La marque de Baton Rouge, USA, décline sa gamme StudioLive, lancée en 2009. Trois nouveaux modèles de tables de mixage, allant de 400 à 650 € environ, sont proposés : AR8, AR12 et AR16. Les prix se situent donc un sérieux cran en dessous de toutes les autres consoles de la famille StudioLive.
L’esprit est toujours là : on a une console doublée d’une interface audionumérique (en USB 2 cette fois-ci), mais la partie console est devenue totalement analogique, différence majeure avec les modèles StudioLive Classic et AI. Oubliez les traitements dynamiques et les EQ paramétriques de quatre bandes pour chaque canal, bienvenue dans la bonne vieille forêt de potards. Exit aussi l’aspect télécommande, il n’y a pas moyen de piloter la console de manière logicielle, on s’en serait douté, pour une petite console analogique.
Aspect général
Les connectiques se situent presque toutes sur le dessus d’un châssis qui donne l’impression d’être plutôt robuste. On ne trouve derrière que l’alimentation et son interrupteur, et le port USB. L’ensemble est compact, les faders sont petits et les potentiomètres rotatifs plutôt proches les uns des autres. Avec des gros doigts, on se sent vite à l’étroit. D’un autre coté, l’intérêt d’avoir une petite surface est son caractère transportable. Avec son poids d’un peu plus de 5 kg, la manutentionner n’est pas trop une galère.
Le code couleur de la machine est sobre, voire austère. Une légère nuance de bleu nous aide à distinguer certains boutons rotatifs de leur voisins. On s’y retrouve quand même assez vite, la surface n’est pas grande et l’architecture analogique rend la « lecture » de la console très facile. Les nouveautés principales, au-delà du port USB, sont la présence d’un emplacement pour carte SD et l’entrée Bluetooth.
Ce qui rentre
Dans la version AR12 testée ici, le nombre de préamplis micro est de huit (quatre pour la AR8 et douze pour la AR16). À côté des XLR femelles, on trouve des jacks symétriques pour les entrées ligne (un seul sur les quatre premières tranches, deux — pour la stéréo — sur les quatre suivantes). En bonus, les entrées ligne des voies 1 et 2 sont aussi des entrées « instrument », à haute impédance, qui permettent de brancher une guitare ou une basse électrique et éviter d’utiliser une boite de direct. Ces deux premières voies possèdent aussi une prise d’insert, sur un seul jack 6,35.
La plage de contrôle de gain des entrées micro est de 50 dB. Dommage qu’on ne dispose pas de VU-mètre pour s’aider à les calibrer. Le seul présent est affecté au master. J’aurais apprécié de pouvoir contrôler plus finement ce qui rentre dans la console avant de le diffuser dans le master. Une diode sert de témoin pour la présence d’un signal en entrée et devient rouge quand ça sature, c’est tout.
Au-dessous du gain et du coupe-bas, avec des potards bleus sur fond « bleu-PreSonus », la section d’EQ affiche ses trois bandes, avec réglage semi-paramétrique pour la bande médium sur les quatre premières voies seulement. C’est un peu juste pour avoir une vraie marge de manœuvre et traiter le timbre des micros avec finesse. Cela suffira peut-être dans un environnement peu contraignant, ce sera plus compliqué de faire les corrections nécessaires pour égaliser correctement le son d’un micro et en même temps atténuer une fréquence qui part en larsen, cas de figure fréquent en live.
Encore au-dessous, nous trouvons les faders. Ils ont un toucher que l’on pourrait qualifier de léger, un peu flottant. Nous ne sommes pas sur les meilleurs composants, nécessité pour rester compétitif en termes de prix. Le soin dans la manipulation et le stockage paraît particulièrement indispensable si on ne veut pas se retrouver avec des faders tordus ou qui frottent quelque part. Leur course est de 60 mm. Difficile d’être précis avec cette taille, petite, mais proportionnée à l’ensemble.
Un Super Canal
À la suite de ces huit tranches traditionnelles, on trouve la « Super Channel » qui dispose comme réglages de : l’envoi dans les bus auxiliaires (sauf le bus FX), la balance, le « mute » et le PFL. Pas d’EQ en vue. En entrée, elle propose, au choix, deux RCA, un mini-jack, la lecture de la carte SD, d’un ordi connecté en USB, ou enfin, une liaison Bluetooth. Cette voie stéréo offre un bon complément de connectique, dont on pourra se servir pour la lecture de backing tracks. Le Bluetooth (version 4.1) ajoute de la convivialité. Ceci dit, ce protocole compresse quand même le son. Il amène par contre la simplicité du sans-fil. Dommage que la section d’EQ soit absente de ce Super Canal, le Bluetooth en a pris la place…
Ce qui sort
Pour faire sortir nos signaux, nous disposons de trois bus auxiliaires, du bus master doublé d’une sortie Control Room, et du circuit PFL qui alimente la sortie casque. Les entrées sont d’office dirigées dans le master, pas de bouton d’affectation associé. On trouve, sur chaque voie, deux contrôles rotatifs pour l’envoi dans les circuits auxiliaires. Comme prévu, les deux notés MON1 et MON2 sont pré-fader et pourront servir, typiquement, pour des retours. Celui appelé FX est post-fader. Ça reste minimal, même si la sortie Control Room est la bienvenue, toujours pratique dans une utilisation en home-studio.
Au-dessus des faders associés aux bus de sortie, on trouve le module d’effets internes proposant 16 traitements numériques au choix. Les effets sonnent plutôt bien et les presets (des réverbes, un chorus, des delays : que du classique) pourront dépanner. Mais en l’absence de paramètres réglables, l’utilisateur devra se contenter des réglages d’usine. À noter que lorsqu’un jack est branché dans la sortie FX, l’effet interne est désactivé (logique en même temps).
Enfin, on note la présence d’un emplacement pour carte SD avec 4 boutons de transport. Il vous permet d’enregistrer la sortie master sans avoir besoin d’un ordi. C’est une véritable solution parallèle d’enregistrement. Celui-ci se fait en Wave 44,1 kHz / 24 bits. On peut ensuite lire ce qui se trouve sur la carte via la Super Channel. Malheureusement, il n’y a aucun affichage d’infos sur le contenu de la carte SD. On se fiera à son oreille ou au nombre de fois qu’on a appuyé sur le bouton « next » pour savoir quelle plage est en train d’être jouée. Malgré ici aussi un côté minimal, c’est appréciable de pouvoir faire des enregistrements à la volée du mix principal dans la console.
La partie numérique
Pour profiter du port USB 2 derrière l’appareil, il faut connecter un ordinateur et installer le pilote disponible sur le site de PreSonus. L’interface du driver, nommée Universal Control, permet juste de régler la fréquence d’échantillonnage et la taille du buffer. On ne contrôle rien de la console elle-même, inversement, n’espérez pas vous servir de la StudioLive AR comme télécommande pour votre STAN préférée.
Le gros atout de la console est de pouvoir envoyer par l’USB toutes les entrées séparément. Avec son ordi, ça devient très simple d’enregistrer en multipiste tout ce qui est connecté aux entrées de la console. Autant de canaux sont créés : pour le modèle AR12, on retrouve nos 12 entrées. S’ajoutent à ça deux canaux supplémentaires pour enregistrer ce qui sort du master. La console reste malgré tout totalement analogique, les signaux ne sont convertis en numérique que pour l’envoi vers la carte SD ou l’USB. Cette conversion est effectuée, pour les entrées, juste après le gain et le coupe-bas (et l’insert pour les deux premières voies), donc pré-EQ et pré-fader. Pour la sortie master, la conversion est post-fader.
Pour le retour des signaux de l’ordinateur vers la console, on a le choix entre deux bus stéréo. Ce nombre reste le même quelle que soit la version de la StudioLive AR. Le premier bus se retrouve sur le Super Channel, le second, sur les voies précédentes, où on devra choisir à l’aide d’un switch entre l’entrée analogique ou le signal numérique venant de l’USB.
Benchmark
Avec les réglages optimaux que permet le pilote, en 96 kHz et 32 samples, sur un MacBook Pro, la latence descend jusqu’à 2,93 ms en entrée et 2,59 ms en sortie, résultat similaire à beaucoup d’interfaces USB de cette catégorie : respectable sans être époustouflant.
L’écart constaté dans la réponse en fréquences se situe à ±0,230 dB pour les entrées au niveau ligne. L’AR12 fait légèrement moins bien que la PreSonus Audiobox iOne (±0,197 dB), mais mieux que la Zoom UAC8 (±0,574 dB).
Pour les entrées micro, avec un gain de 34 dB, la déviation constatée est de ±0,134 dB, à peu près semblable à la Focusrite Scarlett Solo (±0,129). Le résultat est meilleur qu’avec l’Audiobox iOne, mais évidemment moins bon qu’avec des interfaces haut de gamme (±0,025 dB pour l’Apollo 8 d’Universal Audio).
Le taux de distorsion harmonique atteint la valeur de 0,02 % au niveau ligne. Là encore, un résultat prévisible et honnête, pour cette catégorie de matériel.
Elle reste en dessous (< 0,02 %) pour le niveau micro avec 34 dB de gain.
Toujours avec 34 dB de gain, le rapport signal/bruit mesuré est de 99 dB. De manière générale, les résultats révèlent des préamplis sans défauts majeurs, mais dont les performances laissent de la place pour l’amélioration.
Tous ces résultats sont cohérents avec le prix affiché. L’AR12 n’a pas à rougir de ses performances : respectables, sans être exceptionnelles.
Conclusion
Au final, la machine possède vraiment deux profils bien distincts : celui d’une interface audionumérique plutôt bien fournie en canaux d’entrée, et celui d’une petite console analogique assez sommaire. Du point de vue de l’interface audio, c’est vraiment appréciable d’avoir un « direct-out » de toutes les entrées, que l’on récupère dans son logiciel préféré.
En tant que console, son utilisation se limiterait pour moi au home studio ou à la salle de répète. Les faders de 6 cm, les EQ un peu pauvres, l’impossibilité d’affecter le VU-mètre au circuit PFL l’empêche d’être vraiment utilisée en live. La combinaison console/interface reste cependant intéressante à 550 € environ : on a une console analogique un peu plus petite que ce qu’on peut trouver dans cette gamme de prix chez les concurrents, mais avec un fort potentiel pour l’enregistrement.