Deux ans après le Kronos, Korg poursuit la déclinaison de sa gamme de synthés workstations ; avec le Kross, jamais un instrument de cette catégorie n’aura été aussi démocratique…
On lit çà et là que le marché des workstations est en voie de disparition, sous la pression du tout logiciel. Pourtant, Korg développe avec succès toute une gamme de synthés de ce type depuis le M1 de 1988. Aujourd’hui, la société japonaise est plus que jamais le leader de ce marché, que seuls Yamaha et Kurzweil semblent un peu lui contester, Roland ayant encore du poil de la bête à reprendre. En 2011, le Kronos avait marqué l’histoire de la synthèse, avec une puissance sans précédent ; il a ensuite rapidement été décliné en version X, embarquant une carte mère plus récente et plus de mémoire. La gamme fait d’ailleurs actuellement l’objet d’une évolution (OS 2.1), comprenant notamment une modélisation d’orgues améliorée. En 2012, le Krome avait redéfini l’entrée de gamme des workstations, avec une mémoire PCM énorme pour du hardware, un séquenceur puissant, des effets à la pelle et une ergonomie réussie… avec un excellent rapport performance/prix. Courant 2013, alors qu’on attendait une proposition en gamme intermédiaire, le Kross est venu briser une nouvelle barrière de prix pour redéfinir à son tour l’entrée de gamme. Voyons si l’essentiel a été conservé pour en faire une nouvelle référence de workstation…
En rouge et noir
Le Kross est décliné en deux modèles : 61 touches légères ou 88 touches lourdes. Nous avons testé la version 61 touches, munie d’un clavier un peu collant sensible uniquement à la vélocité. Prix serré oblige, le Kross est tout en plastique bicolore, noir dessus et rouge dessous. La construction est correcte : la façade est très rigide, les 3 gros encodeurs et les 2 potards sont parfaitement ancrés, les boutons sont fermes, les 2 molettes (pitch et modulation) ne dévient pas d’un poil sur leur axe et la connectique est vissée sur la face arrière. Comme quoi on peut faire des efforts sur la construction, même en entrée de gamme, merci !
Pour assurer une meilleure compacité, Korg a abandonné le joystick pour deux molettes conventionnelles et les a placées au-dessus du clavier. D’ailleurs, c’est bizarre qu’elles soient restées à gauche du clavier sur le modèle 88 touches, on aurait pu gagner en largeur et rendre le modèle encore plus facile à transporter… sans doute que la mécanique du clavier lourd « NH » gênait !
Outre les 4 kg (12 kg pour le modèle 88 touches), le côté portable est accentué par la poignée de transport en métal intégrée au design (cf. photo) et la trappe située sous la machine, capable d’accueillir 6 piles AA, assurant une autonomie donnée de 4 à 5 heures suivant le type utilisé.
À part la prise casque mini-jack placée à l’avant gauche, toute la connectique est située sur le panneau arrière. Là, rien d’extraordinaire : 3 prises pour pédales (tenue avec half-damper, continue, switch), entrée/sortie MIDI, connecteur SD Card (SD/SDHC de 2/32 Go maximum, pour les programmes et l’audio), prise USB (Midi over USB), entrée ligne (format mini-jack stéréo), entrée audio micro (jack 6,35 TS), sorties audio gauche/droite stéréo (jack 6,35 TS) et coin alimentation (borne pour transfo externe 9 V fourni, poussoir marche/arrêt et passe-câble, mieux qu’un Solaris !). Redisons-le, nous avons apprécié le choix de Korg de visser toute la connectique au panneau arrière.
Ergonomie basique
La façade rappelle les workstations un peu plus anciennes, avec peu (ou pas) de commandes directes : il y a tout de même des touches de mode de jeu (programmes, combinaisons, séquences, global/média, audio), une section de navigation autour de l’écran à cristaux liquides monochrome 240 × 64 pixels à contraste ajustable (non tactile), des commandes de transport avec tempo et une grille de 16 boutons pour appeler des favoris ou programmer le séquenceur à pas, nous y reviendrons.
Pour faciliter la sélection des sons, le Kross offre deux encodeurs, un pour la catégorie (parmi 12, dont une pour les programmes utilisateur) et un pour la sélection dans la catégorie en cours. De même, il y a des touches pour créer immédiatement une couche ou un split à partir du mode programme ou encore pour lancer une piste de batterie et/ou des arpèges en temps réel. Fidèles à la tradition Korg depuis un bon bout de temps maintenant, deux touches assignables SW1/SW2 surplombent les molettes, pour moduler le son en temps réel.
La navigation se fait sous forme de menus, avec des enchaînements de pages parfois interminables… les 4 boutons situés sous l’écran permettent de faire défiler ou sélectionner ces pages ; ils sont secondés par 4 flèches de navigation et un encodeur de données. Bref, l’édition est un peu lourde, d’autant que le Kross n’est pas avare de paramètres de synthèse, loin s’en faut ; pour faciliter les choses, l’OS essaie de bien faire les choses : affichage de certains paramètres sous forme de liste déroulante, représentation graphique des courbes d’enveloppes, LFO ou couches d’échantillons, etc. un mode d’emploi vidéo en ligne est également prévu pour faciliter la prise en main. Dernier point d’ergonomie, une fonction permet de sauvegarder 4 banques de 16 programmes, combi ou séquences audio favoris pour rappel immédiat, idéal pour le live.
Plein de sons
Le Kross est capable de générer 80 voix de polyphonie avec 1 oscillateur (40 avec 2) sur 16 canaux multitimbraux. Il tire ses sons d’une Rom de 112 Mo de samples PCM (421 multi-samples dont 6 stéréo et 890 samples de percussions dont 49 stéréo). C’est peu pour les standards actuels, en particulier ceux érigés par Korg sur ses dernières workstations (3,8 Go pour le Krome, par exemple). D’autant que les 6 multi-échantillons stéréo sont en fait 3+1 couches d’un même piano, un ensemble de cordes et un ensemble de cuivres. Ces multi-samples sont d’ailleurs plutôt réussis par rapport à la mémoire utilisée.
Pour le piano acoustique spécifique au Kross (dérivé des Kronos / Krome German), on a donc le droit à 3 couches auxquelles s’ajoute une couche simulant la résonance sympathique lorsque la pédale de maintien est enfoncée. Les quelques pianos électriques donnent satisfaction, la majorité étant à plusieurs couches (3 en général). La panoplie d’orgues est généreuse, mais rien de nouveau… Viennent ensuite les cloches, scintillantes à souhait, merci l’échantillonnage à 16 bit/48 kHz.
En bonne workstation, on trouve des instruments à vent (assez bons dans l’ensemble), des cordes (différentes sections dont une large stéréo et des instruments solos tout à fait corrects), des voix (classiques, pop, jazz), des basses (excellentes en présence et en punch), des guitares (pas terribles) et des percussions (correctes, avec félicitations du jury pour le kit jazz stéréo).
Le principal reproche général que l’on pourrait faire à cette série d’échantillons acoustiques est le manque de couches de dynamique, on sent la limite de la mémoire ; c’est d’ailleurs ce qui différencie en partie le Kross du Krome. Les programmes synthétiques sont nombreux et excellents, assurant au Kross de briller dans les belles nappes sombres, les textures évolutives luxuriantes, un vrai point fort. On notera aussi la présence d’échantillons-clés de Mellotron (cordes, voix, flûtes) très musicaux… en tout, on dispose de 640 programmes, 384 combinaisons et 48 drum kits réinscriptibles, dont la majorité sont pré-chargés d’usine.
- Piano A Concert 02:04
- Piano A Bright 00:41
- Piano A Upright 00:32
- Piano E Clavinet 00:34
- Piano E CP 01:00
- Piano E Fender 01:12
- Piano E SG1 01:01
- Piano E Wurly 00:50
- Organs 01:30
- Guitar A 01:07
- Guitar E 00:41
- Strings 01:27
- Synth Poly 01:33
- Synth Bass 01:12
- Bass A 00:32
- Bass E 00:39
- Bass F 00:31
- Brass 00:30
- ZCombi1 00:45
- ZCombi2 00:29
- ZCombi3 00:31
- ZCombi4 01:03
- ZCombi5 00:37
- ZCombi6 00:49
Programmes et kits
La structure du Kross ne déboussolera pas trop les habitués de la marque, à quelques nuances près : en mode programme, on dispose d’un son, un arpégiateur, une piste de batterie, un séquenceur à pas et 7 multi-effets ; en mode combi et séquence, on dispose de 16 sons indépendants, deux arpégiateurs, une piste de batterie, un séquenceur à pas et 7 multi-effets. Un enregistreur audio vient compléter le tout.
Commençons par le mode programme, assez proche de ce que l’on trouve sur le Krome, mais en moins puissant. Il fait usage d’un ou deux oscillateurs à 4 couches dynamiques (chacune pouvant accueillir un multi-sample mono ou stéréo), ou bien un kit de percussions éditable en mode Global (chaque touche pouvant accueillir 1 à 4 couches d’échantillons mono ou stéréo). Les plus pressés pourront régler au préalable certains paramètres de synthèse (filtre, enveloppes) ainsi que l’entrée audio. Les plus teigneux seront servis par la profondeur de synthèse disponible, puisque le Kross possède tous les modules dont on peut rêver sur une workstation : oscillateurs, pitch, filtres, ampli, effets et un tas de modulations dynamiques… comme sur le Krome, le pitch de chaque oscillateur est largement modulable : tempérament, suivi de clavier, enveloppe multi-segments à temps et niveaux modulables, 2 LFO, portamento, ou encore des sources matricielles AMS (contrôleurs physiques, paramètres internes ou CC MIDI). Les modulations sont elles-mêmes modulables par une source AMS (Sidechain).
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La section filtre dispose de deux filtres multimodes résonants : passe-bas 2 pôles, passe-haut 2 pôles, passe-bande 1 pôle ou réjection 1 pôle ; on peut les placer en mode simple, en série, en parallèle ou en mode double 24 dB (le nombre de pôles est doublé). Les modulations de la fréquence de coupure sont nombreuses : enveloppe dédiée, 2 LFO + LFO global, générateur de tracking 4 segments et sources AMS. La résonance peut aussi être modulée par l’AMS. On passe ensuite à la section ampli, avec volume et panoramique modulables. Le volume bénéficie d’un traitement de choix : enveloppe dédiée, 2 LFO, un générateur de tracking 4 segments et des sources AMS. Au niveau global programme, on trouve quelques modulations supplémentaires : 2 générateurs de tracking globaux à 4 segments, 1 LFO global et 2 mixeurs AMS (mélange de 2 modulations par addition, multiplication, décalage, fondu, morphing complexe, quantisation, porte). Par rapport au Krome, on perd donc les possibilités d’overdrive dans la section ampli mais l’essentiel est bien là !
Arpégiateurs polyphoniques
Le Kross hérite de l’arpégiateur du Krome, à savoir un puissant module polyphonique 12 voix, qui passe à 64 pas (le Krome était limité à 48). L’arpégiateur est disponible dans les programmes (à 1 exemplaire), combis (à 2 exemplaires) ou séquences (à 2 exemplaires). Il permet de créer des patterns rythmiques complexes tels que lignes de basses, cocottes de guitares, riffs synthétiques ou ensembles de batterie… Il offre 5 motifs de base (haut, bas, alterné simple, alterné avec répétition des notes extrêmes, aléatoire) et 1028 motifs utilisateur (dont 916 pré-chargés). Ces motifs se créent en mode Global et s’appliquent au programme, à la combinaison ou à la séquence en cours. Pour chaque pas, on définit la hauteur, la vélocité, le temps de Gate et le Flam (simulation de Strumming de guitare). On peut fixer certaines notes pour empêcher leur transposition quels que soient les accords joués, idéal pour créer des patterns de percussions.
Au sein des programmes, combi ou séquences, on trouve les paramètres de reproduction : Latch, étendue (1 à 4 octaves), résolution (en synchro à l’horloge, de la noire au triolet de triple croche), Gate (0 à 100 %), réponse en vélocité (globale, jouée ou par note), swing (-100 à +100 %), ordre de tri des notes (suivant le jeu ou le pitch), mode clavier (notes arpégées jouée seules ou en plus des notes d’origine), fenêtre d’activation (notes basse et haute)… on peut piloter les arpèges en MIDI à partir d’un clavier externe ou arpéger un synthé/module MIDI à partir des arpèges produites par le Kross. Bref, rien à redire sur ce plan si ce n’est applaudir des deux mains.
Drum and Step
Comme sur les grandes workstations Korg, le Kross permet de jouer une piste de patterns de percussions pilotant un Drum Kit, synchronisée (ou pas) à tout ce qui bouge dans la machine : c’est la Drum Track. Celle-ci est disponible dans les programmes (second canal), combis (canal 16) ou séquences (piste 16). On choisit le motif dans une liste de 700 Presets partagés avec les motifs des Songs du séquenceur MIDI. Le motif peut partir dès qu’on appuie sur une note et bénéficier du mode Latch. Comme avec l’arpégiateur, on peut définir la zone d’activation de la Drum Track et la vélocité (imposée par la note de départ).
Mais là où le Kross va un poil plus loin, c’est dans la possibilité de créer ses propres motifs de percussions à l’aide d’un Step Sequencer. Les patterns sont polyphoniques 12 voix (donc 12 percussions différentes) sur 64 pas et sauvegardés au sein des programmes, combis ou séquences. La programmation est de type grille lumineuse (comme sur une TR Roland ou une Electribe) avec les 16 touches de sélection des programmes et les 4 touches de banque. L’écran affiche une grille graphique du motif obtenu. Là encore, on peut entrer des facteurs de vélocité, swing et accent pour affiner la rythmique.
Multi-effets par 7
Le Kross hérite partiellement de la grande tradition des workstation Korg sur le plan des effets. Un peu moins costaud que le Krome, il offre cependant 7 multi-effets; quel que soit le mode de jeu : 5 multi-effets d’insertion (IFX) et 2 multi-effets maîtres (MFX). On perd donc le multi-effet global et un tiers des algorithmes. On retrouve toutefois les mêmes possibilités de routage et de modulations en temps réel, ainsi que l’édition graphique bien utile pour organiser les départs/retours. La mode étant toujours au vintage, le Kross contient des algorithmes modélisés de marques célèbres, développés initialement pour le Kronos : phasers, flangers, chorus, ensembles, wah wahs, compresseurs vintage imitant des effets Vox, EH, Black, Orange, Red, Korg (Polysix). Sans oublier une panoplie complète de décimateurs, processeurs de dynamique, vocodeurs, EQ, filtres, distorsions, ensembles, délais, réverbérations… simples ou enchaînés en série et/ou en parallèle.
Parmi les 134 algorithmes disponibles, 14 plus puissants consomment le double de ressources (donc 2 slots d’effets). Les algorithmes ont de nombreux paramètres — grosso modo de 5 à 25 — avec une moyenne à plus de 10. Les modulations sont présentes, soit par synchro MIDI des temps, soit par modulation dynamique (D-Mod). Certains effets, tels que le limiteur, le Gate ou le vocodeur, ont des Sidechains stéréo pour moduler leur action sur le signal par un autre signal. Concernant les routages d’effets, on est dans la tradition initiée sur le Trinity et affirmée sur le Triton : on chaîne les IFX ou on les place en parallèle par paire.
En mode combinaison ou séquence, chaque canal/piste peut être routé vers l’un des 5 IFX, avec création de cascades d’effets suivant le point de routage. En même temps, chaque canal/piste a 2 départs réglables vers chaque MFX placés sur des bus globaux. La qualité est à la hauteur de la quantité, le Kross bénéficiant du quart de siècle d’expérience acquise par Korg en matière d’effets sur ses workstations, depuis le M1.
Multiple de 16
Aussi démocratique qu’il puisse paraître, le Kross est sans compromis dans l’assemblage des ses programmes, loin devant la concurrence dans cette gamme de prix. En effet, il maintient la même multi-timbralité 16 canaux que ses aînés, en conservant la Drum Track (canal MIDI à spécifier), les 2 arpégiateurs polyphoniques (A et B à assigner à n’importe quels canaux, au choix et sans limite), tout en ajoutant le Step Sequencer (activé ou non sur le canal 16). La gestion des 16 canaux se fait en réception (assignation de sons internes) comme en émission (assignation de canaux MIDI externes), ce qui fait du Kross un excellent clavier maître à 16 zones indépendantes en émission (tessiture, fenêtre de vélocité, canal MIDI séparés) ; en outre, le modèle 88 touches lourdes est un candidat sérieux et très abordable pour piloter une installation MIDI complexe, en live notamment.
La visualisation simultanée des 16 canaux n’est pas aussi complète et graphique que sur les Krome / Kronos, mais c’est l’une des rares concessions dans ce mode. Pour chaque canal, on accède aux réglages devenus habituels chez Korg : catégorie du programme, origine (interne/externe), canal MIDI, mode de jeu (mono/poly/legato/1 ou 2 oscillateurs), volume, panoramique, transposition, accordage, tempérament, tessiture (fondus inférieurs et supérieurs compris), fenêtre de vélocité (fondus également), délai. L’édition des programmes dans leur contexte de combinaison se fait via une page dédiée « Tone Adjust » permettant de prendre la main sur 8 paramètres de synthèse essentiels : coupure(s) du (ou des) filtre(s), résonance(s), intensité de l’enveloppe de filtre, vélocité sur l’amplitude, ADSR (enveloppes de filtre et d’amplitude réglées ensemble). Tout cela est mémorisé au sein des combinaisons, une alternative à l’édition totale des programmes dans leur contexte de combinaison, toujours plus au programme chez Korg depuis le 01/W. En MIDI, on peut filtrer certaines commandes (Program Change, Aftertouch, pédale Sustain, portamento, molettes, switches, pédales, CC…). On peut également régler le routage vers les 5 effets d’insertion et les départs vers les 2 effets maîtres. Sans oublier les réglages et assignation vers les bus d’effets des signaux externes injectés via l’entrée audio du Kross, puisqu’il y en a une (et même deux) !
Séquenceur complet
Le Kross gagne définitivement son rang de Workstation grâce à son puissant séquenceur MIDI intégré. Là encore, peu de concessions, si ce n’est l’édition graphique et tactile de son aîné. Le fonctionnement du séquenceur est analogue au mode combinaison : 16 pistes MIDI en entrée et/ou sortie (+ piste tempo), 1 Drum Track, 2 arpégiateurs, 1 Step Sequencer, 5 IFX et 2 MFX. Sans oublier la modulation dynamique des paramètres de synthèse et d’effets, l’ajustement de quelques (rares) paramètres de programmes… Le séquenceur a une capacité de 210.000 événements MIDI répartis en 128 Songs, avec une résolution de 1/480 BPQN. La mémoire est volatile, on va finir par s’y faire… La fonction Auto Song Setup permet, à partir d’un programme ou d’une combinaison, de créer une séquence en assignant automatiquement tous les réglages d’origine (programmes, arpèges, effets…).
Pour ne pas partir de zéro, Korg a doté le Kross de gabarits pré-réglés : 16 en ROM, 16 en RAM. En relecture, il existe une fonction permettant de boucler certaines mesures indépendamment pour chaque piste. Concernant l’édition, toutes les fonctions des précédentes Workstations Korg sont là : couper, copier, déplacer, coller, insérer, supprimer… tant au niveau des pistes que des évènements (édition microscopique par liste). On perd toutefois l’édition tactile par « glisser-déplacer » et les modes Piano Roll / grille de percussions du Krome, mais l’essentiel est très largement préservé. Le Kross exporte et importe des SMF comme ses grands frères. Le séquenceur peut aussi enregistrer des Sysex, y compris aux standards GM, XG et GS.
Bonus audio
L’enregistreur audio intégré permet d’immortaliser ses propres performances, que ce soit avec le Kross seul ou accompagné de signaux audio externes, via les entrées audio ligne (stéréo) ou micro (mono + gain). Il utilise pour cela le lecteur de carte SD avec enregistrement immédiat de l’audio (aucune sauvegarde n’est nécessaire). Le signal externe peut passer dans les effets (IFX et MFX), dont le vocodeur intégré. Le Kross travaille avec une résolution et une fréquence internes fixes de 16 bits/48 kHz. Avec 200 Songs audio de 3 heures chacune maximum (à concurrence de la capacité de la carte SD connectée), il y a quoi voir venir…
L’enregistrement peut se faire suivant différents modes de déclenchement : appui de note, touche lecture du séquenceur ou seuil audio (faible ou élevé). Il est possible de faire des prises multiples pour chaque Song, avec fonctions Undo / Redo permettant de passer d’une prise à l’autre. On peut aussi faire de l’Overdub, en mixant l’audio préalablement enregistré à la performance en cours. Autre application, réaliser des prises successives, puis tout envoyer dans sa DAW pour reconstruire un enregistrement multipistes, avec conservation du Time Code. L’export se fait en fichiers WAV stéréo 16 bits/48 kHz. Réciproquement, le Kross est capable d’importer des fichiers WAV stéréo 16 bits/44 ou 48 kHz. Un module intéressant qui n’a rien d’un gadget !
Conclusion
Le Kross est la workstation démocratique par excellence. Abordable, facile à transporter, autonome (piles), il n’en demeure pas moins une station de travail complète avec ses combinaisons 16 canaux, ses facultés de clavier de commande 16 parties, ses 7 multi-effets, ses 2 arpégiateurs polyphoniques, son séquenceur MIDI 16 pistes sans compromis… il ajoute même quelques bonus bien pensés tels que les fonctions split/layer rapides, le Step Sequencer (Drum Grid aurait été un terme plus approprié), le vocodeur (avec entrées micro/ligne) et l’enregistreur audio. Les compromis concernent surtout la Rom PCM, les couches sonores, la qualité du clavier assez spongieux (sur le 61 touches) et l’écran réduit pesant sur l’ergonomie vu la pléthore de fonctions. Mais lorsqu’on regarde l’étiquette, on comprend qu’il puisse faire de l’œil aux musiciens peu fortunés ou aux adeptes de la scène qui veulent un clavier autonome polyvalent ou complémentaire à des synthés plus typés…
Merci à LaBoiteNoireDuMusicien.com pour le prêt du matériel !
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