Au début du mois de septembre 2024, Gibson a réédité un ancien modèle de son catalogue, la Victory. L’instrument a été décliné dans deux versions qui ont rejoint la série Modern de la marque. Voyons si cette nouvelle guitare n’est qu’un simple hommage ou si elle mérite sa place permanente au sein de la série Modern de Gibson.
Une « super strat » chez Gibson ?
La Victory est apparue au catalogue de Gibson dans les années 80. À l’époque, les guitares électriques de type « super strat » connaissaient un succès fou, notamment grâce à des guitaristes comme Eddie Van Halen, Mick Mars ou encore George Lynch. Gibson qui voulait croquer sa part du gâteau a alors conçu la Victory, une guitare d’inspiration « super strat ». L’instrument n’a pas fait de vieux os et a ensuite disparu pendant quelque temps avant que la marque installée à Nashville ne la réédite. À l’époque, Gibson avait sorti les Victory MV-2 et Victory MVX, « MV » signifiant « multi-voice ». Elles étaient entièrement construites en érable Hard Rock, ce qui les rendait assez lourdes. En comparant rapidement les deux Victory, l’ancienne et la nouvelle, on se rend assez vite compte que Gibson n’a pas souhaité proposer une réédition exacte. Le fabricant a voulu rendre hommage à un ancien modèle en s’en inspirant pour créer quelque chose de nouveau.
La Victory version 2024 possède un corps et un manche en acajou. La touche est en ébène, comme sur la MVX d’époque, et possède un rayon compensé. Elle est encadrée d’un Binding blanc et accueille vingt-quatre frettes médiums Jumbo pour un diapason de 25.5 pouces. Les modèles des années 80 ne disposaient que de vingt-deux frettes, ce qui induisait un espacement des micros différent. Le sillet est signé Graph Tech et les micros sont les Gibson 80’s Tribute Humbucker que nous avions découverts dans les 80 s Explorer et 80 s Flying-V. Ils sont proposés en finition Zebra. Ces micros sont contrôlés ici par un volume général, une tonalité générale et un sélecteur à trois positions. Les deux potentiomètres sont équipés de push-pull ce qui permet de splitter les micros et de choisir quelle bobine on utilise (on split les micros via le potentiomètre de volume et on sélectionne la bobine via le réglage de tonalité). Le concept « multi-voice » introduit avec les premières Victory est donc encore d’actualité.
L’accastillage est chromé et regroupe un chevalet Tune-o-Matic et un cordier Stop Bar, tous les deux réalisés par Advanced Plating Inc. Les mécaniques Mini Rotomatic sont estampillées Grover, elles se sont d’ailleurs montrées très efficaces pendant le test malgré une ergonomie à revoir, j’y reviendrai. La Victory est fournie dans son étui Gibson fabriqué au Costa Rica. Le fabricant a décliné la Victory dans deux versions : Victory et Victory Figured. La version Figured possède, comme son nom l’indique, une table en érable figuré alors que la version standard est toute en acajou. De plus, le modèle Figured a droit à un vernis brillant alors que la version standard doit se contenter d’un vernis satiné. Pour ce test, Gibson m’a fait parvenir un modèle standard en finition Gold Mist Satin. Je sors la bestiole de son étui et commence le test.
Victorieux avec la Victory ?
Je débute ce test en inspectant l’instrument sous toutes les coutures, comme à mon habitude, et en le jouant à vide. Le premier tour visuel de la guitare n’a révélé qu’une finition parfaite, une lutherie impeccable et les premiers accords témoignent d’un instrument assez timide à vide. Afin d’obtenir une guitare légère, Gibson n’a pas hésité à tailler dans la Victory à coups de serpe ; on a donc une guitare effectivement plus légère, mais également moins épaisse et avec des contours bien plus prononcés. La jonction corps-manche profite d’un chanfrein destiné à rendre cette zone encore moins épaisse. D’autres chanfreins répondent à l’appel et accentuent le confort de jeu, le fameux chanfrein stomacal et le chanfrein brachial. Seul l’espacement des mécaniques est, selon moi, trop petit. Les Mini Rotomatic sont très proches les unes des autres ce qui rend l’accordage un peu compliqué : on effleure souvent la mécanique voisine de celle qu’on souhaite manipuler, ce n’est pas idéal.
La finition Gold Mist Satin est assez jolie, elle laisse transparaître les motifs de l’acajou par endroits. Sa teinte est très agréable à l’œil, c’est une sorte de doré très pâle qui tire légèrement vers le gris/argent. Dès les premiers accords joués, j’ai été agréablement surpris par le confort de jeu offert par la Victory, qu’on soit assis ou debout. Le manche au profil SlimTaper est très agréable à prendre en main et la touche au rayon compensé est confortable sur ses vingt-quatre frettes. L’ébène est très belle et fournit un toucher lisse que j’apprécie particulièrement. Je commence le test en jouant la Victory sur un son clair. Dans ce registre, elle s’en sort très bien malgré un micro chevalet bien mordant. Les deux micros ont été mesurés à 16.01K pour le chevalet et 7.47K pour le manche. Je tire sur le réglage de volume pour splitter les micros. On obtient alors un son très proche de celui d’un micro simple, et on peut, via le réglage de tonalité, choisir la bobine qu’on utilise. Avec le potentiomètre enfoncé, on joue sur la bobine intérieure du micro (celle de couleur noire) et avec le potentiomètre tiré, on joue sur la bobine extérieure (celle de couleur blanche). Sur son clair, la Victory démontre déjà une belle polyvalence.
- Clean All pickups01:17
- Clean – Humbucker:Single:Single autre bobine01:23
- Crunch All Pickups01:21
- Crunch – Humbucker:Single:Single autre bobine01:52
- Crunch Rock 80s00:24
En passant en son Crunch, les sons sont tout aussi convaincants avec un caractère qui rappelle celui de la SG, en plus pêchu. Les variations offertes par la configuration électronique sont très bienvenues et permettent d’étendre la polyvalence de l’instrument tout en l’inscrivant dans le lignage direct de ses ancêtres, les MV-2 et MV-10. Je termine le test en passant sur un gros son saturé typé Eighties. Sans surprise, c’est dans ce registre que le micro chevalet a été le plus à l’aise. Son gros niveau permet de conserver une belle définition, surtout dans les basses qui sont bien resserrées. Les options de split et de choix de la bobine se sont montrées très utiles si on souhaite par exemple doubler une partie avec une sonorité moins agressive.
- Lead All Pickups02:44
- Lead – Humbucker:Single:Single autre bobine01:59
FAQ : Gibson Modern Victory
Quelle est l’origine de la Gibson Victory ?
La Gibson Victory a fait ses débuts dans les années 80, à une époque où les guitares de type super-Strat étaient très populaires. Gibson a voulu capitaliser sur cette tendance en créant un modèle inspiré de ce style, mais la guitare n’a pas rencontré un succès durable à l’époque.
Quelles différences entre la Victory des années 80 et la version 2024 ?
La Victory 2024 n’est pas une réédition exacte, mais une version modernisée. Contrairement à l’ancienne Victory en érable, le modèle 2024 est fabriqué en acajou avec une touche en ébène et un rayon compensé. Elle propose également 24 frettes (contre 22 auparavant), des micros modernes 80’s Tribute Humbucker et une électronique évoluée avec des push/pull.
Quels sont les points forts de la Gibson Modern Victory ?
- Confort de jeu optimisé grâce aux chanfreins ergonomiques.
- Polyvalence sonore avec des micros splitables et sélection de bobine.
- Finition de haute qualité et esthétique soignée.
Quels sont les inconvénients de cette guitare ?
Le principal reproche concerne l’espacement réduit des mécaniques Mini Rotomatic, rendant l’accordage un peu inconfortable.
Quelle est la différence entre les versions Victory Standard et Figured ?
- Victory Standard : corps en acajou avec finition satinée.
- Victory Figured : table en érable figuré et finition brillante.
Quels styles de musique conviennent à la Modern Victory ?
Grâce à sa polyvalence sonore, elle est adaptée au rock, hard rock, métal des années 80, ainsi qu’à des styles nécessitant une palette sonore plus douce, grâce à ses micros splitables.
Caractéristiques techniques de la Gibson Modern Victory
- Construction : Corps et manche en acajou, touche en ébène avec radius compensé.
- Frettes : 24 frettes médiums Jumbo, diapason de 25.5 pouces.
- Micros : Gibson 80’s Tribute Humbucker en finition Zebra.
- Électronique :
- Push/pull pour splitter les micros.
- Sélection de bobine (intérieure ou extérieure) via potentiomètre de tonalité.
- Contrôles : volume général, tonalité générale, sélecteur 3 positions.
- Accastillage : Chevalet Tune-o-Matic et Stop Bar (Advanced Plating Inc.), mécaniques Grover Mini Rotomatic.
- Finitions :
- Standard : Satinée (Gold Mist Satin testé ici).
- Figured : Table en érable figuré et vernis brillant.
- Accessoires : Étui Gibson fabriqué au Costa Rica inclus.
- Poids : Allégé par des chanfreins ergonomiques.