Dans l'épisode du jour, nous allons voir en détail comment faire pour mettre en oeuvre la technique de l'enregistrement par parties de façon à ce que le rendu soit le plus naturel possible.
Lego Technic
Comme je vous le disais la semaine dernière, l’enregistrement par parties consiste à enregistrer séparément des sections d’un même instrument lorsque le son de ce dernier change de façon drastique à certain moment afin d’optimiser le résultat final. L’utilisation de cette technique impose une réflexion quant à la manière de passer d’une section à une autre. Évidemment, la question ne se pose pas lorsqu’il y a un silence entre les différentes parties. En revanche, lorsque ces sections se suivent directement, il faut impérativement réfléchir en amont pour obtenir un enchaînement le plus fluide et le plus naturel possible. À première vue, il n’y a que deux possibilités : soit une coupure franche et nette, soit un passage plus progressif. Sauf qu’en réalité, la deuxième possibilité implique quelques subtilités que nous verrons tout à l’heure…
Concernant le premier cas, l’affaire est simple : la dernière note jouée sur la première partie (A) s’arrête aussitôt que la première note de la seconde partie (B) fait son apparition. Cette façon de faire est idéale lorsque l’articulation entre A et B prend la forme d’un « break » rythmique. En effet, cela accentue la sensation de rupture et de contraste entre les parties, ce qui va alors complètement dans le sens de l’arrangement musical. Notez que cette solution est également celle qui se rapproche le plus du jeu « live » de fait, ce qui peut être intéressant.
Pour le deuxième cas, l’histoire est un peu plus compliquée… L’idée générale consiste à fondre la fin de la partie A avec le début de la partie B. Pour ce faire, il y a plusieurs possibilités.
La première se résume à laisser sonner la dernière note de A alors même que la partie B commence. Cette dernière note de A s’éteindra naturellement, avec au besoin un petit coup de main via l’édition d’un « fade out », et la transition se fera alors tout en douceur.
Une deuxième possibilité consiste à faire jouer au « premier instrument » de la partie A la première note de la partie B en même temps que le « deuxième instrument ». Une fois encore, la mort naturelle ou assistée via « fade out » de la partie A rendra la transition fluide et naturelle.
Tout cela est bien beau, mais il y a un hic… En effet, il arrive que l’enchaînement entre A et B s’accompagne d’une modulation harmonique. Or, un tel changement peut disqualifier d’office la première possibilité lorsque la dernière note jouée de la partie A ne colle pas avec l’harmonie de la partie B. Dans ce cas, la deuxième méthode s’impose.
Enfin, la dernière possibilité consiste à faire commencer la partie B légèrement en avance sur la fin de la partie A en guise d’amorce. Cette solution est à plébisciter lorsque vous cherchez à annoncer une montée en puissance. Attention cependant au problème de modulation harmonique éventuel, il vous faudra peut-être « composer » un petit pont additionnel pour éviter la fausse note…
Précisions
Pour conclure ce chapitre sur l’enregistrement par parties, je tiens une nouvelle fois à souligner qu’il ne s’agit pas là d’une technique obligatoire et qu’il convient de l’employer uniquement lorsque le son de l’instrument concerné change de façon drastique. Pour être plus clair, cela ne s’applique pas par exemple aux changements de dynamique dans une voix chantée car de telles variations font pleinement partie de l’interprétation musicale. Si la distinction vous paraît encore floue, voici quelques cas pour lesquels j’emploierais cette technique :
- Guitare folk en arpège vs. jeu en « strumming » ;
- Chant vs. rap ;
- Basse « clean » vs. basse saturée et / ou slap ;
- Batterie au balais vs. jeu avec baguettes ;
- etc.
Dans l’ensemble de ces cas, les changements sonores sont conséquents et le recours à l’enregistrement par parties peut donc avoir un intérêt certain.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un épisode consacré à la technique du « punch in / punch out ».