Présenté au NAMM 2015, le JD-Xi vient tout juste de débarquer avec sa bouille brillante. De prime abord un petit synthé au faciès amusant, mais bien plus que cela en réalité…
Depuis la présentation de la nouvelle gamme JD au NAMM puis à la Musikmesse 2015, la société Roland a fait couler beaucoup d’encre. Des tartines de commentaires, on en retiendra qu’il est surtout question de traces de doigts et de rayures sur la façade, au moins dans 90 % des cas. Mais cela ne doit pas occulter que les JD-Xi et JD-Xa marquent le grand retour de Roland dans la synthèse analogique. En attendant le plat de résistance, nous venons recevoir l’entrée de cette nouvelle cuisine où synthèse numérique rime avec analogique et motifs rythmiques. Et une fois le JD-Xi allumé, ce qu’on entend va vite faire tomber tout a priori que pourrait engendrer le côté jouet rigolo à mini-touches.
Mon beau miroir
On reconnait les nouveaux JD de très loin, surtout quand ils sont allumés. Le design est très marqué : impossible de manquer la façade noir miroir, la sérigraphie rouge, les flancs rouges et le rétro-éclairage rouge (écran, LED, boutons).
Le JD-Xi est tout en plastique, super-léger (2,2 kg) et ultra compact. Le gloss en façade est fragile et salissant, il nécessite un chiffon ultra doux et beaucoup de soin. La qualité de construction est correcte compte tenu de la gamme de prix, rien de surprenant. On compte 14 potentiomètres (13 gros et 1 petit), 1 énorme sélecteur rotatif (choix des catégories de Tones), 32 boutons en forme de pastille (certains lumineux) et 16 boutons lumineux carrés bien alignés, vitaux pour le séquenceur à grille. L’ergonomie est bonne tant qu’on reste en surface : on peut rapidement choisir des sons, les assembler, transposer l’octave du clavier, programmer une séquence, ajuster le tempo, faire évoluer le filtre, régler le LFO ou paramétrer les effets vite fait. Mais dès qu’il s’agit d’aller plus en détail, ça se gâte : il faut passer par le petit écran 2 × 16 caractères, faire défiler les pages menu, trouver le paramètre et modifier la valeur avec les touches incrément/décrément. Pas le moindre encodeur de données, curieux de la part de l’inventeur de l’Alpha-Dial il y a presque 30 ans ! Les grandes perdantes sont les enveloppes qui n’ont qu’une commande directe, un potentiomètre pilotant simultanément les segments AR ; il y avait pourtant encore de la place en façade !
De même, il n’y a pas de touche Compare pour revenir sur les éditions faites (on peut toutefois jongler avec les 16 banques de 16 favoris pour stocker un programme en cours d’édition et revenir dessus plus tard…). Autre point d’ergonomie, on peut muter les pistes du séquenceur, mais pas les instruments individuels sur la piste drum kit… Outre les 2 mini-molettes de pitch et modulation, le JD-Xi est équipé d’un mini-clavier 3 octaves. Il garde ainsi une taille compacte tout en permettant de programmer rapidement des séquences en toute autonomie, mais le jeu direct s’en trouve limité ; c’est dommage, car les 37 touches répondent parfaitement à la vélocité.
La connectique a été réfléchie : en haut à gauche de la façade, la prise XLR (asymétrique) permet de connecter le micro dynamique col de cygne généreusement fourni (nous en reparlerons). Le reste se passe à l’arrière : à droite, il y a 4 jacks 6,35 mm pour la sortie casque, la sortie audio gauche/droite et l’entrée audio ; cette dernière possède un sélecteur de sensibilité haute impédance/ligne, s’accommodant à tout type de source, de la guitare à l’instrument électronique. À gauche, c’est numérique, avec le MIDI (entrée et sortie/Thru) et l’USB. Ce dernier véhicule les signaux audio (16 bits/44 kHz stéréo bidirectionnel) et MIDI (CC et dumps programmes) avec un PC (Windows 7/8/8.1) ou un Mac (OSX 10.7/8/9/10), une fois installé le driver ASIO. Viennent enfin la borne d’alimentation (externe, bloc à l’extrémité) et son petit interrupteur. Dommage que Roland n’ait pas prévu une alimentation par piles, ça devrait être obligatoire pour tout instrument aussi compact… Et les prises pour pédales, au fait ? Ben il n’y en a pas, le JD-Xi se positionne clairement comme groove machine à clavier.
Pseudo-hybride
Le JD-Xi est organisé en programmes multitimbraux 4 parties : 2 synthés numériques, 1 synthé analogique et 1 drum kit. Le synthé analogique est monodique, alors que les 3 autres parties numériques se partagent 128 voix de polyphonie. Point important, ces 4 parties sont indépendantes, l’analogique ne touche jamais le numérique et vice-versa…
C’est au sein d’un programme que sont sauvegardés les paramètres de synthèse des 4 parties, les effets, l’arpégiateur et le séquenceur. Il y a 8 banques de 64 programmes en mémoire, dont 4 pour l’utilisateur. Chaque partie possède son propre canal MIDI, fixé respectivement sur 1, 2, 3 et 10, ce qui empêche d’empiler ou spliter les sons au sein d’un programme ; on pourra contourner le problème avec un clavier de commande externe capable de mapper plusieurs canaux MIDI. Vu la taille du clavier du JD-Xi, ce n’est pas trop surprenant…
Commençons par triturer quelques programmes tirés des moteurs numériques. Immédiatement on prend une grosse claque, non seulement liée au niveau de sortie, mais aussi à la qualité et la diversité des sons de synthèse : de profondes nappes planantes à la mode analogique, des spectres hybrides riches en harmoniques, des strings veloutées (faisant référence aux poly vintage de la marque, tels que le JP-8 ou le Juno-60), des cuivres à attaque filtrée… sur ce type de son, c’est franchement du niveau de qualité de ce que l’on trouve sur un JP-80 ou un FA (rien à voir avec un SH-01). On dispose aussi d’une série de sons acoustiques multi-échantillonnés. Ici, le meilleur et le pire se côtoient, c’est du niveau d’un bon module GM : piano réservé à la house, claviers électriques hétérogènes (EP et Rhodes et Wurly pas trop mal, Clavinet plus anecdotiques), des orgues acceptables, des cordes moyennes, des guitares pathétiques, des basses correctes et, enfin, des cuivres et bois très éventés. On sent bien que le JD-Xi n’est pas un Rompleur du niveau d’un FA.
- EP2 00:18
- EP1 00:18
- EP3 00:39
- Pad1 00:28
- Pad2 00:29
- Pad3 00:14
- Strings 00:23
- Synth brass1 00:20
- Synth brass2 00:18
- Synth brass3 00:20
- Synth strings 00:23
- Tech stab 00:09
Passons à la partie drum kit : là c’est la fête à la TR, de la plus ancienne à la plus récente. Il ne manque rien sur ce thème électronique. On trouve aussi quelques kits acoustiques pop, rock, jazz et exotiques plus anecdotiques. Globalement, cette section offre des sons bien définis, pêchus, musicaux. Et si ça ne plait pas, on peut éditer les kits et les sons en détail, comme on le verra plus tard. Là encore, une excellente surprise d’entendre ce qui sort de cette petite bête.
- Kits1 00:50
- Kits2 00:53
Passons enfin à la partie analogique, très attendue, puisqu’il s’agit du premier retour de Roland dans ce domaine depuis belle lurette… Nous entrerons plus tard dans les détails techniques, mais ce que nous entendons nous sied assez : de belles basses rondes et grasses (bon point pour le filtre), quelques leads cuivrés plaisants, une PWM généreuse qui tient sa place. La partie analogique a de la pêche (pas autant que les parties numériques, qui ont une meilleure dynamique), mais la variété n’est pas exceptionnelle : on retombe assez souvent sur les grand standards de cette technologie, mais n’est-ce pas ce que nous attendons ? Ah, nous allions oublier le traitement de la voix. Le JD-Xi intègre un vocodeur et est livré avec micro ; nous n’avons donc pu résister à la connecter en façade et à beugler dedans. Là encore, nous avons été agréablement surpris par l’intelligibilité du traitement, sauf les pops qui ont tendance, comme d’habitude, à coller les aiguilles… sans oublier la fonction Auto Note qui convertit la fondamentale du signal présent à l’une des entrées audio en note MIDI, afin de piloter le générateur de synthèse interne (en mono).
- Analog bass1 00:52
- Analog bass2 00:41
- Analog bass3 00:46
- Analog lead 00:26
- Analog pwm 00:18
- Analog seq 00:33
- Solo voice 00:17
- VP 330 choir 00:27
- Vocoder ensemble 00:16
- Vocoder formant 00:09
Parties numériques
Nous avons vu que le JD-Xi disposait de 2 parties synthé numérique (Tones). Un Tone comporte des réglages communs et 3 couches sonores indépendantes baptisées Partial. Parmi les réglages communs, signalons la catégorie sonore, le volume du Tone, l‘activation de la modulation en anneau entre les Partials 1 et 2, la quantité de modulation de fréquence entre les Partials 1 et 2, l’Analog Feel (générateur de fluctuation aléatoire du pitch), le nombre de notes de l’unisson, les modes de jeu (mono/poly, legato), le temps de portamento et l’action du Pitch Bend. Mais c’est au sein même des 3 Partials que l’on touche à la véritable synthèse.
Chaque Partial consiste en une chaîne oscillateur – filtre – ampli et modulations. Pour l’oscillateur, on choisit entre des ondes modélisées ou des échantillons PCM. On trouve 7 formes d’onde modélisées : dent de scie, carrée, impulsion à largeur variable et modulable, triangle, sinus, bruit et Supersaw (7 dents de scie empilées, désaccordées et modulables). Les 6 premières formes d’onde offrent 3 variations spectrales. Côté ondes PCM, on trouve 160 échantillons/multi-échantillons : des ondes synthétiques (imitations analogiques, combinaisons spectrales plus ou moins complexes), quelques sons acoustiques (de qualité moyenne – comme nous l’avons dit, le JD-Xi n’est pas une station de travail haut de gamme) et des bruits/effets. Le pitch possède son enveloppe AD bipolaire.
Sorti des ondes PCM, le signal passe par un filtre passe-haut statique à 1 pôle, puis un filtre multimode résonant (4 modes passe-bas, passe-haut, passe-bande, peaking) à 2 ou 4 pôles. La fréquence de coupure est modulable par le suivi de clavier, la vélocité et une enveloppe ADSR dédiée (toutes ces modulations sont bipolaires). Enfin, on arrive à l’étage d’amplification, avec niveau et panoramique. Le niveau est modulable par la vélocité, le suivi de clavier et une enveloppe ADSR dédiée (modulations bipolaires pour la vélocité et le suivi de clavier).
On trouve aussi 2 LFO pour chaque Partial (LFO1 direct et LFO2 asservi à la molette de modulation). Au programme, 6 formes d’onde classiques (triangle, sinus, dent de scie, carré, S & H, aléatoire), une synchro à l’horloge interne/MIDI, un fondu d’entrée, un mode de déclenchement pour le LFO1 (libre ou à chaque note) puis une action sur le pitch, le filtre, l’ampli et le panoramique. La vitesse du LFO2 est modulable par la molette. Quelques réglages supplémentaires demandent toute notre attention : aftertouch (externe) sur le filtre et l’ampli, sensibilité des temps d’enveloppes et du portamento à la rapidité de jeu, bouclage et portamento chromatique (chouette, ce dernier !). Le JD-Xi renferme 256 Tones Presets (dont un Tone Init), dont on part pour construire ses propres sons, qui sont ensuite mémorisés dans l’un des 256 programmes utilisateur.
Partie drum kit
Le JD-Xi dispose d’un moteur PCM spécifique pour générer des kits de percussion. Cette partie partage les 128 voix de polyphonie disponibles avec les deux parties synthé numérique. Il y a 33 kits Presets pour ne pas partir de zéro, fabriqués à partir de 453 ondes PCM, laissant une très large part aux machines Roland (TR-909, TR-808, TR-707, TR-727, TR-606, TR-626, CR-78, R-8). On trouve aussi quelques sons acoustiques, synthétiques, effets, bruits et voix. Un kit est constitué de 26 instruments (Partial) comprenant 1 à 4 ondes PCM. On trouve des paramètres communs au kit entier tels que volume, groupes exclusifs (Partials qui se coupent mutuellement comme les hi-hats) et mode de jeu.
Chaque Partial propose une série impressionnante de paramètres : choix des 4 ondes PCM parmi les 453 disponibles, FXM (modulation du contenu harmonique des ondes), accordage (grossier, fin, aléatoire), niveau, panoramique (direct, aléatoire), fenêtre de vélocité (avec fondus bas et haut).
On poursuit par le pitch du Partial (accordage et modulations par la vélocité et l’enveloppe dédiée 4 temps/5 niveaux). Puis on arrive dans la section filtre multimode : choix du mode (3 modes passe-bas, passe-haut, passe-bande, peaking), fréquence de coupure, résonance, modulation de la FC (vélocité, enveloppe dédiée 4 temps/5 niveaux) et modulation de la résonance par la vélocité. Ensuite, on attaque la section ampli, avec niveau, modulation par la vélocité, enveloppe dédiée 4 temps/3 niveaux et panoramique (réglage de position et modulation aléatoire). On termine enfin par le choix de la sortie (toujours pour chaque Partial) : routage vers l’un des 4 effets, niveau de sortie, départ délai et départ réverbe. Nous sommes plutôt du genre à saluer la pléthore de paramètres sur les synthés ; le problème ici, c’est qu’il faut naviguer dans les menus pour régler tout ça. Autant c’est facile sur les stations de travail à grand écran graphique, autant se taper 3 enveloppes multi-segments pour chacune des 26 touches, c’est du sport ici ! Surtout qu’avoir autant de réglages pour des kits de percussions…
Partie analogique
Le JD-Xi renferme un petit synthé analogique monodique : c’est en quelque sorte la 129e voix de la machine. C’est un retour aux sources pour Roland, mais un retour tout en douceur, puisque sont analogiques l’oscillateur, le sous-oscillateur et le filtre ; l’ampli et les modulations (LFO, enveloppes) sont numériques. L’unique oscillateur peut émettre une onde dent de scie, triangle ou impulsion. Cette dernière est à largeur variable, fixée manuellement (par un petit potentiomètre en façade ou via le menu) ou modulée par le LFO. Le son ainsi modulé prend une belle épaisseur, c’est propre mais sans extravagance. S’y ajoute un sous-oscillateur à onde carrée (simple marche/arrêt), à 1 ou 2 octaves sous la fondamentale.
Le pitch est paramétrable (réglages grossier et fin) et modulable par une enveloppe AD bipolaire. Le signal attaque alors le filtre, sans réglage de niveau d’entrée (et sans saturation). Ce filtre unique est de type passe-bas (4 pôles, nous semble-t-il) avec une résonance qui va jusqu’à l’auto-oscillation (ça siffle !). Le potentiomètre de fréquence de coupure crée des pas audibles à résonance élevée, comme au temps des premiers synthés à mémoires. La fréquence de coupure peut être modulée par le suivi de clavier, la vélocité et l’enveloppe ADSR dédiée. Toutes ces modulations sont bipolaires, tant mieux ! Vient ensuite l’étage d’amplification, avec son niveau et ses modulations : suivi de clavier bipolaire, vélocité bipolaire et enveloppe ADSR dédiée.
En plus des 3 enveloppes déjà évoquées, on trouve un LFO assez basique, dont le tempo peut être synchronisé à l’horloge interne/MIDI. Il offre un fondu d’entrée et 6 formes d’onde basiques (triangle, sinus, dent de scie, carrée, S & H, aléatoire). Le cycle peut être libre ou redéclenché par le clavier. Le LFO peut indépendamment moduler le pitch, le filtre et le volume. L’action de la molette de modulation est paramétrable sur ces trois destinations, tout comme sur la vitesse du LFO. Enfin, on trouve des réglages de portamento, legato et action du Pitch Bend vers le haut ou vers le bas. 64 Tones Presets permettent de ne pas partir de zéro, le résultat final étant là aussi mémorisé au sein d’un programme. Nous avons vu que les sons produits par ce petit synthé analogique étaient très convenables, mais que la variété était limitée… ce qui s’explique par un moteur au final peu puissant.
Quatuor d’effets
Chaque programme du JD-Xi bénéficie d’une section à 4 effets : 2 effets multiples, un délai et une réverbe. Les deux premiers peuvent être routés en série, alors que les deux derniers sont des effets parallèles ; on peut doser l’envoi des deux premiers vers les deux derniers, tout comme l’envoi du délai dans la réverbe. Pour chaque partie synthé (ou externe/vocodée, voir ci-après), on décide vers quel multi-effet on envoie le signal et on dose les départs vers le délai et la réverbe. Et comme on l’a déjà vu, cela se passe par instrument pour le drum kit. Bref, c’est très souple question routage sur le JD-Xi (cf. schéma).
Le premier effet multiple est capable de produire 4 types de traitement, certains avec variantes : Distorsion, Fuzz, Compresseur ou Bit Crusher. Le second effet multiple est dédié aux Chorus/Flanger, Phaser, Ring Mod ou Slicer. Chaque algorithme possède 4 à 6 paramètres éditables, pour salir/enjoliver/découper le son de manière plus ou moins fine. Les réglages extrêmes sont… on ne peut plus extrêmes ! Rien à dire, ça peut décoiffer, il faudra être prudent sur scène avant de tourner certains potentiomètres à fond à droite ! Pour le délai, on peut régler le type (simple ou panoramique), le temps (0 à 2 600 ms), le niveau de délai relatif entre les canaux gauche/droit (pour le mode panoramique), le feedback, le filtrage des hautes fréquences (200 à 8 000 Hz), le niveau de sortie et le départ vers la réverbe. Pour la réverbe, on choisit le type de pièce (2 Room, 2 Stage, 2 Hall), le temps, le filtrage des hautes fréquences et le niveau de sortie. La qualité sonore des réverbes est moyenne, assez métallique. C’est plus un habillage à utiliser avec parcimonie ou sur une scène bruyante.
Vocoder & pitcher
Le JD-Xi incorpore un mode Vocodeur/Auto Pitch. Dans le premier cas, la partie synthé numérique en cours est routée vers le vocodeur, où elle fait office de signal porteur (on ne peut pas vocoder la partie analogique). Dans le second cas, la partie synthé numérique en cours est désactivée. Le signal audio entrant (depuis l’entrée micro ou ligne) dispose d’un réglage global de niveau et d’un suppresseur de bruit (avec seuil et relâchement).
Lorsqu’un instrument est connecté à l’entrée ligne (à l’arrière), l’entrée micro (à l’avant) est désactivée. L’Auto Pitch permet de corriger plus ou moins brutalement les irrégularités de fréquence du signal audio entrant (une voix par exemple). On commence par régler le niveau du signal entrant dans l’Auto Pitch, la position stéréo, le routage d’effets, les départs vers le délai et la réverbe, le type de correction de pitch (parmi 4 possibilités : doux, dur, par pas, radical genre effet autotune), l’échelle (chromatique ou majeure/mineure), la tonalité (clé), le genre (décalage des formants côté fille ou côté garçon), l’octave (-1, 0, +1) et la balance entre son direct et son traité. Le résultat est bon, allant de la correction subtile au recalage implacable, avec la possibilité de générer des voix restant naturelles ou dignes de Disney (de Donald Duck à Dark Vador, le nouveau venu de la bande…).
Passons à la fonction Auto Note, enclenchée à partir de n’importe quel programme avec la touche idoine située en façade sous l’entrée XLR. Elle permet de détecter la fondamentale de l’entrée audio et de l’appliquer en temps réel au pitch de la partie synthé en cours (en mono). Cela fonctionne vraiment très bien avec une voix ou une guitare, même sans pré-traitement de type porte de bruit ou compresseur. Enfin, attardons-nous sur le vocodeur. Sur le JD-Xi, le signal d’analyse (le modulateur) provient d’une des entrées audio et le signal de synthèse (porteur) d’un des 256 Tones des parties synthé numérique. Une fois le Tone choisi, on règle le niveau du signal d’entrée, son panoramique, le routage d’effet, les deux départs, la caractéristique du modulateur (voix humaine, doux, long) et les cruciaux réglages de niveau : sensibilité du signal micro, niveau du son de synthèse, balance et filtrage hautes fréquences du signal micro (1000 à 16 000 Hz). On ignore le nombre de bandes de ce vocodeur, mais il permet de faire sans difficulté des voix dignes de Kraftwerk en maintenant une bonne intelligibilité, même quand on roule les R en version allemande : Wirrrrrrrrrr sind die Rrrroboterrrrrrrrrrrrr…
Turbulences assurées
Le JD-Xi possède un petit arpégiateur fort pratique : 128 styles Presets, 12 motifs (haut, bas, alterné, aléatoire, phrasé…), 9 signatures rythmiques avec modes ternaires et Shuffle, une réponse en vélocité, un temps de porte paramétrable (30 à 120 %), une plage d’action de +/- 3 octaves et un niveau d’accentuation (accents pré-programmés dans les styles Presets). Mais le clou du spectacle, c’est le séquenceur intégré. Il est capable de travailler sur 4 pistes indépendantes : 2 pistes synthé numérique, 1 piste synthé analogique et 1 piste drum kit. Il est très largement inspiré du séquenceur à grille qui a fait la réputation des TR. Les motifs font de 1 à 4 mesures, avec 3 échelles de temps : triolet de croche (12 pas), double croche (16 pas) ou triple croche (16 pas). L’enregistrement se fait indifféremment en temps réel ou en pas-à-pas. En temps réel, on entre les notes au clavier (dynamique) ou avec les 16 boutons lumineux, le JD-Xi se chargeant de caler tout cela au pas le plus proche, suivant l’échelle de temps choisie. En pas-à-pas, on entre les notes une par une, la séquence s’incrémentant à chaque entrée.
Pour modifier un motif, on peut effacer à la volée (touche Erase maintenue le temps voulu) ou par pas (16 boutons lumineux). Pour la piste drum kit, le clavier permet de sélectionner la note à programmer/éditer ou d’entrer une ligne en direct ; dès qu’on appuie sur une touche, la ligne de 16 boutons lumineux indique le statut des pas dans la mesure. Lorsqu’un motif fait plus d’une mesure (2, 3 ou 4), il est nécessaire de choisir laquelle visualiser, le JD-Xi ne faisant pas les enchaînements tout seul. Le mouvement des molettes et potentiomètres peut également être enregistré en temps réel, ce qui évite la monotonie des motifs. Par contre, on ne peut ni visualiser ni éditer les valeurs entrées : soit on efface, soit on écrase (sauf les mouvements de potentiomètres d’effets que l’on ne peut qu’écraser). À l’usage, nous sommes assez vite arrivés à la saturation de la mémoire dans le motif (message « Pattern Full ! »), en bougeant quelques potentiomètres (certes frénétiquement). Le séquenceur du JD-Xi est au final très orienté performance groove. Il lui manque des possibilités d’enchainement de motifs (mode Song ou Chain), une fonction Swing et des longueurs indépendantes de piste. La sauvegarde des motifs se fait, là toujours, dans les 256 programmes utilisateur.
- Zeblob1 01:02
- Zeblob2 01:03
- Zeblob3 01:06
- Zeblob4 01:08
Groove revisité
Au final, le JD-Xi est une bonne surprise. Son aspect apparent gadget est vite dissipé dès qu’on écoute ce qui en sort. La qualité sonore des moteurs numériques (VA) et drum kits est indéniable. La partie analogique sonne bien, mais manque un peu de possibilités de synthèse, donc de variété. Qui plus est, les deux technologies cohabitent en parallèle, évitant soigneusement de se croiser. L’hybridation est donc très partielle. Le séquenceur façon TR est une valeur sûre, qui invite à la programmation. L’automation est bien là, même si l’édition est inexistante. Question ergonomie, tout va bien tant qu’on reste en surface, mais l’édition millimétrée des sons nécessite de passer par les menus, et quand on voit le nombre de paramètres accessibles… Du coup, un éditeur externe deviendrait presque une nécessité, ce qui contredirait un peu l’orientation de la machine. Le mini-clavier limite presque l’utilisation à la programmation des motifs et au pilotage du vocodeur ; il est peu adapté aux solos endiablés et progressions complexes d’accords. Quoi qu’il en soit, Roland revisite le concept de la machine à groove de fort belle manière, avec des moteurs sonores parfaitement complémentaires et tout ce qu’il faut pour la performance directe, en studio comme en live.
Tarif généralement constaté : 499 €
Téléchargez les fichiers sonores (format WAV)