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Pédago
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L'enregistrement par parties - 1re partie - Le guide de l’enregistrement - 80e partie

Cette semaine, je vous propose de découvrir une technique de travail qui vous permettra dans certains cas bien spécifiques d'améliorer significativement la qualité de vos captations. Cette façon de procéder n'a pas réellement de nom à ma connaissance, aussi, pour les besoins de cet article, je l'ai baptisée "l'enregistrement par parties". Certains peuvent croire que je fais probablement allusion à la méthode dite du "punch in / punch out", pourtant il n'en est rien et nous aborderons d'ailleurs celle-ci à l'occasion d'un prochain épisode. Mais alors, de quoi s'agit-il exactement ? C'est ce que nous allons voir de ce pas...

L'enregistrement par parties - 1re partie : Le guide de l’enregistrement - 80e partie
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Partie Time

L’en­re­gis­tre­ment par parties est une tech­nique somme toute simple à comprendre : lorsque vous avez un instru­ment dont le son change de façon dras­tique à une ou plusieurs reprises dans un morceau, au lieu de l’en­re­gis­trer d’une seule traite, vous allez capter sépa­ré­ment ces diffé­rentes sections. Pour être plus clair, voyons cela au travers d’un exemple concret. 

Imagi­nons une guitare élec­trique jouant un arpège en son clair sur les couplets, puis passant à des power chords dégou­li­nants de distor­sion lors des refrains. En situa­tion live, le guita­riste passe­rait du couplet au refrain en acti­vant simple­ment une pédale de disto ou en chan­geant de canal sur son ampli, puis revien­drait au son clair en effec­tuant la manoeuvre inverse le moment venu. Or ici, je vous propose de lui faire enre­gis­trer dans un premier temps toutes les parties « cleans » sur une piste, puis, dans un second temps, toutes les parties satu­rées sur une autre piste. 

Enregistrement 80 2

Mais quel est l’in­té­rêt de la manoeuvre ? Eh bien tout d’abord, cela permet d’évi­ter les erreurs de « timing » lors du déclen­che­ment des éven­tuels effets contri­buant au chan­ge­ment sonore de l’ins­tru­ment. Si nous repre­nons l’exemple précé­dent, il peut arri­ver que le guita­riste soit légè­re­ment en avance ou en retard lors de l’ac­ti­va­tion / désac­ti­va­tion de la distor­sion. Avec l’éner­gie d’une perfor­mance live, cela peut parfois passer rela­ti­ve­ment inaperçu. Sur un enre­gis­tre­ment en revanche, même les oreilles les moins aver­ties repé­re­ront la bavure au bout d’un tout petit nombre d’écoutes ! Avec un enre­gis­tre­ment par parties, ce problème est tout simple­ment absent de fait.

Deuxième avan­tage, et pas des moindres, l’en­re­gis­tre­ment par parties vous permet­tra d’op­ti­mi­ser la capta­tion pour chacune des sections. En effet, non seule­ment vous pour­rez à chaque fois opti­mi­ser les niveaux d’en­re­gis­tre­ment, mais vous aurez égale­ment l’oc­ca­sion de travailler votre son à la source de façon plus perti­nente. Concrè­te­ment avec l’exemple de la guitare élec­trique évoqué plus haut, cela pour­rait se traduire par la guitare en micro cheva­let et l’uti­li­sa­tion d’un micro statique à large membrane placé à une quin­zaine de centi­mètres de l’am­pli pour un son équi­li­bré, aéré et cris­tal­lin sur les arpèges, alors que sur les refrains, vous bascu­le­rez la guitare sur le micro manche en employant un micro dyna­mique collé au HP de l’am­pli pour jouer avec l’ef­fet de proxi­mité et obte­nir un son saturé bien gras. Plutôt inté­res­sant, n’est-ce pas ?

Enfin, le dernier avan­tage inter­vien­dra lorsque vous attaque­rez le mixage. Rappe­lez-vous que cette tech­nique s’em­ploie sur les instru­ments dont le son change de façon dras­tique à un moment donné ou à un autre, ce qui dénote au niveau de la compo­si­tion une certaine envie de rupture et de contraste dans la narra­tion. Avec l’op­ti­mi­sa­tion de la capta­tion pour chacune des parties, vous vous assu­rez déjà une certaine effi­ca­cité dans cette rupture. Mais dites-vous bien qu’avec chacune des parties enre­gis­trées sur des pistes diffé­rentes, il vous sera possible de renfor­cer encore plus l’im­pact de ce contraste en appliquant des trai­te­ments diffé­rents pour chacune d’entre elles, qu’il s’agisse de l’EQ, de la gestion dyna­mique, des réverbes et / ou delays, ou même simple­ment des volumes ou pano­ra­miques. Elle n’est pas belle la vie ?

Enregistrement 80

Bien sûr, cette méthode a aussi plusieurs incon­vé­nients. En premier lieu, sa mise en pratique néces­site un travail supplé­men­taire de la part de l’ins­tru­men­tiste car, de fait, il n’a certai­ne­ment pas l’ha­bi­tude de jouer ces sections de façon sépa­rées. Ainsi, il lui faudra proba­ble­ment s’exer­cer afin de conser­ver son « enga­ge­ment » et rester à tout prix dans l’es­prit du morceau pour chacune des parties. Un musi­cien rompu à la pratique de l’en­re­gis­tre­ment en studio n’aura certai­ne­ment aucun problème avec ça mais il me semble impor­tant de souli­gner la chose pour les moins aguer­ris d’entre vous. En effet, l’in­ter­pré­ta­tion reste à mes yeux le prin­ci­pal vecteur émotion­nel d’une musique, alors à quoi bon mettre en oeuvre cette tech­nique pour gagner en qualité sonore et en impact si c’est au détri­ment du jeu ? La narra­tion n’en ressor­ti­rait pas gagnante, ce qui irait à l’en­contre du but de la manoeu­vre…

Ensuite, toujours du point de vue narra­tif, il faut bien garder à l’es­prit que l’en­re­gis­tre­ment par parties implique certaines choses qui ne sont pas forcé­ment dési­rables selon « l’his­toire musi­cale » que vous cher­chez à racon­ter. Pour mieux comprendre mon propos, je vous invite à lire ou relire cet article de notre guide du mixage. Si nous repre­nons l’ana­lo­gie ciné­ma­to­gra­phique, utili­ser l’en­re­gis­tre­ment par parties en lieu et place d’une capta­tion en continu revient quelque part à intro­duire un nouveau person­nage dans le scéna­rio… À vous de voir si cela est cohé­rent avec votre « script musi­cal ». 

Dans le même ordre d’idée, mais abordé de façon plus simple, nous pour­rions dire qu’un enre­gis­tre­ment continu puise son éner­gie dans son aspect « perfor­mance live réaliste » alors que l’en­re­gis­tre­ment par parties privi­lé­gie l’as­pect « titre produit » pour atteindre une plus grande puis­sance sonore. Tout est donc une ques­tion de direc­tion artis­tique fina­le­ment, ni plus, ni moins.

Pour conclure, sachez que l’uti­li­sa­tion de cette tech­nique peut égale­ment induire un travail supplé­men­taire d’ar­ran­ge­ment au niveau des arti­cu­la­tions entre chaque partie… Mais nous verrons cela la semaine prochaine !

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