Créée par Roger Linn pour le compte d'Akai en 1988, la MPC a révolutionné le monde des musiques électroniques lors de sa sortie et rares sont aujourd'hui les studios qui n'en possèdent pas une.
Il faut dire qu’en imaginant un sampler doté d’une interface de boîte à rythme, le père des LM-1, LinnDrumm et Linn-9000 a donné naissance à un véritable bijou. Pour information, les boîtes à rythme citées sont apparues en 1979 et ont été utilisées notamment par Prince.
Outre son approche intuitive qui facilitait grandement la création, la MPC possèdait en effet un grain sonore inimitable et groovait comme peu de machine savaient le faire, grâce notamment au timing particulier de son séquenceur. Véritable mère de toutes les Groove Box, la MPC n’a toutefois rien d’une antiquité puisqu’elle a su évoluer au fil du temps : de la première MPC 60 en 1988, on est passé d’abord à la MPC 3000, puis à la MPC 2000. Suivirent la MPC 2000 XL, la récente MPC 4000, et enfin la petite dernière qui nous occupe aujourd’hui : la MPC 1000.
Entre tradition et modernité
La MPC 1000 n’entend pas concurrencer ses illustres aînées, mais plutôt proposer une version compacte du concept (elle a la taille d’un ordinateur portable), allégée mais intégrant les plus récentes technologies. De fait, on retrouve tout ce qui fait le charme de la famille, dont le toucher des 16 fameux pads sensitifs.
La connectique d’origine est bien fournie. Pour l’audio, on trouve 6 sorties analogiques disponibles en face arrière ainsi qu’une entrée/sortie numérique en S/PDIF. Les 2 ports MIDI In et les 2 MIDI Out permettent soit de relier la machine à un générateur de son quelconque (32 pistes autorisées) soit de la piloter à partir d’un séquenceur, la synchro étant gérée en maître ou en esclave via le protocole MTC (Midi Time Code).
Le logiciel embarqué est plus ou moins identique à celui qu’on trouve sur la MPC 2000 : les habitués ne seront donc pas dépaysés. Les 6 Softs Buttons correspondent généralement aux pages ou fonctions visibles en bas de l’écran du mode sélectionné. La touche Mode permet d’accéder, comme son nom l’indique, aux modes inscrits en jaune au-dessus des pads. La touche Window permet d’afficher différentes fenêtres en fonction de l’emplacement du curseur, celle-ci s’allumant lorsqu’elle est effective. La touche Numéric assigne enfin chaque pad à un chiffre, ce qui s’avère bien pratique pour le découpage des samples, l’entrée du tempo. On évite ainsi de passer des heures sur la molette de data. Les raccourcis disponibles pourront s’avérer bien pratiques (exemple : Shift + molette data = réglage du contraste de l’écran, lorsqu’on est sur un champ numérique, shift + flèche gauche ou droite permettent de sélectionner uniquement les chiffres que l’on désire modifier avec la molette data)
En ce qui concerne la sauvegarde, les disquettes pouvant crasher à tout instant ont cédé la place à un slot pour carte mémoire Flash (une carte de 32 Mo est fournie comprenant des songs et des programs mais on pourra acquérir une carte de 2Go pour se sentir moins à l’étroit).
Parmi les nouveautés, on notera la présence d’un slot USB permettant de relier la MPC à un ordinateur Mac ou PC (câble non-fourni). On pourra donc faire des transferts assez facilement, la carte mémoire apparaissant directement sur le bureau de l’ordinateur. Seul inconvénient, la MPC freeze lorsqu’elle est connectée en USB. Pour reprendre le contrôle, on devra débrancher la connexion sans oublier d’éjecter la carte mémoire du bureau après transfert sous peine de bug. Finissons sur ces détails techniques en précisant que la bête accueille 16 Mo de mémoire RAM qu’on pourra toutefois étendre à 128 Mo.
Import de cochon
La MPC 1000 n’accepte que le format WAV en import (parfois, l’extension .wav est nécessaire à la reconnaissance du fichier). Vous pouvez donc dire au revoir à vos anciens programmes MPC à moins d’être suffisamment courageux pour tout remettre en audio et reconstituer ces derniers. Notons tout de même que les programmes MPC 2000XL peuvent êtres lus partiellement ! Seule l’assignation des pads est en effet prise en compte cependant que tous les réglages de filtres et d’enveloppes sont à refaire (Il semblerait qu’un logiciel permettant de constituer les programmes directement sur ordinateur soit en prévision). Plutôt capricieuse du côté des sons, la bête pourra cependant importer les séquences des MPC 2000XL et MPC 4000. C’est la moindre des choses ! Notons aussi qu’avec un ordinateur, l’importation de fichiers WAV s’effectue très facilement (un dossier entier peut être chargé en une fois avec la fonction Load).
Effets à go go
La MPC 1000 dispose de 2 multi-effets internes, utilisables en indépendamment ou en série, le premier étant alors envoyé vers le deuxième. Voici la liste des effets accessibles :
- FX 1 : bit grunger, 4 band EQ, compressor, phase shifter, tremolo, flying pan et reverb
- FX 2 : tous les effets présents dans FX1 + chorus et flanger
En fonction de l’effet, on aura accès ou non à un niveau d’envoi de type auxiliaire localisé dans la page FX Send du mode Mixer. Chaque pad pourra être assigné ou non à l’un de ces 2 effets, l’usage simultanée des 2 en mode indépendant étant impossible. On remarquera pour finir que la section Master du mode Effect est flanquée d’un EQ et d’un compresseur directement appliqués sur le master de la MPC.
Pour contrôler tout ce petit monde, les Q-link sont 2 faders bien pratique en live. Pouvant êtres assignés aux paramètres tune, filter, layer, attack et decay (un fader correspondant à un pad), ils permettent d’enregistrer des variations dans la séquence, à la manière des automations présentes dans les séquenceurs. Quant aux touches After, elles permettent d’agir sur un élément de la séquence déjà enregistré. On regrettera juste qu’elles ne soient pas effectives en mode 16 levels, comme on déplorera, dans le contexte de sons tenus, que les mouvements de faders ne prennent effet que lorsque le pad est pressé.
Séquence « séquence »
Exploitant 32 canaux MIDI et doté de 64 pistes avec une résolution de 96 divisions par noire, le séquenceur de la MPC 1000 permet aussi bien de contrôler les sons internes que d’autres instruments MIDI. Je n’ai rencontré aucun problème lors de son utilisation : on choisit son programme, on définit la durée de la boucle, le tempo, on presse « rec-play » et c’est parti !
Si les pads font toutefois une merveille pour jouer les sons percussifs, on gagnera à utiliser un clavier maître pour piloter les sons mélodiques. Un mode pas à pas permet aussi de programmer des passages difficilement jouables, mais il se révèle extrêmement laborieux en comparaison avec l’édition graphique que permettent les séquenceurs logiciels. Autant donc faire ses séquences en temps réel, quitte à passer un peu de temps dans le mode Seq Edit où se trouvent toutes les fonctions d’édition nécéssaires (copier, coller), mais qui ne propose qu’un seul niveau d’annulation (Undo).
En parlant de temps réel, notez qu’on retrouve la touche « tap tempo/note repeat » qui permet soit de définir le tempo en tapant un certain nombre de fois, soit de répéter un son telle une mitraillette, la répétition étant fonction du T.C. (Time Correct ou quantize pour les cubasiens). Ce dernier va de 1/8 à 1/32(3), avec un shuffle sur les résolutions binaires pour décaler les notes vers le ternaire.
On trouve également un mode song qui permet d’enchaîner les séquences entre elles. Le must reste toutefois la fonction « track mute », commune à toutes les MPC et qui permet d’assigner chaque pad à une piste de séquenceur. Grâce à elle, on réalise des arrangements en live de manière très instinctive. La grande classe. Reste à savoir si la belle groove aussi bien que ses aînées.
Or, son groove est inmanquablement lié à son horloge interne, laquelle définit la mise en place de tous les éléments enregistrés dans le séquenceur. En ce qui concerne la MPC 1000, j’ai cru percevoir quelques légers décalages à peine perceptibles lorsque je naviguais dans les menus pendant que la séquence tournait. Idem pour le Note Repeat qui ne m’a pas toujours l’air très précis. Bref, la précision de l’horloge ne m’a pas semblé infaillible.
Les programmes
La MPC 1000 est livrée avec 13 programmes en mémoire Flash interne ainsi que 16 programmes sur la carte Compact Flash. Il faudra faire attention au fichier autoload de la carte flash qui, dès qu’elle est insérée, se charge automatiquement et écrase toute donnée préexistante !
La qualité des sons d’usine est typique des banques de son Akai : ils sont propres, neutres et offrent une bonne dynamique. L’essentiel de la collection est dédié aux sons de batterie et de percussions mais on a aussi droit à quelques sons de basse, effets et synthés. Et, si par hasard vous vous sentiez un peu limité de ce côté, sachez que la MPC 1000 comprend 16 pad correspondant à 4 banques de pad, ce qui permet d’obtenir 64 samples par programme avec la mémoire étendue à 128 Mo. Cela laisse tout de même une certaine marge.
Lors de la création d’un programme, on dispose de 4 layers (couches) par pad. Si chaque pad est assigné à une note MIDI précise, chaque layer est quant à lui affecté à une plage de vélocité (Range) et peut contenir un sample au niveau, à l’accordage et à l’enveloppe définis. Notez qu’un sample peut être « one shot » (joué du début à la fin lorsqu’on l’enclenche) ou bien « note on » (joué uniquement lorsque le pad est appuyé). Notez aussi qu’un pad peut être assigné à 2 filtres (lo pass, band pass ou hi pass), cependant que la page « params » permet enfin de régler les paramètres généraux du programme (polyphonique ou monophonique, Mute group pour simuler les intéractions entre Charley ouvert et fermé).
A noter que pour mapper un son sur toute la gamme, vous ne serez pas obligé d’assigner le même sample à chaque pad et à jouer sur son tuning. Le mode 16 level avec la fonction Tune permet en effet d’automatiser la procédure.
Le Sampling
Le Sampling est une opération on-ne-peut plus simple sur la MPC 1000. Après avoir connecté la source (numérique ou analogique), on passe en mode Record pour vérifier via la touche Window qu’il reste de la mémoire de libre. On peut ensuite enregistrer de deux façons différentes : soit directement, soit en définissant un seuil qui déclenchera l’enregistrement, à la manière d’un dictaphone. Evidemment, on pourra préciser la durée de l’échantillon afin que l’appareil s’arrête automatiquement au terme d’un certain laps. On aura également le loisir de ré-échantillonner la sortie de la MPC, même si dans ce cas de figure, on ne disposera ni de réglage ni de visualisation du niveau, tout étant interne.
C’est en mode Trim que l’on pourra ensuite éditer l’échantillon suivant différents critères (point de début, point de fin, bouclage, accordage, nom du sample). Petite astuce à savoir : la loupe est accessible via la touche Window lorsqu’on se trouve sur le champ du point Start ou End. La page Edit permettra enfin d’accepter à 3 fonctions de base : extraire la partie de l’échantillon sélectionnée, effacer la partie de l’échantillon non-sélectionnée, ou normaliser le tout.
Avis Personnel
Dotée de fonctionnalités apréciables comme la compatibilité USB et la possibilité de sauvegarder sur des cartes flash, la MPC 1000 souffre aussi de certaines carences (pas de SCSI ni de SMPTE) qui en font un appareil plus proche du grand public que ses grandes soeurs. Elle n’en reste pas moins très pratique pour le live car elle a su garder l’essentiel de ce qui a fait le succès de la légendaire série : un toucher et une intuitivité exceptionnels.