié, ancrage parfait des commandes, réponse très agréable (résis­tance des curseurs, fermeté des poten­tio­mètres et clic franc des pous­soirs), pein­ture et assem­blage très soignés, bravo UDO Audio ! Le Super Gemini est beau, avec sa robe blanc cassé mêlée de tons gris et orange, sa séri­gra­phie grise discrète, mais parfai­te­ment lisible et ses flancs affi­nés. Le synthé mesure 104 × 44 × 11 cm pour 14,5 kg, ce qui en fait un grand porte-avions d’un gaba­rit compa­rable au Jupi­ter-8 de Roland. Le Super 6 fait tout petit à côté ! Le panneau est séparé en deux grandes zones : synthèse en partie supé­rieure, contrôles/mémoires/matrice en partie infé­rieure. La zone de synthèse a été doublée : il y a une rangée de commandes pour chacune des deux couches sonores qui consti­tuent une perfor­mance (domi­nante de blanc pour la couche supé­rieure et d’orange pour la couche infé­rieure), une concep­tion rare dans l’his­toire de la synthèse, sans aucun doute inspi­rée du CS80 de Yamaha.
Super Gemini 2tof 18 Zoom4Les zones de synthèse sont subdi­vi­sées en diffé­rentes sections : LFO1, modu­la­tion des oscil­la­teurs, oscil­la­teurs, mixeur, VCF, VCA et enve­loppes. La zone de contrôles/mémoires/matrice comprend les contrô­leurs temps réel, la sélec­tion de couche sonore, les modes d’as­si­gna­tion des voix, l’ar­pé­gia­teur, le séquen­ceur, la sélec­tion des perfor­mances/patches/ondes des oscil­la­teurs/matrice de modu­la­tion/fonc­tions globales et effets. Cela repré­sente 12 poten­tio­mètres rota­tifs, 59 curseurs linéaires de 30 mm (donc plus courts que ceux du Super 6), un enco­deur pous­soir, 12 sélec­teurs rota­tifs, 29 sélec­teurs à bascule et 41 boutons pous­soirs. De quoi bien s’écla­ter, d’au­tant qu’une large majo­rité de commandes ne dépasse pas deux fonc­tions (le plus souvent une), ce qui assure une prise en main instan­ta­née. Niveau inter­face utili­sa­teur, c’est droit au but : aucun menu, aucun écran, pas même une petite LED pour indiquer lorsque la valeur en cours corres­pond à la valeur stockée. On a toute­fois une rangée de 16 LED pour repré­sen­ter certains réglages, bon. UDO a prévu une fonc­tion de compa­rai­son avant écri­ture, un mode manuel par couche et l’ini­tia­li­sa­tion des réglages (Patch Init program­mable). L’en­trée en matière est faci­li­tée, s’il en était besoin, par le manuel très détaillé de 134 pages fourni avec la machine.

Pres­sion poly­pho­nique

Super Gemini 2tof 31 Zoom droitec2Le clavier de 5 octaves Fatar TP/8 sensible à la vélo­cité et à la pres­sion poly­pho­nique est de très bonne facture (les touches blanches ont une certaine course d’en­fon­ce­ment à la pres­sion, ça surprend au départ). Un sélec­teur permet de trans­po­ser par octave (+/-2) ou par demi-ton (+/-12). La vélo­cité peut contrô­ler le filtre, le volume sonore et d’autres para­mètres à défi­nir, alors que la pres­sion peut s’ajou­ter à l’axe verti­cal du bâton de joie pour pilo­ter les pitchs/VCF/VCA des couches sonores (au choix) en direct ou via un LFO dédié. La concep­tion méca­nique sans course de cet axe le rend peu pratique à doser. Au-dessus du clavier, on trouve un grand ruban assi­gnable conçu par UDO, lui très agréable à parcou­rir.
Super Gemini 2tof 37 Arrière prisesMise à part les deux prises casque stéréo situées à l’avant gauche (Jack 3,5 et 6,35 mm), ce qui est bien pratique, le reste de la connec­tique, vissée, est située sur le panneau arrière : trois paires de sorties stéréo TS (mix prin­ci­pal, couche infé­rieure, couche supé­rieure), une entrée pour geler le délai, trois entrées pour pédales (main­tien simple/double, conti­nue assi­gnable, volume), un trio Midi DIN (notes, chan­ge­ments de programme, pitch­bend, modu­la­tion, CC/NRPN, le MPE étant encore en déve­lop­pe­ment), un port USB (Midi, échange de programmes/séquences/formes d’ondes et mise à jour du système d’ex­ploi­ta­tion), un connec­teur IEC pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne univer­selle 90–250V/50–60 Hz, chouette !) et un inter­rup­teur secteur. Toutes les connexions analo­giques sont au format jack 6,35 mm. Passée à la trappe, hélas, l’en­trée audio stéréo vers la seconde paire d’os­cil­la­teurs dont est équipé le Super 6…

Très large bande

Super Gemini 2tof 09 Gauche flanc2La mémoire interne renferme 128 perfor­mances de 2 patches et 256 patches indi­vi­duels indé­pen­dants réins­crip­tibles, ce qui est vrai­ment le mini­mum syndi­cal de nos jours. La gestion des mémoires internes se fait par USB, dans un mode permet­tant de navi­guer dans diffé­rents réper­toires (perfor­mances, programmes, ondes, séquences), nous y revien­drons. Les programmes d’usine ne nous ont pas tassés sur le fonde­ment, avec un niveau de qualité et d’uti­lité très hété­ro­gène, impres­sion miti­gée que nous avions déjà ressen­tie avec le Super 6. Vu le panneau de commandes, on n’aura aucun regret à les écra­ser avec nos propres œuvres.
Super Gemini 2tof 38 Arrière droiteCe qui nous a beau­coup plus, c’est la largeur stéréo des textures produites. En mode binau­ral, les canaux gauche et droit peuvent être modu­lés de manière subti­le­ment diffé­rente, créant des effets de phase sur le filtre ou le volume. Le son est ample, la bande passante sans compro­mis, la pureté de mise. On ne note aucun alia­sing disgra­cieux, que ce soit sur des sons hyper modu­lés ou des aigus extrêmes. Le Super Gemini tient la route sur toute la tessi­ture. On appré­cie la variété sonore, tantôt à conso­nance analo­gique, tantôt à grain numé­rique bien marqué. On tombe par-ci par-là sur des petites dérives simu­lées bien senties, la douceur des filtres fait place à la bruta­lité de la FM, les cuivres côtoient les textures évolu­tives, les basses profondes répondent aux leads tran­chants, les cloches parlent aux drones sans fin. Tout semble possible au détour d’une comman­de… et on n’en est pas dépourvu ! Comme toujours, quelques éléments viennent un peu gâcher ce beau tableau : la vélo­cité et la pres­sion poly­pho­nique sont diffi­ciles à bien doser (absence de courbes de réponse). On a aussi remarqué que les niveaux de sortie des programmes d’usine n’étaient pas des plus élevés, pour­tant on peut les remon­ter avec les curseurs de VCA sans craindre l’ap­pa­ri­tion de bruit de fond ou de satu­ra­tion, tant mieux !

Super Gemini_1audio 01 Wide space
00:0001:16
  • Super Gemini_1audio 01 Wide space01:16
  • Super Gemini_1audio 02 Two arps01:23
  • Super Gemini_1audio 03 Sand call01:35
  • Super Gemini_1audio 04 PPGesque00:30
  • Super Gemini_1audio 05 Pres­sure bass00:55
  • Super Gemini_1audio 06 Hybrid power00:28
  • Super Gemini_1audio 07 Large choir01:07
  • Super Gemini_1audio 08 Deep bass00:45
  • Super Gemini_1audio 09 Double fifth01:32
  • Super Gemini_1audio 10 Cross bell01:06

Paire de dix

Super Gemini 2tof 40 SynoptiqueLe Super Gemini est un synthé­ti­seur hybride poly­pho­nique bitim­bral. On trouve les modes Simple (20 voix mono ou 10 voix binau­rales), Double (10 voix mono ou 5 voix binau­rales par couche) et Split (10 voix mono ou 5 voix binau­rales par côté). On peut désac­cor­der la couche infé­rieure de la couche supé­rieure. En mode binau­ral, les 20 voix sont appai­rées pour former un signal stéréo du début à la fin du parcours (cf. schéma). Un LFO (LFO1) est chargé de modu­ler les « côtés » gauche et droit avec une diffé­rence de phase, en agis­sant sur le pitch, le filtre et le volume, ce qui crée un signal enve­lop­pant et envoû­tant. Chaque voix mono ou chaque « côté » du signal est consti­tué de deux oscil­la­teurs numé­riques, un HPF analo­gique, un LPF analo­gique et un VCA. Les oscil­la­teurs numé­riques sont géné­rés par deux FPGA de nature diffé­rente. Le premier (DDS1) est basé sur un oscil­la­teur maitre et 6 oscil­la­teurs esclaves désac­cor­dables (Super DDS1). Il est capable de produire des ondes clas­siques (sinus, dent de scie, carré, triangle, bruit blanc) ou d’uti­li­ser l’une des 32 ondes numé­riques alter­na­tives, avec possi­bi­lité d’im­port (voir enca­dré). Les ondes préchar­gées couvrent diffé­rents conte­nus spec­traux (cloches, EP, orgues, réso­nan­ces…). Ce sont des ondes statiques, pas des tables d’ondes. On peut passer progres­si­ve­ment d’une onde clas­sique à la suivante (par exemple de sinus à dent de scie, de dent de scie à carré, etc.) avec le réglage PW/Wave. Pour les ondes alter­na­tives, on peut passer progres­si­ve­ment d’une onde A à une onde B. Le DDS2 dispose des mêmes formes d’ondes clas­siques, mais pas de mode Super DDS ni de tran­si­tion progres­sive entre les ondes. Les ondes alter­na­tives sont rempla­cées par une impul­sion variable.
Super Gemini 2tof 12 Zoom gauche6La puis­sance des FPGA est telle que les ondes sont dépour­vues de tout alia­sing notable, ce sur toute la tessi­ture. Chaque oscil­la­teur peut être accordé sur 32–16–8–4–2 pieds. Le DDS1 descend même à 64 pieds, alors que le DDS2 peut passer en mode LFO (il n’émet plus de signal audio, mais est routable via la matrice de modu­la­tion, travaillant à une fréquence comprise entre 0,1 et 100 Hz). Avec le DDS2 en mode LFO (donc inau­dible), on peut ajou­ter au DDS1 un subos­cil­la­teur sinus ou carré à l’oc­tave infé­rieure. Les deux DDS peuvent être combi­nés de diffé­rentes manières : balance, synchro (du DDS2 par le DDS1) ou modu­la­tion en anneau (DDS1 porteur, DDS2 modu­la­teur). Le DDS2 peut aussi être désac­cordé fine­ment du DDS1 sur plus ou moins 7 demi-tons. Côté modu­la­tions, la fréquence de chaque DDS est direc­te­ment modu­lable par le LFO1 et la première enve­loppe. Il en est de même pour le désac­cor­dage du Super DDS1 (désac­cor­dage) ou pour les PW, sympa d’avoir prévu ces réglages essen­tiels en accès direct. C’est dans cette même section que l’on dose la Cross Modu­la­tion (FM expo­nen­tielle du DDS1 par le DDS2). On trouve égale­ment un porta­mento poly­pho­nique à temps variable de 0 à 10 secondes. On appré­cie vrai­ment la puis­sance de ces oscil­la­teurs, qui sont assez singu­liers. Cette fois, on trouve une fonc­tion Drift dosable qui simule la dérive des oscil­la­teurs, filtres, enve­loppes et modu­la­tions, comme sur les synthés analo­giques vintage, sympa !

VCF SSI

Super Gemini 2tof 13 Zoom gauche7Les deux oscil­la­teurs sont ensuite mélan­gés sous forme de balance avant d’at­taquer les filtres. On aurait préféré des dosages sépa­rés et la possi­bi­lité de satu­rer les filtres, tant pis. Il s’agit de deux filtres analo­giques placés en série. Le premier est un simple HPF 6dB/octave non réso­nant, dont on peut régler puis modu­ler la fréquence de coupure (unique para­mètre) via la matrice de modu­la­tion. Le second est un LPF 4 pôles réso­nants basé sur le circuit inté­gré SSI2144 (version moder­ni­sée du fameux SSM2044 qui équipe les Korg Poly­six/Mono­poly, PPG Wave 2.2/2.3, Kawai K3…). Un Drive à trois posi­tions permet de satu­rer ce filtre, soit de manière modé­rée avec réso­nance compen­sée, soit plus profon­dé­ment sans compen­sa­tion. La fréquence de coupure répond de manière parfai­te­ment lisse quand on bouge le curseur asso­cié. Elle peut être modu­lée par les enve­loppes (1,2, 1+2, dosable), le LFO1 (dosable), le DDS2 (dosable) et le suivi de clavier (0–50–100%). Quand on pousse la réso­nance, le filtre entre en auto-oscil­la­tion. Le son de ce filtre est très musi­cal, avec une belle colo­ra­tion et une réso­nance puis­sante (et même sifflante si on la pousse dans les extrêmes).
Super Gemini 2tof 28 Zoom droiteb3En sortie de VCF, on reste dans le domaine analo­gique en passant par le VCA (toujours en stéréo en mode binau­ral). Il peut être piloté par la seconde enve­loppe, le LFO1 et le DDS2, avec niveaux de modu­la­tion dosables pour chacun (ce qui permet au passage de program­mer le niveau sonore pour chaque patch). On peut substi­tuer à cette enve­loppe une porte simple ou une porte + Release, ce qui la libère pour d’autres utili­sa­tions via la matrice de modu­la­tion, bien vu ! La vélo­cité peut aussi direc­te­ment pilo­ter le VCF et le VCA suivant trois niveaux (0–50–100%), on aurait aimé des dosages sépa­rés ! Lorsque le mode binau­ral est activé, on peut régler le pano­ra­mique. Lorsqu’il est désac­tivé, on peut créer une alter­nance stéréo (largeur dosable) entre les voix paires et impaires. Il y a diffé­rentes manières d’as­si­gner les voix : mono, legato, poly (avec super­po­si­tion ou coupure du Release d’en­ve­loppe à chaque enfon­ce­ment d’une même touche) et unis­son (toutes les voix, la moitié des voix, à l’oc­tave ou à la quinte).

Modu­la­tions matri­cielles

Super Gemini 2tof 14 Zoom gauche8Le Super Gemini possède deux enve­loppes par voix, respec­ti­ve­ment DAHDSR et AHDSR. Les temps des segments AHDR varient de 1 ms à 10 secondes, ce qui est plutôt bien comme plage, pour pas mal de sons. Ces enve­loppes affichent un bon punch sur les temps courts, permet­tant au synthé des tran­si­toires effi­caces sur les segments d’at­taque et de déclin. Outre le délai, la première enve­loppe dispose de quelques réglages supplé­men­taires par rapport à sa collègue : bouclage, inver­seur de pola­rité et suivi de clavier (0–50–100%). Elle est libre­ment assi­gnable via la matrice de modu­la­tion, alors que la seconde enve­loppe est simple­ment assi­gnable au VCF et au VCA.
Super Gemini 2tof 26 Zoom droiteb1Passons au LFO1. Chacune des 10 voix stéréo possède un LFO indé­pen­dant. En mode 20 voix mono, chaque instance du LFO est parta­gée par 2 voix. On trouve les ondes triangle, dent de scie, carré posi­tif et S&H. Le cycle peut être libre, redé­clen­ché à chaque note ou joué une seule fois. La fréquence peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge interne/Midi. Il y a aussi un réglage de délai. En mode binau­ral, on peut dépha­ser le cycle du LFO pour les « côtés » gauche et droit des voix, créant ainsi des effets de balayage stéréo plus ou moins marqués ; c’est hélas la seule source de modu­la­tion de la stéréo, assi­gnable au pitch (DDS1, DDS2, DDS1+2), à la PWM du DDS2, à la coupure du VCF et au VCA. On peut aussi bascu­ler le LFO1 en deux modes haute fréquence (20Hz-20kHz) où il se trans­forme en troi­sième oscil­la­teur, avec ou sans suivi de clavier. Dans ces modes, la forme d’onde est unique­ment sinu­soï­dale (pour le moment). Elle est alors sommable au DDS1 ou au DDS2. Le Super Gemini offre égale­ment un LFO2 dans la section modu­la­tion à gauche du clavier. Il possède les ondes sinus, dent de scie, S&H, carré posi­tif, rampe et bruit. Il peut modu­ler le pitch (DDS1, DDS2, DDS1+2), le VCF et le VCA, pour l’une, l’autre ou les deux couches sonores. La quan­tité de modu­la­tion est fixée manuel­le­ment, via le bâton de joie (axe verti­cal) et/ou la pres­sion, avec réglages de délai et fréquence.
Super Gemini 2tof 17 Zoom3Enfin, le Super Gemini dispose d’une matrice de modu­la­tion, permet­tant de relier 8 sources à de très nombreuses desti­na­tions, avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Les sources sont le DDS2, le LFO2, l’en­ve­loppe 1, la vélo­cité, la pres­sion poly­pho­nique, la pédale conti­nue, le ruban et le numéro de note. Ces deux dernières sources ont avan­ta­geu­se­ment pris la place du bâton de joie par rapport au Super 6, dont les desti­na­tions ont été réduites et remi­sées à gauche du clavier, tant mieux. Les desti­na­tions sont à choi­sir parmi la plupart des commandes conti­nues en façade. Les touches de sélec­tion de banques A-H corres­pondent à des desti­na­tions prédé­fi­nies : vitesse du LFO1, quan­tité de Cross Modu­la­tion, modu­la­tion d’onde du DD1, mixage des oscil­la­teurs, HPF, réso­nance du LPF, déclin de l’en­ve­loppe 1 et temps de délai. Pour chaque source, on peut choi­sir d’autres desti­na­tions (parmi 24, dont les DDS, le VCF, le VCA, les LFO, les segments d’en­ve­loppe, le porta­mento, les para­mètres de l’ef­fet délai) en main­te­nant le bouton corres­pon­dant à la source (1–8), en bougeant les commandes des desti­na­tions à assi­gner, puis en réglant la quan­tité de modu­la­tion avec l’en­co­deur pous­soir. À noter qu’une source peut être assi­gnée à plusieurs desti­na­tions, super ! Il manque hélas le pano­ra­mique parmi les desti­na­tions assi­gnables, ce qui est un peu ballot compte tenu de la nature stéréo de la machi­ne…

Effets stéréo basiques

Super Gemini 2tof 25 Zoom droite4Chaque couche sonore dispose de deux effets 24 bits stéréo indé­pen­dants, chorus et délai, placés en série. Ils sont d’ex­cel­lente qualité, mais offrent très peu de réglages. Le chorus possède trois posi­tions (I, II, I+II) corres­pon­dant à trois niveaux d’in­ten­si­té… et c’est tout ! La sortie est injec­tée vers le délai, avec dosage de départ. Il n’y a qu’un seul type de délai (stéréo paral­lèle) dont on peut régler le temps (1 ms à 1 seconde) ou la divi­sion tempo­relle (synchro à l’hor­loge interne/Midi) et le feed­back (nombre de répé­ti­tions, produi­sant des effets d’échos brefs jusqu’à des répé­ti­tions infi­nies, sans dégra­da­tion du signal). Une pédale peut être utili­sée pour geler le délai. Heureu­se­ment que la qualité est là, parce que cette section est un peu légère par rapport à ce que propose une partie de la concur­rence dans une gamme de prix proche (Summit de Nova­tion, série 6 de Sequen­tial, Quan­tum/Iridium de Waldorf).

Arpèges ou séquences

Super Gemini 2tof 23 Zoom droite2Le Super Gemini est doté d’un module arpé­gia­teur/séquen­ceur indé­pen­dant par couche sonore. L’ar­pé­gia­teur offre quatre motifs basiques (haut, bas, alterné, aléa­toire) et une posi­ton séquen­ceur. Les motifs d’ar­pèges peuvent être trans­po­sés sur 0 à 3 octaves et joués suivant 4 niveaux de swing (on aurait aimé plus de finesse, surtout pour les premiers réglages). Le tempo peut être synchro­nisé à l’hor­loge interne/Midi, à laquelle on peut raccro­cher la vitesse du LFO1 et le temps de l’ef­fet délai. Une fonc­tion Hold permet de main­te­nir l’ar­pège en cours tout en ajou­tant des nouvelles notes. Tout cela est très conven­tion­nel, mais toujours agréable à avoir sous la main.
Le séquen­ceur possède 64 pas avec une poly­pho­nie de 20 notes. En lecture, la séquence est lue et trans­po­sée en temps réel au clavier. Par défaut, elle joue en boucle tant qu’on main­tient une note et retourne en début de cycle à chaque nouvelle note jouée. Si on active Hold, elle joue en boucle après relâ­che­ment de note et est immé­dia­te­ment trans­po­sée dès qu’on joue une nouvelle note, sans retour­ner au point de départ, ce qui permet des enchaî­ne­ments sans à-coup. Le swing est égale­ment acces­sible, comme pour les arpèges. Chaque pas contient des notes (1 à 20) et diffé­rents para­mètres addi­tion­nels : Slide (liai­son/porta­mento), Accent (vélo­cité accen­tuée sur les diffé­rentes desti­na­tions program­mées dans la section synthèse) et Rest (silence du pas sans effa­ce­ment des notes entrées). Leur statut est modi­fiable avec les sélec­teurs de mémoires.
Super Gemini 2tof 19 Zoom5Pour program­mer, on appuie sur Seq Rec. Les notes jouées sont mémo­ri­sées dans le pas en cours dès que toutes les touches sont relâ­chées, le synthé passant auto­ma­tique­ment au pas suivant. Pour modi­fier un pas, on le choi­sit avec l’un des 16 sélec­teurs de mémoires et la touche Range, puis on rejoue les notes. C’est la même chose pour les pistes Slide, Accent et Rest. Par contre, il n’y a pas de réglage de durée de pas, ratchet ou autres exotismes (Length déter­mine le nombre de pas dans la séquence, pas la longueur du pas en cours). De même, on ne peut pas enre­gis­trer de mouve­ments des para­mètres de synthèse. Enfin, il n’y a qu’un sens de lecture, en avant toute ! Au total, 16 séquences peuvent être mémo­ri­sées et l’une d’entre elles rappe­lée par chaque patch. Dernier point qui frotte, les notes arpé­gées/séquen­cées ne sont pas trans­mises en Midi, mais les déve­lop­peurs nous ont promis une inté­gra­tion de l’op­tion à très courte échéance.

Conclu­sion

Super Gemini 2tof 39 Arrière gaucheLe Super Gemini est un grand synthé très confor­table tant pour program­mer que pour jouer. Impres­sion­nant, construit comme un tank et plutôt beau gosse, c’est une sorte de croi­se­ment, entre d’un côté le Jupi­ter-8 pour le choix et l’ar­ran­ge­ment des modules sonores, et d’un autre le CS-80 pour la double rangée de commandes, la pres­sion poly­pho­nique et le grand ruban. Une belle filia­tion ! Il s’éloigne toute­fois de ses pairs au plan sonore, aussi bien capable de buti­ner sur des terri­toires analo­giques avec ses VCF pur jus que sur des contrées plus numé­riques avec ses oscil­la­teurs modu­lables à base de FPGA, permet­tant l’im­port de tables d’ondes maison. Avec ses facul­tés binau­rales (et bitim­brales) et sa poly­pho­nie confor­table, les terri­toires de prédi­lec­tion sont évidem­ment les nappes spatiales et les textures complexes où diffé­rentes couleurs se mélangent. Les empi­lages sonores consti­tuent égale­ment un point fort, que ce soit en poly­pho­nie ou à l’unis­son.
L’ar­chi­tec­ture, pas si basique qu’il n’y parait, est facile à comprendre, avec de nombreux routages prédé­fi­nis, mais le construc­teur n’a pas oublié les modu­la­tions matri­cielles. Par rapport au Super 6, le synthé a progressé, au-delà de la puis­sance et des commandes qui ont doublé (tout comme le prix). Mais certaines limites du Super 6 ont été reprises sans amélio­ra­tion : balance des DDS, réglages de suivi de clavier, assi­gna­tions de la seconde enve­loppe, para­mètres d’ef­fets, séquen­ceur, dommage ! De même, il manque un petit écran pour éditer certaines valeurs (globales) ou visua­li­ser certains réglages (matrice de modu­la­tion ou séquen­ceur par exemple). On regrette aussi le nombre limité de mémoires, notam­ment les perfor­mances. C’est donc un synthé racé pour desi­gner sonore plutôt fortuné qui sait parfai­te­ment où il va et ne veut pas perdre de temps dans les menus. Et dans ce domaine, c’est un premier choix !

  • Super Gemini 2tof 01 Face1
  • Super Gemini 2tof 02 Face2
  • Super Gemini 2tof 03 Face3
  • Super Gemini 2tof 04 Droite1
  • Super Gemini 2tof 05 Droite2
  • Super Gemini 2tof 06 Gauche1
  • Super Gemini 2tof 07 Gauche2
  • Super Gemini 2tof 08 Gauche flanc1
  • Super Gemini 2tof 09 Gauche flanc2
  • Super Gemini 2tof 10 Zoom gauche1
  • Super Gemini 2tof 11 Zoom gauche5
  • Super Gemini 2tof 12 Zoom gauche6
  • Super Gemini 2tof 13 Zoom gauche7
  • Super Gemini 2tof 14 Zoom gauche8
  • Super Gemini 2tof 15 Zoom1
  • Super Gemini 2tof 16 Zoom2
  • Super Gemini 2tof 17 Zoom3
  • Super Gemini 2tof 18 Zoom4
  • Super Gemini 2tof 19 Zoom5
  • Super Gemini 2tof 20 Zoom6
  • Super Gemini 2tof 21 Zoom7
  • Super Gemini 2tof 22 Zoom droite1
  • Super Gemini 2tof 23 Zoom droite2
  • Super Gemini 2tof 24 Zoom droite3
  • Super Gemini 2tof 25 Zoom droite4
  • Super Gemini 2tof 26 Zoom droiteb1
  • Super Gemini 2tof 27 Zoom droiteb2
  • Super Gemini 2tof 28 Zoom droiteb3
  • Super Gemini 2tof 29 Zoom droiteb4
  • Super Gemini 2tof 30 Zoom droitec1
  • Super Gemini 2tof 31 Zoom droitec2
  • Super Gemini 2tof 32 Arrière1
  • Super Gemini 2tof 33 Arrière2
  • Super Gemini 2tof 34 Arrière3
  • Super Gemini 2tof 35 Arrière droite1
  • Super Gemini 2tof 36 Arrière droite2
  • Super Gemini 2tof 37 Arrière prises
  • Super Gemini 2tof 38 Arrière droite
  • Super Gemini 2tof 39 Arrière gauche
  • Super Gemini 2tof 40 Synoptique

 

Notre avis : 9/10

  • Largeur stéréo envoûtante
  • Nombreux territoires couverts
  • Polyphonie confortable
  • Bitimbralité totale
  • Grande souplesse des oscillateurs
  • Import de formes d’ondes
  • Filtres analogiques signés SSI
  • Matrice de modulation
  • Effets stéréo pour chaque couche
  • Arpégiateur / séquenceur pour chaque couche
  • Commandes dédiées pour chaque couche
  • Sorties stéréo séparées pour chaque couche
  • Clavier à pression polyphonique
  • Magnifique objet très soigné
  • Certaines éditions pénibles sans écran
  • Effets limités et absence de réverbe
  • Séquenceur très basique
  • Pas de courbes de vélocité ou de pression
  • Mémoires pas assez généreuses
  • Disparition de l’entrée audio
Pays de fabrication : Royaume-Uni

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