Dans la famille des amplis « Hi-Gain », le Dual Rectifier de Mesa Boogie, apparu au catalogue de la marque en 1992, occupe une place de choix. Il fait partie de ces amplis légendaires qui font fantasmer plus d’un guitariste. Et ce rêve pourrait bien devenir réalité grâce à TC Electronic et sa Dual Wreck.
La classe américaine
Si vous êtes un lecteur fidèle d’Audiofanzine, vous avez sans doute déjà consulté les tests des autres pédales de la série AmpWorx, les Combo Deluxe ’65, Jims 45, DC30 et V550. C’est à cette série qu’est rattachée notre pédale du jour, la Dual Wreck. Comme ses cousines, elle n’est consacrée qu’à la modélisation d’un seul ampli, en l’occurrence le Mesa Boogie Dual Rectifier. Pour rappel, cet ampli est sorti en 1992 et son circuit est basé sur celui du Soldano SLO-100 mais avec une rectification par lampe et d’autres petites modifications. La Dual Wreck, comme les autres pédales de la série, emprunte quelques détails esthétiques à l’ampli qu’elle tend à reproduire. Les boutons de potentiomètres par exemple sont directement empruntés au Dual Rectifier original. Pour reproduire les sonorités et sensations de jeu de l’ampli de Mesa Boogie, la pédale dispose de réglages de : Gain, Tight, Level, Bass, Middle et Treble. Un réglage de présence est également au programme, il est situé sur le panneau arrière de l’appareil. Ce dernier accueille également un switch qui déterminera la position du Boost intégré : pré ou post. Comme pour les autres produits de la série AmpWorx, le fabricant danois s’est autorisé quelques libertés qui visent à améliorer le design original. La Dual Wreck bénéficie en effet d’un réglage baptisé « Tight ». Dans la mesure où l’ampli original génère une quantité impressionnante de basses, TC Electronic a jugé utile d’intégrer ce réglage « Tight » qui permet de resserrer les basses et d’obtenir un son moins baveux. Pour obtenir le son du Dual Rectifier, il suffit de placer ce réglage sur sa position minimale.
Le panneau arrière est rigoureusement identique à celui des autres pédales de la série. On y trouve les fiches Jack IN, OUT et D.I en plus de la fiche pour l’alimentation de la pédale, le réglage de présence et le switch de position du Boost. Une sortie USB dédiée uniquement à la mise à jour du Firmware de l’appareil répond également présente. La Dual Wreck profite de deux canaux labellisés Channel 1 et Channel 2. Bien que le fabricant ne fournisse pas davantage de détails sur ces canaux, on peut supposer qu’ils reproduisent les canaux 1 et 3 de l’ampli original. Un premier foot switch permet de naviguer entre les deux canaux alors que le second active ou désactive le Boost. Chaque réglage effectué sur l’un ou l’autre des deux canaux est automatiquement mémorisé par la pédale, c’est bien pratique. Le châssis de la pédale est recouvert d’une peinture noire. Il inspire une bonne solidité contrairement aux foot switches qui, comme sur les autres préamplificateurs AmpWorx déjà testés, sont assez fragiles.
Metal mais pas que
Comme à mon habitude, j’installe la pédale en fin de chaîne sur mon pedalboard, et débute le test. Je commence par explorer les sons distillés par le canal 1. À ma grande surprise et contrairement à la V550 déjà testée dans nos colonnes, la Dual Wreck met plutôt l’accent sur la polyvalence. Ce canal 1 est tout à fait capable de produire des sons clairs et crunch. L’étagement du potentiomètre de gain est assez bien programmé. La première moitié de la course de ce réglage produit des sons clairs, et le son commence à cruncher à partir de 5. La seconde moitié de la course permet de l’épaissir pour arriver à un gros crunch quand on place le gain à fond. D’emblée, la Dual Wreck affiche une certaine polyvalence qui n’est pas pour me déplaire. J’en profite pour tester l’égalisation qui, elle aussi, est bien étagée. Le réglage de médiums réagit particulièrement bien et permet de sculpter le son presque comme l’ampli original. Le potentiomètre « Tigh » remplit bien son rôle et resserre bien les basses pour une sonorité moins baveuse. La saturation amène en revanche une bonne dose d’aigus qu’il est assez difficile de maîtriser. Appairer la Dual Wreck avec une pédale d’égalisation de type Boss GE-7 peut être une bonne solution. En activant le Boost sur le canal 1 avec le gain à fond, on obtient un son qui rappelle celui des premiers groupes de Hardcore. C’est une sonorité agréable à jouer et plutôt vintage. Il faudra passer sur le canal 2 pour profiter d’une avalanche de gain qui permettra d’interpréter des morceaux dans des registres plus modernes.
- Channel 1 – Crunch – EQ Midi01:10
- Channel 1 – Boost OFF:ON01:26
- Channel 1 – EQ Tweak01:25
Je passe donc sur le canal 2 en commençant avec le taux de saturation assez bas. La sonorité obtenue est assez décevante. On n’obtient pas vraiment un son crunch, ni une grosse saturation, mais plutôt un entre-deux difficilement utilisable. C’est dommage. Pour les gros sons qui tâchent, le canal 2 répond présent. Dès qu’on dépasse la moitié sur la course du réglage de gain, on profite d’une quantité impressionnante de gain. Le réglage Tight est très agréable à utiliser et permet de bien resserrer le son dans les basses, sans avoir besoin d’activer le Boost. C’est agréable à jouer et cette sonorité trouvera sa place facilement dans un mix. En revanche, il est difficile d’affirmer qu’on entend un Mesa Boogie. On retrouve un côté « craquant » dans la sonorité qui rappelle vaguement un Dual Rectifier, mais on n’est pas vraiment transporté dans l’univers Mesa Boogie. Comme pour le V550 déjà testé dans nos colonnes, j’ai préféré le son avec des médiums un peu coupés. C’est un réglage qui fait ressortir les basses et les aigus de manière très musicale. Le canal 2 fournit des tonalités très correctes et la Dual Wreck démontre une nouvelle fois son côté pratique. Bien qu’on jouisse d’une quantité impressionnante de gain, le bruit de fond est assez raisonnable, surtout pour un produit de cette gamme. Le Boost permet, comme le réglage Tight, de bien resserrer les basses et ajoute un peu de gain, à la manière d’un Tube Screamer avec le niveau à fond placé en amont de l’ampli. Avec le gain à 6 et le Boost enclenché, on obtient un son idéal pour jouer du Metal moderne. Si l’égalisation répond bien, il faudra la régler avec vigilance pour ne pas obtenir trop de basses ni d’aigus.
- Channel 2 – Boost OFF:ON – EQ Tweak01:53
- Channel 2 – CleanUp – Metal01:29
- Channel 2 – Max Gain – Boost OFF:ON00:51
- Channel 2 – Seek’n’Destroy01:22
Promesse tenue ?
La promesse de TC Electronic de placer un Dual Rectifier dans une petite boîte est à moitié tenue. Si la sonorité est agréable à jouer et à écouter, elle n’est pas vraiment fidèle à celui d’un Dual Rectifier. Cependant, comme dit plus haut, on retrouve ce côté « craquant » qui participe à définir l’essence de cette sonorité très particulière. La Dual Wreck affiche une polyvalence certaine et on peut l’utiliser comme l’ampli original avec un canal clair/crunch et un canal (très) saturé. Je l’ai trouvée un peu plus compliquée à régler que la V550 mais ai beaucoup aimé le réglage Tight qui est très bien pensé. Compte tenu de son tarif de 159 €, la Dual Wreck affiche un rapport qualité/prix très intéressant. Sa polyvalence est un vrai plus par rapport à la V550. Si vous aimez le grain du Dual Rectifier et cherchez une solution compacte pour dépanner en répétition ou enregistrer d’excellentes démos, courez essayer cette pédale.