Voilà une guitare légendaire que l’on ne présente plus, la SG Standard, devenue l’un des modèles best-seller de la marque Gibson, domptée par les plus grands, pour ne citer que quelques noms tels que Angus Young, Pete Townshend, Franck Zappa, j’en passe et des meilleurs. Sauf que celle que nous avons entre les mains est un peu spéciale, car elle est dotée du système Min-ETune, qui accorde automatiquement la guitare ! Voyons tout cela en détail…
Nous connaissons déjà la Gibson Robot, présentée sur le marché vers fin 2007. L’idée proposée par la firme étant de perpétuer le modèle traditionnel tout en y associant une technologie avant-gardiste en matière d’accordage. Néanmoins, chacun sait qu’un nouveau concept ne reste jamais figé, et des ingénieurs ont pris les choses en main, afin de donner naissance à ce nouveau modèle.
Premier coup d’œil !
Avant de pénétrer dans le vif du sujet Hi-Tech, penchons-nous un instant sur les multiples aspects primordiaux d’un tel instrument : la lutherie, les micros et la sonorité ! Dès l’ouverture de l’étui rigide noir habillé d’un revêtement blanc à l’intérieur, la SG en impose immédiatement par sa couleur claire, brillante, présentant ainsi un ensemble d’une parfaite élégance.
Pas de surprise apparente, le modèle SG garde sa forme « diabolique » avec ses deux petites cornes chanfreinées. La finition HC (Heritage Cherry) que nous croisons plus généralement, a cette fois été mise sur le banc de touche pour laisser place à une superbe robe blanche, autrement appelée CW (Classic White), le tout recouvert d’un verni nitrocellulosique brillant du plus bel effet. À ce sujet, il faudra néanmoins veiller à être vigilant car ce dernier est tendre et sensible, donc réactif au contact des plastiques et caoutchoucs synthétiques de certains stands, ainsi qu’à certains produits d’entretien parfois trop agressifs. Mon souhait n’est pas d’établir un procès vis-à-vis des fabricants de stands de guitares, aussi nombreux soient-ils (et là n’est pas le sujet) ; mais il est vrai qu’ayant moi-même déjà rencontré ce phénomène fort regrettable de marquages indésirables sur les vernis ; seuls les modèles de marque Hercules Stands (conçus à l’aide d’une mousse souple adaptée) m’ont totalement séduit et rassuré après avoir constaté de tels désagréments sur d’autres produits concurrents. Je vous laisse donc imaginer la rage qui a pu m’envahir, lorsqu’en reprenant mon instrument après l’avoir entreposé durant une certaine période, j’ai constaté avec désarroi, qu’il me faudrait l’apporter en pèlerinage chez le luthier !
La faible épaisseur du corps en acajou massif annonce une sonorité vive et dynamique, où l’ensemble séduira en priorité ceux étant à la recherche d’un son crunch aux tendances plus Rock.
Le manche collé en acajou massif est monté d’une touche en palissandre. Sculpté de manière représentative des modèles créés dans les années 60, son profil mince nommé « Profil : 60's Slim Taper » (800" à la 1re frette et 875" à la 12e) assure un jeu aisé et rapide. Son diapason est de 24.75 pouces (628.65 mm) pour un radius de 12 pouces (304.8 mm) et une largeur au sillet de 1.659 pouces (43,05 mm).
La touche est sertie de 22 frettes de type medium-jumbo et arbore les traditionnels repères trapézoïdes. Comme sur tous les modèles Gibson, dissimulé sous un cache noir, le réglage du manche avec la vis du Truss Rod se fera au niveau de la tête de l’instrument, juste devant le sillet. La tête et le pickguard sont de taille réduite, une fois encore, dans la pure tradition des années 60, gage de séduction dans le cas présent. L’équilibre général est excellent, la porter est un réel plaisir grâce à sa légèreté. À vide, les vibrations se ressentent sur l’ensemble de la guitare, la résonance des premières notes effleurées est au rendez-vous, laissant présager des sensations et sonorités de haut vol, une fois la bête reliée à l’ampli.
Côté son…
Les deux micros installés sont des Classic 57 Humbuckers, pourvus d’aimants Alnico 2. On constate qu’il est possible d’affiner respectivement leur hauteur grâce aux deux vis de fixation, situées de chaque côté.
L’ensemble est piloté par un sélecteur trois positions. « Treble » étant dédié au micro chevalet (Bridge), « Rhythm » concerne le micro manche (Neck). La sélection intermédiaire n’est pas spécifiée, mais correspondant à l’appellation « Medium », qui a pour rôle d’enclencher en simultané les deux micros. N’oublions pas les quatre potentiomètres placés sur le côté du pickguard, destinés aux réglages du volume et de la tonalité (deux potards par micro). Pour l‘ensemble des exemples audio présentés, ils sont respectivement ouverts à leur maximum.
Que ce soit en clean, overdrive ou saturation musclée, les Classic 57 se révèlent très à l’aise. Ces micros possèdent le velouté, la profondeur, mais aussi beaucoup de caractère. Dès que l’on commence à ouvrir généreusement le canal overdrive, tout en ne négligeant pas une attaque franche en position chevalet, la puissance des riffs les plus rock gronde, tout en y retrouvant une enveloppe ronde et chaude dans les fréquences bas-medium.
Vous trouverez ci-après quelques exemples combinés avec une pédale Boss DS-2, parfois légère, mais aussi boostée jusque dans ses retranchements pour l’obtention d’une saturation gonflée à bloc.
- Gibson SG Standard CW Min ETune 1 00:28
- Gibson SG Standard CW Min ETune 2 00:31
- Gibson SG Standard CW Min ETune 7 8 9 00:26
- Gibson SG Standard CW Min ETune 5 00:09
Mais venons-en au fait…
Les mécaniques « Min-ETune » !
Voici l’instant tant attendu, où la question de l’innovation ou du gadget se présente ! Avant cela, il est bon de savoir que la devise de Gibson en réalisant ce modèle, se dirige vers l’obtention de réglages de précision, tout en améliorant le sustain global. Sur le papier, nous ne pouvons être que charmés, mais qu’en est-il réellement ?
Tout d’abord, on reste toujours dans le traditionnel avec le cordier Stopbar et le chevalet Tune-O-Matic qui accueillent les cordes à la perfection.
Mais c’est sur la Cross que l’essentiel se distingue ! Le cœur de cette technologie est centralisé dans un boîtier situé à l’arrière de la tête, au centre des six mécaniques dites « tulipe » de style vintage, installées en 3×3.
En effet, nous sommes en présence de ce tout nouveau système nommé « Min-ETune ». À première vue, cela semble assez compliqué à utiliser, mais en fait, il n’en est rien. On distingue six lettres inscrites clairement qui représentent le nom de chacune des cordes dans un accordage standard, à savoir E-A-D-G-B-E (Mi-La-Ré-Sol-Si-Mi). Sachant que de gauche à droite, il s’agit respectivement de la mi-aigüe vers la corde mi-grave. Ensuite, le sélecteur (en bas à droite) permet de rentrer dans le menu. Une fois celui-ci sélectionné par l’action d’une impulsion, les lettres s’illuminent et permettent ainsi de rappeler l’accordage en cours. De là, on entre dans le « menu sélection » par le biais d’une seconde pression sur ce même bouton, il n’y a plus qu’à choisir un autre accordage en se déplaçant sur le sélecteur directionnel, pour finalement le valider en son centre. Et le tour est joué !
Deux codes couleur permettent de sélectionner les 12 types d’accordages « usine » proposés : Standard, OPEN E, DADGAD, OPEN A, LOW D, OPEN D, DROP D, OPEN G, Eb, DOBRO, DOUBLE DROP D et ALL 4th. Une troisième couleur (bleue) offre la possibilité de créer et stocker jusque six autres accordages de son choix dans la mémoire interne.
J’avoue qu’il m’a été nécessaire de lire attentivement le guide d’utilisation (livré avec la guitare et/ou téléchargeable en ligne sur le site Gibson), au passage, très clair ; afin de comprendre au mieux la manipulation de l’engin et de saisir les différentes combinaisons réalisables lors de cette première approche.
Pour les exemples qui suivent, je me suis dirigé vers des accordages en Open Tuning, où un point sombre s’est présenté au tableau. Les cordes montées à l’origine sont de tirant 10–46, et il faut avouer que sur certains Open, le flottement se fait sentir et apporte souvent quelques problèmes de justesse. Vous pourrez le constater sur l’exemple 6, volontairement laissé ainsi et audible sur certains accords ouverts. En effet, pour un accordage standard, elles sont parfaitement adaptées ; mais plus délicates sur d’autres. Existe-t-il réellement « le » jeu de cordes qui permettra d’exploiter l’intégralité de cet instrument ?! J’émets quelques réserves à ce sujet. Autre point important, à tout moment les mécaniques sont ajustables manuellement avec souplesse. Je m’attendais pourtant à ce que les moteurs installés m’empêchent de les tourner librement, mais il n’en est rien. Toutefois, un élément m’a dérouté, les trois mécaniques des cordes graves se manipulent dans le sens inverse, comparé à celles installées sur les modèles traditionnels. Mais après quelques heures de jeu et plusieurs farandoles verbales, cela devient un automatisme de les manœuvrer.
- Gibson SG Standard CW Min ETune 3 00:41
- Gibson SG Standard CW Min ETune 4 00:14
- Gibson SG Standard CW Min ETune 6 00:35
En conclusion
Cette Gibson SG a indéniablement tous les atouts qui en ont fait la légende d’aujourd’hui. Les micros Classic 57 Humbuckers embarqués sur ce modèle standard apportent une sonorité à la fois tranchante et expressive. Dotée d’une technologie d’accordage de pointe, autant vous dire qu’avec cette guitare, la palette sonore est au rendez-vous… Nous sommes donc quasi sur un sans faute. L’accastillage entièrement chromé, la finition blanche recouverte d’un verni nitro-cellulosique, ça en jette un max !
L’ensemble est bien réglé, on est conquis par le confort du manche, ce qui rend le jeu aisé tant en rythmique qu’en chorus. Tout musicien pourra y trouver son bonheur, en veillant toujours à lui installer le tirant de cordes adéquat en fonction des Open qui seront utilisés le plus fréquemment. Enfin, le tarif proposé avoisine en moyenne les 1400€. Que puis-je vous dire de plus, sauf de ne pas vous priver de l’essayer, vous pourriez être agréablement surpris par ses possibilités et sa musicalité.