Toujours plus fonctionnel, toujours plus puissant, Sonar arrive dans sa cinquième version. Une mise à jour majeure à la sauce VariPhrase, qui permet de comprendre pourquoi ce séquenceur reste le préféré des américains.
Toujours plus fonctionnel, toujours plus puissant, Sonar arrive dans sa cinquième version. Une mise à jour majeure à la sauce VariPhrase, qui permet de comprendre pourquoi ce séquenceur reste le préféré des américains.
|
Dans la guerre que se livrent les éditeurs de séquenceurs audionumériques, Cakewalk, leader aux Etats Unis mais minoritaire en Europe, avait effectué chez nous une belle remontée avec Sonar 4, une version proposant des fonctionnalités absentes de bien des produits concurrents (dont une gestion relativement exhaustive du surround).
On a l’impression que c’était hier et voilà déjà Sonar 5 qui arrive. Cette nouvelle mouture blindée de fonctionnalités alléchantes et de plug ins savoureux va t-elle enfoncer le clou ? Nous allons voir ce qu’il en est avec l’étude de la version Producer Edition, la plus complète de la gamme Sonar.
Première impression
Pas de changement d’habitude chez Cakewalk. Sonar est livré dans une belle boîte avec un gros manuel papier en plusieurs langues, bien fichu et clair. Celui-ci se partage en tutoriaux qui permettent une prise en main rapide des fonctions essentielles et un panorama complet des nouvelles fonctions. Comme toujours, il est plus que souhaitable de lire le manuel. Mais les utilisateurs de versions précédentes, et notamment de la version 4, ne seront pas perdus. Après l’installation aisée du logiciel, on retrouve en effet un environnement familier dans lequel on peut immédiatement travailler.
Pourtant, des changements sautent déjà aux yeux, à commencer par les couleurs. Bien que ces dernières n’occasionnent pas de bouleversement fondamental, je ne peux pas dire que la palette de base m’ait particulièrement enthousiasmé.
La chose n’a rien de gênant car -c’est une nouveauté- on peut désormais intégralement paramétrer les couleurs de l’interface. Pratiquement chaque élément du logiciel peut ainsi recevoir une teinte définie par l’utilisateur cependant qu’on peut aussi utiliser des ensembles préétablis. Les transfuges d’autres séquenceurs pourront donc retrouver la gamme chromatique de leur (ancien) logiciel favori!
Bien vu, d’autant qu’au rayon cosmétique, on a droit à d’autres raffinements, comme les icônes de piste. C’est le genre de truc bête dont on ne voit pas forcément l’intérêt… jusqu’à ce qu’on l’utilise. Et on se demande ensuite comment on a pu s’en passer…
On peut donc affecter un visuel à chaque tranche, que ce soit en vue pistes ou dans la console. Une collection conséquente d’icônes est fournie avec Sonar, parfaitement classée par type d’instrument. Celles-ci sont belles, lisibles, et variées au point qu’on peut très bien avoir différents visuels pour plusieurs pistes de caisse claire. Mais surtout, on peut aisément ajouter ses propres icônes : il suffit de mettre dans le répertoire correspondant des images au format *.bmp. Ainsi, sur les projets de mon album, chaque piste de voix avait droit à la photo de son interprète.
Pratique, même si les progrès cosmétiques sont loin d’être l’essentiel de cette cinquième version, qui se veut plus ergonomique que jamais.
Easy to use…
La gestion des vues et des dossiers de pistes a ainsi été grandement améliorée. Il est devenu beaucoup plus facile de déplacer une piste vers un dossier ou de l’en sortir. Autre grosse nouveauté : la possibilité, enfin, d’éditer le contenu de pistes MIDI directement dans la vue Pistes, sans ouvrir de fenêtre supplémentaire (ndrc : comme dans Cubase SX 3 qui lui-même a piqué l’idée à Tracktion…).
De même, on peut noter que bien des éléments déjà présents dans la version 4 ont été largement améliorés. Ainsi, l’édition élastique des clips se trouve bonifiée sur bien des points. La jonction de clips adjacents (pour ne pas laisser de « blanc » sur la piste) se fait par exemple en un clin d’œil. Cela n’a rien de vraiment nouveau, mais tout fonctionne mieux, avec plus de précision.
L’outil 'mute’ a lui aussi subi un petit lifting. Rappelons qu’il permet, par simple cliqué-glissé, de muter une portion de clip (sans nécessiter aucun découpage de ce dernier). Cet outil est une pure merveille de productivité quand on veut, par exemple, réaliser un montage entre plusieurs prises d’une même piste ou encore nettoyer tous les bruits de prise dans les silences. Dans la version précédente, l’utilisation de cette fonction devenait parfois problématique quand le clip avait été découpé et qu’une section avait été mutée dans sa globalité. Il devenait alors souvent impossible de muter des portions directement à la souris. Désormais, tout fonctionne parfaitement et le gain de rapidité que cette amélioration procure est énorme.
Au rang des déceptions, on évoquera toutefois le magnétisme des bords de clips qui ne fonctionne bien qu’à de faibles échelles de zoom. Curieux quand on sait que le magnétisme fonctionne très bien lors du déplacement de clips, y compris à des échelles très grandes.
A ce propos, précisons qu’une fois l’option cochée, toute édition se fait systématiquement aux points zéro de la courbe d’onde. De quoi éviter les clics audio ravageur ou s’abstenir de mettre systématiquement un fade in en début de clip.
Finissons sur ce point en précisant que le tracé des enveloppes d’automation a, lui aussi, fait l’objet de sympathiques amélioration. On peut par exemple sélectionner une portion de clip et « encadrer la sélection » pour que des noeuds soient alors automatiquement créés au niveau de la sélection. On peut également dessiner des enveloppes avec des courbes (sinusoïdales, carrées, etc.) synchronisées au tempo.
En dépit de ces notables progrès, le travail sur les enveloppes peut encore gagner en souplesse et en possibilités. Si leur tracé est devenu aisé, leur édition reste (comme dans la plupart des séquenceurs) assez fastidieuse dès lors que plusieurs courbes se chevauchent sur une même piste. On aimerait choisir de ne travailler que sur une enveloppe et « verrouiller » les autres, ou encore pouvoir utiliser l’outil de sélection de Sonar pour sélectionner des ensembles de noeuds selon des critères.
Restez groupés !
Frisant la perfection, la gestion des groupes de commandes (par exemple, les mute de pistes ou les faders de volume) permet désormais de supprimer tout un groupe par un de ses éléments. De plus, Sonar nous indique (enfin !), par un astérisque, quels groupes sont ou ne sont pas utilisés. A ce sujet, précisons que l’affichage des couleurs de groupes dans les pistes et la console est bien plus lisible qu’auparavant.
Mais le mieux, ce sont encore les « groupes rapides ». Chaque piste comporte un onglet de sélection dédié à cette fonction (indépendant de la sélection de piste elle-même). Il suffit de sélectionner plusieurs pistes par ces onglets pour que leurs commandes se retrouvent groupées. On peut ensuite, à tout moment, supprimer le groupe rapide, y ajouter ou en retrancher des pistes, ou encore le transformer en groupe permanent. Vu que la quasi totalité des paramètres de pistes, y compris l’égaliseur, est prise en compte par le groupe rapide, je vous laisse imaginer le temps gagné pour, par exemple, travailler l’égalisation d’une piste doublée !
Une foule d’autres fonctions permettent de gagner un temps fou sur des petites opérations que l’on réalise sans cesse. On peut, par exemple, cloner plusieurs pistes simultanément, ou encore verrouiller la hauteur d’affichage d’une piste qui n’est alors plus affectée par les variations de zoom.
MIDI ergonomique
Avec Sonar 4, l’édition MIDI en piano roll était parfois agaçante. Selon les échelles auxquelles on travaillait, on avait vite fait de glisser une note sur le ½ ton voisin. Ce n’est plus le cas avec cette version 5 car, en plus de l’habituelle grille magnétique horizontale, on dispose désormais d’une sorte de grille verticale qui contraint les mouvement selon une gamme et une tonalité définissable (Sonar en propose une très grande variété et l’on peut aisément créer ses propres gammes pour les ajouter à la base.). La chose est d’autant plus intéressante qu’on peut choisir le comportement des notes qui sont hors de la gamme (ajustement au degré supérieur, inférieur ou au plus proche), cependant qu’on peut bien sûr forcer la prise en compte de ces dernières.
L’édition des contrôleurs, qui était un calvaire dans les versions précédentes, est devenue un vrai bonheur. On peut en effet afficher simultanément les contrôleurs que l’on souhaite, soit dans la zone des contrôleurs, soit directement sur la grille de piano roll, ce qui facilite grandement l’édition simultanée de plusieurs contrôleurs.
Autre détail appréciable, l’édition des notes en mode piano roll a été considérablement facilitée : il suffit de mettre la souris sur une note pour voir s’afficher les informations essentielles la concernant : début, fin, vélocité…
Bref, l’édition MIDI a fait d’indéniable progrès mais qui ne sont rien en regard des évolutions côté audio.
Audio performant
Cakewalk a en effet complètement revu le moteur audio de Sonar et une version beta 64 bits est déjà proposée à l’essai par Cakewalk depuis plusieurs mois, pour les geek qui auraient déjà installé le Windows XP 64 de Microsoft. Dans la version que nous testons, seul le calcul interne se fait sur en 64 bits. Qu’est-ce que cela implique ? Tout simplement une bien plus grande précision dans tous les calculs de traitements, ce qui devrait procurer une meilleure qualité sonore au logiciel et limiter considérablement les risques de saturations numériques.
Cette version peut donc tourner en calcul en 64 bits sur des machines 32 bits (Windows XP) mais est également prête pour les machines 64 bits (Windows XP x64). A ma connaissance, Sonar est le premier séquenceur généraliste prêt pour cette technologie.
A ce propos, un point important est à noter : sur de mêmes projets, je n’ai pas noté de différence de consommation de ressources entre la version 5 et la version 4. On peut donc penser qu’il y a eu un gros travail d’optimisation puisque l’on fait tourner plus de fonctions à charge processeur égale.
D’ailleurs, puisqu’on en est à parler de ressources CPU, notons qu’une fonction fonction a été implémentée pour gagner de la ressource processeur dans le cadre d’un travail sur de la vidéo. En effet, le flux vidéo peut désormais être envoyé vers un périphérique externe DV muni d’une interface IEEE 1394 (FireWire). Il faut pour cela que la vidéo soit au format DV-AVI, mais si ce n’est pas le cas, Sonar permet d’assurer la conversion. Enfin, une fois le projet terminé, on peut exporter directement audio et vidéo vers le périphérique externe, même s’il est à cassette.
Enfin, pour clore ce chapitre sur les performances du soft, il convient de préciser l’efficacité de la fonction 'Freeze’ intégrée au logiciel. Rappelons que le fait de geler une piste consiste à effectuer un rendu audio des effets et/ou instruments virtuels utilisés sur cette dernière pour décharger le processeur des calculs en temps réel. L’audio « freezé » reste éditable, tandis que l’on peut aussi « défreezer » et « refreezer » rapidement une piste, pour y ajouter un plug-in par exemple.
VST Natif
Côté plug justement, on notera le support du format VST en mode natif. Il n’est donc plus besoin de passer par le VST Adapter qui « transformait » les plug-ins VST en DX. Personnellement, la chose ne m’a jamais posé problème, mais il semble que des utilisateurs rencontraient parfois des difficultés avec certains instruments virtuels. On peut désormais penser que ceci appartient au passé, même si d’après des commentaires lus dans les forums, il subsisterait encore ça et là quelques problèmes de compatibilité.
En s’attelant au problème, Cakewalk a toutefois levé une barrière psychologique & marketing qui pouvait en faire hésiter certains quant à la migration vers Sonar, tout en rendant l’usage de plug-in plus simple, plus transparente.
En parlant de transparence, il faut préciser que le logiciel est également capable de contenir dans un seul et même projet des fichiers audio à différentes résolutions et fréquences d’échantillonnage. En d’autres termes, même si vous travaillez en 24/96, vous pouvez importer directement un fichier 16/44 ou 24/44 sans qu’aucune conversion ne soit nécessaire. Le soft supprime aussi automatiquement le DC offset à l’enregistrement, ce qui contribue largement à améliorer le rapport signal/bruit des pistes, donc la qualité sonore.
Pistes Modèles
Toujours pour gagner du temps, on peut désormais, lorsqu’on insère une nouvelle piste, soit partir d’une piste vierge, soit partir d’un modèle de piste, lequel comporte non seulement tous les paramètres de pistes (jusqu’aux réglages d’E/S), mais également des plug-ins. Si par exemple vous avez l’habitude d’enregistrer une piste de basse en utilisant telle entrée de votre carte son, en la routant vers tel bus, en insérant dessus tel ou tel auxiliaire et un certain nombre de plug-ins, il suffit de le faire une fois puis, via un clic droit, l’"enregistrer comme modèle de piste", et vous n’aurez plus qu’à rappeler ce modèle à chaque fois que vous voudrez enregistrer une piste de basse.
Le logiciel est évidemment livré avec un certain nombre de presets et on peut bien sûr sauvegarder ses propres modèles. Encore une foule de petites opérations qui ne seront plus à répéter x fois, cependant que du côté des modalités de traitement audio, l’ami Sonar 5 nous réserve aussi quelques belles surprise.
Traitement orienté objet
Sonar 5 reprend en effet une fonction que les utilisateurs de Samplitude connaissent bien. Chaque clip peut être traité comme un objet indépendant et dispose désormais de son propre rack d’effet. Pour ceux qui ne connaissent pas Samplitude (ou son petit frère Magix Audio Studio), c’est mine de rien une fonction hyper pratique.
Des exemples ? Vous avez dans votre projets plein d’évènements audio courts. De simples samples de bruitage par exemple qui n’interviennent qu’une ou deux fois dans le projet. Logiquement, dans tout séquenceur, il faudrait quand même une piste par son différent pour que chacun dispose de ses propres effets. Avec Sonar, on peut mettre tous ces sons sur une même piste en affectant à chacun des effets qui lui sont propres.
Autre exemple : sur une piste de voix, vous ne souhaitez pas mettre de délai, sauf sur un mot en fin de phrase. Habituellement, on gérerait ça avec une automation. Là, il suffit de découper le mot en question pour en faire un clip indépendant et lui affecter le délai souhaité.
Un apport qui, à lui seul, pourrait justifier l’upgrade vers cette version 5, mais qui se voit eclipsé par la vraie star de cette mise à jour : un certain V-Vocal.
Avec un V, comme VariPhrase !
On en vient à la nouveauté qui m’a le plus bluffé dans Sonar 5 : le V-vocal, qui n’est autre qu’une intégration de la technologie VariPhrase de Roland.
Qu’est-ce que cette technologie VariPhrase ? Il s’agit d’un procédé développé par Roland qui permet de traiter la hauteur, les formants, la durée et la dynamique d’un son, ceci de façon indépendante pour chaque élément. Un algorithme de time-stretch de plus ? Pas tout à fait puisque de ce côté, Sonar intègre les algorithmes MPEX de Prosoniq. Disons qu’on est dans une approche à la Melodyne. Voyons concrètement comment ça se passe.
Si l’on souhaite traiter par le V-Vocal un clip ou une portion de clip, il suffit de la sélectionner par Alt + cliqué/glissé (je rappelle qu’on peut ainsi traiter des portions de clips, y compris les déplacer sans avoir à découper le clip). Après quoi, un clic droit permet de lancer le V-Vocal par le menu contextuel.
La portion de clip concernée est alors convertie en clip V-Vocal cependant que le fichier d’origine est conservé dans un clip rendu automatiquement muet. On est donc totalement dans le non destructif puisque c’est sur une copie de l’audio que le traitement se fera. A n’importe quel moment, pour annuler les modifications V-Vocal et revenir à l’audio d’origine, il suffira de supprimer le clip V-Vocal et de démuter le clip muet situé dessous !
L’interface V-Vocal s’ouvre par défaut sur l’édition de pitch. La fenêtre présenté le tracé des lignes de notes en horizontal et la courbe de hauteur du son à la verticale, dans une représentation proche du mode graphique d’Autotune. Pour corriger la hauteur, deux solutions : redessiner les courbes de hauteur à la main (avec outil crayon, ligne, gomme, etc.) ou utiliser la correction automatique, en spécifiant une gamme particulière. On dispose aussi de réglages permettant de modifier plus ou moins les formants en fonction de la variation de la courbe de pitch : tout cela se fait automatiquement… Un vrai bonheur ! L’ensemble marche d’ailleurs à la perfection et on peut réaliser d’importantes correction sans génération d’artefacts et en conservant un son naturel.
En terme de comparaison avec Autotune, le mode graphique du V-Vocal m’a semble bien plus pratique que celui du plug-in d’Antares. En revanche, contrairement à ce qu’il est possible de faire avec ce dernier, on ne peut pas utiliser le V-Vocal comme plug-in sur une piste, le traitement ne se faisant pas en temps réel.
Je ne trouve pas personnellement que ça soit un inconvénient. A part pour réaliser des effets spéciaux, on sait que corriger automatiquement toute une piste avec Autotune est très rarement une bonne idée. Même en se cassant la tête sur des réglages fins, la correction reste souvent audible et on perd beaucoup de vie sur l’interprétation. Et si une technique de travail efficace avec Autotune consiste à conserver la piste d’origine pour jouer ensuite du fader entre les deux pistes, force est de constater que cette méthode est aussi longue que fastidieuse. Le fait de travailler « off-line » permet en outre de ne pas s’embêter avec la latence de détection si problématique lorsqu’on travaille en temps réel.
Concernant la correction automatique, notons que le V-Vocal propose une palette de gammes bien moins complète que le best seller d’Antares. On choisit majeur ou mineur, on spécifie la tonique et c’est tout. Il faut ensuite, comme dans le mode personnalisé d’Autotune, spécifier les notes à ignorer, etc. Là encore, ce n’est pas un gros défaut puisque la manip ne prend que quelques secondes.
De toutes façons, que ce soit pour choisir une gamme préétablie ou pour la saisir soi-même, un minimum de connaissance en solfège est requis (c’est à dire savoir dans quelle tonalité et mode on travaille et connaître le contenu des gammes).
On peut aussi traiter la position temporelle des notes. Un exemple ? Sur un passage chanté a-capella et ad-lib (c’est à dire sans considération de rythme, de mesure et de tempo), il est quasi impossible de synchroniser une deuxième voix. Sauf qu’avec le V-Vocal, ça se fait les doigts dans le nez ! L’interface nous montre la forme d’onde telle qu’on a l’habitude de la voir sur nos pistes de séquenceurs. Il suffit de cliquer sur une attaque de note et de la faire glisser vers la bonne position temporelle. Le signal qui précède et qui suit est automatiquement étiré ou compressé et l’effet est inaudible jusqu’à d’importantes corrections. La chose fonctionne tout aussi bien sur des voix que sur des instruments aussi difficiles à traiter que les guitares ou autres cordes. Et même sur de la basse, bien que la faible longueur d’onde des notes donne une marge de correction moins importante avant que celle-ci ne vienne détériorer le son, le V-Vocal parvient à tirer sons épingle du jeu.
Finissons par évoquer les possibilité de correction sur les formants (indépendamment du pitch) et sur la dynamique. Le travail sur les formants se fait par le dessin d’une courbe comme pour une enveloppe de piste. Le résultat, plutôt dédié à des effets spéciaux lorsque ce n’est pas lié à une correction de pitch, ne m’a pas franchement convaincu. J’ai trouvé l’effet trop sage pour être véritablement utilisé comme effet spécial. Je l’ai quand même utilisé pour donner un gros coffre, genre voix africaine, à un back vocal grave, et ça a plutôt bien fonctionné. Mais si on veut réaliser la voix de la méchante planète dans Le 5ème Elément, il faudra sans doute trouver autre chose.
Pour la dynamique, un simple tracé au crayon permet de faire grossir ou maigrir la forme d’onde. Ça ne me semblait pas le point le plus essentiel du V-Vocal (on dispose déjà de bien des outils pour traiter la dynamique), mais à l’usage, ça s’est parfois avéré pratique. C’est quand même bien plus rapide et souple qu’un travail sur enveloppe, par exemple.
Quoi qu’il en soit, les corrections tonale et temporelle sont absolument énormes. Très efficaces, elles permettent de grosses corrections sans que cela s’entende, si bien que l’ outil permet un gain de productivité non négligeable et une amélioration notable de la qualité quand on a pas affaire à des musiciens ou chanteurs capables d’assurer une prise parfaite de bout en bout (si ça vous dit quelque chose…).
Une fois l’édition terminée, on ferme tout simplement la fenêtre et les clips V-Vocal apparaissent dans une couleur orangée très identifiable. On peut venir les rééditer à tout moment. Et si l’on désire alléger la charge processeur, un clic droit suffira à les « convertir en clip » pour disposer d’un rendu définitif de l’audio… derrière lequel subsiste toujours l’audio original non traité dans son clip muet, ce qui permet de revenir en arrière quand on le désire. Elle est pas belle la vie ?
Instruments virtuels et effets
Côté instrument virtuels, on est fourni même si Cakewalk, hélas, n’a pas abandonné sa vieille habitude consistant à ne pas remettre dans ses nouvelles versions tous les plug-ins compris dans les précédentes (ne désinstallez pas vos anciennes versions, donc).
Sachez, pour les nouveaux, qu’on conserve tout de même l’excellent Cyclone, le médiocre Dreamstation et le pratique Roland TTS-1. Je passe sur Dreamstation qui est sensé donner des sons à la TB et qui, en dépit de quelques sons intéressant, pêche surtout par son interface déplorable. Le Roland TTS-1 est quant à lui un bête expandeur 16 canaux comprenant une collection assez complète d’instrument de type GM. Ces derniers sont globalement bons, mais ne peuvent rivaliser avec des banques de samples dédiées, en raison d’un multisampling proposant trop peu de vélocités différentes. Je m’en sers essentiellement pour une écoute correcte de fichiers MIDI, mais les sons peuvent être tout à fait exploitables dans certains projets. Ce n’est donc pas l’instrument qui bouleversera la musique, mais un outil bien pratique et peu consommateur de ressources, qui permet de tester rapidement différentes sonorités avant d’aller chercher mieux sur son disque dur.
Cyclone est par contre un instrument vraiment intéressant. Pour faire simple, il se situe entre un sampleur/synthétiseur de batterie/percussion et une groovebox. Il comporte en effet un séquenceur interne et permet de travailler aussi bien avec des boucles que des samples « one shot ». Son interface assez tristounette et son look vieillot ne rendent décidément pas justice à cet un outil simple, puissant et créatif.
Passons à présent aux nouveautés avec Psyn II, un synthé soustractif que les utilisateurs de Project 5 v2 on déjà eu la chance de découvrir. L’interface n’est pas désagréable, mais surtout, qu’est-ce qu’il sonne ! Le bougre a en effet une sacré pêche, donne des sons aussi gras que chauds.
Et il ne se limite pas, loin s’en faut, aux sons lead et aux basses puisque j’ai eu la surprise de trouver récemment dans la banque de presets LE son de piano électrique gras, ample et un peu sale dont j’avais justement besoin pour un projet en hip hop. Une belle bête.
Pentagon I est un synthé de type analogique de chez rgc:audio. Est-il nécessaire de rappeler l’excellente qualité généralement offerte par les créations de cet éditeur récemment racheté par Cakewalk ? Ce synthé le confirme, en tous cas. Il sonne ENORME. Et même quelque fois trop au point qu’il vaut mieux garder le fader de piste sous la main, de peur que ça explose ! Il est également pourvu d’une banque de presets à faire saliver plus d’un fainéant de la synthèse. Ses sons, tout comme ceux de Psyn II, ont en outre l’avantage de sonner gros tout en s’intégrant facilement dans un mix.
Roland GrooveSynth est un expandeur que les possesseurs de Project 5 connaissent aussi. Il offre des sons typiques des TB, TR et MC-505 ou 307 de Roland. Là aussi, ça sonne, même si, possédant une MC-505, je préfère généralement faire appel à elle : la préférence du hard sur le soft, les boutons sous la main, la facilité de passer par un préamp à lampes. Reste que le GrooveSynth demeure pratique quand la MC n’est pas branchée, et qu’il réjouira tous ceux qui n’ont pas une de ces machines.
On dispose enfin d’un lecteur de SoundFonts, le SFZ soundfont sampler, et de RXP, une groovebox travaillant sur les formats REX que je n’ai pas vraiment eu le temps de tester en profondeur, mais pour lesquels des utilisateurs ont manifesté un gros enthousiasme.
Les effets
Coté effets, on dispose toujours de la fameuse suite Sonitus, présente depuis la version 4 du logiciel, et qui consiste en une réverb, un compresseur, un compresseur multibandes, un compresseur surround, un modulator (chorus / flanger / ensemble stéréo), un délai, etc. Cette suite de plug ins est d’excellente qualité et jouit d’interfaces claires et simples en plus d’une aide en ligne irréprochable. On retrouve aussi la réverbe Lexicon Patheon en version stéréo et Surround, laquelle ne m’a jamais enthousiasmé (elle sonne trop métallique à mon goût) mais fait parfois des merveilles sur certaines pistes.
Dans les nouveautés, on compte surtout Perfect Space, une réverbe à convolution dotée d’une excellente interface et qui fonctionne parfaitement mais qui, comme tous les autres plug-ins du genre, s’avère très gourmande en ressources, en dépit d’une optimisation SSE/SSE2 & 3DNOW. Accompagnée de 340 presets, cette dernière autorise une édition non-destructive de l’impulsion et intègre un EQ à phase linéaire. Bref, une belle bête qui ouvre pas mal d’horizons…
Enfin, comme toujours avec les logiciel Cakewalk, une ribambelle de de plug-ins MIDI complète l’offre (JMT Orchestrator lite et un arpégiateur, notamment), qui n’ont d’autre buts de que d’enrichir vos séquences.
Mais aussi…
Finissons ce banc tour d’horizon en précisant que de nombreuses fonctions ont été largement améliorées ou ajoutées. On citera notamment :
- La gestion de presets : si un preset a été modifié dans un autre projet, Sonar vous le signale.
- L’enregistrement pas à pas.
- L’export et import OMF / OMFI
- La gestion des couches de pistes (on peut notamment mute/démuter directement une ou plusieurs couches)
- L’aperçu des formes d’ondes des bus avec échelle variable comme dans les pistes.
- Les marqueurs de crêtes automatiques au niveau des pistes et des bus avec fonction « aller à la crête »
- La gestion des vues avec arrimage (plusieurs fenêtres regroupées en une seule avec navigation entre elles par onglets).
- La gestion des caractères accentués dans les noms de projets ne pose désormais plus aucun problème.
Conclusion
Cakewalk avait frappé fort avec la version 4 de Sonar et il frappe plus fort encore avec cette cinquième mouture. Comme toujours avec l’éditeur américain, les améliorations ne portent pas sur du gadget ou du tape à l’œil, mais sur des fonctions permettant une nette amélioration de la qualité de travail et de la productivité. Pour preuve, lorsque j’ai reçu Sonar 5, j’étais en pleine réalisation d’album et l’upgrade m’a permis de suite de travailler plus efficacement et plus vite.
Bien sûr, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes et cette version 5.0 comportait pas mal de bugs (à présent corrigés par un patch 5.01 fraîchement sorti). C’est même d’après certains la sortie la plus buggée que Cakewalk ait jamais effectuée. Espérons que l’éditeur ne prenne pas le chemin de nombre de ses concurrents privilégiant le date de sortie à la finition de leur produit.
Par ailleurs, on s’agace toujours de quelques lacunes qu’il semblerait pourtant facile de combler : à quand les marqueurs par piste et non seulement par projet (on en prend le chemin avec les marqueurs de crête) ? A quand l’intégration d’un bloc note texte par piste ? (Même si un plug-in gratuit d’AnalogX, DX Pad, permet d’avoir cette fonction sur les pistes audio).
On souhaiterait aussi une édition des enveloppes d’automation facilitée. Elle l’est déjà, mais on en demande toujours plus ! Enfin, on ne dispose toujours pas de sidechain digne de ce nom. La chose serait liée aux lacunes des technologies VST et DX, mais on s’étonne qu’une fonction aussi élémentaire du mixage soit oubliée des éditeurs.
Reste également, pour qui travaille beaucoup avec des instruments virtuels, l’impossibilité de contrôler ceux-ci, à l’intérieur de Sonar, avec une surface de contrôle externe. Certes, on peut parfois y arriver en rusant. Mais pourquoi n’avoir pas tout simplement implémenté le « MIDI Learn » sur les plug-ins comme dans Project 5 ?
Ces réserves mises à part, force est de constater que cette nouvelle version est des plus enthousiasmante, tant par la quantité que la qualité des fonctions ajoutées ou améliorées, sans compter l’offre de plug-ins, excellents pour la plupart, et l’intégration réussie du V-Vocal.
D’ailleurs c’est simple : bien qu’ayant utilisé cette nouvelle version de façon très intensive pendant plusieurs semaines, je n’ai pas encore fait le tour de toutes les nouveautés, même de celles qui me servent régulièrement. De fait, si je n’aime pas faire preuve d’un enthousiasme excessif dans des tests de produits, il me faut reconnaître que j’ai pris, avec Sonar 5, une bonne claque !
Et lorsqu’on ajoute à ses considérations que le nouveau bébé de Cakewalk est particulièrement bien placé sur le marché en terme en prix (Seul Live est moins cher, mais les approches des deux logiciels sont si différentes que les comparer ne rimerait à rien), on se dit que, Sonar Cinquième du nom, n’a pas volé son Award…