Le long chapitre consacré à l'enregistrement de la guitare électrique est à présent terminé. Ceci étant, les articles des semaines à venir traiteront de sujets qui auraient tout aussi bien pu s'intégrer à ce dernier. J'ai cependant fait le choix de les séparer clairement du reste car la portée des sujets qui y seront abordés dépasse largement le cadre de la six cordes. Ainsi, la fin de l'épisode précédent avec la question des simulations d'amplis m'amène par extension à dédier un article au monde des instruments virtuels. En effet, l'utilisation d'un certain nombre de VSTi est extrêmement courante dans les productions entièrement réalisées "à la maison". Or, il se trouve que la meilleure façon d'aborder le travail avec ce type d'outils se résume bien souvent aux méthodes que nous appliquerions si nous avions à réellement enregistrer l'instrument physique…
Virtuellement vôtre
Je ne parlerai pas ici du MIDI et de sa gestion pour obtenir un rendu plus humain, ce sera peut-être le sujet d’un prochain article. Aujourd’hui, nous allons juste nous concentrer sur le rendu sonore des instruments virtuels à proprement parler.
Qu’il s’agisse de basses, de batteries, de guitares, de pianos, de sections de cordes, ou autre, il faut bien garder à l’esprit que ces instruments virtuels n’essayent pas la plupart du temps de reproduire le son réel de l’instrument mais plutôt le rendu de la captation de l’instrument. Pour être plus clair, le but est de restituer le son issu de l’enregistrement dudit instrument par un ou plusieurs micros/préamplis/etc. et non pas de reconstituer la sensation d’écoute que l’auditeur aurait s’il était réellement en présence du musicien jouant devant lui. Mine de rien, cette distinction est d’une importance capitale car elle conditionne la façon dont vous devez aborder le travail avec ces logiciels. En effet, beaucoup d’entre eux offrent des possibilités assez exceptionnelles quant à la gestion de la « captation virtuelle » de l’instrument. Ainsi, il convient d’envisager les choses comme si vous étiez vraiment en train de faire l’enregistrement dans votre studio ! Cela ne vous paraît pas clair ? Qu’à cela ne tienne, voyons la manoeuvre un peu plus en détail…
Marche à suivre
Comme toujours, la règle d’or numéro un s’applique : le son de la source doit être aussi proche que possible du résultat final que vous souhaitez obtenir. Dans le cadre de l’utilisation des instruments virtuels, cela implique donc de commencer par bien choisir celui à utiliser. À quoi bon travailler avec un VSTi de piano à queue sauce Steinway si votre morceau nécessite un son typé « honky-tonk » ? Ou bien encore, quel est l’intérêt d’utiliser une batterie équipée d’une grosse caisse de 26" si vous souhaitez produire un bon vieux jazz bien « smooth » ? Bref, vous avez saisi l’idée : sélectionner soigneusement l’instrument virtuel à employer en fonction de vos objectifs sonores est une étape essentielle qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère. Je me permets d’insister lourdement sur ce point car, en règle générale, lorsqu’une personne utilise une version virtuelle de tel ou tel instrument, c’est qu’il ne pratique absolument pas ledit instrument. Malheureusement, la personne est alors bien trop souvent beaucoup moins exigeante au regard du choix du VSTi… Par exemple, là où un guitariste verra clairement une différence sonore entre une Stratocaster et une Telecaster, un batteur ne verra qu’une guitare électrique et ne s’attardera même pas sur les micros double ou simple bobinages, etc. Inversement, un gratteux ne s’intéressera que rarement au diamètre des fûts d’une batterie pourvu que ça cogne. J’ai bien conscience du côté caricatural de cet exemple mais il est malheureusement assez proche de la réalité… Moralité, essayez de faire particulièrement attention à vos instruments virtuels, surtout s’il ne s’agit pas de votre instrument de prédilection !
La deuxième chose à faire consiste à consciencieusement adapter la réponse de l’instrument virtuel en fonction de la vélocité des notes MIDI, si tant est que le VSTi propose une telle option. En effet, ce travail permet de mieux gérer la réponse dynamique de l’instrument au jeu, ce qui optimisera le rendu de ce point de vue et devrait donc faciliter le mixage en limitant le recours aux traitements de la dynamique.
Le troisième point se résume au travail de la captation virtuelle. Choisissez les « micros virtuels » et placez-les comme vous le feriez dans la réalité afin d’obtenir le son désiré. Si votre VSTi vous laisse également la main sur le type de préampli micro utilisé, faites encore une fois ce choix en gardant à l’esprit la pâte sonore recherchée.
De plus en plus d’instruments virtuels disposent également de traitements en interne, comme des égaliseurs, des compresseurs, etc. Personnellement, je n’aime pas trop les utiliser à ce stade et préfère largement réserver cela au mixage lorsque je me retrouve aux manettes d’outils dont j’ai l’habitude, et donc une meilleure maîtrise. Cependant, si vous vous sentez suffisamment à l’aise avec ces traitements internes et que cela vous rapproche encore plus de vos objectifs, grand bien vous fasse !
Pour finir, une remarque concernant les niveaux de sortie des instruments virtuels. Pour une raison qui m’échappe, quasiment tous les VSTi produisent de base un niveau de cheval… Or, comme nous l’avons déjà vu lors de la série d’articles sur le mixage, ce n’est pas vraiment quelque chose de souhaitable pour travailler sereinement avec les plug-ins d’égalisation, de compression, ou autres qui suivront. Aussi, je vous invite grandement à porter une attention toute particulière aux niveaux de sortie de vos VSTi afin que ces derniers attaquent les traitements ultérieurs de façon convenable.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !