Lancé il y a près de 4 ans, le Korg Kronos vient de connaitre une évolution majeure, tant matérielle que logicielle. Le temps est donc venu pour nous de faire le point, histoire d’allonger notre plus gros test…
En 2011, le Korg Kronos a révolutionné l’univers de la station de travail matérielle, intégrant les développements de l’Oasys dans une version plus abordable. Notre test publié en octobre 2011 décrivait en détail les différentes pièces de ce puzzle aussi complexe que puissant, destiné aux aventuriers de la synthèse et de la production musicale tout-en-un. Depuis son introduction, Korg n’a pas campé sur ses lauriers : d’abord l’OS2, avec des évolutions majeures, notamment dans la généralisation du streaming audio des échantillons utilisateur ; puis la version X de 2013, avec une électronique améliorée et des capacités de stockage augmentées. Mais au NAMM 2015, c’est un nouveau Kronos qui a été présenté : nouveau matériel et nouveau logiciel (OS3). Pour les plus pressés, nous avons prévu deux encadrés qui résument l’essentiel : le premier encadré est dédié aux améliorations logicielles, entre l’OS1 (de notre test initial), l’OS2 (apportant des améliorations majeures) et le présent OS3 (OS 3.0.3 testé) ; le second est consacré à la partie matérielle, qui retrace les évolutions entre la première mouture, la version X et l’actuelle version que nous appellerons Kronos 2 (c’est d’ailleurs ce qui est inscrit sur le carton d’emballage, « Kronos 2 61 » en ce qui concerne le modèle que nous avons testé). Pour les plus courageux, nous avons adapté le (terriblement long) test initial à cette nouvelle série, en tenant compte de l’évolution de la technique et des attentes des musiciens pour actualiser notre avis… alors, plus est-ce long, plus est-ce bon ?
Nouvelle robe
Avec le Kronos 2, c’est toute la mécanique et l’électronique qui sont revues. Outre les flancs en bois classieux (remplaçant le plastoc gloss salissant fragile), la caisse a été redessinée : moins profonde, elle arbore une grille de ventilation sur la partie arrière de la façade, histoire de refroidir les 60 Watts de puissance dont a besoin la machine. Les assemblages sont nickels, la tôlerie hyper résistante à la déformation, en tout point, y compris pour la partie pliée sous les touches. On peut prendre le Kronos 2 à pleines mains et tenter en vain de le tordre (si, si, nous l’avons fait, pour que ce soit clarinette !). D’ailleurs, la nouvelle série Kronos est plus lourde que l’ancienne : 14,3 kg contre 12,5 pour le modèle à 61 touches, 21,1 kg contre 20,3 pour le modèle à 73 touches et 24,1 kg contre 23,0 pour le modèle à 88 touches.
En revanche, rien n’a changé sur le plan des commandes : même nombre, même finition et toujours pas de pads (mais toujours moyen d’en ajouter via USB). Sur la partie gauche, les 2 joysticks se partagent la vedette : le premier, à ressort de rappel, est dédié aux modulations (Pitch bend horizontal et 2 modulations distinctes à la verticale) ; le second est dédié à la fonction vectorielle, c’est-à-dire au mélange en temps réel de plusieurs sources sonores placées en 4 points cardinaux (nous y reviendrons en détail). Ce joystick, en alu naturel, ne possède pas de ressort de rappel : il est de surcroît très léger, très sensible (mais solide) et évoque, dans son mode de réponse, celui de notre vénérable Prophet-VS, mais en plus mou.
Pour modifier les sons en temps réel, le Kronos 2 offre un tas de contrôleurs physiques, parmi lesquels un ruban court avec fonction Lock (sensible uniquement à la position, donc pas à la pression contrairement à celui du vénérable Trinity), 2 boutons assignables (via les modulations matricielles), 8 potentiomètres rotatifs et 9 curseurs linéaires. Toutes ces commandes sont situées à gauche de l’écran et permettent de piloter les paramètres de synthèse, les arpégiateurs Karma ou encore le mixage des différentes pistes (volume, panoramique, effets, EQ…).
La partie droite du panneau est dédiée à l’édition (pavé numérique, encodeur, entrée sortie, comparaison), au choix du mode de jeu, à l’appel des sons (pavé numérique et boutons de sélection des banques), au transport du séquenceur, au contrôle du tempo (potentiomètre dédié et bouton Tap) et au déclenchement du sampling. Longs et fins, les potentiomètres permettent une bonne préhension et offrent une résistance parfaite. Les switches sont francs et fermes. Les curseurs linéaires 60 mm offrent une bonne résistance, le joystick est bien ancré et l’encodeur tient (désormais) bien en place. Brillante par son absence de ce tableau de contrôle, une petite section pads qui nous aurait tant ravis, même si Korg a inclus des pads virtuels dynamiques sur le LCD (voir encadré)… tant que nous râlons, signalons aussi l’absence de boutons dédiés à la transposition à la volée, il restait pourtant de la place sur le panneau ! Le clavier 61 touches semi-lestées du modèle de test (identique au M3–61) est sensible à la vélocité et à la pression monophonique. Sa réponse est excellente, avec un effet de résistance progressive très agréable quand on enfonce les touches. Il existe par ailleurs deux modèles de Kronos 2 à touches lourdes, respectivement de 73 et 88 notes, pour les pianistes et assimilés.
Examinons maintenant la connectique, essentiellement placée à l’arrière, sauf la prise casque judicieusement située à l’avant, à gauche du clavier. Sur le Kronos 2, aucune nouveauté à signaler côté connectique : tout à gauche, l’alimentation (interne) est assurée par une prise 3 broches universelle et un interrupteur, Plus à droite, 3 prises USB 2.0 (2 prises de types A et 1 prise de type B) permettent de raccorder le Kronos 2 à des mémoires de masse, un ordinateur (données MIDI et audio, nous y reviendrons) et des contrôleurs MIDI USB, tels que la série Nano ou le PadKONTROL de Korg.
Enfin complètement à droite, on trouve la connectique pour les pédales, le MIDI et l’audio. Il y a 3 prises pédales : une prise Damper type piano (fonctionnant en contrôleur de Sustain simple ou continu), un interrupteur simple et une pédale continue. Pour le MIDI, il faudra se contenter d’un seul trio In/Out/Thru, le Kronos 2 ne gérant que 16 canaux, ce qui peut paraître un peu juste sur une workstation de 2015.
. Pour l’audio, nous avons l’embarras du choix : 2 entrées analogiques jack 6,35 TRS avec atténuateurs et gains indépendants réglables par potentiomètres dédiés, 6 sorties analogiques jack 6,35 TRS configurables par paires stéréo et une paire d’entrée/sortie numériques S/P-DIF optiques. Toutes les connections audio travaillent à +4.0 dBu. Tiens, il y a une petite LED qui oscille lentement dans le « O » de « KORG » à gauche du panneau arrière ; on peut la désactiver.
Dans les entrailles du Kronos 2 réside un disque dur SSD 60 Go (mémoire de masse sans mécanisme, donc avec très peu de latence et de risque d’usure prématurée) et 4 Go de RAM, dont 3 Go sont utilisables par Linux, partagés entre l’OS et les échantillons (Rom, EXs). L’OS et la Rom en occupant 1 Go, il reste donc 2 Go pour travailler. Le Kronos 2 est équipé d’une carte PC avec processeur Intel Atom. Pour refroidir tout cela, il y a un petit ventilo, assez discret cette fois, même quand la machine est posée sur un stand et non sur ses patins en caoutchouc… lors du test, on l’a surtout entendu lors de la séquence de boot, mais il se calme ensuite ; en tout cas pas de quoi couvrir le réacteur du MemoryMoog voisin !
Évolutions matérielles En 2013, Korg introduit la série Kronos X. Les évolutions ne sont pas trop spectaculaires, puisqu’elles concernent uniquement la carte processeur et la mémoire de masse : on passe de 31 à 62 Go sur le SSD et de 1 à 2 Go de RAM disponible. On pense qu’il s’agit surtout là de gestion d’obsolescence de pièces et d’une manière indirecte d’inciter l’achat des nombreuses banques d’échantillons PCM développées par Korg et des tierces parties. La partie purement mécanique, elle, ne change pas. Avec le Kronos 2, c’est toute la mécanique et l’électronique qui sont revues. Outre les flancs en bois mat classieux (en standard et plus en série limitée), la caisse a été redessinée : moins profonde, elle arbore une grille de ventilation sur la partie arrière de la façade, bien utile pour dissiper la chaleur provoquée par les 60 Watts annoncés de consommation. Les assemblages sont très propres et on ne déplore plus la moindre déformation du métal sous les touches. Témoignage de ce saut qualitatif marqué, les différents modèles sont plus lourds (1 à 2 kg selon modèle). En revanche, rien n’a changé sur le plan des commandes : même nombre, même finition et toujours pas de pads ! L’écran tactile semble un peu plus précis et rapide qu’auparavant (de mémoire), mais il n’est toujours pas multi-touch. Sur le panneau arrière, aucune nouveauté, que ce soit sur la conception ou la connectique, à part la petite LED qui oscille lentement dans le « O » de « KORG ». |
Superbe ergonomie
Le Kronos 2 offre une ergonomie très satisfaisante. Certes il n’a pas l’écran inclinable ou les potentiomètres cerclés de LEDs comme sur l’Oasys, mais il hérite de sa philosophie limpide pour l’utilisateur. Cela tourne en partie autour du grand écran couleur tactile 8 pouces au format SVGA, soit 800 × 600 pixels. Ce dernier semble ne pas avoir évolué sur le plan matériel depuis les premiers Kronos ; par exemple, il n’est pas multi-touch. Il offre un affichage précis et visible dans toutes les positions. Il répond rapidement et apporte toujours beaucoup d’informations : en contrepartie, la taille des caractères peut paraître un peu juste dans certaines fenêtres ; du coup, la précision est indispensable pour atteindre le paramètre souhaité.
Les améliorations de l’OS3 ne sont hélas pas légion dans ce domaine. La mise à jour la plus notable est la fonction glisser-déplacer, utile pour créer des patches virtuels sur les modulaires (moteurs MS-20EX et MOD-7) ou bouger le couvercle des pianos modélisés (moteur SGX-2). Le Kronos 2 renferme des milliers de paramètres modifiables, il y a donc énormément d’informations à gérer. Heureusement, dans chaque mode de jeu, une première page Play permet de visualiser synthétiquement le(s) moteur(s) de synthèse utilisé(s) et modifier rapidement quelques dizaines de paramètres essentiels du (des) son(s) en cours : volume, niveau, filtrage, modulations, effets… le débutant pourra ainsi commencer lentement son apprentissage, avant de plonger dans l’édition, en eaux profondes. Et pour ceux qui sont perdus, une aide contextuelle (en Anglais) est prévue, en appuyant sur la touche « Help ».
La machine est organisée en pages de menus, elles-mêmes subdivisées en sous-pages. Il y a donc 2 rangées d’onglets contextuels tactiles (un peu comme sur un classeur Excel) pour appeler ces différentes pages. Le graphisme utilise pleinement la résolution du LCD : listes déroulantes, boîtes de dialogue, ascenseurs, cases à cocher… mais aussi objets tels que curseurs linéaires, potentiomètres à cliquer, patches virtuels (nous y reviendrons), photos d’instruments, panneaux virtuels, graphiques, tableaux, courbes de réponse d’EQ, etc.
L’écran, qui nous a semblé plus précis que précédemment, reste toutefois mono-touch ; on ne peut donc choisir qu’un seul paramètre à éditer à la fois (puis l’éditer avec le curseur dédié, les flèches +/-, le pavé numérique ou le clavier). Quand les workstations haut de gamme intégreront-elles des écrans multi-touch, où on pourra zoomer, naviguer, déplacer, connecter en combinant des mouvements de doigts ? en attendant, Korg a prévu quelques astuces pour assigner facilement un son à une touche ou définir une tessiture en appuyant directement sur le clavier, bien vu ! Autre point important d’ergonomie, la gestion des différentes ressources système (polyphonie, moteurs de synthèse, effets, direct-to-disc, etc.) : sur le Kronos 2, tout se fait en dynamique, avec indicateur en temps réel des ressources consommées, à surveiller quand on commence à empiler des modèles de synthèse très gourmands. Enfin, cerise sur le gâteau pour celui qui programme beaucoup, la touche Compare n’a pas été oubliée, merci !
Évolutions logicielles Lors de la sortie du Kronos, Korg s’était engagé à faire évoluer le moteur de sa puissante station de travail. En 4 ans d’existence, nous avons pu assister à différentes évolutions, dont l’OS2 et maintenant l’OS3. Tout cela s’est fait gratuitement et le dernier OS tourne sur les toutes premières versions de Kronos. On peut donc dire que le constructeur tient ses engagements et nous l’applaudissons des deux mains. L’OS2 a apporté des fonctionnalités majeures : streaming des échantillons (Virtual Memory) permettant d’utiliser des grosses banques PCM (tierces ou personnelles) sans tout charger en RAM, nouveaux effets dans le moteur à modélisation d’orgues CX-3 (simulateur d’ampli, haut-parleur tournant, vibrato chorus), 12 nouveaux algorithmes d’effets dans les multi-effets, Ethernet via USB et gestion d’un second SSD interne. L’OS3 (3.0.3 testé) n’est techniquement pas aussi spectaculaire, mais toujours bon à prendre. Déjà, le temps de boot a été pas mal raccourci (45 secondes pour le boot seul, 1 minute de plus pour les banques d’usine, soit 1 minute 45 secondes, à comparer aux 2 minutes 30 secondes constatées sur les premiers Kronos). On note aussi des améliorations d’ergonomie, à commencer par la section Set List : choix de la couleur d’affichage, affichage de la transposition, notes contextuelles avec connexion possible d’un clavier USB pour entrer le texte, ajustement de la taille des caractères, EQ graphique 9 bandes pour tailler le mix final. Notons également la fonction glisser-déplacer sur l’écran (utile pour créer des patches virtuels ou bouger le couvercle des pianos modélisés) et la fonction Load Required Samples permettant de charger d’un coup d’éventuels échantillons manquant dans un programme, une Combi ou une séquence (très pratique, vu les croisements possibles entre les échantillons et les banques). Autre point d’ergonomie très bienvenu, la possibilité d’éditer les programmes dans leur contexte de Combi ou Song, que l’on n’avait pas retrouvé sur une station de travail Korg depuis le 01/W. Côté sons enfin, l’OS3 apporte une évolution du moteur Piano acoustique, rebaptisé pour l’occasion en SGX-2, capable désormais de modéliser la résonance sympathique des cordes et le jeu Una Corda, en conjonction avec les pédales de commande. Le Kronos 2 comprend ainsi de base le nouveau son de piano Bechstein 12 couches sur 8,6 Go. Il comprend aussi de nouvelles banques PCM pour le moteur HD-1, à savoir l’ EXs 18 « Korg EXs Collections », comprenant une compilation de 900 Mo de cordes, chœurs et cuivre issues de trois autres collections Korg (EXs11, 15 et 16) ; l’achat d’un Kronos 2 permet d’obtenir gratuitement la banque EXs 19 « KApro Private Collections », comprenant 117 multisamples (1,3 Go) et 128 programmes compilés de dix banques du développeur : Symphonic Dreams 1 et 2, Concert Organ, Analog Dreams, Digital Dreams 2, Dynosaur 1 et 2, Granular Dreams, Modular Dreams et Talking Synths and Computers. Les propriétaires d’anciens Kronos pourront évidemment acquérir toutes ces banques en ligne sur le site Korg dédié aux bibliothèques de Kronos. |
Toujours par neuf
Tout comme le Kronos, le Kronos2 embarque 9 moteurs de synthèse complémentaires. Nous regrettons qu’après plusieurs années, aucun nouveau moteur de synthèse ne soit apparu. On pense notamment aux modélisations d’instruments à vent (bois et cuivres) ou cordes frottées, pourtant présentes sur d’anciennes machines comme le Trinity ou le Triton il y a plus de 15 ans ; peut-être que Korg n’a pas jugé les résultats suffisamment bons pour les réintégrer… Avant d’entrer dans le détail des différents moteurs et des 2 560 programmes disponibles (1 792 préchargés), il est important de bien comprendre la philosophie générale de la machine en mode programme : la structure d’un programme dépend du type de synthèse utilisé. S’il s’agit de la synthèse HD-1 (lecture d’échantillons et de tables d’ondes), chaque programme peut utiliser 1 ou 2 sources sonores simultanées (chaîne oscillateur + filtres + ampli) ; s’il s’agit de l’une des 8 synthèses EXi (voir ci-après), chaque programme peut utiliser 1 ou 2 synthèses simultanées, identiques ou pas d’ailleurs. La limite à tout cela se pose à la fois en termes de polyphonie et dans les modes multitimbraux, où certaines synthèses (EP-1 et CX-3) ont un nombre limité d’instances simultanées, un programme comprenant 2 moteurs comptant pour 2 instances (cf. paragraphes des moteurs de synthèse respectifs pour de plus amples détails).
Dans un programme, on peut simultanément lancer un module d’arpèges Karma (voir encadré), jouer une Drum Track (un pattern rythmique, tiré d’une des 1 000 mémoires disponibles ou des 718 Presets, couplé à l’un des Drum Kits) et utiliser un module Vector (permettant de mélanger 2 sources sonores ou 2 synthèses via le Joystick ou une enveloppe dédiée multi-segments). Les programmes EXi possèdent même un séquenceur de type analogique à 32 pas (dont le sens de lecture est modulable) et 2 générateurs de tracking globaux à 4 segments. Tout ce beau monde peut ensuite faire appel au module d’effets, à savoir 16 multi-effets mis en permanence à disposition, sous forme de 12 effets d’insertions, 2 effets maîtres et 2 effets globaux (voir paragraphe correspondant). La transition entre les programmes est absolument fluide, sans aucun artefact (ce que Korg appelle le Smooth Sound Transition). C’est beaucoup mieux que ce que faisaient Kurzweil et E-mu à la grande époque, puisqu’ici, même les transitions d’effets sont absolument fluides, y compris dans les modes multitimbraux (Combinaison et Song). Du grand art que les musiciens live apprécieront !
Pianos acoustiques SGX-2
Avec l’OS3 apparait un nouveau moteur de piano acoustique, le SGX-2, utilisant le streaming audio pour lire d’énormes échantillons stéréo non bouclés stockés sur le SSD. La polyphonie de 100 voix doubles stéréo est toujours de mise (équivalent de 400 voix mono). L’écoute des différents programmes internes de pianos acoustiques laisse toujours sans voix : la capture est hyper soignée, le son est plein et résonant des basses aux aigus, les médiums sont puissants (souvent le défaut des pianos multi-échantillonnés sur les stations de travail), la stéréo parfaitement équilibrée, le niveau de détail impeccable et les réglages proposés ne font pas gadget. Grâce au nouveau moteur SGX-2, jouer avec les pédales modélise la résonance sympathique des cordes et appelle des échantillons spécifiques au mode Una Corda. La résonance sympathique se produit lorsque la pédale de maintien (à droite) est appuyée ; les cordes sont alors libres de résonner et lorsqu’on joue une note, les cordes qui contiennent des fréquences communes à la note jouée (à différentes octaves) se mettent à vibrer en même temps. Le jeu Una Corda (littéralement « corde unique ») est obtenu en appuyant sur la pédale de sourdine (à gauche) : la mécanique entière est décalée, de sorte que chaque marteau ne frappe plus qu’une ou deux cordes (au lieu de deux ou trois suivant la note jouée), ce qui produit un son plus filtré et moins puissant.
Le nouveau son de piano acoustique EXs 17 « Berlin D Piano » tire parti de ces nouvelles fonctionnalités. Il s’agit d’un Bechstein D 282 à queue occupant 8,6 Go de Ram, échantillonné en stéréo note par note sur 12 niveaux, sans aucun bouclage. Les deux pianos d’origine sont évidemment toujours là : EXs6 « German D Piano » (Steinway D à queue 9 pieds) et EXs7 « Japanese C Piano » (Yamaha C7 trois quarts de queue). Ils bénéficient également d’un échantillonnage stéréo touche par touche, jusqu’à l’extinction des feux ; ils se limitent à 8 niveaux de vélocité, avec des bruits de résonance sympathique enregistrés chromatiquement en multicouche. Chacun occupe plus de 4 Go de samples. Anecdote amusante, une seule couche d’une seule note d’un seul piano représente à elle seule à peu près toute la mémoire de samples du M1 de 1988…
En édition, on peut régler une petite quinzaine de paramètres, modélisant le comportement du piano modélisé, photo à l’appui : volume, panoramique, position de l’auditeur (pianiste ou auditoire), octave, transposition, position de l’abattant du couvercle (brillance du son), temps de relâchement, courbe de réponse en vélocité et niveau de vélocité (bipolaire). On trouve aussi un réglage modélisant la résonance sympathique des cordes : déclenchement des samples, niveau, bruit de la pédale de maintien (activation, niveau), bruit mécanique (niveau, temps de relâchement). Quand on est sur l’onglet de réglage de la résonance sympathique et de l’Una Corda, l’afficheur représente le clavier du piano, les notes jouées et les cordes qui se mettent en résonance au fur et à mesure qu’on joue ; sans jeu de mots trivial, c’est très sympathique de voir « s’allumer » des cordes multiples en temps réel, mais c’est aussi et surtout pédagogique d’observer quelle corde fait résonner quelle(s) autre(s). Le mode Una Corda, quant à lui, peut être déclenché depuis l’onglet d’édition en appuyant sur le logo représentant une pédale triple ; ceci complète le déclenchement via une pédale spéciale, un CC MIDI, un switch au-dessus du joystick… on a le choix ! Les potentiomètres et boutons de commandes permettent aussi de piloter directement ces paramètres.
Alors, comment sonne-t-il, ce nouveau piano acoustique ? Comparativement au German Piano, il se révèle beaucoup plus plein et plus ample. Les graves sont nettement plus brillants quand on joue fortissimo, on entend mieux la résonance métallique des cordes ; on a le sentiment de gagner en puissance et en réponse dynamique. Les médiums sont plus tranchants et les aigus plus ouverts. Bref, on gagne en réponse globale ; on apprécie d’autant plus ce réel gain en brillance que le mode Una Corda étouffe les aigus, par définition ; les nuances sont donc meilleures et le réalisme bluffant. Ce nouveau Berlin Piano ne fait donc pas double emploi avec son compatriote ; les deux se complètent même mieux que prévu, le German Piano étant plus sombre. Les deux pianos germaniques sont beaucoup plus ronds et pleins que le Yamaha, plus court sur les tenues après attaque, mais aussi plus percutant et métallique. Les trois modèles sont donc tout à fait complémentaires. Trois sons de pianos acoustiques de concert, c’est bien, surtout de ce niveau de qualité ; ceux qui en veulent davantage pourront installer l’option EXs 12 « Austrian Piano », un Bösendorfer Imperial (8 octaves – 97 touches) généreusement multiéchantillonné sur 6,1 Go. Ce dernier ne tire toutefois pas parti du nouveau moteur SGX-2. À quand un Bösendorfer porté en SGX-2 ou un somptueux Fazioli F308, pour compléter ce qui constitue à notre goût les meilleurs pianos acoustiques que l’on puisse trouver sur une station de travail, susceptibles de taquiner de très bons logiciels dédiés ?
- KR SGX 1 German Steinway 1 02:04
- KR SGX 1 German Steinway 2 00:32
- KR SGX 1 German Steinway 3 00:38
- KR SGX 1 Japan Yamaha C7 1 02:04
- KR SGX 1 Japan Yamaha C7 2 00:32
- KR SGX 1 Japan Yamaha C7 3 00:38
- K2 SGX2 Berlin Bechstein 1 02:04
- K2 SGX2 Berlin Bechstein 2 00:33
- K2 SGX2 Berlin Bechstein 3 00:39
- K2 SGX2 Berlin Bechstein 4 00:42
- K2 SGX2 Berlin Bechstein 5 00:22
Pianos électriques vintage EP-1
Inchangé depuis le premier Kronos, l’EP-1 modélise différents pianos électriques vintage tels que Rhodes et Wurlitzer. La polyphonie maximale est de 104 voix et on peut utiliser jusqu’à 18 instances du moteur EP-1 en mode multitimbral. Tout comme les pianos acoustiques, le réalisme et l’expressivité sont saisissants, que ce soient les sons de Rhodes ou de Wurlitzer. Il y a beaucoup de détails dans la restitution sonore, de l’attaque au relâchement ; les effets intégrés font partie intégrante du réalisme (phaser, compresseurs, chorus…) et collent parfaitement aux ambiances recherchées. Adapter un programme à son goût se fait en quelques secondes et il est très difficile de prendre en défaut le modèle. Contrairement à la plupart des pianos électriques échantillonnés sur les workstations concurrentes, les transitions de son sont inaudibles en termes de vélocité, de la plus faible à la plus forte. Concernant la tessiture, on peut déceler quelques petites variations de timbre çà et là en tendant l’oreille, faisant apparaître qu’il y a du multiéchantillonnage à la base de la modélisation.
L’EP-1 propose 4 modèles de Rhodes Fender (type Tine) et 2 modèles de Wurlitzer (type Reed). Chaque modèle est composé d’un oscillateur harmonique (son tenu) et d’un oscillateur de bruit (pour les parties attaque et relâchement). Dans un modèle Tine, la sortie des oscillateurs passe dans un effet interne d’insertion, un simulateur de préampli, des réglages de tonalité, un vibrato et ampli, puis se jette dans l’EQ global. Dans un modèle Reed, on commence par le préampli, puis le vibrato, puis l’effet d’insertion, puis l’ampli, avant de rejoindre l’EQ. L’oscillateur harmonique dispose de réglages pour le niveau, le déclin et le relâchement, chacun étant modulable via l’AMS. L’oscillateur de bruit permet de gérer le comportement de l’attaque, du relâchement, de la brillance de l’attaque et de la taille du marteau. Là encore, tout se module par l’AMS. Les effets d’insertion sont totalement intégrés au modèle et ne consomment pas de ressources du processeur d’effets principal, comme pour les autres moteurs de synthèse à effets intégrés. On trouve un certain nombre de simulations de pédales vintage célèbres tout particulièrement appréciées sur les pianos électriques modélisés : Small Phase (Small Stone signée EHX), Orange Phase, Black Phase, Vintage Chorus, Black Chorus, EP Chorus, Vintage Flanger, Red Comp et Vox Wah. Tous ces effets sont paramétrables et modulables en temps réel, tout comme l’ensemble de la chaîne du traitement du signal. Au rayon modulations justement, on dispose de l’ensemble des sources AMS et de 2 mixeurs AMS, au cas où on se sente à l’étroit. L’affichage des photos des pianos électriques et des effets d’insertion modélisés ajoute une touche de nostalgie à cette formidable modélisation, là encore un gros point fort du Kronos 2, inégalé à ce jour.
- KR EP 1 MkI 1 01:22
- KR EP 1 MkII 01:22
- KR EP 1 MkV 01:22
- KR EP 1 W200 00:49
- KR EP 1 W200A 00:49
Lecture d’échantillons HD-1
Baptisé HD-1, le premier moteur de synthèse est consacré à la lecture d’échantillons PCM. Ce moteur offre une polyphonie de 140 voix maximum. Le Kronos 2 peut utiliser 4 types de multisamples PCM : la Rom (permanente), les EXs (bibliothèques de samples pré-chargés ou pré-chargeables, à ne pas confondre avec les Exi qui sont les moteurs de synthèse additionnels), le Sampling Mod et les User Sample Banks. C’est avec ces dernières que l’on peut lire les samples en streaming audio (Virtual Memory), une grosse nouveauté apportée par l’OS2. En Rom, on dispose de 314 Mo de samples. Les extensions EXs dédiées au moteur HD-1 (c’est-à-dire hors extensions EXs6 et EXs7 et EXs17 dédiées au moteur SGX-2) totalisent 3,5 Go, à savoir : 274 Mo pour l’EXs1 « Rom Expansion », 361 Mo pour l’EXs2 « Concert Grand Piano », 714 Mo pour l’EXs3 « Brass & Woodwinds », 157 Mo pour l’EXs4 « Vintage Keyboards », 458 Mo pour l’EXs5 « Rom Expansion 2 », 170 Mo pour l’EXs8 « Rock Ambience Drums », 472 Mo pour l’EXs9 « Jazz Ambience Drums » et 900 Mo pour la nouvelle EXs 18 « Korg EXs Collections ». Le Kronos 2 se démarque de ses concurrents par une faible compression sans perte de qualité pour le chargement des EXs. La réduction ne correspond qu’à un modeste 10 %, rien à voir avec les facteurs 2 ou 3 couramment utilisés par la concurrence. À noter que le Ram sampling n’est pas utilisée par les moteurs à streaming SGX-2, dont nous venons de parler.
Les banques PCM fournies sont issues de l’ancien Kronos (donc en partie de l’Oasys) et d’une banques additionnelle (EXs18). Cette dernière, baptisée « Korg EXs Collections », est une compilation de 3 banques Korg pour Kronos : EXs11 « Legendary Strings » dédiée aux cordes (dont un sympathique Stradivarius), EXs15 « Classical and Ambient Choir » comprenant différentes sections de chœurs (masculins, féminins, mixtes, déclinés en différentes voyelles sur tous les registres) et EXs16 « Funk and Soul Brass » orienté cuivres (solo et sections). Incontestablement cet ajout vient combler quelques lacunes. Du coup, on monte d’un cran. Les cordes stéréo sont de bonne facture, déclinées en plusieurs sections stéréo de différentes tailles, le joystick vectoriel permettant de passer progressivement entre elles dans certaines combinaisons. L’EXs18 apporte des ensembles de cordes supplémentaires joués dans différentes techniques et un Stradivarius legato convaincant. Les voix sont bien fichues, musicales et déclinées dans de nombreuses versions (classiques, pop, jazz, avec différentes voyelles ou articulations). L’EXs18 amène de nouveaux ensembles stéréo (voyelles, syllabes, scats, murmures hommes et femmes). On trouve également de bonnes guitares en fouillant un peu dans le SSD et d’excellentes basses, qui complètent celles modélisées (cf. moteur STR-1).
Les ensembles de cuivres ont été revus et tirent parti de nouvelles sections de la banque EXs18 (cuivres, trompettes, cors) ; tant mieux, car le Kronos était moyen dans ce domaine. Les instruments solos (clarinette, flûtes, sax, trompette, trombone…) sont honnêtes, avec une couleur sonore très proche et une filiation évidente au M3 ; pas d’évolution ici depuis le Kronos originel. Les sons de batteries et de percussions acoustiques sont très soignées et expressives à souhait : la patate assurée, de jolis timbres, une gestion de couches multiples par la dynamique de frappe, beaucoup de soin dans la capture des samples, une très grande variété… aussi à l’aise dans le pop, le rock, le jazz, les ambiances latines ou encore plus exotiques. Bref, un sans faute ! Les percussions électroniques sont du même niveau et tirent parti du multi-effet génial pour les traitements des différents sons au sein des kits. Quant aux sons de synthèse PCM, la collection est impressionnante, dans tous les domaines, en particulier les nappes et les textures dont Korg a le secret. Et si cela ne suffit pas, on peut y ajouter la banque EXs19 « KApro Private Collections », téléchargeable gratuitement pour les acquéreurs de Kronos 2 ; elle comprenant 117 multisamples (1,3 Go !) provenant de plusieurs titres de la marque fondée par Kurt Ader : Symphonic Dreams 1 et 2, Concert Organ, Analog Dreams, Digital Dreams 2, Dynosaur 1 et 2, Granular Dreams, Modular Dreams et Talking Synths and Computers. Des sons classiques et de magnifiques banques vintage.
- K2 EXs18 Choir 1 00:31
- K2 EXs18 Choir 2 00:23
- K2 EXs18 Brass 00:20
- K2 EXs18 Horns 00:45
- K2 EXs18 Strings 1 00:40
- K2 EXs18 Strings 2 00:32
- K2 EXs18 Strings 3 00:40
- K2 EXs19 Church 00:21
- K2 EXs19 Orchestral 00:43
- K2 EXs19 SynthPhase 00:23
- KR HD 1 Brass 01:13
- KR HD 1 Choir 02:48
- KR HD 1 Strings 01:58
Comme nous l’avons dit en préambule, un programme HD-1 utilise 1 ou 2 sources sonores simultanées. En mode « normal », chaque source est composée de 1 à 8 couches de multisamples ou tables d’ondes (cf. encadré), représentant autant de couches de vélocité avec fondus sur 2 couches adjacentes. Pour chaque couche on peut régler un offset de départ de lecture, un niveau, un mode de lecture (en avant bouclé ou en coup unique inversé), un seuil bas de vélocité et un niveau de fondu avec courbe de transition. Un paquet de modulations est disponible pour le pitch, soit directement (tempérament, suivi de clavier, enveloppe dédiée de type multi-segments à temps et niveaux modulables, 2 LFO partagés, portamento…), soit via les modulations matricielles AMS où l’on trouve toutes les sources physiques, internes ou MIDI imaginables. Bien souvent, les sources de modulations sont elles-mêmes contrôlées par une source AMS tierce (modulation de modulation).
En mode « Drum Kit », on assigne de 1 à 8 samples par touche sur les 128 touches MIDI (C-1 à G9). Chaque touche aura alors un traitement de faveur séparé (mode de lecture, pitch, volume, panoramique, départ d’effets, EQ, mutation par d’autres touches pour simuler les hi-hats, etc.). La mémoire du Kronos 2 renferme 264 Drum Kits (78 préchargés). Signalons que les tables d’ondes et les Drum Kits sont créés en mode Global, uniquement à partir de samples en Rom, RAM ou EXs. Impossible, donc, d’utiliser les autres moteurs de synthèse, dommage ! Les tables d’ondes consomment de la polyphonie, pour gérer les fondus enchaînés.
Poursuivons le parcours de notre signal sonore, qui passe maintenant dans un module de filtrage proposant 2 filtres multimodes résonants. Ils sont tous deux capables de travailler en mode passe-bas (2 pôles), passe-haut (2 pôles), passe-bande (1 pôle) et réjection de bande (1 pôle). Leur configuration est paramétrable : simple (1 seul filtre fonctionne), série, parallèle ou 24 dB/octave. Dans ce dernier cas, les 2 filtres sont mélangés pour n’en former qu’un à pente doublée : 4 pôles pour les modes passe-bas et passe-haut ; 2 pôles pour les modes passe-bande et réjection. Les possibilités de modulation de la fréquence de coupure sont là encore nombreuses et multiples, soit directement (1 enveloppe dédiée par filtre, 2 LFO, 1 LFO global du programme, 1 générateur de tracking de 4 segments modulables en temps réel), soit via les sources AMS. La résonance de chaque filtre peut également être modulée via les sources AMS, on ne s’en plaindra pas !
Vient enfin la section ampli/drive, composée d’un Drive, d’un Low Boost pour renforcer les basses, d’un volume et d’un panoramique. Là encore, tous les paramètres disponibles sont modulables, soit via les sources AMS, soit en direct (1 enveloppe de volume dédiée, 2 LFO, 1 générateur de tracking 4 segments…). Bref au rayon modulations, le Kronos 2 pousse encore plus loin les possibilités et la complexité, sachant que tout cela, c’est pour une source sonore HD-1 ! Pour affiner une dernière fois le signal avant d’attaquer les effets, un EQ 3 bandes (avec médium semi-paramétrique) est disponible. Ah si, nous allions oublier le générateur de tracking global de 4 segments par programme (qui accompagne le LFO global) et les 2 mixeurs AMS, permettant de mélanger 2 modulations suivant différentes fonctions mathématiques (addition, multiplication, décalage, fondu, Shape, quantisation, Gate). En s’arrêtant là (et après un énorme raccourci des 2 000 pages que totalisent les manuels), nous pourrions déjà considérer avoir l’une des plus puissantes workstations du marché entre les mains, mais il reste encore 8 moteurs de synthèse tout aussi sophistiqués, si ce n’est plus, à découvrir !
Banques optionnelles Si cela continue ainsi, il y aura bientôt plus de banques d’échantillons pour Kronos qu’il n’y en avait à la grande époque pour le S1000 Akai, avec lequel tous les autres constructeurs de samplers avaient fini par rendre compatibles leurs machines. Mais cette fois, au lieu de parler en Mo, on parle en Go… Si les 21 Go livrés de base ne suffisent pas, on trouve ainsi plusieurs dizaines de collections proposées par Korg, Bolder Sounds, Irish Act, K-Sounds, KApro, KARO, Kelfar, Kid Nepro et Purgatory Creek. Et il y en a pour tous les goûts : PCM d’instruments acoustiques et électroniques largement multi-échantillonnés (plus de 120 banques EXs à ce jour) ou programmes/combinaisons/séquences purs tirant parti des différents moteurs de synthèse du Kronos (pas loin de 100 banques KRS). Certaines banques sont d’ailleurs pré-installées sur le SSD du Kronos 2 en version démo. Toutes les informations ici. Outre ces fournisseurs officiels, les membres Audiofanzine ont du talent dans le Sound Design. Cette fois, c’est l’ami coyote14 (Laurent Pelletier), qui est à l’honneur avec sa banque Tantale, une collection de 66 programmes utilisant les différents moteurs de synthèses Exi. Elle est disponible sur le site de l’ami barbenzinc dont on connait déjà les talents pour la programmation sur les machines Kurzweil. On vient tout juste de nous prévenir qu’une deuxième banque de l’ami coyote14, dédiée au moteur MOD-7, est sur le point de voir le jour, dans le courant de l’été. Et tant qu’on fait de la pub pour les copains, une mention spéciale pour www.kronoscopie.fr, le meilleur site dédié au Kronos de cet univers, mené de main de maître par l’ami francois-uk (François Rossi). Au menu, des infos, un forum, des médias, des trucs & astuces, des sons… |
Modélisation analogique AL-1
Le moteur AL-1 est un synthé à modélisation analogique polyphonique de 80 voix maximum, sans limite d’instances en mode multitimbral. Par rapport aux moteurs de synthèse MOSS des précédentes workstations Korg, c’est la grosse baffe ! Des enveloppes très rapides apportant des basses claquantes à souhait, des couleurs sonores très intéressantes et une excellente polyvalence (basses rondes ou acides, pads dark ou brillants, leads expressifs)… les exemples audio donnent un rapide aperçu de ce que la machine sait faire…
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Inchangée depuis le premier Kronos, l’AL-1 est composé de 2 oscillateurs, un sub-oscillateur, un générateur de bruit et une entrée audio (externe ou bus interne). Le premier oscillateur offre toutes les formes d’ondes classiques : dent de scie, impulsion, triangle, double dent de scie, dents de scie désaccordées (avec et sans opposition de phase) et des combinaisons dent-de-scie/impulsion, carré/triangle. Il existe un paramètre de morphing pour les combinaisons d’ondes. On peut également régler et moduler, via l’AMS, la largeur variable de l’impulsion, le déphasage de la double dent de scie et le detune des dents de scie désaccordées. Le second oscillateur est pratiquement similaire au premier, à ceci près qu’il ne possède pas les ondes triangle et carrée. La plage de réglage de la fréquence va de 2 à 32 pieds, avec réglages plus ou moins fins. Les 2 oscillateurs peuvent être désaccordés (de manière classique) ou décalés en fréquence (battement constant sur toute la tessiture, comme sur un Moog Taurus). Le sub-oscillateur est calé une octave sous le premier oscillateur ; il offre les ondes triangle ou carrée. Le pitch peut être randomisé pour simuler les fluctuations des VCO analogiques. Un paramètre Edge permet de contrôler la brillance des hautes fréquences des oscillateurs, simulant ainsi différents comportements de synthés vintage (par exemple, les synthés américains plus chauds et ronds dans les aigus que certains synthés japonais plus brillants).
Les différentes sources audio peuvent interagir de plusieurs façons : modulation en anneau (classique, inversée, modulation d’amplitude, clipping) de l’oscillateur 1 par l’oscillateur 2 ou par une source audio externe (analogique ou numérique). De même, on trouve la FM (1 module 2) et la synchro (1 synchronise 2), tout cela modulable par l’AMS. Si les oscillateurs sont à très faible niveau d’aliasing (bravo !), leurs interactions n’en sont pas toujours exemptes lorsqu’on pousse les fréquences très haut. À ce jour, le Kronos 2 ne détrône pas, dans ce domaine, le Solaris de John Bowen, travaillant à 32 bits/96 kHz. Le générateur de bruit est à couleur variable, grâce à un filtre 1 pôle dédié. Il possède un paramètre de saturation, utile pour les gros orages.
Par la suite, un mixeur permet de doser et moduler via AMS les niveaux de chaque source et leur balance d’envoi vers les 2 filtres A et B. Ces derniers sont de type multimode résonant 2 pôles et disposent des mêmes modes et routages que la synthèse HD-1. Ils vont toutefois un peu plus loin dans leur simulation du comportement des synthés analogiques vintage. Ainsi, en mode passe-bas 4 pôles, la réponse de la résonance dans les hautes fréquences de coupure dispose d’un paramètre permettant de booster le pic d’auto-oscillation. Dans les basses fréquences de coupure, on peut également choisir la coloration de la réponse : restreinte et focalisée comme sur un Minimoog ou accentuée comme sur un Prophet-5. Lorsqu’on n’est pas en mode 24 dB/octave, il existe un mode Multi Filter dans lequel on peut intervenir simultanément sur les paramètres des 3 modes de filtrage (LP, HP, BP), un peu comme sur un Andromeda. Ce mode offre 16 différentes combinaisons des 2 ou 3 profils de filtrage, certaines proposant des inversions de phase ; on peut même faire du morphing entre 2 combinaisons de filtres et moduler le passage de l’une à l’autre en temps réel (AMS). On se croirait presque chez E-mu avec les filtres Z-Plane ! Chaque filtre dispose d’un nombre important de modulateurs de fréquences, comme pour la synthèse HD-1, avec dans certains cas une modulation de la quantité de modulation par une source secondaire, histoire de perdre les quelques newbies qui suivaient encore…
La sortie des filtres peut être placée indifféremment dans l’espace stéréo, ce placement étant, comme la plupart des paramètres de synthèse, modulable en temps réel. La section Ampli/Drive offre drive stéréo, Low Boost et panoramique. Bien évidemment, tout cela est modulable par l’AMS, avec un soin tout particulier pour le volume (points multiples, enveloppe dédiée, générateur de tracking 4 segments comme pour le filtre).
Pour ceux savent nager et qui aiment les chiffres, il y a 5 enveloppes et 4 LFO dans le moteur AL-1. Tout comme pour l’ensemble des moteurs du Kronos 2, les enveloppes sont de type multisegment avec modulation dynamique AMS sur les temps et les niveaux ; elles offrent chacune plus d’une trentaine de paramètres ; par rapport aux enveloppes MOSS (pour ceux qui connaissent les Trinity, Z1 et Triton), elles sont vraiment très rapides. Quant aux LFO, ils possèdent chacun une vingtaine de paramètres : 18 formes d’ondes, modification du profil des ondes avec modulation AMS, phase, délai, fondu, décalage, modulations de fréquence (2 entrées), synchro (interne, MIDI avec facteur multiplicatif), coup unique… Bref, plus de 250 paramètres à portée de doigt rien que pour les enveloppes et les LFO ! L’AMS dispose également de ses 2 mixeurs pour mélanger 2 sources de modulation. Toujours au rayon modulations, un Step Sequencer de 32 pas dédié est prévu par instance AL-1, en plus du Step Sequencer global EXi. Tout ce beau monde est parfaitement synchronisable à l’horloge interne/MIDI, comme tout ce qui tourne temporellement dans le Kronos 2.
Avec le recul, cette synthèse est d’une très grande profondeur et peut rapidement dérouter, notamment les interactions entre oscillateurs, les filtres multiples à morphing, les nombreux niveaux de modulation et le nombre incroyable de paramètres. Nous déconseillons aux débutants de commencer l’apprentissage de la synthèse par l’AL-1, franchement pas assez rationalisée pour eux. Nous leur recommandons plutôt de commencer leurs premiers pas dans la vie synthétique par le moteur PolysixEX, que nous analyserons un peu plus tard.
À table ! Démocratisée brillamment par Wolfgang Palm sur les systèmes PPG au tout début des années 80, la synthèse à tables d’ondes a fait quelques émules : on peut citer Waldorf (Microwave I & II, Wave, Q, Blofeld…), Ensoniq (VFX, TS-10, Fizmo…), puis Korg lui-même, il y a une vingtaine d’années (WaveStation). Le principe de cette synthèse est d’enchaîner différentes formes d’ondes, au contenu harmonique proche ou totalement distinct, avec des transitions plus ou moins douces, puis de faire bouger la lecture de la table ainsi constituée en temps réel (bouclage, inversions, répétitions). Le Kronos 2 offre 598 tables d’ondes de 32 pas (Wave Sequences) en mémoire, constituées d’échantillons (Rom, Ram ou EXs). 187 d’entre elles sont pré-chargées d’usine, histoire de ne pas partir de zéro. Ces tables sont uniquement utilisables avec le moteur HD-1, comme les multisamples ou les Drum Kits. La lecture de chaque table est basée sur un tempo (synchronisable au MIDI), une synchro à l’enfoncement de touche (chaque nouvelle pression pouvant faire passer au pas suivant), un facteur de swing, un pas de démarrage, un pas de fin, un pas de départ de bouclage, un pas de fin de bouclage, une direction de lecture (avant, arrière, alternée) et un nombre de répétitions de boucle… sont modulables (le pas de démarrage, la position de lecture et la vitesse). Pour chaque pas, on définit le statut de jeu (multisample, silence, liaison), le point de départ de lecture du multisample (offset de la forme d’onde), le volume, la durée, le fondu d’entrée (avec courbe) et le fondu de sortie (avec courbe également). Bref, de quoi créer aussi bien des patterns rythmiques que de lentes variations spectrales, le tout largement modulable en temps réel et en parfaite synchronisation avec tout ce qui bouge dans le Kronos 2. |
Modélisation d’orgues CX-3
Inchangé depuis l’OS2.1 qui a amélioré la section d’effets (cf. ci-après), le moteur CX-3 est basé sur le clavier éponyme de la marque, dédié à la modélisation des orgues à roues phoniques type Hammond B3. Il intègre ses propres effets, qui s’ajoutent aux 16 multi-effets séparés. En contrepartie, on ne peut utiliser « que » 8 occurrences de CX-3 en mode Combinaison, ce qui en fait le moteur le plus gourmand en ressources DSP ; ceci, convenons-en toutefois, devrait largement suffire. La polyphonie maximale acceptée par le moteur CX-3 est de 200 notes, ce qui là aussi semble suffisant ! La modélisation est soignée et musicale, on pense notamment à différents programmes de B3 reprenant les réglages de grands standards internationaux. Il y a beaucoup de soin mis dans la reproduction du comportement des tirettes harmoniques, dans l’interaction des roues (Leakage), dans les saturations, dans le comportement des percussions et dans la modélisation du haut-parleur tournant.
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Le CX-3 fonctionne selon 2 modes distincts : le mode normal (9 tirettes harmoniques et une harmonique de percussion) et Ex (13 tirettes harmoniques à fréquence variable par demi-ton de 16 à 1/4 de pieds et 5 harmoniques de percussions ajustables). On peut régler le type de roue phonique ou plutôt son âge (vintage ou clean), la réponse en volume des roues, le timbre (brillance des roues), le Leakage (interaction entre les notes, suivant le nombre de notes jouées), la simulation du bruit de fond, le Gate (permettant de générer un petit bruit additionnel à l’apparition ou l’extinction du son) et le Key Click (modélisation de l’effet de contact à l’enfoncement et au relâchement des touches). Il y a en réalité 2 manuels splitables par instance de CX-3 (main gauche/main droite), le point de split étant programmable et modulable en temps réel (ce qui permet de l’activer via un contrôleur temps réel, par exemple). La percussion (monophonique comme sur les orgues modélisés) est largement programmable, avec niveaux haut et bas, modulation, atténuation, Decay modulable et harmonique modulable. Même son entrée en action est modulable en temps réel !
La section d’effets dédiée comprend un simulateur d’ampli avec vibrato/chorus (plus de 30 paramètres !) et un générateur de haut-parleur tournant (plus de 30 paramètres là aussi !). Pour la section d’ampli, on peut notamment choisir la couleur, ajuster et moduler le gain en temps réel (AMS), bypasser la section (préampli) ou encore égaliser (3 bandes simples). La section de vibrato/chorus peut s’appliquer à chacun des 2 manuels. L’ensemble des paramètres est modulable en temps réel (mode d’activation, intensité, vitesse de rotation). Enfin, le simulateur de haut-parleur tournant occupe une page de menu à lui tout seul. On y règle la source de déclenchement, le mode Crossover, la balance, les vitesses indépendantes du moteur et du haut-parleur (lente, rapide, temps d’accélération, temps de ralentissement), le tout étant largement modulable via l’AMS. Même la distance du micro, l’étendue du champ stéréo, la phase du haut-parleur, la phase du rotor et la balance haut-parleur (hautes fréquences) / rotor (basses fréquences) sont paramétrables ! Les améliorations apportées par l’OS2.1 concernent la section d’effets, avec un nouveau simulateur d’ampli, trois nouveaux modèles de haut-parleurs et une modélisation revue de la partie Vibrato/Chorus. On peut alterner entre ces nouveaux effets (Custom) et les anciens (CX-3). Bien évidemment, le niveau des tirettes harmoniques est contrôlable par les 9 curseurs situés à gauche du LCD, tout comme les potentiomètres et boutons pilotent les fonctions clés (vibrato, chorus, haut-parleur tournant).
Karma Chameleon Le Karma est une technologie de génération de motifs interactifs complexes développée par le sound sesigner Stephen Kay. Il s’agit d’un mélange subtil de séquences, d’arrangements et d’arpèges qui évoluent en fonction des notes jouées, modulables avec un tas d’outils (AMS, CC MIDI, contrôleurs physiques y compris la surface de contrôle à gauche de l’écran entièrement paramétrable). Sont générés non seulement des notes, mais aussi des événements MIDI. Les modules Karma sont disponibles dans tous les modes de jeu, avec tous les moteurs de synthèse : 1 instance en mode Programme, 4 instances en modes Combinaison et Séquence. Dans un module Karma, tout commence dans le générateur d’effets : le GE va produire des motifs complexes et évolutifs en fonction des notes jouées, de la rythmique de jeu, des progressions d’accords, de la vélocité, des CC MIDI reçus, des contrôleurs triturés… il y a au total 3 584 GE, composés de 2 048 Presets et 1 536 mémoires utilisateurs (12 banques de 128 GE). Ils sont heureusement classés par catégorie. Un GE peut moduler 32 paramètres en temps réel parmi une liste de plus de 400. Des modèles de contrôle standard de ces paramètres (RTC) sont prévus dans chaque GE Presets. Il y a 4 grands types de GE : Generated-Riff (arpèges complexes, progressions d’accords transposés), Generated-Gated (idem, mais toutes les notes ne sont pas répétées), Generated-Drum (idéal pour les motifs de percussions) et Real-Time (le jeu temps réel va créer de nouveaux motifs en live). La plupart du temps, l’écran affiche graphiquement la structure des motifs et des modulations pour tenter de nous y faire voir clair… mais ce n’est pas chose facile, étant donné le nombre de pages de menu bourrées de paramètres éditables et modulables. Les sections dédiées au Karma sont présentes un peu partout dans les manuels du Kronos 2 et occupent largement plus de 100 pages, il est donc impossible d’en faire une description plus détaillée ici ; de plus, il faut aussi avouer que bien souvent, on ne comprend pas tout ce qu’il se passe. Bref, le Karma nécessite beaucoup de temps et de travail pour être bien compris et utilisé à sa juste valeur. C’est sûr qu’il n’a pas d’égal, mais on se retrouve parfois à écouter le Kronos 2 jouer seul sans trop contrôler les choses. Cela fait longtemps que Korg a abandonné le superbe arpégiateur polyphonique développé sur le Z1 et la complexification du module Karma, depuis sa toute première incarnation où il était déjà ardu, nous le fait parfois regretter un peu… et ce n’est pas avec le Kronos 2 que cela va changer ! |
Modélisation de cordes STR-1
Le STR-1 est une modélisation physique de cordes pincées, permettant de modéliser guitares, basses, clavecins, harpes, clavinet, pianos électriques, cloches, instruments du monde (sitar…) et un tas d’instruments imaginaires en triturant les modèles. Avec ce moteur, la polyphonie maximale est de 40 voix maximum. L’écoute de quelques sons appelle immédiatement des qualificatifs flatteurs : dynamique, expressivité, musicalité. La versatilité du modèle n’est pas en reste, dès qu’on pousse certains réglages dans leurs valeurs extrêmes. On passe ainsi des guitares acoustiques (cordes nylon et acier) aux basses acoustiques et électriques, puis au clavinet, puis aux délires sonores les plus fous (cloches, drones, souffles…).
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Pour programmer le moteur, on commence par choisir le type d’excitation de corde. Le Kronos 2 offre différents modèles : 2 guitares acoustiques (dont l’une gère la position de l’excitation sur la corde), 3 guitares électriques plus ou moins brillantes/résonantes, 3 guitares jazz, 3 clavinets, un clavecin et 4 modèles de synthèse plus ou moins riches en contenu harmonique et résonance. Un paramètre aléatoire permet d’humaniser l’action d’excitations consécutives ; il est modulable via l’AMS et certains paramètres du générateur de bruit, tels que la saturation et la fréquence du filtre. Le délai de mise en action, la surface de contact excitée et un générateur de bruit (avec saturation et filtre passe-bas 1 pôle) viennent compléter le modèle ; leurs paramètres sont modulables par l’AMS. Mais on peut également utiliser un lecteur de multisamples PCM (avec streaming audio, depuis l’OS2), soit en direct, soit pour produire l’excitation de la corde. Il peut monter jusqu’à 4 multisamples déclenchés par la vélocité, une version simplifiée du HD-1. La corde peut alors être utilisée comme filtre en peigne pour le générateur PCM ! Les sources audio passent alors dans un « mixeur d’excitation » dynamique et modulable. On y règle le niveau des sources (avec modulation AMS) et le mode d’action du filtre d’excitation (de type multimode 2 pôles résonants entièrement modulable).
Vient alors la page dédiée à la corde, c’est-à-dire le résonateur. On va y définir la position où a lieu l’excitation (entre le chevalet et le sillet de tête d’une guitare, par exemple), puis le mode de suivi de corde (corde ou clavier). Dans le premier cas, le contenu harmonique ne change pas globalement en fonction de la position, contrairement au second cas. Ceci permet tout aussi bien de simuler des guitares avec réalisme que des instruments dont les cordes changent systématiquement avec le pitch (genre clavecin). On peut également simuler la création d’harmoniques lors qu’on appuie plus ou moins fort sur la corde. Le temps de déclin après relâchement de corde et la non-linéarité créée par le chevalet sont également modélisés. Tous ces paramètres sont modulables par l’AMS et/ou la position sur la corde. Par corde, on peut aussi régler et moduler via l’AMS l’atténuation des hautes fréquences et la dispersion (rigidité de la corde). Après avoir paramétré le pitch du résonateur, il reste une page pour jouer avec les capteurs : position de 2 micros virtuels (avec possibilité de créer des effets de chorus). On peut même réinjecter une source audio externe ou interne (à partir de n’importe quel bus d’effets), via une boucle de feedback.
Une fois toutes les sources constituées, un mixeur permet de mélanger leurs niveaux avec précision : corde, multisample PCM, générateur de bruit et sortie des 2 micros ; au programme, volumes modulables, inversions de phase séparées et balances vers le(s) filtre(s) situé(s) en aval. Ceux qui pensaient que c’était fini peuvent maintenant aller prendre un verre avant que l’on continue… en effet, le STR-1 propose des sections de filtres et d’ampli à peu près identiques au modèle AL-1, nous ne nous étendrons donc pas dessus. Pour moduler la plupart des paramètres, on dispose non seulement des sources AMS, mais également de 5 enveloppes, 4 LFO, 2 générateurs de tracking et 4 mixeurs AMS (cf. moteurs précédents). Spécificité du moteur STR-1, les générateurs de tracking opèrent séparément sur les 6 cordes virtuelles que comporte le modèle. Ils agissent sur l’atténuation des hautes fréquences, le temps de déclin, la dispersion ou encore le chevalet, pour simuler le comportement des différents matériaux utilisés pour les cordes et leur section (nylon, acier, cuivre…). Autre particularité, un paramètre Fret modulable permet de définir à quelle distance une note est jouée sur la corde, pour accroître encore le réalisme de certaines simulations, sachant que ce paramètre peut être désactivé (mode Open). Voici encore un moteur complexe, mais ô combien source d’explorations infinies.
Pads virtuels Nous avons vu que les pads physiques brillaient toujours par leur absence sur le Kronos 2. Pour « rattraper le coup », Korg a doté sa machine de 8 pads virtuels, disponibles dans tous les modes et programmables individuellement avec chaque son. Chaque pad peut déclencher un accord de 8 notes, chacune ayant un niveau de vélocité programmable. Mieux, pour éviter de casser l’écran, la position de grappe sur le pad peut commander la vélocité. Pour mémoriser un accord, on peut soit utiliser l’interface (note par note), soit jouer l’accord directement. Pas mal, mais cela ne nous console pas complètement de l’absence de pads physiques, d’autant que ce mode nous plonge dans une page donnée de l’éditeur, donc limite l’accès aux autres pages, par conséquent empêche l’édition en appuyant simultanément sur les pads. Signalons que l’on peut aussi affecter une note MIDI par pad virtuel, au cas où il nous prendrait l’envie de raccorder un contrôleur externe (cf. encadré correspondant)… |
Modélisation analogique MS-20EX
Cinquième moteur embarqué, le MS-20EX est une modélisation de MS-20, synthé analogique semi-modulaire aux filtres très typés (agressifs) dont la cote ne cesse de grimper ces derniers temps, revival analogique vintage oblige. La première incarnation du modèle virtuel date de la suite logicielle Legacy développée par Korg il y a quelques années. Un contrôleur physique spécifique, sorte de mini MS-20 avec cordons de patchage, avait d’ailleurs été développé pour l’occasion. Depuis, nous avons vu arriver de nouvelles réincarnations analogiques de la machine. Dans le Kronos 2, le moteur MS-20EX est inchangé, avec une polyphonie maximale de 40 voix. La modélisation reprend intégralement la philosophie et les codes graphiques du MS-20, auxquels elle ajoute un certain nombre de paramètres et de modulations. Côté sons, ayant pu tester de près des MS-20 (vintage et mini), on retrouve le caractère parfois aigre, parfois agressif, souvent sale du modèle vintage. Les 2 filtres en série sifflent sans retenue, les synchros se montrent bien crades et les modulations en tout genre sont de mise. La couleur sonore est bien différente des autres modélisations analogiques, il n’y a pas de recouvrement.
En édition, la façade virtuelle du petit synthé noir est reproduite intégralement. Un clic sur un potentiomètre ou un bouton lance immédiatement l’édition. De même, les patches virtuels peuvent être créés directement avec l’écran tactile, nous y reviendrons. Le MS-20EX offre 2 oscillateurs, un générateur de bruit, une entrée audio, un mixeur, un filtre passe-haut, un filtre passe-bas et un ampli. Le premier oscillateur comporte 5 formes d’ondes : triangle, dent-de-scie, impulsion à largeur variable et bruit blanc. Contrairement au MS-20, la largeur d’impulsion est modulable en temps réel par les sources AMS, entre 50 % et 0 % (soit de l’onde carrée au silence). Le second oscillateur possède 3 ondes (dent de scie, carrée, impulsion fixe) et une position Ring (modulation en anneau des 2 oscillateurs). Le pitch des oscillateurs peut être modulé par un portamento, un MG (LFO simplifié global à 2 formes d’ondes) ou une enveloppe DAR. Les niveaux des 2 oscillateurs sont ensuite réglés, avec possibilité de les saturer avant d’attaquer le filtre passe-haut. Celui-ci est de type résonant et auto-oscillant. On peut même l’utiliser comme générateur de Sub. La fréquence de coupure est modulable par le MG et une deuxième enveloppe. Le signal passe alors dans le filtre passe-bas connecté en série, qui dispose des mêmes réglages et modulations que le filtre passe-haut. Vient ensuite l’étage d’amplification, permettant également d’agir sur la position stéréo et de simuler une certaine instabilité du son.
Côté modulations, on est plutôt bien servi : 6 enveloppes, 4 LFO, 2 mixeurs de signaux, 4 mixeurs AMS, un générateur S&H, un générateur de bruit (blanc ou rose) et le fameux MG. La semi-modularité du MS-20EX est reprise par le Patch Panel, représentant graphiquement une cinquantaine de points de prélèvement ou d’injection de signaux audio ou de modulations. Nous n’allons pas les citer ici, mais ils reprennent la plupart des paramètres de synthèse, allant bien au-delà que sur le MS-20 d’origine, tout en permettant de recevoir ou envoyer des signaux externes. Pour connecter virtuellement deux points (jacks), on tire et on glisse directement à l’écran, une amélioration d’ergonomie de l’OS3 que nous saluons tant elle simplifie les choses ! Bien évidemment, tout cela est mémorisé dans chaque programme, pas besoin d’acheter un second Kronos pour fabriquer un second patch…
Modélisation analogique PolysixEX
Inchangé depuis l’origine, le moteur PolysixEX se consacre à la modélisation du célèbre synthé polyphonique vintage de la marque. Tout comme le MS-20EX, il a été développé initialement pour la suite logicielle Legacy il y a quelques années. Le PolysixEX offre une polyphonie plus que confortable de 180 voix maximum. Côté sons, n’ayant pas là non plus de Polysix pour un véritable face-à-face, on ne peut affirmer que l’on retrouve incontestablement le caractère du modèle. Pads dark, cuivres brillants, stabs en accords, arpèges… les effets d’ensemble sont très bien rendus, venant réchauffer l’unique oscillateur.
Tout comme le MS-20EX, le grand écran tactile joue un rôle fondamental, affichant une reproduction virtuelle de la façade du Polysix, sur laquelle il n’y a plus qu’à cliquer pour sélectionner les paramètres à éditer. La génération sonore est constituée d’un oscillateur, d’un Sub, d’un filtre, d’un ampli, d’une section d’effets intégrée et d’un EQ de sortie. L’oscillateur offre 3 formes d’ondes basiques : dent de scie, impulsion fixe et impulsion à largeur variable modulable par un LFO dédié, commun à toutes les voix. Le Sub-oscillateur se règle 1 ou 2 octaves sous l’oscillateur maître ou peut être coupé. Le MG, synchronisable à l’horloge interne/MIDI, permet de moduler, au choix, l’oscillateur, le filtre ou l’ampli.
Le signal audio passe ensuite dans un filtre passe-bas résonant 4 pôles, à l’origine généré par des circuits intégrés SSM si chaleureux. Le PolysixEX recrée bien cet esprit de coloration du son, comme en témoignent les exemples audio. La fréquence du filtre peut être modulée par le suivi de clavier et une enveloppe ADSR dédiée. Mais contrairement au véritable Polysix, on peut séparer les modulations du filtre et de l’ampli en choisissant 2 enveloppes distinctes. En sortie, on peut régler le volume global, atténuer les voix et positionner le son dans le spectre stéréo. Pour être complet, le PolysixEX modélise la section Chorus/Phaser si prisée du modèle originel. On commence par choisir le type d’effet souhaité (Chorus, Phaser, Ensemble), la largeur de l’effet et la profondeur/vitesse (suivant l’effet choisi).
On attaque ensuite la page dédiée aux modulations. Au menu, un arpégiateur, une enveloppe type Polysix, 2 enveloppes complexes, un MG, 2 LFO complexes et 4 mixeurs AMS. 2 sources de modulations AMS peuvent directement être affectées à la largeur d’impulsion de l’oscillateur, la coupure du filtre, le volume et le niveau de MG. L’arpégiateur est très basique : il offre les modes Up – Down – Up /Down, se synchronise au tempo, dispose d’une synchro de départ à l’enfoncement de touche, opère sur 1 ou 2 octaves et possède un mode Latch. Enfin, un paramètre Analog permet de simuler la fluctuation des composants vieillissants du Polysix, sur une échelle de 0 à 10. Voici un moteur idéal pour commencer dans la synthèse, en comprenant ce qu’il se passe grâce à la visualisation très claire des paramètres. On n’est pas noyé sous les possibilités de modulation ou les patches ; du coup, on arrive rapidement à se fabriquer une banque sons variée sans se décourager.
FM et Waveshaping MOD-7
À peine avons-nous eu le temps de souffler avec le PolysixEX (qui a dit « d’y comprendre quelque chose » ?) que nous nous replongeons dans la synthèse hardcore ! Là, il va falloir se concentrer un peu pour suivre, car on entre dans les arcanes de la FM et du Waveshaping. Au menu, des algorithmes, des multiplications, des additions, des soustractions, des cordons modulaires, de la distorsion harmonique… on y va ? C’est parti ! La polyphonie du MOD-7 est de 52 voix maximum. Les programmes internes démontrent la dynamique, la variété de la palette et la puissance du moteur : pianos électriques, cloches, percussions, mais aussi pads hybrides magnifiques, textures complexes, effets déjantés, modulations extrêmes… certainement le moteur le plus profond et le plus passionnant du Kronos 2, pour les fondus de synthèse, comme nous allons le voir.
En gros, le MOD-7 produit le son à partir de 6 oscillateurs VPM (opérateurs FM complexes) arrangés en algorithmes, 101 tables de Waveshaping, un générateur PCM à 4 couches (avec streaming audio depuis l’OS2), 2 filtres multimodes résonants, 3 mixeurs, un générateur de bruit à couleur variable et une entrée audio. Tous ces modules vont s’interconnecter via le Patch Panel. Il représente les différents modules disponibles et permet de les relier, avec fonction glisser-déplacer (depuis l’OS3), à l’instar du Patch Panel du MS-20EX. Cliquer sur un module permet de régler le niveau de ses entrées ou sorties, et de sauter vers son éditeur détaillé. Y figurent donc les 6 oscillateurs VPM, le générateur PCM, le générateur de bruit, l’entrée audio, les 3 mixeurs (2 entrées – 1 sortie), les 2 filtres et le mixeur final. Sélectionner un algorithme détermine les connexions par défaut entre tous ces modules : quel opérateur est porteur, quel opérateur est modulateur, comment ils sont connectés, le rôle des mixeurs, le routage des filtres… Libre à nous ensuite de les modifier à notre guise. Pour nous faciliter la tâche, les 78 algorithmes de base sont regroupés par catégorie : PCM + VPM, PCM -> Filter -> VPM, PCM -> VPM -> 4 pôles, Noise -> VPM -> 4 pôles, Processing et Vintage DX (reproduction des 32 algorithmes du DX7, nous y reviendrons). Les algorithmes sont beaucoup plus ouverts que ceux du DX, puisque le feedback est librement paramétrable.
Il est temps, maintenant que tout le monde est réveillé, de faire un zoom sur les oscillateurs VPM : ils disposent de 2 entrées, une forme d’onde au choix (sinus, dent de scie, triangle, carrée, sinus + filtre LP + Waveshaper + filtre HP + Ring Mod, Waveshaper + filtre HP + Ring Mod, Ring Mod seul), un ratio (avec accordage fin), un offset de fréquence (en Hertz), une phase initiale (en degrés), un mode de synchronisation de phase et un feedback. Ce dernier réinjecte le signal sur lui-même, en le prélevant soit à la sortie de l’oscillateur, soit à la sortie de l’opérateur total (sortie finale). Le Pitch de chaque oscillateur VPM est indifféremment modulable par 2 sources AMS, ce que la lignée des DX ne permettait pas.
Activer le Waveshaper permet de créer de nouvelles harmoniques à partir d’ondes de base ; le MOD-7 offre ainsi pas moins de 101 tables : morphing de formes d’ondes, simulation de capteurs de pianos électriques, soft clipping, addition d’harmoniques, multiplicateurs, TX (ondes des synthés FM 4 opérateurs), tube (saturation « analogique ») & diode (soft clipping asymétrique), mixture (effet des tirettes harmoniques d’orgues), inversion, fuzz (distorsions et bruits), 01/W (60 tables de Waveshaping issues du 01/W, premier synthé Korg à utiliser cette technologie, avant son abandon sur le Trinity). Difficile de décrire avec précision les effets produits, rien ne remplace une bonne expérimentation avec les différentes tables et le réglage du Drive (et de ses nombreux paramètres, modulations et générateur de tracking). Un modulateur en anneau permet de multiplier le signal du porteur et du modulateur, pour créer de nouvelles harmoniques (souvent métalliques – types cloches et gongs). Enfin, on peut moduler le niveau de sortie de l’opérateur VPM par une enveloppe, la vélocité et une source AMS.
Nous ne nous étendrons pas sur les parties PCM et filtres, très proches des moteurs AL-1 et STR-1 à quelques exceptions près, tels que le routage des filtres (parallèle et 4 pôles uniquement). Les sorties de toutes les sources audio et des mixeurs sont connectables à un mixeur final de 6 entrées – 2 sorties, qui va gérer leurs niveaux, leurs panoramiques et leurs inversions de phases. Niveaux et panoramiques sont modulables via l’AMS, précisons-le pour ceux qui en doutaient encore ! Côté modulations, on a 4 LFO, 10 enveloppes, 9 générateurs de tracking, 8 mixeurs AMS, un Step Sequencer et toutes les sources AMS pour s’amuser.
Multiplier des fréquences à des niveaux audio crée de l’aliasing à haute fréquence, le MOD-7 n’en est donc pas exempt. Pour réduire ce phénomène de repliement de spectre, on peut utiliser les générateurs de tracking sur les opérateurs les plus vibrants (atténuation dans les aigus). Le mode d’emploi du Kronos 2 donne de précieuses indications pour se lancer dans la FM et en comprendre le fonctionnement : rôle du porteur, rôle du modulateur, augmentation du volume du modulateur (donc de la modulation), changement de pitch du modulateur (donc du contenu harmonique), effet du feedback (ajout d’harmoniques), léger déphasage du porteur et modulateur (effet de chorus avec offset de fréquence ou décalage de ratio), modulation de ratio, filtrage dynamique (post- ou inter-opérateurs), FM via un multisample PCM… on y apprend aussi comment utiliser les tables de Waveshaping pour créer des nouvelles formes d’ondes ou des pads évolutifs (avec la FM ou les PCM) ou encore générer de la modulation en anneau. C’est extrêmement bien fait, bravo !
Le MOD-7 est capable d’importer directement des banques complètes de 32 programmes de DX7 première génération sous forme de Sysex, même plusieurs banques à la volée ; autrement dit, des dizaines de milliers de programmes immédiatement disponibles. Avec un DX7 sous la main, on n’a pas pu s’empêcher de comparer : c’est parfait, le souffle en moins, surtout dans les graves ! Au final, le moteur MOD-7 est extrêmement complexe et n’est pas à placer entre toutes les mains. Il nécessite un certain temps d’apprentissage, car il va beaucoup plus loin qu’un DX7 déjà difficile à dompter. Il est susceptible de produire des textures numériques complexes inédites, à évolution lente ou rapide, qui se marient parfaitement avec le grain plus chaud des modélisations analogiques disponibles par ailleurs. Un très gros morceau à digérer !
Sampling & streaming Grosse évolution depuis l’OS2, le streaming audio pour tous les échantillons, internes comme utilisateur (Virtual Memory). Il suffit pour cela de charger les samples/multisamples souhaités en banque utilisateur de sampling (User Sampling Bank). Dans ce mode, les samples ne peuvent être édités. Il faut pour cela les charger en RAM (Sampling Mode). Ce petit jonglage est la seule limite, fort compréhensible et bien acceptable. L’OS3 apporte la fonction Load Required Samples permettant d’indiquer et de charger d’un coup d’éventuels échantillons manquant dans un programme, une Combi ou une séquence (valable aussi bien pour les banques EXs qu’utilisateur). La fonction sampling (mono ou stéréo) est disponible dans tous les modes et à tout instant. Nous l’avons vu, la mémoire interne de 3 Go est partagée entre l’OS et tous les samples (Rom, EXs et RAM). Le Kronos 2 est capable de gérer jusqu’à 16.000 samples et 4.000 multisamples simultanés en RAM. La capture se fait en 16 bits linéaires/48 kHz vers la RAM et en 16 ou 24 bits linéaires/48 kHz vers le disque dur interne ; lorsqu’ils sont rechargés en RAM, les samples 24 bits sont automatiquement convertis en 16 bits. On peut sampler toutes les sources audio imaginables et même resampler depuis n’importe quel mode alors que des arpèges Karma, la piste Drum et/ou le séquenceur tournent. En outre, il existe un système de mixage complexe des sources permettant de pré-mixer les différentes entrées (analogiques stéréo, USB 1 et 2, S/P-DIF stéréo) et de les envoyer vers différents bus (tout type d’effets, moteurs de synthèse avec entrée audio tels que MS20X ou MOD-7, tout en définissant la destination du sample ainsi capturé – RAM ou disque interne). Seule restriction, on ne peut pas sampler pendant qu’on enregistre une Song et réciproquement. Il est aussi possible de riper directement des samples depuis un CD audio raccordé via USB. Les samples doivent bien évidemment être sauvegardés sur SSD avant extinction. Pour préparer le sampling, on doit définir le niveau (avec vumètre et indicateur de clip), la destination (RAM ou SSD), le mode (mono/stéréo), la durée, le bouclage automatique, la résolution, la source audio, la note de référence, le mode de déclenchement (seuil audio, note, manuel), le temps de décompte… et aussi paramétrer le rôle des commandes physiques de la façade. Une fois capturé, le sample peut être édité graphiquement, avec affichage suivant 2 facteurs de zoom, en temps et en amplitude. Au menu : détermination des points d’édition (début – fin), recherche de points zéro, grille/tempo, copie/suppression/insertion/troncature, insertion de points zéro, mixage, normalisation, fondus en entrée et sortie, conversion de fréquence, inversion, liaison de 2 samples… Le bouclage est précis et s’opère graphique à l’appui. On dispose des outils de recherche de points zéro, de verrouillage de boucle, d’accordage fin de la boucle, d’inversion, de gain, de boucle de crossfade… Il est également possible de découper les samples en régions (Time Slice), idéal pour les boucles rythmiques à caler à différents tempi en temps réel. Enfin, la compression temporelle (Time Stretch) permet de modifier la vitesse de lecture sans changer la hauteur, avec des calculs optimisés pour les boucles rythmiques (mode Slice) ou les sons évolutifs tenus (mode Sustaining). À chaque étape, on peut faire apparaître graphiquement une grille sur la forme d’onde éditée et travailler en tempo (BPM). Une fois les samples satisfaisants, on peut les monter en multisamples, en Drum Kits ou en Wave Sequences. Pour créer un multisample, on dispose de 128 indexes qui sont autant de zones de montage. On y spécifie le sample à arranger et sa tessiture, le tout avec visualisation graphique du clavier. Reste alors à convertir le multisample en programme pour commencer à en régler les paramètres de synthèse, comme un multisample en Rom ou EXs. Le Kronos 2 est compatible en chargement avec les formats Akai S1000/3000 (intégrant les principaux paramètres de synthèse en plus des multisamples), SoundFont 2.0, AIFF et WAV. Réciproquement, il peut exporter des samples en formats AIFF ou WAV. Dernière utilisation du mode sampling, celle du Kronos 2 comme processeur d’effets de luxe 6 entrées/6 sorties, doté de 16 multi-effets stéréo entièrement routables, en combinant les différentes entrées/sorties audio physiques et les effets internes. |
Effets par 16
On juge en partie une workstation par sa section d’effets. Le Kronos 2 améliore un peu ce qui était déjà le must sur le Kronos. En fait, la section d’effets est un module à 16 multi-effets très complexes, décomposés en 12 multi-effets d’insertion, 2 multi-effets maîtres et 2 multi-effets totaux. Tous sont stéréo en entrée/sortie et disposent des mêmes performances (algorithmes, paramètres, modulations). Les 12 multi-effets d’insertion sont chaînables 2 à 2 et routables vers la sortie audio de son choix ; il est possible de créer des Side Chains avec certains effets ; les 2 multi-effets maîtres sont placés sur 2 bus (départs et retours réglables par programme/canal) ; les 2 multi-effets totaux sont placés en mix global stéréo, ce qui les réserve plutôt à des effets de correction ou de mastering (mais rien n’empêche de mettre une grosse disto ou un réducteur de bit en sortie…). Quel que soit le mode de jeu (Programme, Combinaison, Séquence), on retrouve les 16 multi-effets. Inconvénient, il faut refaire les routages des programmes à chaque fois dans les modes multitimbraux. Avantage, le mix en trouve une plus forte cohérence, car on évite ainsi de noyer les sons dans une indigeste soupe aux phases. Au pire, si vraiment on a besoin de plus de ressources, on peut toujours utiliser des pistes audio pour contourner ces limites. On peut également utiliser les multi-effets sur les entrées audio pour le sampling.
L’OS3 apporte 12 nouveaux algorithmes d’effets, ce qui nous fait 197 algorithmes disponibles pour chaque multi-effet. Lorsqu’on en parcourt la liste, on ne peut qu’éprouver une sorte de vertige. Certains dépassent les 70 paramètres, donc une grande partie modulable en temps réel via la Dmod et synchronisables au tempo. On peut même utiliser plusieurs canaux MIDI pour moduler indépendamment plusieurs effets, c’est le délire complet ! De plus, la qualité est au rendez-vous, ce n’est pas un gadget. Sur les programmes et combinaisons d’usine, on apprécie d’ailleurs l’excellent dosage des effets, qui sont là pour embellir le son et non masquer des défauts ; contrairement à certaines autres workstations d’hier et d’aujourd’hui (donc des produits Korg), les sons ne sont pas noyés dans les effets, bravo !
Comme nous l’avons dit, ces effets viennent en supplément des effets intégrés à certains moteurs de synthèse (tels que les pédales vintage dans l’EP-1, le haut-parleur tournant du CX-3, les chorus/phaser du PolysixEX…). Au menu : processeurs de dynamique (compresseurs/limiteurs), vocodeurs, EQ/filtres, distorsions/ampli/micros (avec des modélisations vintage), ensembles, délais, réverbérations, chaînes d’effets en série et chaînes d’effets en parallèle. Les 12 nouveaux algorithmes de l’OS3 sont les reprises des effets vintage situés directement dans les moteurs EP-1 et CX-3, nous ne nous y attarderons pas à nouveau. L’édition est bien fichue, faisant là encore largement appel au grand LCD, avec visualisation des courbes de réponse, assignation des différents bus, page de mixage… et pour ceux qui veulent ne pas partir du néant, le Kronos 2 renferme 783 effets Presets. Bref, cette section d’effets reste de loin la plus balaise du marché, enfonçant toute la concurrence depuis l’avènement des stations de travail !
Bien intégré Même s’il revendique haut la main le titre de station de travail autonome, le Kronos 2 s’intègre parfaitement dans un environnement DAW plus large, notamment grâce à ses interfaces USB 2.0 et MIDI. Côté MIDI, cela en fait un excellent clavier de commandes 16 zones simultanées avec tout type de périphérique son, matériel comme logiciel. On peut alors faire appel à ses commandes physiques et contrôleurs pour piloter tout ce beau monde. On peut également exporter et importer des séquences au format SMF et utiliser la fonction Data Filer pour charger ou sauver des Sysex MIDI. L’interface USB transforme également le Kronos 2 en carte audio 2 entrées/2 sorties pour PC (Vista, Windows 7, Windows 8 toutes versions) / Mac (OSX > 10.6.4), après avoir installé le pilote fourni sur l’un des 3 DVD livrés avec la machine. Les prises USB 2.0 sont d’ailleurs de type Hot-Pluging et peuvent alimenter en tension les périphériques connectés (USB Power), avec un maximum de 8 unités toutefois. On peut aussi directement raccorder des périphériques compatibles USB MIDI natif ; on pense notamment au NanoPad2 et au PadKontrol, qui offrent 16 pads dynamiques et une surface de contrôle 2 axes. Enfin, l’éditeur – bibliothécaire téléchargeable sur le site du constructeur (standalone ou plug-in VST/AU) a lui aussi évolué en parallèle de l’OS, venant parfaire cette intégration. Il est désormais en 3.0. |
Combinaisons par 16
Dans le Kronos 2, il est possible de regrouper 16 programmes au sein du mode Combinaison. On peut faire appel à n’importe quelle synthèse (allocation dynamique des voix et des synthèses), avec toutefois les limites d’instances évoquées précédemment. Toutefois, c’est largement suffisant dans la majorité des cas. La mémoire interne renferme 1 792 Combinaisons multitimbrales jusqu’à 16 parties, toutes éditables (512 pré-chargées). Lors de l’appel d’une combinaison, le LCD du Kronos 2 affiche une table de mixage virtuelle des 16 parties simultanées, bien pratique pour tout visualiser d’un coup. On peut ainsi rapidement modifier un numéro de programme, son volume ou panoramique ; de même on peut rapidement régler l’EQ des 16 parties côte à côte ou encore affecter des fonctions aux potentiomètres, boutons et curseurs. Pour chaque partie, on peut régler un nombre important de paramètres : canal MIDI, mode de jeu (programme interne/externe/les deux), activation des oscillateurs, portamento, réserve de polyphonie, transposition/accordage, tempérament, délai, synchro de la table d’ondes, routage des entrées audio pour les moteurs EXi compatibles, filtres MIDI & contrôleurs (22 paramètres), tessiture (avec fondus haut et bas), fenêtre de vélocité (avec fondus haut et bas là aussi !), routage très précis des effets (inserts, départs, chaînages, sorties audio) et, bien sûr, édition détaillée de ces derniers.
L’altération partielle des programmes est possible dans la page Tone Adjust, qui permet d’éditer certains paramètres clés (filtres, enveloppes, LFO) et de sauvegarder le tout au sein de la combinaison, sans altérer le(s) programme(s) d’origine. On aurait aimé pouvoir contrôler un peu plus de paramètres (les filtres séparément par exemple), mais c’est quand même bien pratique pour éviter de décliner plusieurs versions d’un même programme ! Par ailleurs, l’OS3 apporte l’édition des programmes dans leur contexte de Combinaison : pour cela, il suffit de se positionner sur le nom du programme à éditer dans l’écran principal de la Combinaison, tout en maintenant la touche Enter ; on bascule alors dans l’éditeur du programme, qu’on peut modifier à souhait ; le programme ainsi modifié doit être sauvegardé en mode Programme. Toujours en mode Combinaison, le nombre de modules d’arpèges Karma disponibles passe de 1 à 4, il y a toujours une piste Drum, le module Vector (mais cette fois, on place les 16 programmes aux 4 points cardinaux pour moduler leurs volumes respectifs avec le Joystick ou l’enveloppe dédiée) et les 16 multi-effets. Bref, ça tourne dans tous les sens, à tel point que parfois, on peut avoir l’impression de perdre le contact avec la réalité et laisser le Kronos 2 jouer tout seul…
- KR Combi 1 01:27
- KR Combi 2 01:01
- KR Combi 3 01:55
- KR Combi 4 01:36
Séquences MIDI
Le séquenceur du Kronos 2 est un gros morceau mélangeant MIDI et audio. En effet, il offre 16 pistes MIDI, une piste Master (gérant le tempo notamment) et 16 pistes audio. Commençons par le MIDI : 16 pistes, cela peut paraître peu juste sur une workstation de 2015, mais cela semble être devenu le standard, tout comme l’unique trio MIDI. La mémoire du Kronos 2 est de 400 000 notes pour le MIDI, réparties en 200 Songs de 1 à 999 mesures. De quoi voir venir. Il ne faudra pas oublier de sauvegarder cette mémoire avant l’extinction de la machine, car elle est volatile. OK, mais pourquoi donc aucune fonction de sauvegarde en tâche de fond n’est prévue pour le MIDI, alors qu’on a 60 Go de SSD sous le capot ? D’autant que cela existe pour les pistes audio ! Passons… la résolution maximale est de 480 bpqn, parfait ! Pour ne pas partir de zéro, compte tenu du nombre de réglages possibles (mixage, effets…), 18 gabarits de Song sont prévus, l’utilisateur pouvant en sauvegarder 16 de son propre cru. Autre fonction pratique, l’envoi direct vers une Song d’un programme ou d’une combinaison, avec tous leurs paramètres, pour enregistrement immédiat.
En lecture, chaque piste peut être bouclée sur une durée indépendante, avec ou sans lecture de l’intro (avant zone de bouclage), permettant la création de motifs complexes. Tout comme en mode Combinaison, on peut altérer certains paramètres des programmes, mixer, régler les effets avec précision, définir les tessitures/vélocités, filtrer messages MIDI et contrôleurs. De même, depuis l’OS3, on peut éditer les programmes dans leur contexte de séquence… en enregistrement, les paramètres altérables ont droit à l’automation totale (avec les commandes en façade, fonction Tone Adjust), tout comme les modulations AMS et Dmod (pour les effets, voir ci-après). Le séquenceur du Kronos 2 peut enregistrer et éditer aussi bien en temps réel qu’en pas-à-pas. Pour l’enregistrement, on peut régler les Punch in/Punch out, boucler, faire des Overdub… Dans la page MIDI Mixer, on détermine le statut des 16 pistes, sachant qu’on peut en enregistrer autant que l’on souhaite en même temps.
L’édition est graphique, tirant parti du grand écran pour afficher les événements sous forme de blocs ou de liste déroulante (mais toujours pas le mode Piano Roll du Krome). Tout est possible : quantisation, déplacement, copie, suppression, insertion, édition microscopique (note, durée, placement, vélocité). Le filtrage de certains CC MIDI est prévu, afin de faciliter l’édition. La fonction In-Track permet de déclencher des samples en synchronisation avec le reste des événements, permettant ainsi de placer des portions d’audio sans pour autant passer par le séquenceur audio dédié. Les samples sur lesquels la fonction Time Slice a été utilisée sont automatiquement synchronisés au tempo. Dans l’esprit boîte à rythmes, le Kronos 2 offre 100 Patterns par Song. La fonction RPPR permet de les déclencher en temps réel avec les touches du clavier, en les assignant chacun à une touche sur une tessiture de 72 notes). On peut partir des 718 Presets des pistes Drum, en plus des 100 motifs utilisateur. À différents niveaux plus globaux (pistes, mesures, patterns), on dispose des classiques fonctions copier/coller/déplacer/supprimer…
En mode Séquenceur, tout comme en mode Combinaison, le nombre de modules d’arpèges Karma disponibles passe de 1 à 4, il y a toujours une piste Drum, un module Vector (on place les 16 pistes aux 4 points cardinaux pour les moduler avec le Joystick ou l’enveloppe dédiée) et les 16 multi-effets. Bref, ça tourne encore plus dans tous les sens, à tel point qu’on peut perdre pied encore plus vite si on se laisse aller à utiliser la machine dans toute sa complexité…
Séquences Audio
La partie audio du séquenceur fonctionne en parfaite synchronisation avec la partie MIDI, une Song étant constituée des 16 pistes audio et 16 pistes MIDI. Le séquenceur audio du Kronos 2 travaille en 16 ou 24 bits linéaires/48 kHz (au choix, avec possibilité de gérer simultanément les 2 résolutions). Il est capable de traiter jusqu’à 300 000 événements audio, en mémoire partagée avec les 400 000 événements MIDI. On dispose de 16 pistes audio en lecture et 4 en enregistrement. Les routages précis sont définis dans la page Audio Mixer (entrées, sorties pour monitoring des bus/effets, sorties pour enregistrement des bus/effets). 2 pistes adjacentes peuvent être appairées pour créer une piste stéréo. Lecture et enregistrement ne peuvent se faire qu’à partir du disque SSD interne, on ne peut pas utiliser directement une mémoire de masse raccordée, si ce n’est pour faire des backups. Comme sur toute bonne DAW, les éditions audio sont sauvegardées automatiquement au fur et à mesure de la session (type fichier Temp), plus qu’utile en cas de grosse panne ou d’oubli de sauvegarder son travail !
Les régions audio (pointeurs de lecture) sont gérées indépendamment des fichiers WAV eux-mêmes. Ainsi, le déplacement, la suppression, la répétition et la copie de mesures de pistes audio sont non destructives (on copie des indexes de lecture de pistes, pas l’audio lui-même). On trouve cependant des outils d’édition audio destructive (avec affichage graphique de la forme d’onde), tels que les fondus d’entrée/sortie (linéaires ou non-linéaires), normalisation et Time Stretch ; dans ce type d’édition, le Kronos 2 créée automatiquement les nouveaux fichiers WAV et des pointeurs correspondants. La machine peut importer des régions audio, à partir de fichiers WAV 44 ou 48 kHz, depuis le disque dur interne (il faut donc copier les données d’un CD ou d’une clé USB sur le SSD avant de faire la manipulation). La copie se limite à des fichiers mono, la stéréo n’est pas prise en compte sur des pistes au préalable liées.
Côté automation, on peut s’amuser avec les volumes, les panoramiques, les EQ 3 bandes et les 2 départs d’effets. On a également la possibilité de bouncer des pistes audio, de resampler les pistes MIDI et audio en fichiers WAV stéréo ou encore de graver directement un CD audio sur un périphérique USB raccordé. Pour être complet, signalons qu’il existe une fonction d’optimisation de la RAM, qui nettoie la mémoire des fichiers ou régions audio inutilisés.
Bête de scène Les Set Lists permettent d’organiser indifféremment jusqu’à 128 programmes, combinaisons et séquences, afin de les appeler/enchaîner rapidement. L’écran affiche 16 emplacements simultanés et des flèches tactiles pour faire défiler différents groupes de 16. C’est dans ce mode que l’on tire le meilleur parti des transitions douces entre les sons (Smooth Sound Transition), puisqu’on peut en paramétrer certains comportements, dont le volume initial et la durée de la transition. L’OS 3 permet de personnaliser la couleur de chaque emplacement, de les transposer (bien pratique, surtout qu’il n’y a pas de commande dédiée en façade) et d’afficher des commentaires (par exemple, des aide-mémoire ou les paroles d’une chanson) ; ceux-ci sont affichés lorsque le programme est choisi, dans différentes tailles de police et configurations d’affichage (avec un menu déroulant lorsque cela est nécessaire). On peut entrer le texte avec un clavier USB externe, sympa. Ces fonctionnalités bien pensées font du mode Set List un outil idéal pour la scène. On trouve aussi un EQ graphique 9 bandes supplémentaire par rapport aux autres modes de jeu, permettant par exemple un ajustement ultime du son en fonction de l’acoustique de la salle. L’une des applications originales des Set Lists concerne le mode Song. On peut définir et programmer la piste MIDI pilotée par le clavier dans chaque emplacement. En lançant un morceau, on peut alors alterner entre 2 emplacements (et donc 2 canaux [et donc 2 sons]), sans interrompre la lecture du morceau, bien vu ! La mémoire du Kronos 2 renferme 128 Set Lists, de quoi être autonome pour toute une série de concerts… |
Pas mieux
Dans quelques lignes, cela fera un peu plus de quinze mille mots que nous découvrons avec émerveillement ce qui est la plus puissante station de travail matérielle jamais sortie. Le Kronos 2 succède dignement au Kronos et au Kronos X. Par ses améliorations tant matérielles que logicielles, il prend encore de l’avance. Le premier point à souligner est la qualité de construction, qui avait été pointée du doigt par certains à la sortie du Kronos, en particulier sur le modèle 61 touches. Avec le Kronos 2, nous avons constaté que tout cela était du passé : la nouvelle structure mécanique est parfaite, rien de bouge, que ce soit sur les flancs, sous les touches ou sur le capot. Les produits utilisés ont aussi bien progressé : du bois finement usiné pour les flancs, exit le plastique gloss un peu fragile, une grille métallique intégrée à l’arrière de la façade… sans parler des composants internes, carte, processeurs et mémoires étendues. Sur le plan logiciel, que de progrès depuis l’OS1 : temps de boot raccourci, streaming possible sur tous les samples, édition des programmes dans leur contexte multitimbral et améliorations d’ergonomie à différents endroits. Question sonorités enfin, le moteur SGX-2 apporte des améliorations qui placent les pianos acoustiques loin devant la concurrence, par leur expressivité, leur réalisme et les réglages possibles : le nouveau Bechstein de concert (Berlin piano) avec modalisation de la résonance sympathique des cordes et position Una Corda, en est une parfaite illustration ; il n’a rien à envier aux solutions logicielles les plus abouties.
Le Kronos 2 (3 299 €) est aussi un Kronos, avec ses effets magnifiques, ses modes multitimbraux, son séquenceur MIDI/audio complet, ses enchaînements de sons sans transition audible, le sampling à tous les niveaux, l’interface MIDI/audio intégrée et la toute-puissance de ses neufs moteurs sonores… neufs moteurs que nous aurions aimé voir portés à dix ou plus, depuis quatre ans que le Kronos existe. Il faudra encore attendre et espérer, mais tout est possible ! L’impression de profondeur abyssale et de complexité subsiste toujours, ce n’est pas une machine pour commencer dans la synthèse, tellement les pages de paramètres sont nombreuses. Le Kronos 2 est la machine de design sonore ultime. Mais avec sa grosse banque interne ou les très nombreuses extensions optionnelles de tierces parties, le Kronos 2 est aussi un instrument de musique prêt à jouer. Et il sonne divinement bien ! Il est donc tout à fait polyvalent, que ce soit dans un studio ou sur une scène où le mode Set List amélioré et les transitions en douceur feront merveille. Le Kronos n’avait objectivement pas de concurrence réelle, le Kronos 2 enfonce le clou, sans rendre obsolète son aîné, qui peut être mis à jour ; pour cela aussi, bravo Korg ! Le Kronos avait changé la donne, le Kronos 2 prouve, comme nous le pressentions à l’époque, que cette situation va encore durer un bon moment ! Il est perché, seul, là-haut… Pour cela et tout le reste, nous lui décernons l’Award Audiofanzine Valeur Sûre 2015.
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