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Test du Dave Smith Instruments Prophet 12 - Le Magnifique !

Au NAMM 2013, le Prophet 12 a volé la vedette à tous les autres synthés. Il aura fallu plus de 6 mois à DSI pour le finaliser. Voyons si le détour valait cette attente, ou le contraire…

Cela fait 35 ans que Dave Smith conçoit des synthés. Le Prophet-5 date de 1978 : poly­pho­nique 5 voix, doté d’une section Poly­mod et de mémoires, compact (pour l’époque), c’est une révo­lu­tion dans le monde de la synthèse. Pendant 20 ans, SCI va mettre sur le marché des machines tout à fait inno­vantes, de l’éli­tiste Prophet T8 à l’hy­bride Prophet-VS, avant de termi­ner sa route avec l’avant-gardiste échan­tillon­neur Prophet 3000. Puis c’est le silence radio… jusqu’en 2002 où l’unique voix de l’Evol­ver chante le retour de Dave, sous la marque DSI. La petite société cali­for­nienne va alors se montrer d’un dyna­misme redou­table. DSI est d’ailleurs aujour­d’hui la seule marque à offrir une gamme d’ins­tru­ments analo­giques ou hybrides poly­pho­niques à prix abor­dable : des synthés, des modules et même une BAR créée en asso­cia­tion avec Roger Linn. Les produits connaissent un succès mérité et la société gran­dit. Au NAMM 2013, DSI présente un nouveau synthé poly­pho­nique, son plus gros jusqu’à présent. Après plusieurs mois de fina­li­sa­tion, le Prophet 12 est enfin entre nos mains (OS 1.0.1.2). Voyons s’il peut faire oublier plusieurs décen­nies de Prophet… 

En rouge et noir

DSI Prophet 12

Avec sa robe métal­lique inté­grale noire, son rétro-éclai­rage géné­ral rouge flashy, sa séri­gra­phie blanche, ses potards chro­més et son habillage bois (flancs et dessous de clavier), le Prophet 12 est à notre sens l’un des plus beaux, si ce n’est le plus beau synthé que nous ayons eu entre les mains. Si, si… La qualité de construc­tion fait pro à tous les niveaux. Les commandes sont abon­dantes : 44 potards, 15 enco­deurs et 58 boutons (dont certains rétro-éclai­rés). Les rota­tifs ne sont pas vissés sur la façade et l’axe a un peu de souplesse, mais rien d’inquié­tant. Avec leur partie supé­rieure chro­mée et leur corps strié, les potards rappellent le Prophet-5, mais en beau­coup moins gros. La machine brille de mille feux, avec une constel­la­tion d’élé­ments rétro-éclai­rés en rouge : un tas de diodes dont certaines clignotent en rythme, 2 molettes lumi­neuses de pitch­bend / modu­la­tion, 2 rubans verti­caux à rangées de diodes (sensibles à la posi­tion et à la pres­sion avec touche de blocage de posi­tion), un gros « 12 » trans­lu­cide, des diodes asser­vies aux 12 voix qui suivent le jeu… impres­sion­nant !

DSI Prophet 12

Un écran graphique OLED trône en posi­tion centrale ; il est plutôt petit, mais parfai­te­ment lisible grâce à une excel­lente réso­lu­tion et un fort contraste. Le clavier 61 notes à touches lestées est très agréable, avec un rebond franc et une bonne dyna­mique, répon­dant parfai­te­ment à la vélo­cité et à la pres­sion.

Quant au panneau arrière, il  regroupe une connec­tique clas­sique sans fiori­ture, avec de gauche à droite : la prise IEC pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne univer­selle, une chouette première chez DSI !), une prise USB, 3 jacks pour pédales (1 Sustain type inter­rup­teur + 2 conti­nues assi­gnables), un trio MIDI et 5 sorties audio au format jack 6,35. Les 4 premiers jacks (TS asymé­triques) sont confi­gu­rés en 2 paires de sorties stéréo niveau ligne : chaque couche d’un programme a ainsi sa propre sortie stéréo indé­pen­dante. Le dernier jack est la sortie casque (TRS). Bon point sécu­ri­sant, tous les jacks sont vissés au panneau. 

Ergo­no­mie exem­plaire

DSI Prophet 12

Les programmes comportent une ou deux couches sonores, la première ayant la prio­rité à l’édi­tion. On peut toute­fois éditer l’une, l’autre ou les deux en même temps ; on peut aussi très faci­le­ment copier une couche vers une autre, échan­ger les deux couches, ajus­ter le volume, modi­fier le point de split, chan­ger un des deux program­mes… Certains modules du Prophet 12 partagent leurs commandes : oscil­la­teurs, LFO, enve­loppes auxi­liai­res… cela ne pose pas trop de souci, pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’on a souvent affaire à des enco­deurs pour ce type de commandes, ce qui évite les sauts ; ensuite parce qu’il existe des astuces d’édi­tion bien vues : par exemple, en main­te­nant l’un des 4 sélec­teurs d’os­cil­la­teur, on peut éditer les 4 oscil­la­teurs en même temps ; dès qu’on mani­pule un rota­tif, l’écran affiche le même para­mètre pour les 4 oscil­la­teurs que l’on peut alors éditer avec les 4 enco­deurs logi­ciels situés au-dessus de l’écran ; ça marche aussi pour les LFO, en appuyant simul­ta­né­ment sur les 4 sélec­teurs de LFO. Une fonc­tion « Show » permet de lire les valeurs des para­mètres, lorsqu’on bouge une commande, sans modi­fier le son, bien vu. Une fonc­tion « Revert » permet quant à elle de reve­nir à la valeur stockée d’un para­mètre, en appuyant sur le bouton éponyme et en tour­nant le potard souhaité. Les potards fonc­tionnent d’ailleurs suivant l’un des 3 modes habi­tuels : saut, rela­tif, seuil.

DSI Prophet 12

Il existe d’autres fonc­tions pour faci­li­ter la vie. L’écran affiche la courbe des enve­loppes en temps réel dès qu’on bouge un potard ; idem pour les formes d’onde dès qu’on joue sur le para­mètre Shape. Pour sélec­tion­ner les 792 programmes internes, il y a un pavé numé­rique en plus des 4 touches de banques. Les plus coura­geux pour­ront les faire défi­ler un par an, mais arri­vés au bout (n°99), ils se cogne­ront la tête contre un mur numé­rique infran­chis­sable : les programmes ne bouclent pas et les banques ne s’en­chaînent pas, aïe ! Pour les adeptes de la scène, DSI a prévu 4 Play­lists de 40 programmes, eux-mêmes orga­ni­sés par 4 paquets de 10 : on appelle alors les programmes d’une liste avec les 4 touches de banques, les 10 touches du pavé numé­rique et les 4 touches logi­cielles situées sous l’écran. Enfin, on trouve en façade 2 touches de trans­po­si­tion d’oc­tave, mais pas de touche de trans­po­si­tion par demi-ton. La seconde semblait pour­tant plus pratique sur un clavier qui comprend déjà 5 octa­ves…

Essais sonores

DSI Prophet 12

Le Prophet 12 est livré avec 4 banques de 99 programmes non réins­crip­tibles et 4 banques de 99 programmes pour l’uti­li­sa­teur. Premier constat, les niveaux audio sont très élevés ! Les sons d’usines ne sont ni très utiles, ni parti­cu­liè­re­ment démons­tra­tifs ; dommage qu’on ne puisse les écra­ser. Après les avoir fait défi­ler, nous avons tenté de créer ce qui n’existe pas d’ori­gine : des sons chaud et gras, un poil analo quoi ! Pas si simple… le grain est plus froid que les précé­dents DSI. Vrai­ment rien à voir avec un Prophet-5 ou même un Prophet-VS que nous avons à portée de main. Le Prophet 12 sonne aussi de manière très diffé­rente des précé­dents synthés DSI. Il excelle dans les textures hybrides froides, les sons évolu­tifs, les attaques chirur­gi­cales, les basses FM… mais pas trop dans les cordes, les cuivres ou les tapis tout doux.

Malgré la fonc­tion Slop qui recrée des fluc­tua­tions de pitch, on est à des années-lumière d’un OB-X ou d’un Memo­ry­moog. Dès qu’on commence à modu­ler à haute fréquence, on génère des  arte­facts numé­riques pas toujours agréa­bles… en tout cas pas autant que nos PPG Wave 2.3 et Prophet VS. Le son est plus agres­sif qu’un Micro­wave XT (pour­tant 100% numé­rique), qui béné­fi­cie d’al­go­rithmes de réduc­tion d’alia­sing. Et comparé au Sola­ris qui utilise aussi (et unique­ment) des DSP Sharc pour produire le signal, le Prophet 12 sonne beau­coup moins large et moins profond ; sur le Sola­ris, il n’y a aucun alia­sing (même en modu­lant les oscil­la­teurs aux niveaux audio) et la réponse en fréquence est consis­tante sur tout le spectre audio. Sur le Prophet 12, il y a un haut médium prononcé, des basses en retrait et des aigus agres­sifs…

Prophet 12 1audio Arpeg
00:0000:21
  • Prophet 12 1audio Arpeg 00:21
  • Prophet 12 1audio Bass PPG 00:36
  • Prophet 12 1audio Digi­de­cim 00:54
  • Prophet 12 1audio Drums ana1 00:31
  • Prophet 12 1audio Drums ana2 00:47
  • Prophet 12 1audio Hybrid1 00:46
  • Prophet 12 1audio Hybrid2 00:51
  • Prophet 12 1audio Pad w slope 00:25
  • Prophet 12 1audio Poly 2P 00:23
  • Prophet 12 1audio Poly 4P 00:23
  • Prophet 12 1audio RnB split 00:33
  • Prophet 12 1audio Sync alia­sing 00:17
  • Prophet 12 1audio Waves 00:26
  • Prophet 12 1audio ZFor­mant 00:19

Sharc attack

DSI Prophet 12

Comme son nom le laisse entendre, le Prophet 12 est poly­pho­nique 12 voix. Il opère indif­fé­rem­ment en mode simple (12 voix), Split (2 programmes sépa­rés A|B de 6 voix, de part et d’autre d’un point program­mable) ou Stack (2 programmes empi­lés A+B de 6 voix, sur toute la tessi­ture). Tout cela est mémo­risé en mode programme. Les voix peuvent être jouées en poly­pho­nie ou à l’unis­son avec désac­cor­dage ; dans ce dernier cas, il existe diffé­rentes prio­ri­tés de jeu : note basse, note haute, avec ou sans redé­clen­che­ment des enve­loppes. Comme déjà évoqué, le Prophet 12 utilise des DSP Sharc pour géné­rer le son. Contrai­re­ment aux précé­dentes machines DSI, les DCO du circuit analo­gique DSI-120 déve­loppé avec Curtis ne sont pas du tout utili­sés (le VCF passe-bas et le VCA le sont en revanche, nous le verrons après). Autre nouveauté, le parcours du signal s’est pas mal complexi­fié : 4 oscil­la­teurs + 1 Sub tous numé­riques sont mélan­gés puis envoyés dans des effets numé­riques « Charac­ter ». La résul­tante est conver­tie en analo­gique pour attaquer deux filtres en série passe-bas vers passe-haut, puis un VCA stéréo. En sortie de VCA, une partie du signal est direc­te­ment envoyée aux sorties stéréo ; une autre est recon­ver­tie en numé­rique, puis envoyée dans 4 lignes à retard et une boucle de feed­back ; les lignes à retard sont re-recon­ver­ties en analo­gique pour se diri­ger vers les sorties stéréo, alors que le feed­back est réinjecté en numé­rique avant les effets « Charac­ter ». Le schéma joint illustre le parcours du signal (sans les conver­sions succes­sives).

DSI Prophet 12

Les 4 oscil­la­teurs sont iden­tiques : ils s’ac­cordent sur 10 octaves (8 Hz – 8 kHz) par demi-ton et centième de ton. Le suivi de clavier peut être désac­tivé, idéal pour certaines inter­mo­du­la­tions (FM, synchro). La phase du cycle de l’os­cil­la­teur peut être libre ou liée à l’en­fon­ce­ment de touche. Chaque oscil­la­teur offre 4 ondes clas­siques (dent de scie, impul­sion, triangle, sinus), 12 tables d’onde (Tines, Mellow, Church, Muted, Nasal, Boing, Gothic, Ahhh, Shrill, Ohhhh, Buzzzz, Meh) et 3 bruits (rouge, blanc, violet). Toutes ces ondes sont variables, grâce à un para­mètre Shape modu­lable qui agit sur le contenu harmo­nique ou balaie la table. Mieux, les tables d’onde peuvent fonc­tion­ner par 3 (une à gauche, une au centre, une à droite), le para­mètre Shape permet­tant de passer progres­si­ve­ment de l’une à l’autre. Idem pour les bruits, sauf que les ondes de gauche et droite sont fixées. Le premier oscil­la­teur dispose d’un sub-oscil­la­teur basique : sinus à une octave plus bas, juste de quoi renfor­cer les basses, sans plus… Chaque oscil­la­teur et sub offre un niveau de sortie program­mable et modu­lable, pour un dosage fin du mix. 

Destruc­tion immi­nente

DSI Prophet 12

Les oscil­la­teurs peuvent inter­agir : synchro dure, FM et AM. L’ordre de modu­la­tion est prédé­fini : l’os­cil­la­teur 2 agit sur le 1, le 3 sur le 2, le 4 sur le 3 et le 1 sur le 4. A force d’em­pi­ler les modu­la­tions, les résul­tats peuvent deve­nir surpre­nants ; ceci explique en partie la richesse des textures dont est capable le Prophet 12, d’au­tant que les para­mètres FM et AM sont eux-mêmes modu­lables. Les timbres sont toute­fois métal­liques, avec pas mal d’alia­sing dans les aigus, comme nous l’avons déjà décrit. C’est à ce niveau que se règlent le Glide (porta­mento poly­pho­nique à temps ou inter­valle constant) et le Slop (simu­la­tion d’in­sta­bi­lité des VCO vintage).

Pour aller plus loin dans le carnage, le Prophet 12 propose 5 armes de destruc­tion massive : Girth (boos­ter de basses fréquences), Air (boos­ter de hautes fréquences), Hack (réduc­teur de bits), Deci­ma­tion (réduc­teur de fréquence d’échan­tillon­nage) et Drive (simu­la­teur de satu­ra­tion de bande). Chaque effet n’a qu’un seul para­mètre éditable et modu­lable : son niveau d’ac­tion. Renfor­cer, salir ou distordre le son, ces effets agissent de manière plus ou moins subtile, tout en restant très numé­riques à l’oreille. Dans les aigus, ça peut être très agres­sif, surtout si les oscil­la­teurs inter­agissent à niveau élevé. Cela aurait été bien d’avoir une entrée audio pour en faire béné­fi­cier un signal externe, avant de l’en­voyer dans les filtres, dont nous allons parler sans tran­si­tion.

Curtis & Co

Pour chacune de ses voix, le Prophet 12 comporte un filtre passe-bas réso­nant envoyé en série vers un filtre passe-haut réso­nant, sans autre mode de routage.

DSI Prophet 12

Comme nous l’avons dit, les filtres ou la manière dont le signal y est envoyé ne révo­lu­tionnent pas le genre. Sur le filtre passe-bas, bien que le compo­sant analo­gique utilisé soit le même que sur les précé­dents instru­ments DSI (DSI-120), on n’en retrouve pas tout à fait la couleur. Le mode 4 pôles est réso­nant jusqu’à l’auto-oscil­la­tion, mais le mode 2 pôles reste en deçà et apporte une colo­ra­tion trop neutre pour se démarquer. Le filtre passe-haut réso­nant est consti­tué de compo­sants discrets : AO, VCA, capa et résis­tances. Il est hélas globa­le­ment assez fade ; il permet toute­fois des attaques inté­res­santes lorsqu’on module la ferme­ture de la fréquence de coupure avec une enve­loppe. Là encore, la réso­nance colore légè­re­ment, ce n’est pas le HPF du MS20, même en boos­tant la réso­nance jusqu’à l’auto-oscil­la­tion avec le para­mètre DC de la matrice de modu­la­tions ! En coupant toutes les fréquences, les oscil­la­teurs repissent, à notre souve­nir de manière plus pronon­cée que sur les précé­dents DSI.

DSI Prophet 12

La coupure du filtre passe-bas répond de manière assez fluide sur 13 octaves (165 valeurs). Elle est direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe DADSR dédiée, le suivi de clavier et la vélo­cité de frappe. La coupure du filtre passe-haut est direc­te­ment modu­lable par le suivi de clavier. Les autres para­mètres des deux filtres (tels que la réso­nance) sont égale­ment modu­lables, via une matrice idoine (voir ci-après). En sortie du filtre passe-haut, le signal entre dans un VCA stéréo. Il y trouve une enve­loppe DADSR dédiée direc­te­ment modu­lable par la vélo­cité. L’en­semble des voix peut être dispersé dans l’es­pace stéréo et modulé. À la sortie du VCA, une partie du signal rejoint les sorties audio, tandis qu’une autre est conver­tie en numé­rique pour d’une part aller vers les lignes à retard (cf. ci-après), d’autre part vers le circuit de feed­back. La quan­tité de feed­back est réglable de manière bipo­laire, un réglage néga­tif corres­pon­dant à un signal inversé. La boucle de feed­back est accor­dable par demi-ton sur 4 octaves (C0 – C4), la fréquence suivant le clavier en fonc­tion de la fréquence de coupure du filtre passe-bas et du nombre de pôles.

Modu­la­tions matri­cielles

Comme tous les produits DSI, le Prophet 12 excelle au rayon modu­la­tions. On commence par 4 LFO par voix. Leur oscil­la­tion est libre ou déclen­chée par le clavier, avec synchro­ni­sa­tion de la fréquence à l’hor­loge interne / MIDI. Les formes d’onde sont clas­siques : triangle bipo­laire, rampe, dent de scie, carrée, impul­sions (3 largeurs diffé­rentes) et aléa­toire. On peut aussi régler la phase et la desti­na­tion (ce qui évite de consom­mer un cordon dans la matrice). Enfin, un para­mètre Slew permet d’adou­cir la forme d’onde en arron­dis­sant les angles les plus raides. Côté enve­loppes, le Prophet 12 en possède 4, de type DADSR. Les 2 premières enve­loppes sont pré-assi­gnées au filtre passe-bas et au VCA, mais toutes ont une desti­na­tion direc­te­ment assi­gnable (sans consom­mer de cordon dans la matrice, merci encore !). Les segments de temps sont suffi­sam­ment nerveux pour créer des sons claquants, telles que des percus­sions analo­giques. Les enve­loppes peuvent être direc­te­ment modu­lées par la vélo­cité. Il est aussi possible d’en boucler les segments DAD à volonté.

DSI Prophet 12

Enfin, le Prophet 12 ne serait pas un DSI sans sa puis­sante matrice de modu­la­tions à 16 cordons program­mables, avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Elle met en jeu 26 sources et 97 desti­na­tions. Parmi les sources : les oscil­la­teurs, les LFO, les enve­loppes, les contrô­leurs physiques, la vélo­cité, la pres­sion, le suivi de clavier, les pédales, un géné­ra­teur aléa­toire, un DC (valeur fixe)… parmi les desti­na­tions : les fréquences, volumes, posi­tion d’onde, FM, AM de chaque oscil­la­teur ou de tous, les 5 effets « Charac­ter » avant filtrage, les coupures et réso­nances des 2 filtres, le VCA, le pano­ra­mique, la largeur stéréo, le feed­back, les 4 délais, les 4 LFO, les 4 DADSR et les 16 modu­la­tions. Dans ce dernier cas, on créée des modu­la­tions de modu­la­tion. L’édi­tion est faci­li­tée par l’écran, sur lequel appa­raît la liste dérou­lante des cordons, avec pour chacun la source, la quan­tité de modu­la­tion et la desti­na­tion. Le défi­le­ment et les valeurs s’éditent avec les 4 potards logi­ciels situés au-dessus de l’écran. On peut même trier chacun des para­mètres par ordre crois­sant / décrois­sant grâce aux touches logi­cielles situées sous l’écran. Super pratique pour voir rapi­de­ment quelles sources sont assi­gnées à une même desti­na­tion ou quelles desti­na­tions sont modu­lées par une même source !

Retards program­més

DSI Prophet 12

En sortie de VCA, une partie du signal analo­gique est déri­vée et conver­tie en numé­rique pour attaquer 4 lignes à retard stéréo. Chacune travaille de 1 milli­se­conde à 1 seconde. Les temps sont synchro­ni­sables à l’hor­loge interne / MIDI (4 temps à 1/16 de temps). On peut régler la quan­tité de signal traité et le feed­back. Le pano­ra­mique ne possède pas de réglage direct à ce stade, mais est para­mé­trable ou modu­lable via la matrice (source DC fixe ou para­mètre variable), pour des effets ping-pong par exemple.

En utili­sa­tion conjointe, les 4 lignes de délai peuvent simu­ler diffé­rents effets d’en­semble. Par exemple des réverbes courtes (pièces, ressorts, plaques). Ou encore des chorus ou flan­ger, en modu­lant les temps de délai. Le mode d’em­ploi donne des exemples de réglages des diffé­rents para­mètres pour diffé­rentes appli­ca­tions. En sortie des 4 lignes à retard, le signal est recon­verti en analo­gique pour rejoindre les sorties audio physiques. Au bout du bout de la chaîne, le signal est fina­le­ment envoyé dans une distor­sion analo­gique contrô­lée par un potard. Il y a un circuit de distor­sion par couche sonore, permet­tant des trai­te­ments indé­pen­dants en modes Split / Stack.

Arpèges mini­ma­listes

Chacune des deux couches d’un programme possède un petit arpé­gia­teur dédié. Rien de trans­cen­dant comme nous allons le voir, par rapport à l’ar­pé­gia­teur 32 pas program­mable annoncé un peu vite au NAMM ! Dans la version actuelle (DSI igno­rait au moment du test si cela chan­ge­rait un jour), l’ar­pé­gia­teur se contente d’un tempo (avec fonc­tion Tap et synchro interne / Midi), de 5 direc­tions de jeu (haut, bas, alterné, joué, aléa­toire), d’une tessi­ture (1 à 3 octaves), d’un para­mètre répé­ti­tions (0 à 3 notes) et d’un Latch avancé (main­tien des notes jouées avec rempla­ce­ment ou ajout). Depuis l’OS 1.4.1, les notes arpé­gées sont enfin trans­mises en Midi Out, merci ! Hélas, l’ha­bi­tuel séquen­ceur à pas est passé à la trappe, zou ! 

Liai­sons exté­rieures

DSI Prophet 12

Le Prophet 12 commu­nique avec le monde exté­rieur en MIDI / USB. Les potards et boutons en façade trans­mettent en CC ou NRPN, ce dernier format permet­tant une réso­lu­tion supé­rieure à 128 valeurs. En récep­tion, le Prophet 12 peut égale­ment opérer en CC ou NRPN. En CC, on commande à distance les prin­ci­paux para­mètres de la couche en cours d’édi­tion (A par défaut). En NRPN, on accède à tous les para­mètres des 2 couches sur le même canal MIDI ; c’est d’ailleurs le seul moyen de comman­der les 2 couches, le Prophet 12 étant à ce stade inca­pable de travailler en bica­nal MIDI. Les Sysex sont recon­nus, utile pour dumper les programmes ; ces derniers ne sont pas compa­tibles avec les autres instru­ments de la marque, c’est logique.

L’USB 2 est là pour répé­ter ce qui entre et sort par les prises MIDI, pas pour jouer d’in­ter­face entre un ordi­na­teur et d’autres instru­ments MIDI. D’ailleurs le construc­teur recom­mande de ne pas utili­ser simul­ta­né­ment le MIDI In et l’USB, cela risque­rait de plan­ter la machine. En revanche, aucun souci pour le MIDI Out. Pour clore ce chapitre, signa­lons l’exis­tence d’un éditeur PC / Mac déve­loppé par la société Sound­to­wer

Le meilleur Prophet ?

Le Prophet 12 ne laisse pas indif­fé­rent. Le design est vrai­ment fantas­tique, que ce soit le look ou l’er­go­no­mie. C’est à notre goût le plus bel instru­ment que nous ayons eu à tester. Il est aussi fort bien construit et tout y est conçu pour faci­li­ter la recherche sonore. C’est d’au­tant plus impor­tant que les sons d’usine ne sont pas du meilleur cru ; de même, en dehors des belles nappes complexes, des percus­sions ou des basses numé­riques où le Prophet 12 excelle, il n’est pas facile de sortir des sons gras et chauds comme savent le faire les synthés (partiel­le­ment) analo­giques. Bref, d’au­cuns pense­raient que le ramage n’est pas tout à fait à la hauteur du plumage. Il en ressort une impres­sion contras­tée d’un instru­ment haut de gamme mais pas aussi poly­va­lent qu’on pouvait l’es­pé­rer, en tout cas certai­ne­ment pas un remplaçant du Prophet’08. Après tout, peut-être somme-nous deve­nus trop exigeants ou blasés avec l’âge.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format WAV)

 

  • Belles textures sonores complexes
  • Polyphonie généreuse
  • Synthèse profonde
  • Oscillateurs musclés
  • Effets pré- et post-filtre
  • Capacités de modulation
  • Multiples synchronisations
  • Emission / réception de CC / NRPN
  • Commandes généreuses
  • Ergonomie réussie
  • Qualité de construction
  • Enfin une alimentation interne !
  • Très belle gueule
  • Basses en retrait
  • Peu enclin aux sons gras et chauds
  • Filtre passe-haut trop neutre
  • Un seul canal MIDI par programme
  • Arpégiateur trop basique
  • Pas de séquenceur
  • Pas d’entrée audio
  • USB limité au MIDI

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