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Deuxième membre de la famille Wave, le Nord Wave 2 combine modélisation analogique, FM, tables d’ondes et lecture d’échantillons, se positionnant comme multispécialiste premium de la synthèse. Avec encore plus de puissance et de fonctionnalités, s’imposera-t-il sur ce segment très convoité ?

Test du Nord Wave 2 de Nord : Simplement multiple

La gamme de claviers Nord compte quatre gammes majeures, toutes plutôt orien­tées scène : Piano, Elec­tro, Stage et synthés. Cette dernière est la plus ancienne, remon­tant en 1995 avec le Nord Lead, utili­sant la modé­li­sa­tion analo­gique. Depuis 25 ans, le construc­teur suédois ne va cesser de la déve­lop­per, en explo­rant diffé­rents types de synthèse : VA, FM, samples, sans oublier les modules de synthèse mis en œuvre dans l’ex­cel­lente série Modu­lar, jamais remise au goût du jour, ou les orgues modé­li­sés présents dans les gammes de pianos élec­tro­niques. Annoncé en 2007, le Nord Wave mélange VA, FM et samples avec des possi­bi­li­tés de les faire inter­agir. Après le Nord Lead 4 de 2013, le Nord Lead A1 marque l’an­née suivante un tour­nant chez les concep­teurs suédois, avec une simpli­fi­ca­tion affir­mée dans l’ap­proche de la synthèse. Il est long­temps resté seul synthé de la marque rouge au cata­logue, posi­tionné en entrée de gamme. Au NAMM 2020, Nord a annoncé un nouveau synthé à tarif premium : le Nord Wave 2. Voyons comment il s’en tire par rapport à la concur­rence, dans sa version 1.02, sur ce segment plutôt élitiste.

En rouge et noir

NordWave2_2tof 02.JPGLe Nord Wave 2 est embarqué dans une coque légère et robuste, avec dessus métal rouge struc­turé peint et dessous alu noir peint, signa­ture de la marque suédoise. Cette fois, les flancs sont en alu gris peint. Avec son nouveau clavier semi-lesté en chute d’eau de 5 octaves, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion, le synthé mesure 99 × 29,5 × 10 cm pour 8,75 kg. Nous avons appré­cié le ressort ferme des touches, mais c’est comme les mate­las, chacun son truc. Le synthé fait partie de la dernière géné­ra­tion de claviers signés Nord où les commandes ne sont plus déca­lées à gauche, mais bien centrées et large­ment répar­ties sur le panneau. La charte graphique est homo­gène avec les autres claviers de même géné­ra­tion des diffé­rentes gammes : Stage 3, Elec­tro 6 et Piano 4. On trouve 33 poten­tio­mètres, 3 enco­deurs cran­tés, 4 curseurs linéaires, 56 boutons pous­soirs et deux écrans OLED graphiques (program­ma­tion et oscil­la­teurs), répar­tis dans des sections clai­re­ment sépa­rées : contrô­leurs, program­ma­tion, morphing, vibrato, modes de voix, arpé­gia­teur, LFO, enve­loppe de modu­la­tion, oscil­la­teurs, couches multiples, enve­loppe de volume, filtre, multief­fets, EQ, délai, réverbe. La qualité de ces commandes est, comme toujours, au top : réponse parfaite, ancrage solide, séri­gra­phie lisible, rien n’a été négligé.

NordWave2_2tof 16.JPGLe génial bâton de pitch en bois sans cran central et la molette de modu­la­tion en pierre font toujours recette, tant mieux. Niveau ergo­no­mie, on appré­cie les touches de trans­po­si­tion directe (par octave, par demi-ton et par programme) la touche « Panic » qui coupe les éven­tuelles notes bloquées, les fonc­tions copier/coller et l’as­si­gna­tion directe des para­mètres de morphing (nous en repar­le­rons). En revanche, il manque toujours une touche « Compare » et les poten­tio­mètres ne fonc­tionnent qu’en mode « saut ». Toute la connec­tique est vissée et regrou­pée à l’ar­rière : prise casque, sorties audio stéréo asymé­triques, entrée pédale conti­nue (volume/morphing), entrée audio stéréo, entrée/sortie MIDI DIN, entrée pédale de main­tien, prise USB (MIDI/Samples/OS) et prise IEC pour cordon secteur. L’ali­men­ta­tion est interne et univer­selle, merci! À part l’en­trée audio au format mini-jack stéréo, toute la connec­tique audio/CV est au format jack 6,35. Vu la gamme de prix, on s’at­ten­dait à plus géné­reux, notam­ment des sorties sépa­rées par couche et symé­triques, une prise MIDI Thru DIN et l’au­dio via USB. Autre décep­tion, l’en­trée audio ne fait que renvoyer le signal injecté vers les sorties, sans passer par le filtre ou les effets…

Dead Zone

NordWave2_2tof 08.JPGLe Nord Wave 2 est un synthé numé­rique poly­pho­nique 48 notes et multi­tim­bral sur 4 couches sonores. Chaque couche peut être jouée sur l’en­semble du clavier ou assi­gnée à une zone de partage. Le mode d’as­si­gna­tion est contrai­gnant. Il y a quatre zones possibles, déli­mi­tées par des points de partage prédé­fi­nis et repé­rés par des LED. On ne peut assi­gner qu’une seule couche sonore à une zone, qui plus est dans un ordre mili­taire (gauche-droite), avec fondu(s) de posi­tion avec la (les) couche(s) adja­cente(s) sur 6 ou 12 notes. Pourquoi Nord ne gère-t-il pas ses zones comme tout le monde, avec une note basse et une note haute au choix pour chaque zone, ainsi que des fenêtres de vélo­cité!? Une fois les zones créées, la section mixage permet de régler rapi­de­ment les volumes (curseurs avec contrôle visuel grâce aux rangées verti­cales de LED) et les pano­ra­miques (en appuyant sur un sélec­teur pour alter­ner le mode des curseurs, puisque Nord n’a pas eu la bonne idée de dédier quatre poten­tio­mètres au pano­ra­mique).

On peut faci­le­ment sélec­tion­ner/isoler/couper une couche, ou encore regrou­per plusieurs couches pour les éditer ensemble, section par section. Les groupes sont indiqués par une LED ambre dans chaque section. Voilà une vraie bonne idée. En MIDI, les couches peuvent se compor­ter globa­le­ment ou indi­vi­duel­le­ment. En entrée, les couches peuvent ainsi se pilo­ter sur leur propre canal, sans tenir compte de leur acti­va­tion ou de leur tessi­ture, à partir d’un appa­reil externe. Avec un clavier maître multi­zone, on pourra ainsi contour­ner les lacunes évoquées précé­dem­ment. En sortie, les couches acti­vées trans­mettent sur leur canal MIDI respec­tif suivant acti­va­tion/zonage ou le canal global. Tous les para­mètres de synthèse et d’ef­fets sont trans­mis et reçus en CC MIDI sur des canaux sépa­rés. On peut même envoyer la posi­tion en cours des commandes vers sa STAN préfé­rée. Bravo!

Cock­tail sonore

La mémoire du Nord Wave 2 tota­lise 400 programmes multi­tim­braux sur 4 canaux, orga­ni­sés en 16 banques de 25 sons. On peut y accé­der avec l’en­co­deur, deux touches de navi­ga­tion ou encore la rangée de 5 touches de programmes, par numéro ou par caté­go­rie, avec possi­bi­lité d’af­fi­chage sous forme de liste. On trouve aussi 5 programmes Live qui mémo­risent les réglages au fur et à mesure de la session de travail, sans néces­si­ter de sauve­garde. Les niveaux de sortie sont corrects mais pas excep­tion­nels. Il n’y a pas de compen­sa­tion de gain, mais un réglage de niveau program­mable par couche. Le moteur interne fonc­tionne en 24 bit/96 kHz, déli­vrant une qualité audio impec­cable et un bruit de fond inau­dible. Les sons four­nis sont géné­ra­listes et couvrent peu ou prou les diffé­rentes époques de l’his­toire de la synthèse, avec un posi­tion­ne­ment géné­ra­liste qui peut sembler un peu banal. Rien de révo­lu­tion­naire donc, mais le propre du synthé est de permettre à l’uti­li­sa­teur de faire ses propres sons et le Nord Wave est bien doté pour cela.

NordWave2_2tof 09.JPGAvec ses diffé­rents moteurs de synthèse embarqués, la machine est agile. La lecture d’échan­tillons lui donne accès à la Nord Sample Library 3 avec ses tradi­tion­nels sons d’ins­tru­ments acous­tiques, élec­triques et élec­tro­niques. Nous n’en refe­rons pas l’in­ven­taire, nous l’avons déjà passée en revue lors des tests du Nord Stage 3 et du Nord Elec­tro 6. Les multié­chan­tillons sont dans l’en­semble très musi­caux, mais souffrent d’un manque de couches sonores et de modes d’ar­ti­cu­la­tion pour les instru­ments les plus expres­sifs. En revanche, les banques de Mello­tron et Cham­ber­lain sont toujours aussi appré­ciables. Tout cela reste suffi­sant dans une optique de scène, juste­ment là où la machine se posi­tionne. On appré­cie le fait d’avoir cet arse­nal sous la main tout de suite à l’al­lu­mage, sachant, nous le verrons, que l’on peut créer et impor­ter ses propres multi­samples. Les sons pure­ment synthé­tiques couvrent eux aussi un large terri­toire : émula­tions analo­giques (basses, nappes, poly­synths, leads, synchros, empi­lages massifs désac­cor­dés), timbres FM typiques (EP, cuivres, cloches, percus­sions) et textures numé­riques évolu­tives variées (basées sur une grande diver­sité d’ondes synthé­ti­sées). Manquent à l’ap­pel les kits de percus­sions, vrai­ment pas le trip des synthés rouges. On appré­cie les possi­bi­li­tés de modu­la­tion en temps réel permet­tant d’ani­mer tout ce beau monde et les mélanges à quatre couches faciles à consti­tuer.

Nord­Wa­ve2_1audio 01 Blade 2049
00:0001:01
  • Nord­Wa­ve2_1audio 01 Blade 204901:01
  • Nord­Wa­ve2_1audio 02 Trans Hacker01:06
  • Nord­Wa­ve2_1audio 03 Mass Bass00:54
  • Nord­Wa­ve2_1audio 04 Huge Stabs00:31
  • Nord­Wa­ve2_1audio 05 FM Pad00:35
  • Nord­Wa­ve2_1audio 06 Arp Impro01:09
  • Nord­Wa­ve2_1audio 07 Multi Synth01:27
  • Nord­Wa­ve2_1audio 08 Chez Georges01:06
  • Nord­Wa­ve2_1audio 09 Hybrid Strings00:56
  • Nord­Wa­ve2_1audio 10 Picked Layer01:06

Oscil­la­teurs multiples

NordWave2_2tof 10.JPGChacune des quatre couches sonores est consti­tuée de modules de synthèse (oscil­la­teurs, filtre, ampli, modu­la­tions) envoyés dans les effets. Plusieurs types de synthèse sont dispo­nibles, mais extrê­me­ment simpli­fiés, ce qui a fait dire à certains que le Nord Wave 2 était plutôt un gros Nord A2. Disons que c’est un mélange survi­ta­miné de Nord Wave et de Nord A1. Tout se passe avec deux poten­tio­mètres (fréquence par demi-ton et fine), un sélec­teur pour le type de synthèse (VA, tables d’ondes, FM et lecture de samples), un enco­deur pour la forme d’onde, un enco­deur pour la caté­go­rie d’onde et un poten­tio­mètre pour faire varier l’os­cil­la­teur. Commençons par la synthèse VA, divi­sée en plusieurs caté­go­ries. La caté­go­rie Basic offre 6 formes d’onde statiques exclu­sives : sinus, triangle, dent de scie, carrée, impul­sion à 33 %, impul­sion à 10 %. La caté­go­rie Shape propose 5 formes d’onde variables (triangle, dent de scie, impul­sion, demi-sinus, onde para­bo­lique), pilo­tables par l’en­ve­loppe de modu­la­tion, le LFO et le morphing. La caté­go­rie Shape Sine crée des ondes modu­lables par Wave­sha­ping ou Wave­fol­ding à partir de 7 ondes élémen­taires. La caté­go­rie Multi génère 5 types de dents de scie doubles ou triples, à l’oc­tave ou à la quinte, dont on peut modu­ler le désac­cor­dage. La caté­go­rie Super Wave permet d’em­pi­ler et désac­cor­der 5 types d’ondes pour des sons vrai­ment très épais : dent de scie, carrée, orgue, dent de scie brillante et carrée brillante. La caté­go­rie Sync permet de synchro­ni­ser 9 types d’ondes cycliques en jouant sur la fréquence du cycle de modu­la­tion. Enfin, la caté­go­rie Misc offre trois couleurs de bruit (blanc, rose et rouge) et une modé­li­sa­tion de cloche à hauteur variable.

NordWave2_2tof 11.JPGPassons main­te­nant à la synthèse à tables d’ondes. La décep­tion est la même que celle ressen­tie avec le Kyra de Waldorf : il s’agit en fait d’ondes courtes fixes, rien à voir avec de véri­tables tables d’ondes modu­lables. Au total, 46 ondes extraites d’ins­tru­ments acous­tiques ou géné­rées par addi­tion harmo­nique, rien de trans­cen­dant. Enchai­nons avec la synthèse FM. Très simpli­fiée elle aussi, elle offre 5 algo­rithmes harmo­niques et 5 algo­rithmes inhar­mo­niques de 2, 3 ou 4 opéra­teurs à onde sinus. On peut juste défi­nir le rapport de fréquence entre deux opéra­teurs (ratio ou fixe suivant le type d’al­go­rithme) et la quan­tité de modu­la­tion, bon. Pour tous les moteurs de synthèse cités jusque-là, l’unis­son permet d’épais­sir le son avec trois niveaux d’os­cil­la­teurs virtuels désac­cor­dés sans réduire la poly­pho­nie, très bien! Dernier moteur de synthèse, Sample utilise un multié­chan­tillon en mémoire pour le trai­ter avec le filtre, les modu­la­tions et les effets (cf. ci-après). On peut désac­ti­ver certains préré­glages d’usine (filtre, enve­loppe de volume) et esca­mo­ter une partie de la phase d’at­taque (tran­si­toires) des échan­tillons. Par contre, on perd la possi­bi­lité, chère aux utili­sa­teurs du premier Nord Wave, de faire inter­agir un échan­tillon et une forme d’onde. Une fonc­tion pour­tant telle­ment origi­nale et peu répan­due, quel dommage!

Import d’échan­tillons

NordWave2_3editor 01Lorsque le type de synthèse est Sample, le Nord Wave 2 fait appel à l’un des multié­chan­tillons stockés dans sa mémoire perma­nente de 1 Go. C’est beau­coup plus que les 180 Mo du premier Nord Wave! Sortie d’usine, la machine propose 355 multié­chan­tillons (911 Mo) issus de la Nord Sample Library 3. Ce sont essen­tiel­le­ment des instru­ments acous­tiques et élec­triques dans les styles pop/rock/jazz/world/orches­tral, complé­ments logiques à la pano­plie synthé­tique des autres moteurs. Ils sont peu gour­mands en mémoire (15 Mo pour les plus gros). Pas de kits de percus­sions au programme, le Nord Wave 2 ne les gère pas en tant que tels, dommage. On peut complé­ter ou rempla­cer tout ou partie de ces échan­tillons par d’autres issus de la Nord Sample Library 3 ou fabriqués soi-même avec l’ap­pli­ca­tion Nord Sample Editor 3 (> Windows 7 ou OS 10.7).

L’édi­teur, très visuel, permet de gérer les samples en mémoire interne, d’im­por­ter des fichiers WAV ou AIFF (à la main ou auto­ma­tique­ment) et de les assi­gner au clavier (jusqu’à 92 zones par multié­chan­tillon). Côté édition des échan­tillons, on peut défi­nir les points de lecture, créer des fondus en entrée/sortie pour élimi­ner les clics, boucler (avec fondu et angle de phase), modi­fier le niveau, doser l’ac­cor­dage fin et norma­li­ser les échan­tillons (avec possi­bi­lité d’an­nu­la­tion). Il manque toujours certains trai­te­ments avan­cés (compres­sion/expan­sion tempo­relle, modi­fi­ca­tion numé­rique de hauteur, décou­page ryth­mique…) et la possi­bi­lité de créer des zones de vélo­cité. Peut-être dans le Nord Sample Editor 4? Tant qu’on parle logi­ciel, notons aussi que le Nord Wave 2 est compa­tible avec l’ap­pli Sound Mana­ger (> Windows 7 ou OS 10.7), un biblio­thé­caire maison gratuit permet­tant d’or­ga­ni­ser des programmes, télé­char­ger des multi­samples et sauve­gar­der/restau­rer l’ins­tru­ment. La mise à jour de l’OS se fait quant à elle via un exécu­table indé­pen­dant.

Filtre multi­mode

Quel que soit le mode de synthèse choisi dans la section oscil­la­teurs, le signal qui en sort entre dans le filtre. Évidem­ment on peut le désac­ti­ver. Le premier Nord Wave offrait un filtre multi­mode plutôt élaboré mais de qualité inégale, notam­ment dans les modes les plus exotiques (peigne, multi­bande, vocal) et peu discri­mi­nants dans les deux pentes propo­sées. Ici, le filtre a été revu et très simpli­fié. La qualité aurait-elle remplacé la diver­sité?

NordWave2_2tof 14.JPGOn redes­cend à 6 types : LP12, LP24, LP24 type Moog, HP24, BP12, LP12//HP12 en paral­lèle. C’est presque les mêmes types de filtres que sur le Nord Lead A1, mis à part le filtre TB remplacé par le mode LP12//HP12, dans lequel les deux fréquences sont réglées sépa­ré­ment, au détri­ment de la réso­nance. Les filtres sonnent bien et variés, dans tous les modes. On appré­cie la flui­dité de réponse de la fréquence de coupure, qui affiche clai­re­ment un 32 kHz en haut de l’échelle, au cas où…

Dans les diffé­rents modes LP, on perçoit nette­ment les diffé­rences de pente entre les LP12 et LP24, c’est clai­re­ment mieux que sur le premier Nord Wave. De même, la diffé­rence de ferme­ture de fréquence et de réponse en réso­nance est flagrante entre les LP24 et LP24 Moog. L’auto-oscil­la­tion est criarde dans le premier cas et plus douce dans le second. Tous les filtres se comportent comme s’ils étaient compen­sés, y compris le filtre Moog, mais on ne se plain­dra fina­le­ment pas de ce manque de fidé­lité dans ce cas précis, préfé­rant ne pas faire les frais des infra­basses quand on pousse la réso­nance. La fréquence de coupure du filtre est modu­lable par une enve­loppe ADSR dédiée, le suivi de clavier (1/3–2/3–3/3) et le LFO. On trouve aussi trois niveaux de Drive pour salir le son, toujours bon à prendre. Le volume final de la voix est contrôlé par une enve­loppe ADSR dédiée et la vélo­cité. Enfin, signa­lons que les 48 voix du Nord Wave peuvent, pour chaque couche, être jouées en modes poly, mono ou legato, avec porta­mento mono­dique. Clas­sique.

Modu­la­tions simplistes

NordWave2_2tof 12.JPGLes modu­la­tions sont assez basiques et pas très souples. On commence par un vibrato, doté de trois niveaux de délai prédé­fi­nis (0,5–1,0 -1,5 s) ou assi­gnable à la molette ou à la pres­sion. La fréquence (4 à 8 kHz) et la quan­tité de modu­la­tion sont dosables via le menu. On trouve aussi un unique LFO mono (un recul par rapport au Nord Wave). Sa vitesse varie de 0,03 à 523 Hz et peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge globale suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles. Il peut produire les ondes triangle, carrée, dent de scie, rampe et S&H. Sa quan­tité de modu­la­tion est dosable, tout comme sa desti­na­tion : pitch, varia­tion d’os­cil­la­teur ou coupure du filtre, donc rien d’ex­cep­tion­nel là non plus.

On pour­suit par l’en­ve­loppe de modu­la­tion, assi­gnable au pitch ou à la varia­tion d’os­cil­la­teur. De type AD ou AR, elle est bipo­laire et peut être modu­lée par la vélo­cité. Dommage qu’on ne puisse la boucler et l’as­si­gner libre­ment, cela aurait permis de complé­ter l’unique LFO. Vient ensuite l’en­ve­loppe de filtre, de type ADSR, unique­ment routée vers celui-ci; on peut inver­ser sa pola­rité et la modu­ler par la vélo­cité. Enfin, l’en­ve­loppe ADSR d’am­pli­tude est dédiée au volume. Un para­mètre Tran­sient permet d’ajou­ter un impact en début d’at­taque, donc de la patate, sympa. Les temps d’en­ve­loppe ont une plage d’ac­tion éten­due (0,5 ms à 45 s pour les attaques, 3 ms à 45 s pour les segments DR). En résumé, les modu­la­tions n’ont pas trop progressé depuis toutes ces années.

Morphing et arpèges

Venant un peu pallier la faiblesse des modu­la­tions clas­siques, la fonc­tion Morphing permet d’as­si­gner quatre sources conti­nues distinctes (vélo­cité, molette, pédale, pres­sion) à plusieurs desti­na­tions au choix (modules de synthèse et d’ef­fets). Pour ce faire, il suffit de main­te­nir la touche source dans la section Morphing et de bouger les poten­tio­mètres à assi­gner entre les valeurs extrêmes que l’on veut atteindre. Tous les para­mètres assi­gnables possèdent une LED verte. Il est possible d’ajou­ter des desti­na­tions à une source déjà confi­gu­rée et de suppri­mer tout ou partie des desti­na­tions. Bien vu!

NordWave2_2tof 20.JPGEn complé­ment à ces commandes conti­nues, la fonc­tion Impulse Morph permet de déclen­cher le morphing à l’aide d’une touche. En plus des commandes conti­nues, elle peut cibler des para­mètres discrets, tels que le type de filtre, la direc­tion d’ar­pège ou le choix d’ef­fet (48 desti­na­tions au total). Tout cela nous conso­le­rait presque de l’ab­sence de matrice de modu­la­tion. 

Pour faire bouger le son, le Nord Wave 2 offre un arpé­gia­teur, ou plutôt quatre arpé­gia­teurs, puisque chaque couche possède ses propres réglages. Le tempo peut être libre ou synchro­nisé à l’hor­loge globale suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (comme le LFO). On trouve quatre direc­tions élémen­taires : haut (lorsque toutes les LED sont éteintes, il faut le savoir), bas, alterné et aléa­toire. S’y ajoutent un réglage de zigzag (deux pas en avant, un pas en arrière) et un choix de motif (28 Presets ou program­ma­tion par l’uti­li­sa­teur sur 16 pas avec, pour chaque pas, le déca­lage de note, l’ac­cent et le pano­ra­mique). La plage d’ac­tion s’étend sur quatre octaves, y compris les valeurs inter­mé­diaires non entières. En plus de l’ar­pé­gia­teur mono­dique clas­sique, il existe un mode poly­pho­nique avec renver­se­ment d’ac­cords, ainsi qu’un mode Gate, agis­sant sur le volume des notes jouées selon un motif à sélec­tion­ner avec la quan­tité de modu­la­tion deman­dée. Cela crée des effets de pompage en rythme, parfait pour l’EDM!

Effets boos­tés

NordWave2_2tof 05.JPGLe Nord Wave 2 propose une section effets sérieu­se­ment amélio­rée par rapport à ses prédé­ces­seurs. On trouve un multief­fets, un EQ, un délai et une réverbe. Tous ces effets sont dispo­nibles pour chaque couche sonore en toute indé­pen­dance, chouette! Le multief­fets est consti­tué de 7 effets cycliques dont la vitesse est synchro­ni­sable à l’hor­loge globale : tremolo, panner, modu­la­teur en anneau, phaser, chorus, ensemble, vibe. On perd au passage le Flan­ger du Nord A1, bon. On peut acti­ver la section avec une touche dédiée et en régler la quan­tité. On aime parti­cu­liè­re­ment les modes chorus et ensemble qui élar­gissent bien le son, lui donnant une belle pers­pec­tive stéréo. L’ef­fet vibe est une sorte de mélange de vibrato et de phaser léger, qui fonc­tionne bien avec les sons vocaux. Passons à l’EQ, doté d’un mode fixe à deux bandes (Bass/Treble) ou para­mé­trique à une bande. Dans la même section, on trouve un Drive modé­li­sant une satu­ra­tion d’am­pli à lampe, donc asymé­trique, c’est-à-dire douce.

On arrive au délai, plus fourni en réglages que les précé­dents effets. Sa vitesse peut être entrée à la volée (Tap) et synchro­ni­sée à l’hor­loge globale (donc avec le LFO, l’ar­pé­gia­teur et le multief­fets). On peut aussi régler la balance son sec/traité et simu­ler un écho à bande (le pitch varie avec la vitesse). La boucle de réinjec­tion est plus souple que d’ha­bi­tude : possi­bi­lité d’in­té­grer l’un des multief­fets (chorus, ensemble ou vibe) avec deux niveaux de profon­deur, nombre de répé­ti­tions, filtrage du signal répété (LP, BP, HP) et ping­pong stéréo. Sympa! Enfin, la réverbe offre 5 types d’en­vi­ron­ne­ment : cabine, pièce, scène, salle, cathé­drale. Un mode Choral permet d’ajou­ter des modu­la­tions croi­sées, pour chaque type d’es­pace. On peut évidem­ment doser la balance signal sec/traité et modi­fier la brillance du signal traité (normal, hautes fréquences, basses fréquences). On appré­cie le son de cette réverbe. Plusieurs para­mètres d’ef­fets peuvent être modu­lés par les fonc­tions morphing : vitesse et quan­tité du multief­fets, niveau du drive, vitesse et balance du signal sec/traité dans le délai et balance du signal sec/traité dans la réverbe. Une section qui a vrai­ment pris de l’am­pleur, avec davan­tage de réglages, des synchro­ni­sa­tions tempo­relles, des modu­la­tions temps réel, une qualité supé­rieure et surtout une dispo­ni­bi­lité en quatre exem­plaires!

Conclu­sion

Le Nord Wave 2 est un bon synthé, qui aurait pu être encore meilleur si le construc­teur n’était pas revenu en arrière dans certains domaines par rapport au Nord Wave : un seul type d’os­cil­la­teur à la fois, ce qui élimine les inter­mo­du­la­tions entre samples et formes d’onde, moins de filtres, un seul LFO, moins d’em­pla­ce­ments mémoire pour les program­mes… On gagne en revanche sur de nombreux tableaux : poly­pho­nie, multi­tim­bra­lité, effets, mémoire de samples, arpèges, écrans, commandes directes et clavier (en taille comme en qualité de réponse). On retrouve aussi tous les ingré­dients qui ont fait le succès des claviers Nord, à juste titre : qualité sonore, accès gratuit à une grosse biblio­thèque de samples, prise en main immé­diate, construc­tion robuste à tout point de vue, poids plume, orien­ta­tion live… tout cela étant toute­fois proposé à un tarif premium. Les adeptes du concept ou de la marque seront comblés, comme toujours. On aime­rait toute­fois voir Nord se remettre un peu en ques­tion, s’il veut conti­nuer à s’im­po­ser face à une concur­rence propo­sant des alter­na­tives allé­chantes, comme des claviers de scène se mettant à la synthèse ou des works­ta­tions deve­nant enfin convi­viales.

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8/10
Points forts
  • Quatre couches sonores indépendantes
  • Plusieurs synthèses disponibles
  • Prise en main simple
  • Commandes directes nombreuses
  • Petite section de mixage
  • Oscillateurs diversifiés
  • Filtre multimode avec drive
  • Temps d’enveloppes rapides
  • Morphing sonore en temps réel
  • Paramètres synchronisables au tempo
  • 1 Go pour charger des samples Nord gratuits
  • Arpégiateur polyphonique programmable
  • Effets dynamiques de qualité
  • Robuste et léger à la fois
  • Clavier dynamique 5 octaves avec pression
Points faibles
  • Un seul type d’oscillateur à la fois
  • Tables d’ondes statiques
  • Un seul LFO
  • Pas de vraie matrice de modulation
  • Zonage du clavier contraignant
  • Pas de couches dynamiques
  • Pas de sorties séparées
  • Entrée monitoring non traitée
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.