Pacifica, un nom qui fait penser à la plage, l'océan et le soleil. Si naviguer des heures durant au gré du vent, armé uniquement de votre courage et de votre canne à pêche est votre « dada », eh bien vous allez être déçu, car il ne s'agit pas d'un nouveau banc de test pour Chasse et Pêche, mais bel et bien de la guitare commercialisée depuis 1990 et conçue par Yamaha Guitar Development Hollywood. 22 ans se sont écoulés depuis la première du nom, je me demande quelles sont les nouveautés apportées par la firme. C'est avec le sourire et quelques réserves que je pars en quête de l'océan.
Le Pacifique à portée de main
Arrivé sur l’île de la rédac’, on me transmet l’instrument et je découvre qu’elle est livrée dans un somptueux Gigbag en carton estampillé Yamaha. Attention ! Ce système de protection biodégradable disparaîtra à la première averse. Je lui ôte sa housse écologique et aperçois sa jolie finition baptisée : « Root Beer », en référence à la boisson gazeuse à base d’extraits végétaux dont les Américains sont friands (et ce sont bien les seuls). Son vernis translucide laisse entrevoir la table en érable flammé surplombant son corps en aulne. Son manche vissé en érable est muni d’un vernis miel glossy, accompagné d’un placage de tête assorti au corps (baptisé : Matching Headstock), lui conférant un aspect vintage. Sa touche, quant à elle, est en palissandre avec un radius de 350mm et 22 frettes. Le pickguard « Tortoise » colle parfaitement aux couleurs de la guitare. Pour l’esthétique, c’est un sans faute !
Côté technique, les designers ont frappé fort. La tête est équipée de mécaniques Grover auto-bloquantes ainsi que d’un sillet en téflon, qui assureront un accordage stable et une plus longue durée de vie de vos cordes. Pour les grands costauds, l’équipe a également songé à changer les pontets standards pour des pontets en téflons sur le chevalet. On notera aussi que les cordes sont traversantes pour un meilleur sustain. Pour les formes stratoïdales, nous sommes habitués à pas mal de configurations : SSS, HSS, HSH, etc. (H pour Humbucker et S pour Single coil). Mais ici, nous avons un paramétrage différent : Un P90 en position manche et un double bobinage en chevalet. Faisons les présentations. Le P90 (rien à voir avec l’arme à feu) est un SP90 signé Seymour Duncan, décrit comme une reproduction fidèle des premières savonnettes, c’est-à-dire un son typé « Fat » et un haut niveau de sortie. L’autre micro est un S.D.Custom 5 (le chiffre correspond tout simplement aux aimants : Alnico V), il s’agit en fait d’un « Classic 59's » modifié pour avoir un son moins saturé et plus vintage.
Look inside !
La carrosserie étant de belle facture, je me demande à quoi ressemble l’intérieur. La plaque arrière est maintenue par trois vis que je retire sans le moindre mal. Le câblage est à peu près propre (ils auraient pu mettre des serres câbles). Les potentiomètres ne sont pas ce qu’il y a de mieux, mais j’apprécie que Yamaha ait opté pour un condensateur en Polypropylène à la place des traditionnels céramiques.
L’heure du câlin
Maintenant que nous avons fait connaissance, il est temps de jouer avec elle. Malgré l’ajout d’une table en érable, le poids reste raisonnable (environ 3Kg). Que je sois en position assise ou debout, les échancrures épousent bien mon corps et la rendent très agréable. N’aimant plus les manches vernis (être casse-pieds est un métier !), je partais avec un handicap, mais je me suis juré de rester objectif jusqu’à la fin du test ! Eh bien j’ai eu raison de continuer, il est fin et agréable, je dirais même que c’est une « autoroute ». La main glisse tout le long sans accroc.
Je commence par frapper « Wonderwall », le son est orienté haut médium, ce qui est normal avec le couple aulne/érable, heureusement que le palissandre amène un peu de douceur dans ce monde de « bright ».
En acoustique, elle se révèle dynamique avec une bonne résonance. Toutes les harmoniques sonnent, le réglage d’usine est bien réalisé et l’action est assez basse. Il est temps de la brancher pour vérifier si elle sonne aussi bien amplifiée qu’à vide. Pour bien démarrer, j’allume mon éternel JTM45 (on ne me changera pas), connecté à un 2×12'' Greenback, un petit PG57 en face, it’s time to play ! Je retrouve le son et la dynamique qu’on avait en acoustique. Les micros retranscrivent assez bien les nuances de jeu avec un côté « Midrange » que l’on appréciera ou non. Amateurs de sons modernes, passez votre chemin, cette petite perle est orientée Blues/Rock vintage. En poussant le gain de l’ampli, je peux jouer un petit « Cocaine » et pour les plus fous un « Paint in Black ». Le potentiomètre de tonalité est un Push-Pull, qui permet de splitter le Humbucker afin d’avoir le petit côté brillant d’un Single Coil.
Histoire de voir si la belle peut s’en sortir avec un ampli plus moderne, je décide de la brancher au Mesa Boogie F50 (ampli à lampes muni de deux canaux) et le test est concluant ! Sur le canal clean, la gratte garde un son assez chaud avec le P90. J’ajoute un peu de réverbe et le son est propice à un petit arpège Claptonien. Sur le canal drive, le micro chevalet est mordant comme j’aime. Le split se révèle très utile, car le Custom 5 est chargé en basses, donc j’active le Push-Pull pour faire la rythmique et je le retire pour frapper mon solo, me faisant ainsi gagner quelques dB et plus de chaleur.
- cleanneck00:19
- cleanmid00:19
- cleanbri00:20
- cleanbripush00:19
- satumanche00:17
- satumilieu00:17
- satuchevalet00:17
- satuchevaletpush00:17
Que cela soit en acoustique ou branchée, j’ai eu beaucoup de plaisir à jouer avec. Son manche fin et ses réglages simples la rendent facile d’accès.
Ça donne quoi ?
Cette Pacifica PAC611HFM est une bonne surprise pour ce début d’année 2012. Sa polyvalence vous permettra de jouer des ballades romantiques jusqu’au Hard Rock, en passant par le Blues, le Rock californien, le Ska et j’en passe. Malheureusement pour les grands costauds amateurs de Heavy Metal, grosse saturation et son moderne, cette guitare n’est pas pour vous. Comme toutes bonnes choses, la qualité a un prix, et cette demoiselle est affichée au prix public de : 677 €. Ajoutons que pour ce prix, on aurait quand même aimé avoir une vraie housse.