Yamaha a profité du dernier Winter NAMM pour présenter pas moins de 10 nouveaux modèles de consoles de mixage dans la gamme MG. Destinée aux petites formations ainsi qu’aux installations fixes modestes, cette fameuse série à prix plancher ne manque pas d’arguments pour séduire sur le papier. Mais qu’en est-il dans les faits ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir avec ce test du modèle MG12XU.
Présentation
Comme son nom l’indique, la MG12XU est une console 12 canaux. Elle offre 6 préamplis micros, jusqu’à 12 entrées ligne (4 mono + 4 stéréo), un bus stéréo, 2 circuits auxiliaires, 2 groupes, une sortie moniteur et une sortie casque. À l’instar des autres modèles de la gamme arborant le suffixe XU, elle dispose de 24 effets et peut faire office d’interface audio 2 entrées/2 sorties 24-bit/192 kHz via USB. La bonne nouvelle, c’est que cette fonction d’interface audio est non seulement compatible avec un Mac ou un PC, mais également avec l’iPad (à partir du 2) grâce à l’utilisation du « Camera Connection Kit » ou du « Lightning to USB Camera Adapter » d’Apple.
Déballage
À l’ouverture du carton, plusieurs bonnes surprises nous attendent. Tout d’abord, cette console est livrée avec un manuel papier très complet et en français, chose suffisamment rare pour être soulignée.
Ensuite, le châssis en métal et le poids de 4,2 kg inspirent directement confiance quant à la durée de vie de la bête, tandis que ses dimensions modestes (308 mm x 118 mm x 422 mm) garantissent une certaine facilité de transport et d’utilisation dans des lieux étriqués. Notez qu’un kit est disponible en option afin d’insérer l’engin dans un rack.
Autre petit plus, l’emballage contient des instructions pour récupérer gratuitement Cubase AI, ce qui dépannera les utilisateurs n’ayant pas encore une STAN (Station de Travail Audio Numérique) digne de ce nom.
Enfin, le moins que l’on puisse dire lorsque l’on voit la MG12XU pour la première fois, c’est que Yamaha n’y est pas allé de main morte avec la connectique ! Située sur la partie haute du dessus de l’interface, cette dernière est particulièrement généreuse pour une console de ce gabarit, comme nous allons le voir par la suite.
Seule petite ombre au tableau, aucun câble USB n’est fourni…
Revue de détail
La MG12XU étant maintenant confortablement installée sur notre plan de travail, nous pouvons la relier au secteur via le cordon fourni qui se branche à l’arrière, l’allumer (switch encore à l’arrière), et rentrer dans le vif du sujet en commençant par les 4 premières entrées mono. Chaque canal dispose d’un connecteur combo XLR/Jack et encaisse aussi bien du niveau ligne que du niveau micro. Les préamplis micros « D-PRE » sont les mêmes que sur les dernières interfaces audio signées Steinberg et délivrent un son très propre.
Juste en dessous, nous trouvons deux switchs : un pad –26 dB ainsi qu’un coupe-bas à 80 Hz avec une pente de 12 dB/octave. Simple et efficace.
Vient ensuite le potentiomètre de gain allant de +20 à +64 dB (-6 à +38 dB avec le pad enclenché). Labellisé « COMP », le potard suivant sert à régler un compresseur. Cet unique rotatif gère simultanément le niveau de seuil, le ratio et le gain de sortie du circuit de compression. Pour information, le manuel indique que le seuil varie de + 22 à −8 dBu, le ratio de 1:1 à 4:1, le gain de sortie de 0 à +7 dB ; le temps d’attaque étant d’environ 25 ms, le relâchement oscille autour de 300 ms. À l’usage, ce compresseur ne conviendra pas à toutes les sources mais lorsque ça colle, il rendra un fier service.
Continuons notre descente le long de la tranche avec les 3 potards de l’EQ 3 bandes. Le « High » est un filtre en plateau fixé à 10 kHz et balayant de −15 à +15 dB. La bande des médiums est occupée par un filtre en cloche fixé à 2.5 kHz offrant également −15 à +15 dB. Quant aux graves, il s’agit d’un filtre en plateau fixé à 100 Hz et bénéficiant toujours de la même plage −15 à +15 dB. Si cet EQ s’avère fonctionnel, nous regrettons toutefois l’absence d’un semi-paramétrique pour les médiums qui aurait permis plus de souplesse.
Nous trouvons ensuite les 2 rotatifs d’envois vers les circuits auxiliaires. Le premier offre le choix d’un prélèvement du signal avant ou après le fader ; le second gère également l’envoi vers la section d’effets interne.
Situé en dessous du classique potentiomètre de gestion du panoramique, le bouton « ON » rétro-éclairé active ou désactive la voie. Puis vient le fader avec une LED indiquant l’écrêtage, un switch pour l’envoi vers le bus stéréo, un autre pour les groupes 1 et 2, et enfin un switch PFL pour contrôler le niveau du signal pré-fader via les sorties Monitor et casque ainsi qu’avec le crêtemètre général.
L’ensemble est clair et simple, l’utilisation n’en est que plus efficace. D’autre part, l’ensemble des potentiomètres, switchs et consort semble solide, ce qui renforce le sentiment de robustesse déjà évoqué lors du déballage.
Passons maintenant aux entrées 5/6 et 7/8. Ces 2 tranches peuvent s’utiliser en mono ou en stéréo, niveau micro ou ligne. Elles disposent d’un connecteur XLR pour micro, ainsi que de 2 entrées lignes asymétriques (L/Mono, R) sur Jacks 6.35. Pour le reste, c’est similaire aux canaux précédents, à ceci près qu’il n’y a ni pad, ni compresseur. À noter que c’est au niveau de ces voies que se situe le commutateur de l’alimentation fantôme +48V qui est malheureusement commun aux 6 entrées micros.
Les canaux stéréo 9/10 et 11/12 sont équipés de Jacks 6.35 de type ligne asymétrique ainsi que d’entrées sur embase RCA. Ici, point de pad, de compresseur ou de bande médium. Soulignons que le canal stéréo 11/12 dispose d’un switch Line/USB permettant l’écoute du retour de la STAN.
Parlons maintenant du canal FX Return et des effets intégrés. La MG12XU propose un multi-effet offrant 24 programmes avec des réverbérations types Hall, Room, Stage, Plate, des Delays, des Chorus, un Flanger, un Phaser, un Tremolo, ainsi que quelques effets plus « exotiques » comme une distorsion, un effet « radio », un pitch shifter, etc. La gestion de ces effets se fait via deux potentiomètres, un pour la sélection, l’autre influant sur les paramètres de l’effet sans que l’on sache exactement sur quoi l’on joue. Globalement, la qualité est plutôt au rendez-vous, même si certains effets comme la distorsion ou la voix radio ne nous ont pas réellement convaincus. Comme son nom le laisse supposer, le canal FX Return permet de gérer le retour de ce multi-effet. Pour ce faire, nous disposons d’un potard d’ajustement du niveau du signal envoyé vers le bus auxiliaire 1, du bouton « ON » d’activation du canal, du fader pour le volume du retour d’effet, et enfin des switchs d’assignation au groupe 1–2, au bus stéréo et à l’écoute PFL. À noter que la console dispose d’une entrée pour une pédale optionnelle qui permet d’activer et de désactiver le multi-effet au pied.
Enfin, attardons-nous sur le block principal de cette console. Au niveau de la connectique, nous avons droit aux sorties des 2 circuits auxiliaires, aux sorties des groupes 1 et 2, ainsi qu’à la sortie stéréo Monitor et à la sortie casque, le tout sur Jacks TRS symétriques. Chose peu fréquente pour une console dans cette gamme de prix, la sortie stéréo principale offre le choix entre une paire de connecteurs XLR et une paire de Jacks TRS.
Le canal du groupe 1 et 2 se réduit simplement au fader de volume et aux switchs d’activation de voie et d’assignation au bus stéréo. Pour le bus stéréo, nous avons droit à 2 potards gérant le niveau d’envoi vers les circuits auxiliaires, le bouton d’activation et le fader de volume. Et pour finir, deux rotatifs, l’un ajustant le niveau de la sortie Monitor, l’autre gérant le volume de la sortie casque. À noter qu’un switch permet de basculer la source du circuit Monitor/casque entre le bus stéréo et le groupe 1–2. Un crêtemètre 12 segments surplombe le tout et affiche le niveau des bus stéréo et groupe 1–2 ou le niveau des signaux sélectionnés avec le commutateur PFL.
L’ensemble est on ne peut plus fonctionnel et la qualité est exemplaire pour une console de ce gabarit.
Et le son dans tout ça ?
L’un des petits plus de cette console, c’est sa fonction carte audio USB 2 entrées/2 sorties 24-bit/192 kHz. Loin d’être anecdotique, elle nous permet ici de vous fournir quelques extraits sonores afin que vous puissiez vous faire une meilleure idée de ce que la bête a dans le ventre.
Commençons avec une prise de voix. Le premier extrait est un enregistrement direct au travers de la console sans aucune correction. Le second illustre une utilisation du compresseur avec en sus une légère égalisation (+3 dB pour les bandes aigu et médium, −6 dB dans le grave). Le résultat est largement exploitable, notamment grâce au compresseur qui permet de mieux gérer les écarts de dynamique de cette partie vocale. Notons toutefois qu’un semi-paramétrique aurait permis de mieux gérer les médiums.
- 01 Voix dry 00:22
- 02 Voix wet 00:22
Passons maintenant à une batterie électronique. Le premier exemple est droit dans la console, le second utilise une légère compression avec une égalisation de −3 dB dans les aigus, +3 dans les médiums et +6 dans les graves. Le troisième reprend les mêmes réglages avec en plus une petite dose du troisième programme du multi-effet intégré, à savoir une réverbération « gatée ». Nous remarquons que le compresseur n’est pas forcément « à l’aise » ici, cependant, il rajoute une petite touche de mouvement assez bienvenue. La réverbe est, quant à elle, somme toute bien agréable dans le style 80's.
- 03 Drums dry 00:54
- 04 Drums wet 1 00:54
- 05 Drums wet 2 00:54
Sur une ligne de basse synthétique, l’enregistrement brut fait le job. Une bonne dose de compression avec un joli +15 dB dans les graves permet de lui donner un poil plus de caractère. Enfin, le troisième extrait illustre l’utilisation de l’un des effets intégrés sortant du tout-venant, l’effet « Symphonic ».
- 06 Bass dry 00:33
- 07 Bass wet 1 00:33
- 08 Bass wet 2 00:33
Les deux extraits suivants se penchent sur le cas d’une guitare saturée repiquée via un Shure SM57 devant la gamelle de l’ampli. Le premier exemple est droit dans la console, le second passe par une EQ (+3 dB dans les médiums, −6 dB dans les graves) et utilise une bonne dose du programme de réverbération type « Plate » pour lui donner plus d’ampleur.
- 09 Gtr dry 00:34
- 10 Gtr wet 00:34
Voyons ce que nous pouvons obtenir sur un arpège de synthétiseur. Comme d’habitude, le premier extrait est droit dans la console. Le deuxième utilise une touche d’égalisation (+3 dB dans le haut et −6 dB dans le bas). Le troisième reprend le même réglage avec l’un des Delays intégrés. Le dernier utilise une réverbération de type Hall.
- 11 Synth dry 00:33
- 12 Synth wet 1 00:33
- 13 Synth wet 2 00:38
- 14 Synth wet 3 00:38
Pour finir, nous avons voulu tester la bête en pseudo condition « Live ». Pour ce faire, nous avons repris les exemples droits dans la console réalisés précédemment que nous avons lus avec un ordinateur portable et une carte son ayant suffisamment de sorties séparées pour tout réinjecter dans des tranches de la console afin de mixer l’ensemble. Le résultat est ainsi enregistré sur un autre ordinateur grâce à la fonction USB de la MG12XU. Aucun traitement n’a été appliqué par la suite hormis un dithering pour revenir en 16-bit/44.1 kHz.
Une bande médium semi-paramétrique aurait certainement permis de faire un boulot plus propre ; cependant, il n’y a vraiment pas à rougir en regard du résultat obtenu en un tournemain.
Conclusion
Yamaha n’est pas un débutant en matière de console de mixage, et cette petite MG12XU est une nouvelle fois une belle réussite. Certes, nous rêverions d’en avoir un peu plus comme des médiums semi-paramétriques, des inserts ou une EQ sur le master, mais pour ce gabarit et à ce prix-là, il faut bien avouer que la MG12XU est déjà fort bien pourvue et qu’elle fera largement l’affaire pour sonoriser au mieux de petites formations.
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