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Test du Yamaha Motif XF - Le gros porteur

Surprise de taille de cette fin d’année 2010, le nouveau Motif XF de Yamaha met un coup de booster à la qualité sonore et à la spontanéité des workstations. Quelle distance met-il dans la vue de ses concurrents ?

Depuis le M1 sorti il ya plus de 20 ans, les works­ta­tions n’ont cessé de progres­ser. Si 128 voix de poly­pho­nie semblent deve­nues un stan­dard de nos jours (ou une barrière tech­no­lo­gique ?), la taille de la mémoire PCM et de la section effets conti­nue à se déve­lop­per. Il faut dire que l’offre logi­cielle met la pres­sion dans ce domaine. D’un côté, des giga banques sans compro­mis sur la mémoire ; de l’autre, quelques centaines de méga dans le meilleur des cas et pas de strea­ming audio. Résul­tats, des instru­ments moins expres­sifs, avec moins de couches sonores et de possi­bi­li­tés d’ar­ti­cu­la­tions de jeu. Toute­fois, les logi­ciels ne parviennent pas encore à géné­rer avec stabi­lité autant de poly­pho­nie et de multi­tim­bra­lité qu’une works­ta­tion maté­rielle, sans parler des temps d’ac­ti­va­tion, cruciaux pour la scène ou la créa­ti­vité. La works­ta­tion conserve encore le mono­pole de l’au­to­no­mie et de la spon­ta­néi­té… sauf quand il s’agit de char­ger des samples supplé­men­taires pour étendre la palette sonore. Le Motif XF est né de ce constat, repous­sant encore les limites de la taille de la Rom embarquée dans une works­ta­tion et mini­mi­sant les temps d’ac­ti­va­tion grâce à de la mémoire perma­nente pour les échan­tillons utili­sa­teur. La works­ta­tion idéale serait-elle entre nos mains ?

 

Top classe

Yamaha Motif XF

À peine installé au studio, une impres­sion immé­diate de qualité et de sérieux se dégage du Motif XF. L’es­thé­tique est une réus­site : robe anthra­cite et noire, LCD central avec texte rouge sur fond gris, nombreuses commandes couvrant la faça­de… tout cela donne envie de toucher. La construc­tion en métal est solide, tout comme l’an­crage des boutons, rota­tifs et curseurs. La partie gauche du panneau avant est dédiée au contrôle temps réel : accès aux para­mètres de synthèse, mixage multi­tim­bral, commandes de trans­port des séquences, trans­po­si­tion d’oc­taves, déclen­che­ment des arpèges, acti­va­tion / coupure des effets. Coup de chapeau aux commandes de trans­port, en relief et montées sur ressorts, très faciles à atteindre et très agréables à mani­pu­ler. 2 touches de fonc­tion assi­gnables permettent d’ap­pe­ler diffé­rentes arti­cu­la­tions de sons, nous y revien­drons. En plus des 2 molettes de pitch et de modu­la­tion, on trouve un petit ruban de contrôle. Au centre trône un LCD couleur 320 × 240 pixels au contraste réglable, surplombé de 2 rangées de 6 touches Soft, dont le rôle varie selon la page écran. Enfin à droite du panneau de contrôle, on trouve les commandes de navi­ga­tion, de mode de jeu / d’édi­tion / de sélec­tion des sons, c’est-à-dire pas moins de 68 boutons et un gros enco­deur. La machine est décli­née en 3 versions : 61, 76 et 88 touches lourdes. Nous avons testé le Motif XF6, avec son clavier semi-lesté en plas­tique de 61 touches, sensible à la vitesse de frappe et à la pres­sion de zone. Il s’agit d’un modèle de la série FSX, très agréable et expres­sif à souhait, sur lequel on peut taper très fort sans déclen­cher inopi­né­ment l’af­ter­touch. Du beau boulot !

 

Yamaha Motif XF

Le panneau arrière est truffé de trous : un connec­teur 3 broches pour cordon secteur (ce qui signi­fie alimen­ta­tion interne, tant mieux), une prise réseau RJ45 Ether­net, 2 prises USB2 (type A et B pour relier la machine à un ordi­na­teur hôte ou une mémoire de masse) et un bouton de réglage du contraste du LCD ; côté Midi, on a le droit à un seul trio In / Out / Thru, un second Midi Out aurait été bien­venu, d’au­tant que le Motif XF propose un mode clavier maître bien fichu ; côté contrôles, 4 prises pour pédales (2 inter­rup­teurs et 2 contrô­leurs conti­nus) ; côté audio, 1 entrée stéréo sur 2 jacks 6,35 avec potard de gain (pas très pratique à l’ar­rière), 2 sorties stéréo sur 4 jacks 6,35 (où est le temps où les works­ta­tions haut de gamme avaient 4 paires de sorties stéréo ?) et une prise casque (à l’avant, ça aurait été aussi plus pratique). Ce n’est pas fini, puisque qu’on trouve de série une sortie numé­rique S/PDIF RCA (stéréo 24 bit /44,1 kHz) et une trappe pour instal­ler une carte Fire­Wire option­nelle FW16E trans­for­mant le Motif XF en inter­face audio / Midi (6 entrées audio, 16 sorties audio, 3 entrées + sorties Midi). Jusque-là, rien que du très pro, mais rien de neuf par rapport au Motif XS. C’est sous le capot que les choses changent, sous forme d’une nouvelle trappe capable d’ac­cueillir 2 cartes mémoires Flash option­nelles de 512 ou 1024 Mo pour sauve­gar­der des samples en mémoire perma­nente (détails plus tard). C’est ça le F du XF !

 

Edition profonde

Yamaha Motif XF

Qui dit works­ta­tion, dit multi­pli­cité des modes de jeu, profon­deur d’édi­tion, complexité des effets et pléthore de para­mè­tres… bref, souvent le cauche­mar en matière d’er­go­no­mie. Les construc­teurs en ont bien conscience et certains proposent des écrans tactiles, d’autres des LCD larges comme des télés et d’autres enfin des commandes en temps réel. Le Motif XF regorge de commandes temps réel : boutons d’ac­ti­va­tion / coupure d’élé­ments sonores ou de piste, 8 potards multi­fonc­tions (6 posi­tions) et 9 faders (dont 1 de volume et 2 assi­gnables) pour les commandes temps réel (para­mètres de synthèse, effets, arpèges, mixage des canaux), 2 touches de trans­po­si­tion par octave (mais pas par demi-ton, un oubli !). Toutes ces commandes sont large­ment espa­cées et très agréables au toucher, que ce soient les potards avec point central, les faders avec une course de 60 mm, les commandes de trans­port du séquen­ceur avec de gros boutons à ressort. La sélec­tion des très nombreux sons est faci­li­tée par un tas de commandes dédiées : 16 banques, 8 sections par banque et 16 sons par section. Une touche de sélec­tion par caté­go­rie permet de filtrer la base de donnée suivant la (ou les) caté­go­rie(s) program­mée(s) pour chaque son, effet, arpè­ge…

 

Inté­gra­tion réus­sie

 


Le Motif XF s’in­tègre parfai­te­ment avec le monde exté­rieur, qu’il soit maté­riel ou logi­ciel. En mode Master, il se trans­forme en puis­sant clavier maître 8 zones. Chaque zone dispose d’un certain nombre de para­mètres : source sonore (interne et/ou externe), canal Midi, tessi­ture, trans­po­si­tion (par demi-ton et octave), mode de réponse aux chan­ge­ments de programme, assi­gna­tion des commandes temps réel, filtrage des événe­ments Midi, du volume et du pano­ra­mique. L’or­ga­ni­sa­tion des diffé­rentes pages aurait pu être plus logique, mais on s’y retrouve quand même. Le mode Master peut gérer indif­fé­rem­ment les programmes Voice, Perfor­mance, Pattern et Song en combi­nai­son avec les 8 zones clavier. 128 Masters peuvent être mémo­ri­sés.

 

Pour ce qui est du monde logi­ciel, le Motif XF est aussi bien équipé. Certes on n’a pas d’au­dio-over-USB, Yamaha ayant opté pour une inter­face Fire­Wire option­nelle. Le package inclut une version spéciale du séquen­ceur « maison » Cubase 5AI, c’est toujours bien­venu. On peut égale­ment télé­char­ger un éditeur dédié, tour­nant en stand alone sous Studio Mana­ger ou en tant que plug-in VST sous Mac (OSX) ou PC (XP/Vista/Seven en 32/64 bits). Il est de toute première qualité, beau et pratique (cf. captures d’écran). Côté pilo­tage à distance, le Motif XF peut comman­der Cubase 4–5 et Sonar 5.2–8 sous PC, ainsi que Cubase 4–5, Logic 7.2, Logic Studio et Digi­tal Perfor­mer 5.1–6 sous Mac.

Le Motif XF opère selon 4 modes de jeu ou d’édi­tion : Voice pour les programmes, Perfor­mance pour les combi­nai­sons de programmes, Song (séquen­ceur) et Pattern (motifs ryth­miques complexes). Le mode Master permet de program­mer 128 sélec­tions issues de ces modes pour les enchaî­ner rapi­de­ment, idéal sur scène. S’y ajoutent les fonc­tions Sampling, Mixing (pour mixer un Pattern / Song), File (pour la gestion des fichiers) et Utility (mode global). Côté navi­ga­tion dans les pages menu, l’er­go­no­mie est bonne, grâce au LCD au graphisme agréable et clair. Le prin­cipe est d’avoir un ensemble de 6 onglets repré­sen­tant une page menu et jusqu’à 6 sous-onglets secon­daires pour chaque page, chacune appe­lable direc­te­ment à l’aide des 2 rangées de 6 boutons Soft situées sous le LCD. Il y a telle­ment de modes d’édi­tion (éléments de programmes, programmes, canaux des Perfor­mances, Perfor­mances, Mixage, Pattern, Song, Sampling…) qu’il faut un peu de temps pour la prise en main, mais rien d’in­sur­mon­table. La plupart des pages menu offre des repré­sen­ta­tions graphiques de ce qu’il se passe : table de mixage, édition matri­cielle ou linéaire, enve­loppes, courbes de filtrage, formes d’ondes des LFO complexes, routage des effets, matrices de modu­la­tion, pistes du séquen­ceur, formes d’ondes des samples… De ce côté-là, rien à dire, c’est bien fichu. On peut même choi­sir la couleur du texte et repo­si­tion­ner les sections prin­ci­pales de jeu dans les pages menu. Dès qu’il faut assi­gner une zone clavier à un para­mètre ou sélec­tion­ner une touche, cela se fait direc­te­ment au clavier. Une touche Job, sans laquelle le Motif XF ne serait pas un Yamaha, est présente, permet­tant de faire du travail admi­nis­tra­tif selon le contexte d’édi­tion (initia­li­ser, compa­rer, rappe­ler, copier, suppri­mer…).

 

Pour être tatillons, nous aurions préféré que les para­mètres soient expri­més dans leur véri­table unité, comme chez Kurz­weil, plutôt que sous forme numé­rique peu signi­fi­ca­tive. Pour ceux qui aiment la lecture, Yamaha livre le Motif XF avec un certain nombre de modes d’em­ploi (en français, bravo !), sous forme papier (pour le manuel de démar­rage) ou infor­ma­tique (manuel de réfé­rence, manuel des para­mètres). Cela repré­sente envi­ron 500 pages de lecture, ce qui permet­tra de patien­ter pendant les 30 secondes dont a besoin de Motif XF pour booter. Tant qu’on râle, signa­lons la lenteur lors des chan­ge­ments de programme (1 seconde), le fait qu’au­cune diode ne clignote en tempo pendant le jeu d’un arpège (alors que c’est le cas pour les séquences) et l’ab­sence de pads.

 

Rom éten­due

Toute nouvelle works­ta­tion embarque son lot d’amé­lio­ra­tions (cf. enca­dré). Côté sons, les programmes se basent sur une Rom PCM de 741 Mo de formes d’ondes (équi­valent 16 bits linéaire), soit plus du double du précé­dent Motif XS (355 Mo), à compa­rer aux 175 Mo du Motif ES et aux 84 Mo du Motif origi­nel. Cela repré­sente un total de 3997 multi­samples. Cette Rom reprend l’in­té­gra­lité des ondes et programmes du Motif XS. 128 Voix et 8 Drum­kits tirant partie des nouveaux samples sont stockés en banques User 1 et Drum User, ce qui consomme de la place, mais permet une compa­ti­bi­lité totale avec le XS. Des compa­rai­sons des sons communs XF/XS existent sur le Net, donc inutile d’en rajou­ter ici, d’au­tant que les très légères diffé­rences se limitent à des histoires d’éga­li­sa­tion.

 

Motif Xf Prog Apia­no1
00:0002:05
  • Motif Xf Prog Apia­no102:05
  • Motif Xf Prog Apia­no200:33
  • Motif Xf Prog Apia­no301:30
  • Motif Xf Prog Wurly00:17
  • Motif Xf Prog Clavi­net00:18
  • Motif Xf Prog Bass00:34
  • Motif Xf Prog Strings01:29
  • Motif Xf Prog Vibes00:31
  • Motif Xf Prog Fhorns00:31
  • Motif Xf Prog Rhodes00:37
  • Motif Xf Prog Stabs00:29
  • Motif Xf Prog Synth­bass00:24
  • Motif Xf Prog Guitars01:13
  • Motif Xf Prog Accor­deon00:26
  • Motif Xf Prog Pads00:35
  • Motif Xf Prog Harpsi00:26

 

 

Les exemples sonores illus­trant cet article sont tous issus des nouvelles formes d’ondes du XF, sauf le Rhodes et le Wurly (Rom déjà présente sur le XS), parce qu’ils le valent bien. Notre avis sur cette nouvelle Rom (tout comme sur l’an­cienne) est on ne peut plus posi­tif : le nouveau son de piano 7 pieds S6 (qui vient complé­ter le multi­sample de piano 9 pieds CFIIIS) est très versa­tile, expres­sif, grâce à des échan­tillons de notes relâ­chées et des effets de réso­nance sympa­thique, utili­sant la tech­no­lo­gie Half-Damper (pédale de Sustain à mi-course). Une simple égali­sa­tion permet de passer faci­le­ment d’un piano doux à un piano rock plus agres­sif. Les nouvelles guitares et basses sont très musi­cales et tirent plei­ne­ment parti des effets de simu­la­teur d’am­pli et de satu­ra­tion, dont la plage d’ac­tion va du subtil au plus déjanté. Là encore, des couches supplé­men­taires de samples combi­nées aux 2 boutons assi­gnables et à la tech­nique de jeu au clavier permettent un rendu et une expres­si­vité supé­rieurs (quelques mots plus tard sur cette tech­no­lo­gie, bapti­sée XA).

 

Pour­sui­vons l’écoute avec une nouvelle section de cordes stéréo, qui vient rele­ver le niveau un peu faible des précé­dents Motif. Là, on se rapproche de la musi­ca­lité des cordes du PC3 Kurzweil. Les nouveaux samples d’orgues ne nous ont pas fait tomber par terre, ils sont corrects, mais sans plus, avec un effet Leslie en retrait. Même si on peut jouer des 8 tirettes harmo­niques, on doit se conten­ter de lecture d’échan­tillons (donc jusqu’à 8 couches), pas de véri­table modé­li­sa­tion. Les nouveaux PCM offrent égale­ment des sons de cuivres bien fichus, un chouette vibra­phone (Tyros 4 ?), des accor­déons (Tyros 3 à coup sûr !) et une pléthore de nouveaux samples synthé­tiques, issus notam­ment de gros poly­pho­niques vintage. Pour termi­ner ce tour des nouveau­tés sonores, nous avons beau­coup appré­cié la qualité des nouveaux kits de batte­rie : sons acous­tiques très réalistes (fûts en érable et en chêne), gros sons hip-hop, percus­sions orches­trales et ethniques (latines, orien­tales et extrême-orien­tales). Au global, de nouveaux sons où la qualité a large­ment pris le dessus sur la quan­tité.

 

 

Les nouveau­tés du XF (OS 1.12 testé)

 

Voici une liste, que nous avons tenté de rendre la plus exhaus­tive possible, des nouveau­tés du Motif XF par rapport au Motif XS :

 

– Rom éten­due à 741MB dont plus de 50% de nouveaux samples

– Nouveaux sons et motifs : 128 Voix, 128 Perfor­mances, 8 Drum­kits, 1248 motifs et 32 Masters

– SDRam interne de 128 Mo inté­grée pour le sampling (vola­tile)

– 2 empla­ce­ments pour Flash­Ram option­nelles de 512 ou 1024 Mo

– Gestion des fichiers amélio­rée

– Auto­map­ping des samples

– Amélio­ra­tion de la page de recherche par caté­go­rie. Les listes « Main », « Sub » et « Voice List » peuvent être appe­lée avec les touches logi­cielles 1 à 3 ; les recherches sont main­te­nant possibles sur les formes d’onde et les arpèges.

 

 

 

Yamaha Motif XF

 

 

 

– fonc­tion Tap Tempo via la touche logi­cielle SF6 dans les modes Voice, Perfor­mance, Song, Pattern et Master

 

 

 

Yamaha Motif XF

 

 

 

réglages indé­pen­dants des 2 boutons assi­gnables (situés à gauche du panneau avant) pour chaque partie d’une Perfor­mance ou d’un Mixage

 

 

 

Yamaha Motif XF

 

 

 

– Possi­bi­lité de conser­ver les sons de grosse caisse et caisse claire entre les 5 varia­tions d’ar­pèges d’un programme « Drum », lorsque d’autres kits sont program­més dans les diffé­rentes varia­tions

 

 

 

Yamaha Motif XF

 

 

 

– Fonc­tion « Arp Play Only » pour les diffé­rents canaux des modes Perfor­mance et Mixage, qui permet de déclen­cher des sons unique­ment lorsque l’ar­pé­gia­teur est en marche.

 

 

 

Yamaha Motif XF

 

 

 

– Edition directe des programmes « Drum » depuis le mode Mixing, avec possi­bi­lité de sauve­gar­der le nouveau kit ainsi obtenu (via la touche logi­cielle SF6 « Vce Edit »)

 

 

 

Yamaha Motif XF

 

 

 

– conver­sion rapide en Voix de Mixage d’un échan­tillon capturé à partir du mode Song ou Pattern, sans ressor­tir du mode.

– char­ge­ment multiple de Wav/AIFF depuis un même réper­toire, avec assi­gna­tion auto­ma­tique chro­ma­tique des samples sur le clavier au sein d’un même multi­sample

 

– Nouveau para­mètre de sensi­bi­lité au suivi de clavier pour le segment de relâ­che­ment de l’en­ve­loppe de volume.

 

 

– Person­na­li­sa­tion des couleurs d’af­fi­chage texte et de l’or­ga­ni­sa­tion de l’écran

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8 couches sono­res…

Le Motif XF utilise la même synthèse sonore que le XS, à savoir la lecture d’échan­tillons. Ce qui signi­fie d’em­blée : aucune autre forme de synthèse, ni en interne, ni par cartes d’ex­ten­sion. Yamaha nous a confié que le choix avait été fait de ne plus utili­ser les anciennes cartes PLG-150 pour deux raisons : la première est liée à la demande, puisque les ventes de cartes PLG avaient été très faibles compa­ra­ti­ve­ment aux ventes de Motif ; la seconde est de l’ordre de la rupture tech­no­lo­gique, puisque les Motif nouvelle géné­ra­tion tournent sous Unix (le code de l’OS est d’ailleurs dispo­nible en open source sur le site Yamaha). Yamaha a donc préféré échan­tillon­ner les sons majeurs géné­rés par les prin­ci­pales cartes (synthés analo­giques AN, sons DX et modé­li­sa­tion physique VL) et incor­po­rer des tech­niques de jeu pour mieux imiter le compor­te­ment des instru­ments à vent à base d’échan­tillons (VL). Pour ce dernier cas, le Motif XF (tout comme le XS) utilise la tech­no­lo­gie XA (Xpan­ded Arti­cu­la­tion), une décli­nai­son du mode SA des Tyros, permet­tant de prendre en compte le jeu bien au-delà de la simple vélo­cité de frappe, en faisant entrer des critères tels que les notes liées, le stac­cato, le relâ­che­ment, pour déclen­cher diffé­rentes varia­tions d’échan­tillons (Wave Cycle). Elle ne permet toute­fois pas un rendu aussi spec­ta­cu­laire que le mode SA2 inau­guré sur le Tyros 3, qui permet de déclen­cher des glis­sandi entre 2 notes liées éloi­gnées, idéal pour imiter les instru­ments à vent.

 

Synop­tique de la section Voice (programme « Normal »)

La poly­pho­nie globale est de 128 notes, avec allo­ca­tion dyna­mique. Un programme « Normal » peut conte­nir jusqu’à 8 couches sonores indé­pen­dantes, bapti­sées « éléments ». Chaque élément comprend un multi­sample (mono ou stéréo), une section filtres et une section ampli. On commence par régler la tessi­ture et la fenêtre de vélo­cité du multi­sample pour chaque élément. Plusieurs modes de jeu sont prévus, tel que legato, cyclique (entre les 8 éléments), aléa­toire (idem), avec retard (synchro­ni­sable au tempo)… un programme simple se voit rapi­de­ment le lieu de complexes empi­lages ou enchaî­ne­ments sonores. Conti­nuons sur notre élément : le pitch dispose d’un suivi de clavier program­mable et d’une enve­loppe 5 temps / 5 niveaux (avec modu­la­tion par la vélo­cité sur les niveaux / temps et suivi de clavier sur les temps).

 

Le signal entre ensuite dans la section filtres à 18 algo­rithmes : LPF24D, LPF24A, LPF18, LPF18s, LPF12, LPF6, HPF24D, HPF12, BPF12D, BPFw, BPF6, BEF12, BEF6, Dual LPF, Dual HPF, Dual BPF, Dual BEF, LPF12+BPF6. On recon­naît dans ces sigles les modes (Low Pass, High Pass, Band Pass, Band Elimi­na­tion), les pentes (24, 18, 12, 6 dB/octave, soit respec­ti­ve­ment 4, 3, 2 et 1 pôles), les couleurs (« A » pour analo­gique, « D » pour numé­rique, « s » pour doux » et « w » pour « large ») et les combi­nai­sons (« Dual » en paral­lèle et « + » en série). Les modèles numé­riques ont une réso­nance sifflante plus agres­sive que les modèles analo­giques. Le para­mé­trage est très complet : la fréquence de coupure et la réso­nance sont direc­te­ment modu­lables par la vélo­cité de frappe ; La fréquence de coupure possède, en plus, d’un suivi de clavier et d’une enve­loppe multi­seg­ment de même puis­sance que celle de pitch ; en complé­ment, un géné­ra­teur de tracking à 4 points permet de régler, par segment, le compor­te­ment de la fréquence de coupure suivant la posi­tion sur le clavier. Le signal attaque alors la section ampli, avec sa propre enve­loppe multi­seg­ment et son géné­ra­teur de tracking tout aussi puis­sant que ceux du filtre, auxquels s’ajoute un géné­ra­teur de pano­ra­mique (posi­tion fixe, suivi de clavier, aléa­toi­re…). En bout de chaîne, un LFO basique à 3 formes d’ondes clas­siques permet de modu­ler sépa­ré­ment le pitch, le filtre et le volume. Vient enfin un petit EQ : 2 bandes semi-para­mé­triques, 1 bande para­mé­trique ou boost global de +6 / +12 / +18 dB. Tout cela, c’était pour l’un des 8 éléments, mais on n’en a pas encore fini avec le mode programme.

 

 

Motif Xf Perf Strip­bar
00:0000:59
  • Motif Xf Perf Strip­bar00:59
  • Motif Xf Perf Raide00:46
  • Motif Xf Perf Blowrio00:59
  • Motif Xf Perf Domi­na­tion00:35
  • Motif Xf Perf Sexi­biza01:11
  • Motif Xf Perf Saute00:38
  • Motif Xf Perf Beat00:27
  • Motif Xf Perf Porno­chic00:50

 

… pour chaque programme

Parcours du signal d’1 des 8 éléments d’un programme simple (Voice)

Au niveau des para­mètres communs à tout le programme, il reste encore de quoi s’amu­ser. On y règle les caté­go­ries (2 prin­ci­pales et 2 secon­daires) pour la recherche / le clas­se­ment des programmes. Vient ensuite une page pour le mode de repro­duc­tion du programme entier : volume, pano­ra­mique, pitch, poly­pho­nie, réponse au Pitch­bend, porta­mento, tempé­ra­ment (13 Presets), para­mé­trage des 2 potards assi­gnables, réponse du ruban et celle des 2 touches assi­gnables. Une page complète est dédiée à la matrice de modu­la­tions. Le prin­cipe est clas­sique : relier 6 sources à 6 desti­na­tions avec une quan­tité de modu­la­tion bipo­laire à défi­nir. Les sources consistent en l’en­semble des contrô­leurs physiques : Pitch­bend, molette de modu­la­tion, pres­sion, pédales, ruban, contrô­leur à souffle (CC Midi assi­gnable), 2 boutons assi­gnables, sachant que les enve­loppes, les LFO et la vélo­cité sont assi­gnés par ailleurs dans les pages menus oscil­la­teur / filtre / ampli spéci­fiques de chaque élément. Il y a plus de 100 desti­na­tions, parmi lesquelles tous les para­mètres d’ef­fets d’in­ser­tion, les départs effets, les enve­loppes, les LFO, le pitch, la coupure du filtre, la réso­nance, le volume, le pano­ra­mique, le porta­mento, le délai de lecture des sons… mais pas le point de départ des samples.

 

Là où le Motif XF va plus loin que les works­ta­tions habi­tuelles, c’est dans la possi­bi­lité d’em­brayer / débrayer chaque élément pour chaque cordon de modu­la­tion, ce qui permet d’ex­clure certains routages. Bien vu ! Mais ce n’est pas encore fini, puisque le mode commun offre un LFO global, plus sophis­tiqué que les LFO d’élé­ments : 12 formes d’onde Preset dont des S&H, une forme d’onde program­mable à 16 segments, un délai, une durée de modu­la­tion, des fondus de début et de fin, un mode One Shot, un reset, une phase, une synchro Midi (cette fois !), le tout avec affi­chage graphique de la forme d’onde obte­nue.

 

La modu­la­tion de ce gros LFO est matri­cielle : 3 desti­na­tions à choi­sir parmi une liste de 70 para­mètres, dont tous les para­mètres d’ef­fets d’in­ser­tion, le pitch, la coupure du filtre, la réso­nance, le pano­ra­mique et la vitesse des LFO des éléments. Pour chacun des 8 éléments, on peut régler l’in­ten­sité de modu­la­tion et la phase de ce LFO global, déci­dé­ment très balai­se… Seuls manquent à la fête, comme cela est le cas sur la plupart des lecteurs d’échan­tillons (à part les Kurz­weil et dans une moindre mesure les Roland et le Nord­Wave), des possi­bi­li­tés de modu­la­tions internes aux oscil­la­teurs (genre PMW) ou inter oscil­la­teurs (type synchro, FM, AM ou Ring Mod). C’est aussi dans ce mode commun que se règlent l’ar­pé­gia­teur et les effets d’in­ser­tion, sur lesquels nous revien­drons plus tard en détail, parce que là il faut souf­fler un peu…

 

Synop­tique de la section Voice (programme « Drum »)

Et pour cela, rien de tel qu’un petit tour dans l’édi­teur de kit de batte­rie (mode programme « Drum Voice »). Ce mode fonc­tionne de manière un peu analogue au mode programme « Normal », avec des para­mètres globaux (mode commun) et des para­mètres par touche (mode Key). Un kit peut ainsi conte­nir 73 samples assi­gnés sur un clavier de 6 octaves. Seul hic et pas des moindres, on n’a le droit qu’à une seule couche sonore par note. Donc pour les percus­sions complexes et réalistes, c’est depuis le mode Sampling (décrit plus tard) qu’il faudra conce­voir des sons à empi­lages multiples. Pour chaque touche d’un kit, on règle la forme d’onde, le pitch (avec action de la vélo­cité), le mode de déclen­che­ment (exclu­sif, note off, tenue), l’as­si­gna­tion aux effets d’in­ser­tion, les niveaux de départ vers les 2 effets maîtres, la sortie audio, la coupure du filtre passe-bas (avec action de la vélo­cité), la réso­nance, la coupure du filtre passe-haut, le volume (avec action de la vélo­cité et enve­loppe dédiée 3 temps / 2 niveaux), le pano­ra­mique (fixe, balayage auto­ma­tique, aléa­toire) et l’EQ (iden­tique à un programme « Normal »). Là encore, c’est très complet. Le mode commun est une version très simpli­fiée du mode commun des programmes « Normal », nous ne nous y attar­de­rons pas. Au final, la mémoire du Motif XF renferme 1664 programmes « Normal » (dont 512 pour l’uti­li­sa­teur) et 97 programmes « Drum » (dont 64 pour l’uti­li­sa­teur). De quoi faire !

 

Modes multi­tim­braux

Synop­tique de la section Perfor­mance

Le Motif FX peut évoluer selon diffé­rents modes multi­tim­braux. En mode Perfor­mance, on peut mélan­ger 4 programmes indé­pen­dants. 4 ce n’est pas assez, 8 aurait été mieux. Dans ce mode, chaque partie peut émettre et rece­voir sur son propre canal Midi. En mode jeu, on accède rapi­de­ment à certains para­mètres de mixage et de synthèse pour chaque canal : tessi­ture, octave, ADSR filtre, ADSR volume, coupure du filtre, réso­nan­ce… en édition, on défi­nit les caté­go­ries prin­ci­pales et secon­daires de la Perfor­mance, les effets maîtres (voir ci-après) et les réglages par canal : para­mètres de mixage et de synthèse évoqués précé­dem­ment, pano­ra­mique, accor­dage, fenêtre de vélo­cité, porta­mento, sorties audio, assi­gna­tion et départs effets, réponse des contrô­leurs physiques, arpè­ges… l’en­trée audio peut égale­ment être confi­gu­rée dans ce mode et vient s’ajou­ter au mélange des 4 canaux Midi. Une fonc­tion permet d’ex­por­ter les réglages de ces 4 canaux vers un Pattern ou une Song. Au total, la mémoire interne renferme 512 Perfor­mances utili­sa­teur, préchar­gées d’usine.

 

 

Le mode Mixing est le mode où l’on règle les 16 canaux multi­tim­braux, c’est-à-dire choix des programmes, canal de récep­tion Midi, tessi­ture, vélo­cité, mixages et effets (assi­gna­tion aux effets d’in­ser­tion et départs vers les effets chorus / réver­bé­ra­tion) et sorties audio pour les Pattern / Song. L’en­trée audio dispose aussi d’une confi­gu­ra­tion spéciale dans ce mode. En mode Mixing, on peut éditer les programmes dans leur contexte. En appuyant sur la touche Soft idoine, on bascule dans l’édi­teur « Voice ». Il se pose alors le choix corné­lien d’écra­ser ou pas le programme en cours. Pour pallier ce problème, le Motif XF peut enre­gis­trer 256 programmes supplé­men­taires indé­pen­dants (appe­lés voix de mixage) et les assi­gner à n’im­porte quel canal en mode Mixing. Pas bête… Un programme de mixage est sauve­gardé avec chaque Pattern / Song, comme nous allons le voir.

 

 

 

 

Motifs à tous les étages

Yamaha Motif XF

Pour faire bouger tout ce beau monde, le Motif XF dispose de puis­sants arpé­gia­teurs, proches de ce qu’on peut faire sur un arran­geur, à tel point qu’on se demande quand les 2 segments vont défi­ni­ti­ve­ment conver­ger. Les arpé­gia­teurs reprennent les mêmes fonc­tion­na­li­tés que sur le Motif XS. Le nombre de riffs passe toute­fois à 7881. Il s’agit de motifs d’ar­pèges poly­pho­niques complexes dont certains utilisent les Mega­Voices, empi­lages sonores permet­tant un réalisme accru dans le jeu ryth­mique suivant la vélo­cité (par exemple, des cocottes de guitares avec poussé / tiré, liai­sons, déclen­che­ment d’har­mo­niques, glis­sés de cordes…). Non seule­ment les notes sont gérées, mais égale­ment des para­mètres de synthèse et de mixage, les zones de jeu, la vélo­cité de frappe, la recon­nais­sance d’ac­cords, le swing, le tout en temps réel. Il existe des arpèges diffé­rents pour les programmes « Normal » et les programmes « Drum ». On trouve égale­ment 256 arpèges utili­sa­teur (4 pistes de 16 notes), que l’on créée entiè­re­ment à partir de l’un des modes Pattern ou Song. Chaque programme offre 5 varia­tions d’ar­pèges, que l’on peu enchaî­ner parfai­te­ment en tempo, en utili­sant les touches Soft situées sous l’écran. Dans les modes multi­tim­braux, on peut repro­duire 4 arpèges simul­ta­né­ment : chaque programme vient avec ses propres arpèges en mode Perfor­mance, mais un arbi­trage est néces­saire en modes Pattern / Song où on peut asso­cier jusqu’à 4 arpèges à diffé­rentes pistes pour le jeu ou l’en­re­gis­tre­ment.

 

Autre morceau de bravoure, les modes séquen­ceurs, décom­po­sés en 2 parties distinctes : Pattern et Song. On travaille sur 16 pistes à concur­rence de 130.000 notes, avec une réso­lu­tion de 480 bpqn. La poly­pho­nie passe de 128 à 124 notes, click et autres subti­li­tés audio obligent. Le mode Pattern est à consi­dé­rer comme un chan­tier ryth­mique où l’on empile jusqu’à 256 blocs élémen­taires de motifs, à concur­rence de 16 sections sur 16 pistes Midi ou audio, qu’on lie ensuite en boucle. S’agis­sant des pistes audio, le fonc­tion­ne­ment n’est pas celui d’un direct-to-disc clas­sique comme on peut trou­ver à la concur­rence ; là, le Motif XF déclenche un sample préen­re­gis­tré avec les événe­ments Midi corres­pon­dants pour lancer sa lecture (cf. para­graphe sampling). Il faut imagi­ner un Pattern comme une matrice 16×16, où tous les blocs ne sont pas forcé­ment présents. On peut même créer des listes de lecture des sections en préci­sant, pour chaque pas, la section en cours, le calage tempo­rel, les pistes à muter / acti­ver… et envoyer le tout dans une Song. L’en­re­gis­tre­ment des motifs se fait en temps réel, punch in / out, bouclage ou non, over­dub ou rempla­ce­ment, quan­ti­sa­tion, utili­sa­tion d’ar­pè­ge…

 

Yamaha Motif XF

L’édi­tion en liste permet d’in­ter­ve­nir très préci­sé­ment sur chaque événe­ment, modi­fier / insé­rer / suppri­mer, trans­po­ser, ajou­ter du Glide, mettre en place un roule­ment, remixer, écla­ter une piste de batte­rie en 8 pistes, décou­per les pistes en tranches, chan­ger la compres­sion tempo­relle, ou encore éditer les contrô­leurs Midi. 5 scènes permettent d’ap­pe­ler des instan­ta­nés des réglages prin­ci­paux d’un Pattern à l’aide des touches de fonc­tion. Au global, on peut stocker 64 Patterns de 256 mesures dans la mémoire du Motif XF. En mode Song, on gère des pistes Midi / audio sous forme linéaire, plutôt que sous forme de blocs. Cela n’em­pêche pas de les boucler, avec des durées de boucles diffé­rentes pour chaque canal. On retrouve les notions de mixage des pistes, de chaî­nage des morceaux et de scènes.  L’en­re­gis­tre­ment se fait en temps réel et l’édi­tion détaillée sous forme de liste d’évé­ne­ments, tout comme dans le mode Pattern, avec affi­chage sous forme graphique. Au global, le mode Song peut gérer un total de 64 morceaux en mémoire vive. Ouf !

 

Le bal des effets

Synop­tique de l’ef­fet voco­deur 10 bandes

La section effets des works­ta­tions est un concen­tré de puis­sance. Le Motif XF, bien qu’il n’ap­porte pas de nouveauté par rapport à son prédé­ces­seur, est une usine à effets. La puis­sance, la qualité sonore et la profon­deur de modu­la­tion y sont excep­tion­nelles, en parti­cu­lier les algo­rithmes VCM tirés des tables numé­riques de la marque. En mode programme, on dispose de 2 effets d’in­ser­tion (A et B), de 2 effets globaux, d’un effet maître et d’un EQ maître. Les effets d’in­ser­tion sont les plus puis­sants, avec jusqu’à 16 para­mètres modu­lables en temps réel. Ils peuvent être routés en série (A vers B, B vers A), en paral­lèle ou en mode voco­deur. On accède à plusieurs dizaines d’al­go­rithmes (réver­bé­ra­tion, délais, ensembles, compres­seurs, simu­la­teurs d’am­pli, distor­sions, EQ, voco­deur, effets tech­no…), certains issus de tech­no­lo­gie à modé­li­sa­tion VCM, d’autres de célèbres modules d’ef­fets hard­ware (ProR3, SPX1000). Une recherche par caté­go­rie permet de s’y retrou­ver. Le voco­deur est de type 10 bandes avec compres­seur / gate à l’en­trée, déca­lage de formants, géné­ra­teur de bruit, filtre passe-haut et accès aux gains des 10 bandes. Le signal d’ana­lyse (modu­la­teur) est externe (par exemple un micro relié à l’en­trée audio A/D), alors que le signal de synthèse (porteur) est interne (programme du Motif XF). Dommage qu’on ne puisse insé­rer un porteur externe, tel qu’un synthé analo­gique vintage ou une String Machi­ne…

 

Yamaha Motif XF

Chaque élément d’un programme « Normal » peut être indé­pen­dam­ment routé vers l’un des 2 effets d’in­ser­tion, tout comme chaque touche d’un programme « Drum ». Les 2 effets globaux sont dédiés au chorus et à la réver­bé­ra­tion. Le premier offre 14 algo­rithmes de chorus, flan­ger, phaser et petites réver­bé­ra­tions. Le second offre 16 réver­bé­ra­tions et délais, donc 2 algo­rithmes maison Rev-X de très bonne qualité, tirés du SPX2000. On peut régler l’en­voi du chorus vers la réver­bé­ra­tion, ainsi que le retour et le pano­ra­mique de ces  derniers. L’ef­fet maître global peut être activé ou non pour tous les programmes, mais n’est pas sauve­gardé par programme. On y trouve des délais, compres­seurs et diffé­rents effets déjan­tés pour détruire le son globa­le­ment. Égale­ment réglés pour tous les programmes, l’EQ global 5 bandes para­mé­triques.

 

En mode multi­tim­bral (Perfor­mance, Pattern ou Song), chaque partie dispose d’un EQ 3 bandes para­mé­triques et de 2 effets d’in­ser­tion. Le Motif XF ne peut toute­fois gérer « que » 8 jeux d’ef­fets d’in­ser­tion : en mode Perfor­mance, cela ne pose aucun problème, chacun des 4 programmes récu­père ses 2 effets d’in­ser­tion. Mais en mode Pattern ou Song, seule­ment 8 canaux sur 16 pour­ront être assi­gnés à leurs effets d’in­ser­tion. C’est déjà pas mal, mais visi­ble­ment 2010 ne sera pas l’an­née « no compro­mise » pour les effets embarqués dans les works­ta­tions. Les 2 effets chorus et réver­bé­ra­tion sont alors mis en commun, avec des départs réglables sépa­ré­ment par canal multi­tim­bral. L’ef­fet et l’EQ maîtres, cette fois program­mables pour chaque Perfor­mance, Pattern ou Song, viennent clôtu­rer ce bal des effets très impres­sion­nant. Voici l’un des gros points forts de la machine !

 

Connexion des effets en mode Mixage : seules 8 parties conservent leurs 2 effets d’in­ser­tion du mode Voix

 


Connexion des effets en mode Perfor­mance : les 4 parties conservent chacune leurs 2 effets d’in­ser­tion du mode Voix

 


Connexion des effets en mode Voice

 

 

Sampling inté­gré

Yamaha Motif XF

Le Motif XF incor­pore un échan­tillon­neur stéréo 16 bits travaillant aux fréquences de 44, 22, 11 et 5 kHz, comme depuis l’A3000… On peut lancer la procé­dure de Sampling depuis les modes Voice / Perfor­mance ou Song / Pattern. L’édi­teur diffère un peu. En mode Voice / Perfor­mance, on est dans une confi­gu­ra­tion clas­sique de l’échan­tillon­nage : captu­rer ou impor­ter des échan­tillons, les assi­gner à des multié­chan­tillons, puis les utili­ser comme source dans les sections oscil­la­teurs. Échan­tillon­ner est facile : choix de la source audio (externe stéréo, Fire­Wire si l’op­tion est instal­lée ou resam­pling interne), mode mono / stéréo, réglage des niveaux audio, déclen­che­ment manuel / auto­ma­tique, choix de la banque de desti­na­tion, durée, fréquence, moni­to­ring… dès que l’échan­tillon­nage démarre, la forme d’onde captu­rée est affi­chée graphique­ment en temps réel. Si le résul­tat est satis­fai­sant, on peut para­mé­trer la lecture : points de départ / boucle / fin, mode de repro­duc­tion (avant, arrière, bouclage), volume, pitch, pano­ra­mique… l’édi­tion est on ne peut plus clas­sique : tron­ca­ture, bouclage, extrac­tion, norma­li­sa­tion, compres­sion / expan­sion tempo­relle, chan­ge­ment de pitch, fondus en entrée et sortie, divi­sion de fréquence, conver­sion stéréo vers mono, tran­chage aléa­toire ou avec affec­ta­tion à un motif Midi. Les échan­tillons peuvent être assi­gnés à 128 multi­samples, suivant une tessi­ture et une fenêtre de vélo­cité, ce qui au passage permet de contour­ner l’im­pos­si­bi­lité d’em­pi­ler les couches sonores sur une même touche en programme Drum. Chaque multi­sample peut ainsi conte­nir 256  assi­gna­tions de samples. On peut penser que c’est peu pour les multi­samples gour­mands en notes et en couches sonores, mais rappe­lons-nous tout de même qu’un programme peut faire appel à 8 couches de multi­sam­ples…

 

Yamaha Motif XF

L’échan­tillon­nage depuis le mode Song / Pattern permet d’ajou­ter des pistes audio aux pistes Midi. Il ne s’agit pas de véri­table DTD, les échan­tillons étant char­gés en mémoire (un échan­tillon ne peut pas dépas­ser 32 Mo / 64 Mo selon qu’il est mono / stéréo) puis posi­tion­nés dans les morceaux à l’aide d’évé­ne­ments Midi pour être déclen­chés au bon moment. Le prin­cipe d’échan­tillon­nage est assez simi­laire au mode Voice / Perfor­mance, sauf qu’au lieu d’as­si­gner un échan­tillon à un multié­chan­tillon, on l’as­signe à une piste. La fonc­tion de tran­chage est impor­tante à ce stade, puisqu’elle va permettre de conser­ver la vitesse de lecture d’un sample en synchro avec les pistes Midi, car le Motif XF n’est pas capable de faire du véri­table time stretch en temps réel. Cette fonc­tion est para­mé­trable avant sampling, le Motif XF se char­geant du décou­page et du posi­tion­ne­ment tempo­rel des samples. Quelques fonc­tions permettent de se simpli­fier la vie : assi­gna­tion auto­ma­tique des samples à la note suivante, défrag­men­ta­tion mémoire (Ram et Flash), export direct du mix audio sur clé USB en Wave. Globa­le­ment, on est quand même encore loin des solu­tions logi­cielles, avec leurs trai­te­ments en temps réel, le bouclage assisté, le multi­sam­pling auto­ma­tique et la déstruc­tu­ra­tion des samples…

 

Options Flash

Yamaha Motif XF

Le problème des works­ta­tions est la limite de la RAM embarquée pour le sampling ou l’im­port d’échan­tillons addi­tion­nels, ainsi que les temps de char­ge­ment. Char­ger 1 Go de samples sur un Motif XS (comme sur un Tyros 3), peut prendre quelques dizaines de minutes. Face à ce problème, une alter­na­tive : soit un gros disque dur et le strea­ming audio, comme sur les logi­ciels ; soit la sauve­garde des samples à l’ex­tinc­tion des feux, afin de ne pas repar­tir de zéro à chaque fois. Avec le Motif XF, Yamaha a choisi la deuxième solu­tion. On peut ainsi instal­ler 2 cartes option­nelles de 512 ou 1024 Mo dans la bête, pour un total maxi­mum de 2 Go ! C’est d’ailleurs pareil sur le nouveau Tyros 4. Cette mémoire vient complé­ter les 128 Mo de RAM vola­tile instal­lés de base, ce qui nous donne un synthé capable de gérer presque 3 Go d’échan­tillons, ce qui devient plus qu’in­té­res­sant. Aucun autre synthé hard­ware n’en fait autant !

 

Pour mémoire, un rappel sur les machines actuelles qui embarquent de la mémoire flash pour les samples : 60 Mo pour le Blofeld de Waldorf (inté­grés, avec licence payante pour le module), 128 Mo pour le PC3K de Kurz­weil (inté­grés de base), 180 Mo pour le Nord­Wave de Clavia (inté­grés de base, avec compres­sion des samples). Pour ceux qui râlent sur le prix, rappe­lons-nous le prix des 8 Mo pour EX5 ou Trinity, des 16 ou 32 Mo pour E-mu Ultra : plusieurs centaines d’eu­ros là aussi ! Voici quelques statis­tiques sur les temps de char­ge­ment en Flash­Ram : envi­ron 3 secondes pour 1MB et plus de 20 minutes pour 512 Mo. C’est long, mais quand c’est fait, c’est fait ! Une fonc­tion de défrag­men­ta­tion est prévue pour opti­mi­ser la Flash­Ram quand on y crée ou supprime beau­coup de fichiers.

 

Pour bien déci­der ceux qui hési­te­raient encore à emboî­ter le pas, Yamaha offre la collec­tion « Inspi­ra­tion In A Flash », une biblio­thèque de 480 Mo de formes d’ondes PCM, avec 3 banques de 128 programmes et des kits de percus­sions. Elle est dispo­nible en télé­char­ge­ment gratuit sur le site www.moti­fa­tor.com (on y trouve aussi d’autres banques de samples de « parties tierces » de Garri­tan, Sonic Reality, Easy Sounds…). Chaque banque ne dépasse pas 128 Mo isolé­ment, si bien qu’on peut utili­ser cette collec­tion sans Flash­Ram, unique­ment avec la SDRam interne. La première banque contient 2 pianos acous­tiques (le S700 du S90ES et le Power Grand du Motif origi­nel), des instru­ments à vent (cuivres et bois) et des scats de voix. La deuxième banque nous plonge dans le monde du vintage : diffé­rents samples de tirettes harmo­niques de B3, des ondes multi­sam­plées de synthés analo­giques vintage, ainsi qu’une sélec­tion de célèbres claviers élec­triques. La troi­sième banque est dédiée aux instru­ments World orien­taux (vents et cordes pincées), avec de nombreuses arti­cu­la­tions tirant partie de la synthèse XA. Enfin, la quatrième banque est dédiée aux kits de percus­sions, avec des sets orien­taux et des kits issus de la DTX900. Avec toutes ces banques instal­lées dans notre Flash­Ram, tout l’es­pace mémoire User est plein !

 

 

Motif Xf Kit Oak
00:0000:25
  • Motif Xf Kit Oak00:25
  • Motif Xf Kit Orches­tral00:24
  • Motif Xf Kit Percu00:19
  • Motif Xf Kit Turkish00:27
  • Motif Xf Kit Japan00:30
  • Motif Xf Kit Hiphop00:24
  • Motif Xf Kit Maple00:22

Conclu­sion

Nous voici arri­vés au bout de ce test, mais pas au bout du Motif XF, qui nous a éton­nés par sa profon­deur et sa puis­sance. Les proprié­taires de Motif XS qui voudraient fran­chir le pas ne seront pas dérou­tés, puisqu’il s’agit clai­re­ment d’une évolu­tion plus qu’une révo­lu­tion. D’ailleurs on reste bien dans la termi­no­lo­gie « X ». Ceci dit, les nouvelles formes d’ondes sont une addi­tion plus qu’ap­pré­ciable, étant donnée la qualité propo­sée. Mais surtout, ceux qui ont attendu des dizaines de minutes que leur RAM se recharge après une panne de courant sur scène ou au studio savent à quel point l’op­tion Flash­Ram est une béné­dic­tion. La tech­no­lo­gie était dispo­nible, la capa­cité à la gérer aussi, on appré­cie donc ne pas devoir attendre la prochaine rupture tech­no­lo­gique pour avoir tout cela. Le Motif XF, on l’al­lume et ça le fait du premier coup ; quelle que soit son utili­sa­tion, live ou studio, il prend une sérieuse longueur d’avance sur ses concur­rents et c’est bien mérité !

 

  • La qualité sonore, encore accrue
  • La possibilité d’ajouter de la FlashRam
  • La banque de samples gratuite
  • L’excellente qualité de construction
  • Les commandes, bien dimensionnées et nombreuses
  • L’ergonomie plutôt bien pensée
  • La section synthèse assez profonde
  • Les effets, top niveau et puissants
  • Les puissants arpégiateurs presqu’arrangeurs
  • Le séquenceur Pattern / Song, bien pensé
  • Le nombre de mémoires disponibles
  • Les capacités de clavier maître
  • Une seule forme de synthèse, sans interaction d’oscillateurs
  • Une seule couche sonore par note en programme « Drum »
  • Seulement 4 programmes en mode Performance
  • Seulement 2 paires de sorties stéréo et une seule sortie Midi
  • L’absence de pads pour piloter les Drums et les motifs
  • L’intégration audio, pas aussi souple qu’un vrai DTD
  • Le mode sampling, largement perfectible
  • La latence lors du changement de programme

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