Plus de cinq ans après sa mise sur le marché initiale, l’A4 fait peau neuve : nouvel emballage, nouvelles fonctionnalités, nouvelle électronique… serait-ce le module synthé analogique-séquenceur idéal ?
L’Analog 4 est sorti fin 2012 avec pas mal de péchés de jeunesse. Le constructeur suédois s’était empressé de corriger les aspects logiciels et avait sorti simultanément un modèle clavier, l’Analog Keys, qui comblait une partie des aspects matériels. On pensait tenir là l’aboutissement du concept synthé analogique-séquenceur, mais une marge de progression était encore possible, notamment sur le plan de l’ergonomie, entravée par des fonctions nombreuses concentrées sur une petite surface de commandes. Avec l’A4 MKII présenté au NAMM 2018, Elektron entend bien remettre les pendules à l’heure. Bien plus qu’un simple relookage, l’électronique a été revue en profondeur. En parallèle, la firme a développé une nouvelle mouture de l’Overbridge, suite logicielle audionumérique permettant d’intégrer parfaitement la machine à une STAN via USB2. Voyons si les nombreuses requêtes des utilisateurs ont été satisfaites…
Newlook
Les nouvelles productions Elektron apportent une rupture dans le graphisme. Tout comme l’AR MKII, l’A4 MKII rompt avec le design monolithique noir auquel la marque nous avait habitués. On passe à un module gris perle avec galbe latéral et panneau incliné. La coque est entièrement en alu parfaitement usiné, avec ajustements impeccables, courbures complexes et finitions de surface qui démontrent une grande maitrise industrielle. Par rapport à l’A4 MKI assez surchargé graphiquement, cette version MKII paraît dépouillée et presque simpliste… Côté mensurations, on passe à 385 × 225 × 82 mm contre 340 × 176 × 63 pour l’AR MKI (poids identique toutefois de 2,4 kg). Ceci permet d’agrandir la taille des commandes et leur espace. Il y a également plus de touches directes pour accéder aux différentes fonctions ; la sérigraphie est considérablement allégée avec des LED désormais intégrées aux boutons, ce qui apporte une meilleure clarté ; l’ergonomie est donc supérieure à celle du premier modèle, mais il reste toutefois des combinaisons de touches à bosser, sinon ce ne serait pas une Elektron…
Les habitués de l’A4 ne seront pas dépaysés et retrouveront une répartition des commandes assez similaire : à gauche, un pavé pour la sélection du mode de jeu et un autre pour appeler les banques de motifs ; au centre, on trouve un nouvel écran OLED monochrome, un encodeur de niveau, une touche Tap Tempo dédiée, des touches de navigation/édition et des commandes de transport. La visibilité de l’écran a nettement été améliorée : meilleur contraste, meilleure résolution (128 × 64 points contre 122 × 32) et menus revisités. A droite, on retrouve les 10 encodeurs contextuels pour l’édition des paramètres sonores : arpèges, notes, oscillateurs, filtres, ampli, enveloppes, LFO, CV, effets, entrées audio… On apprécie qu’ils soient moins proches qu’avant ! Ils surplombent 13 touches formant un mini clavier d’une octave que l’on peut transposer sur plus ou moins trois octaves à l’aide de deux touches dédiées. Cela permet d’entrer les notes plus facilement dans le séquenceur. Sur la partie droite, une rangée verticale de 6 touches rétroéclairées permet de sélectionner/activer/muter 4 pistes de notes, 1 piste d’effets et 1 piste CV. La partie inférieure, enfin, est occupée par une rangée de 16 boutons poussoirs rétroéclairés (activation des pas, sélection des Patterns, coupure des pistes) et d’une touche Page (accès aux 64 pas d’un Pattern). Les boutons poussoirs sont désormais rectangulaires et offrent une réponse parfaite, avec débattement confortable et ressort de rappel franc. Les encodeurs poussoirs semblent toutefois moins réussis, avec un clic nettement moins franc que leurs prédécesseurs.
La conception du module permet une inclinaison naturelle très agréable et le panneau arrière rehaussé intègre une connectique largement améliorée par rapport au modèle MKI : sortie casque, sorties audio principales stéréo symétriques, 4 sorties individuelles stéréo pour les voix, entrées audio externes stéréo (pour router un signal externe vers les filtres et/ou les effets), 4 sorties CV/Gate, un trio Midi (avec fonctions synchro), 2 entrées Expression/CV (nouveauté), une prise USB2 (une vraie !), une borne pour alimentation hélas externe (12VDC/2A) et un interrupteur secteur. Toute la connectique audio/CV/Gate est au format jack 6,35. Les sorties CV/Gate permettent de piloter des synthés analogiques à partir du séquenceur (en V/octave ou Hz/Volt, nous en reparlerons). Les entrées EXP/CV permettent quant à elles de moduler cinq paramètres simultanés sur n’importe quelle piste à l’aide de contrôleurs externes (pédale d’expression ou CV) ; on peut en régler les valeurs minimum/maximum, la polarité, avec mode d’apprentissage pour les pédales d’expression. L’USB2 permet l’interfaçage Midi (dumps, mise à jour d’OS) et audio multipiste (cf. paragraphe Overbridge).
En route !
Tout comme l’A4 MKI et l’AK, l’A4 MKII est un synthé–séquenceur polyphonique et multitimbral 4 voix. Les Patterns possèdent six pistes : quatre pistes synthés (mono ou polyphoniques), une piste d’effets variables (3 effets simultanés disponibles) et une piste CV/Gate/Trigger (4 sorties assignables pour piloter des synthés analogiques purs). Le synthé interne est polyphonique et multitimbral 4 voix, avec allocation dynamique. Chaque voix offre un moteur analogique (oscillateurs + filtres + ampli stéréo) sous contrôle numérique (accordage, modulations). Les voix de synthèse sont indépendantes des pistes (les pistes piochent dans les voix disponibles et coupent les plus anciennes en cas de nécessité). L’A4 MKII permet toutefois de spécifier une réserve de polyphonie par piste et la manière dont les voix sont réservées (rotation, ré-assignement). Cela en fait un synthé analogique multitimbral très évolué.
En plus des sons stockés dans les kits des Patterns, l’A4 MKII offre 512 sons d’usine dans sa méga banque de 4 096 programmes. A la première écoute, on remarque un son analogique précis, chirurgical, mais pas froid. L’A4 MKII a aussi la capacité de produire des sons bien trash (interaction des DCO, feedback dans le VCF). Comparé à la MKI, pour peu qu’on s’en souvienne, le son semble plus clair, avec un Overdrive plus marqué ; mais arrêtons-là les comparaisons, puisqu’il ne s’agit que de souvenirs, la toile étant pleine d’exemples de démonstrateurs s’évertuant à mettre en évidence des différences pas vraiment évidentes, prouvant parfaitement tout et son contraire…
On apprécie le filtre passe-bas acidulé à souhait, sans effondrement des graves, ainsi que la belle polyvalence des filtres en série, permettant un large éventail de pads et textures. La résonance peut être poussée très loin au-delà de l’auto-oscillation. L’A4 MKII répond parfaitement dans les basses, qui descendent vraiment très bas avec le Sub, le 7060B du studio s’en est donné à woofer-joie. Les percussions analogiques tapent très dur et offrent une très belle variété de timbres ; en conjonction avec les Sound Locks, on peut créer une base rythmique convaincante sur un nombre réduit de pistes, comme le démontrent certains exemples sonores. On apprécie également les effets spéciaux et les longues réverbes pilotées en temps réel sans broncher.
L’A4 MKII est une machine de performance live, il ne faut pas se priver d’en abuser : activer une piste, faire varier un son, transposer à la volée (avec la touche idoine et le mini-clavier), modifier un effet, lancer un Fill, enchaîner les Patterns… On pense parfois qu’il y a plus que 4 pistes de synthèse, tellement les motifs peuvent changer radicalement à chaque pas. La limite de polyphonie nous rattrape toutefois sur les nappes longues ; là, on sent que 4 voix, c’est parfois un peu juste. D’ailleurs la banque d’usine ne fait pas vraiment honneur aux sons polyphoniques : peu de grands classiques types strings, cuivres et autres polysynths, hormis des nappes dans tous leurs états. On pourra se rabattre sur la quinzaine de banques téléchargeables sur le site du constructeur, pour la plupart gratuites. Merci !
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Pistes synthétiques Part 1
Les 4 premières pistes du séquenceur sont assignées à un son de synthèse interne, mais sont hélas toujours incapables de basculer en pistes Midi pour commander un module externe. Chaque piste peut donc utiliser de 1 à 4 voix en monodie, polyphonie ou à l’unisson (avec désaccordage et élargissement stéréo). Chacune voix comprend 2 DCO, 2 Sub DCO, un générateur de bruit numérique, 2 VCF, 1 distorsion analogique et 1 VCA stéréo. Un paramètre Drift permet de simuler le comportement de VCO, en désaccordant les DCO de manière aléatoire. Chaque DCO peut être accordé sur plus ou moins 64 demi-tons (avec réglage fin) et déconnecté du suivi de clavier. On règle ensuite le niveau d’entrée dans le filtre ; en mettant la sauce, on crée de la saturation et on agit sur la résonance. On ne peut choisir qu’une forme d’onde par DCO, mais son contenu harmonique est continûment variable, que ce soit pour la dent de scie, l’impulsion transistor (TB Roland), l’impulsion classique ou le triangle. Ce contenu peut être modulé par un LFO indépendant à intensité et vitesse programmables. L’une des entrées audio peut se substituer à l’onde interne. On peut aussi créer une boucle de feedback entre la sortie du premier VCF et l’entrée du DCO1, ou encore remplacer l’onde du DCO2 par la sortie du second VCF de la piste précédente (valable pour les pistes 2, 3 et 4) ; très original !
Chaque DCO possède aussi son propre Sub DCO (carré à –1 ou –2 octaves, impulsion 25% à –2 octaves ou impulsion 33% à –7 demi-tons). On peut aussi régler la couleur du générateur de bruit numérique et son fondu (en entrée ou en sortie, idéal pour créer des percussions sans consommer d’enveloppe). On peut faire interagir les DCO avec une belle batterie de fonctions : modulation d’amplitude du DCO1 par le DCO2 et du DCO2 par le DCO1 (double Ring Mod comme sur le Synthex), synchro du DCO1 par le DCO2 ou du DCO2 par le DCO1 ou croisée (comme le mode Metal du JX-3P) ; mieux, un paramètre continu permet de passer progressivement d’une Soft-Sync à une Hard-Sync. Un Autobend programmable en intensité (bipolaire) et en temps est prévu pour générer des glissements de notes. Dommage qu’on ne puisse le débrayer de l’un des deux DCO. On peut ensuite forcer la phase des DCO à redémarrer à chaque note, idéal pour renforcer les sons percussifs. Enfin, un vibrato peut agir sur le pitch global, avec vitesse et intensité programmables. Du très bon !
Pistes synthétiques Part 2
Les générateurs audio (ou les signaux externes) attaquent ensuite un premier VCF passe-bas résonant 4 pôles en échelle de transistors (type Moog). La résonance est plus forte sur les fréquences élevées et se met à siffler beaucoup à partir de l’auto oscillation. Une fonction permet encore d’accentuer davantage la résonance. On peut aussi doser un Overdrive analogique, de manière bipolaire : en négatif, on génère un écrêtage doux, en positif, on génère une distorsion marquée. La fréquence de coupure peut suivre le clavier et être modulée par une enveloppe ADSR dédiée (modulations bipolaires).
Le second VCF, placé en série, est un de type multimode 2 pôles à OTA, avec une résonance relativement constante quelle que soit la fréquence. Il offre 7 modes : passe-bas 2 pôles, passe-bas 1 pôle, passe-bande, passe-haut 1 pôle, passe-haut 2 pôles, réjection de bande et Peak. Là encore, la fréquence de coupure peut être modulée par le suivi de clavier et l’enveloppe de filtre (modulations bipolaires). Ensuite, le VCA stéréo permet de régler le volume final, le panoramique, les départs vers les trois effets et l’enveloppe ADSR de volume.
Côté modulations, on trouve 3 enveloppes ADSR (VCA, VCF et libre) ; les deux dernières peuvent moduler deux destinations (modulations bipolaires), à choisir parmi 50 paramètres : quasiment tous les paramètres des DCO, leurs intermodulations, leur vibrato, les VCF (coupures et résonances), l’ADSR sur le VCA, le volume, le panoramique, les départs effets et l’accent. Les enveloppes possèdent des segments à forme variable (logarithmique, linéaire, exponentiel), ce qui les rend très souples ; elles savent claquer quand il le faut, si on en croit les percussions bien pêchues que l’on peut obtenir. On passe aux deux LFO et à leurs paramètres : vitesse (synchro à l’horloge globale/Midi et facteur multiplicateur), fondu en entrée ou sortie, phase, mode de déclenchement (libre, redéclenché, demi-cycle unique, cycle unique) et forme d’onde (triangle, sinus, carré, dent de scie, courbe exponentielle, rampe, aléatoire). Les LFO sont capables d’osciller jusqu’aux niveaux audio (jusqu’à 2 000 fois la fréquence de base !) ; ils peuvent moduler chacun deux destinations, à choisir parmi plusieurs dizaines de paramètres (les mêmes que précédemment plus les enveloppes et les LFO). Pour sauvegarder ses sons, l’A4 MKII dispose de 128 mémoires dans le projet en cours, que l’on peut ensuite rappeler dans chaque piste.
Piste d’effets
Tout comme ces prédécesseurs, l’A4 MKII possède une triple section effets numériques. Ils sont placés en parallèle du signal analogique, sur le principe des auxiliaires d’une table de mixage (départs/retours pour chaque piste). Le premier effet est un chorus, avec pré-délai, vitesse, profondeur, largeur stéréo, feedback (assez difficile à maîtriser), filtrage passe-bas et passe-haut, niveau final et départs vers le délai et la réverbe. Il ne nous a pas plus emballés que la première fois. Le deuxième effet est un délai avec saturation ; on peut le synchroniser au tempo. Il fonctionne en stéréo ou ping-pong, avec largeur ajustable. On trouve aussi des paramètres de feedback, filtrages passe-bas et passe-haut et Overdrive (attention les oreilles !). On peut dosser le niveau final tout comme le départ vers la réverbe. Celle-ci constitue le troisième effet embarqué. Il s’agit d’une simulation de pièce d’excellente qualité, sans bouclage désagréable ou agressivité métallique. On peut en régler le pré-délai, le temps, la fréquence (EQ), le gain (EQ), le filtrage passe-bas, le filtrage passe-haut et le niveau global. Une réverbe simple, mais très réussie !
Outre les pistes synthé, on peut aussi traiter chacune des entrées audio, avec départs gauche et droit séparés vers chaque effet. La piste FX possède deux LFO dédiés, dotés des mêmes paramètres que les LFO des pistes synthé, chacun capable de moduler deux destinations. On y trouve une trentaine de paramètres assignables : départs effets, volume et panoramique de chaque entrée audio, ainsi que tous les paramètres d’effets, superbe ! Les réglages d’effets et toutes les modifications en temps réel les concernant sont mémorisés au sein de la piste FX, dans chaque Pattern, ce qui permet des évolutions complémentaires aux variations des pistes synthés, en parfaite synchronisation et sans artefact numérique. Cette section, de solide facture, n’a toutefois pas évolué depuis l’A4 MKI et l’AK…
Piste CV
La dernière piste de l’A4 MKII est dédiée aux messages CV/Gate/Trigger. De sorte que le séquenceur peut piloter des modules externes purement analogiques, en synchro avec tout le reste. On utilise pour cela les 4 prises jack ABCD situées à l’arrière de la machine. Le paramétrage de chaque sortie est défini au niveau global : Pitch Volt/Octave (note C centrale, suivi), Pitch Hz/Volt (accordage, profondeur d’octave), CV linéaire (avec valeurs min/max entre –10 et +10V), Trigger (durée, polarité, niveau entre 0 et 10V), Gate (polarité, niveau entre 0 et 10V). Les autres réglages sont mémorisés dans la piste CV : accordage par demi-ton et fin (modes CV sur Pitch), niveau de tension du CV (mode linéaire) et piste de base pour envoyer les valeurs de CV (l’une des 6 pistes peut être utilisée). Pour moduler le tout (en plus des modulations de pistes), on dispose de deux enveloppes ADSR et deux LFO, semblables à celles et ceux des autres pistes. Ce qui change, ce sont les deux destinations de chacune de ces modulations, pour chacun des ports ABCD : accord grossier, accord fin, niveau, valeur et piste source. Pour les LFO, on y ajoute les paramètres d’enveloppes (ADSR, temps de Gate, profondeurs de modulation). C’est toujours agréable de pouvoir bénéficier de ce genre de piste CV sur un séquenceur numérique, mais c’est d’autant plus rageant de ne toujours pas y trouver de pistes Midi.
Patterns/Chains/Songs
La mémoire de l’A4 MKII est conséquente, avec 128 projets constitués chacun de 128 Sounds, 128 Kits, 128 Patterns, 64 Chains, 16 Songs, 4 configurations globales et 4 096 Sounds séparés, chargeables selon le besoin. On peut transférer ces données par dump Midi/USB. Un Pattern pointe vers un kit qui contient les réglages initiaux des 6 pistes du séquenceur (4 pistes synthés, 1 piste de 3 effets et 1 piste de 4 CV). Un Pattern peut contenir entre 1 et 64 pas (4 sections de 16 pas, accessibles rappelons-le via la touche Page). L’A4 MKII est parfaitement à l’aise en polyrythmie, puis chaque piste peut avoir sa propre longueur. En lecture, on peut lancer un Pattern (lecture à l’endroit uniquement), muter/isoler une piste, modifier des paramètres (synthèse, effets, CV), revenir aux valeurs initiales instantanément (sons/FX, pistes, Patterns). Les Patterns peuvent être enchaînés de différentes manières : à la fin du précédent, immédiatement depuis la position actuelle, immédiatement depuis le début ou en saut temporaire (passage direct au nouveau Pattern puis retour au Pattern précédent à la fin de la mesure), bien vu !
Le mode Performance permet de créer des macro-commandes pour piloter cinq paramètres de synthèse ou d’effets en même temps ; on peut ainsi faire baisser le volume d’une piste pendant que le filtre s’ouvre sur une autre et que le panoramique change sur une troisième. Un mode Quick Performance permet d’accéder aux macros et modifier leur action sans passer par l’éditeur. Dix macros de la sorte peuvent être mémorisées et leur utilisation assignée aux encodeurs. On peut aussi ajouter un peu de Swing (50 à 80%), accentuer certains pas, lier certaines notes ou des paramètres enregistrés (pour les lisser). Chaque piste dispose également d’un arpégiateur avec sens de lecture variable (ordre joué, haut, bas, alterné, décalage d’octave aléatoire, aléatoire total, polyphonique), vitesse multiple de l’horloge globale/Midi, plage de 1 à 8 octaves, mode legato, durée de note et décalage de 3 notes additionnelles. L’arpégiateur travaille sur 16 pas débrayables et peut être utilisé en lecture comme en enregistrement de Patterns.
En enregistrement, on trouve les modes pas à pas et temps réel (avec quantification), la résolution allant jusqu’à 1/384 de double croche. Les notes sont entrées avec le mini clavier intégré ou un clavier externe. Là où l’A4 MKII met le turbo, c’est dans ses célèbres fonctions Locks. La première, Sound Locks, permet de placer un son différent à chaque pas des 4 pistes synthé ; la deuxième, Parameter Locks, permet de modifier, à chaque (et pour chaque piste), n’importe quel paramètre programmables (128 maximum par Pattern) ; ceci se programme et s’édite en temps réel ou en pas à pas, avec les 10 encodeurs et les sélecteurs de pages de paramètres situés en dessous ; la troisième fonction enfin, Trig Condition, permet de lier le déclenchement de notes à la réalisation ou non-réalisation de fonctions logiques : suivant qu’on a activé la touche Fill (cycle de Fill-in comme sur une BAR), suivant qu’une note a déjà été jouée sur la piste en cours ou la piste voisine, note à jouer uniquement sur le premier cycle du Pattern ou suivant un nombre d’itérations (genre, jouer le pas n°12 une fois toutes les quatre boucles), avec une probabilité à définir (1 à 100%)… Pas facile à comprendre, encore moins à décrire, mais très puissant à l’usage !
Pour terminer ce chapitre bien copieux, parlons d’un autre gros point fort des A4/AR : la possibilité d’enchaîner les Patterns avec différents niveaux de complexité. Très simples, les Chains permettent de juxtaposer des Patterns (2 à 256, 256 étant le nombre à partager entre toutes les Chains). Plus complexes, les Songs regroupent des Patterns et des Chains ; on définit, pour chaque pas, le nombre de répétitions du Pattern ou de la Chain (1 à 99), puis on spécifie le statut de chacune des 6 pistes (activée/coupée). On peut ainsi créer rapidement des Songs évolutives complexes à partir de quelques motifs. Une fonction Reload permet de recharger chaque Kit / Sound / Track / Pattern / Song / Project tel qu’il était avant modification. La concurrence pourrait tirer des leçons de ces modes puissants !
Conclusion
Nous avons simultanément mené les tests de l’A4 MKII et de l’AR MKII. Autant les améliorations sur cette dernière ne nous ont pas bousculés car on partait déjà de haut, autant les progrès faits sur l’A4 sont remarquables : l’ergonomie a fait un bond en avant, la personnalité sonore s’est affirmée, de nouvelles fonctions sont apparues et la connectique s’est bien développée. Bref, un bon paquet de reproches faits à l’A4 MKI n’ont plus lieu d’être. Si on perd le côté compact, les qualités initialement appréciées sur l’A4 MKI sont toujours là : qualité de construction irréprochable, génération sonore analogique sous contrôle numérique, polyphonie, multitimbralité, puissance de la synthèse, qualité de la réverbe, géniales modulations des séquences, fonctions USB Midi/audio (quand l’Overbridge sera disponible). Bien sûr l’ergonomie reste propre à la marque et nécessite un petit temps d’adaptation, notamment pour mémoriser les nombreux raccourcis de touches, mais la puissance est remarquable pour qui a bien intégré les astuces. Par ailleurs, on aurait aimé un peu plus de polyphonie, mais l’A4 n’est ni une A6 ni une A8… Ceci posé, l’A4 MKII est la meilleure offre actuelle de module synthé analogique multitimbral-séquenceur, qui mérite à ce titre l’Award Valeur Sûre 2018.
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