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Test du compresseur pour guitares Zorg Effect Oppressor - L’ombre du Z

7/10

Citoyens, l’heure est grave. Depuis quelques mois, un dangereux groupuscule menace la stabilité de notre prospère cité. Cette poignée d’agitateurs entend remettre en cause la légitimité de notre bienfaiteur, le vénéré Zorg, et dénoncent un système aseptisé, transparent et sans âme. Nous ne pouvons laisser ces fanatiques remettre en cause l’action de Sa Majesté, et l’harmonie qui en découle. Tôt ce matin, le conseil a convoqué l’Oppressor, et la chargé d’une mission. Ils veulent du caractère ? Ils en auront !

Lorsqu’un tyran fait appel à un gars qu’on appelle l’Op­pres­sor, on ne s’at­tend pas à croi­ser un rigolo. Il en va de même pour les pédales ! L’Op­pres­sor est en effet un compres­seur radi­cal, souhai­tant mettre fin à l’om­ni­pré­sence des compres­seurs pour guitares insi­pides et trans­pa­rents. Pour cela, Gabriel, le créa­teur de la petite marque française Zorg Effect, a inté­gré un ampli­fi­ca­teur à tran­sis­tors JFET en complé­ment d’un compres­seur optique basée sur une photo­ré­sis­tance. Notre arti­san promet ainsi une compres­sion chaude et une légère satu­ra­tion proche de celle géné­rée par des lampes. Plutôt allé­chant, non ?

Gary Oldman

Zorg Effects Oppressor : Zorg Effects Oppressor (59482)

L’Op­pres­sor prend la forme d’un boîtier parti­cu­liè­re­ment petit de 11 × 5,8 × 3 cm. Le châs­sis en métal est très brut d’ap­pa­rence, mais une plaque en bois gravé lui apporte un brin d’élé­gance. Trois potards rouges dédiés au volume, au gain, et à la compres­sion apportent, eux, une touche de couleur. Le rendu esthé­tique final est assez dérou­tant, pas forcé­ment joli, mais il y a une indé­niable iden­tité visuelle et on ressent le côté « arti­sa­nal » de la fabri­ca­tion.

Outre les trois potards évoqués, trois sélec­teurs sont dispo­nibles. Les deux premiers proposent trois modes pour l’at­taque (Attack) et le relâ­che­ment (Release) : Fast, Slow, et Medium. Quant au sélec­teur Bad, il active un mode de gain plus élevé. Notons d’ailleurs que le ratio de l’Op­pres­sor est un ratio fixe d’en­vi­ron 6.

Deux LED entourent le foots­witch d’ac­ti­va­tion. L’une indique si la pédale est allu­mée, et l’autre donne des indi­ca­tions sur le taux de compres­sion en s’illu­mi­nant plus ou moins vive­ment. Enfin, la machine fonc­tionne avec une alimen­ta­tion 9 V.

Zon !


Il est temps d’écou­ter l’Op­pres­sor et de décou­vrir si l’ef­fet fait réel­le­ment preuve d’ori­gi­na­lité. Le concep­teur de la pédale conseille de commen­cer par se fami­lia­ri­ser avec le gain en plaçant le bouton de compres­sion à zéro. C’est donc ce que nous avons fait dans un premier temps.

1 Bad à droite Comp à 0, Gain de 1:4 à full
00:0002:18
  • 1 Bad à droite Comp à 0, Gain de 1:4 à full 02:18
  • 2 Bad à gauche Comp à 0, Gain de 1:4 à full 02:38

Le gain apporte un vrai plus et réchauffe le son. En pous­sant le bouton, on obtient un très léger crunch tout aussi agréable. En allant encore plus loin, la satu­ra­tion vire vers l’over­drive et présente alors des limites. C’est assez granu­leux, un peu stri­dent, bref, pas très harmo­nieux. Autre constat, lorsque le volume est poussé il génère un bruit de fond régu­lier. Il paraît clair qu’il faut privi­lé­gier le gain au volume.

En mode normal, le gain ajoute de la chaleur, mais avec la compres­sion il n’est pas possible d’ob­te­nir un léger crunch. Si l’on souhaite ajou­ter beau­coup de compres­sion et tout de même garder le petit crunch de l’Op­pres­sor, il faut alors passer en mode Bad. Tout cela est assez réussi, mais nous avons toute­fois remarqué un souci récur­rent avec le gain poussé vers le maxi­mum lorsque la compres­sion est très élevée : une satu­ra­tion en bruit de fond enrobe le signal de la guitare de façon étrange, à la manière d’un arte­fact audio. Vous pouvez notam­ment l’en­tendre à la fin de l’ex­trait 3 et dans une bonne partie de l’ex­trait 4. Gain élevé et forte compres­sion ne fond clai­re­ment pas bon ménage. Notons d’ailleurs que les réglages d’at­taque et de relâ­che­ment ont un impact sur la distor­sion. Mais écou­tons tout d’abord l’in­ter­ac­tion entre la compres­sion et le gain.Les contrôles de la compres­sion, du gain, et du volume inter­agissent d’ailleurs énor­mé­ment. Natu­rel­le­ment, le gain augmente le volume, mais ces deux para­mètres sont aussi soumis à l’ef­fet de la compres­sion. Ajou­ter de la compres­sion baisse la satu­ra­tion, et on profite alors de la belle réserve de gain sans obte­nir cet over­drive trop prononcé et peu flat­teur. En fonc­tion des para­mètres sélec­tion­nés, la course d’un bouton ne sera donc pas exploi­table de manière opti­male sur toute sa longueur. Néan­moins, en prenant en compte toutes les possi­bi­li­tés de para­mé­trage, la réserve de gain s’avère utile.

3 Bad à droite Comp et Gain variable
00:0002:38
  • 3 Bad à droite Comp et Gain variable 02:38
  • 4 Bad à gauche Comp et Gain variable 2 04:50

Inté­res­sons-nous main­te­nant aux sélec­teurs Attack et Release. Ce sont des réglages essen­tiels sur un compres­seur. Pour faire simple, l’At­tack modi­fie le temps de réac­tion du compres­seur dès que le signal dépasse le seuil fixé. Le Release, ou relâ­che­ment modi­fie la durée durant laquelle le compres­seur agit une fois le signal passé en dessous du seuil. Il est notam­ment utile pour accen­tuer l’ef­fet de « pompe ».

Au premier coup d’oreille, ces réglages ne changent que très peu le son de l’Op­pres­sor. Pour­tant, la diffé­rence est nette lorsqu’on y prête une plus grande atten­tion. Avec l’At­tack en mode Slow, l’at­taque des cordes est très franche, alors que le mode Fast offre un rendu plus natu­rel, avec un son un peu plus aplani. Le réglage Release est plus diffi­cile à cerner. Même en y prêtant atten­tion, il ne semble pas avoir une grande influence. En mode Fast, le volume augmente, mais l’ef­fet du compres­seur ne paraît pas très diffé­rent que lorsque l’on utilise le mode Slow. On entend peut-être un léger chan­ge­ment sur la durée d’une note tenue, mais c’est très subtil.

Le bilan est donc mitigé, mais il est appré­ciable d’avoir à faire à des sélec­teurs trois posi­tions et non pas des potards parfois diffi­cile à régler. Bon nombre de compres­seur règle d’ailleurs ces para­mètres de manière auto­ma­tique aujour­d’hui.

5 Attack en mode Fast puis Slow (realease Slow)
00:0000:24
  • 5 Attack en mode Fast puis Slow (realease Slow) 00:24
  • 6 Release en mode Fast 00:56
  • 7 Release en mode Slow 00:52
 

Zarti­sa­nales

Le premier exem­plaire d’Op­pres­sor que nous avions reçu avait un défaut : un étrange problème de masse provoquait un fond sonore évoquant des craque­ments de vinyles, avec parfois des pics très désa­gréables. Il suffi­sait d’ailleurs de tapo­ter la pédale avec ses doigts pour entendre du bruit. Nous avons donc contacté Gabriel, l’homme derrière la marque, pour lui faire part de ce problème. Celui-ci s’est empressé de travailler sur sa machine, et a fini par cibler certains compo­sants qu’il employait et qui ne supportent pas bien les trans­ports. Un vrai dialogue s’est établi, et nous avons, d’une certaine manière, contri­bué à l’évo­lu­tion de la pédale puisque nous avons reçu un nouvel exem­plaire exempt de souci.

Zorg Effects Oppressor : Zorg Effects Oppressor (54421)

Les problèmes sont-ils récur­rents avec la marque ? Il nous est impos­sible de le savoir, mais il faut avoir conscience qu’il s’agit d’une petite produc­tion arti­sa­nale avec ses avan­tages et ses incon­vé­nients. Vous aurez dans tous les cas un lien direct avec le concep­teur qui mettra tout en œuvre pour vous satis­faire. Ainsi, Gabriel n’hé­site pas à rapa­trier à ses frais une pédale néces­si­tant une inter­ven­tion.

De plus, tous les Oppres­sor n’ont pas exac­te­ment la même réserve de gain. Cela est dû à la concep­tion de la machine, et notam­ment aux diffé­rentes tolé­rances des compo­sants (notam­ment le tran­sis­tor JFET). Homo­gé­néi­ser tous les exem­plaires aurait un cout, et néces­si­te­rait des compo­sants moins typés à mille lieues du concept de compres­seur avec du carac­tère. Zorg Effect assume parfai­te­ment ce choix qui ne conten­tera peut-être pas tout le monde.

Enfin, un dernier élément est à prendre en compte. Toutes les pédales de la marque sont propo­sées dans des kits incluant l’en­semble des compo­sants et un manuel de montage très complet évoquant même des mods pour person­na­li­ser les pédales. Les tarifs sont évidem­ment beau­coup moins impor­tants. Par exemple, l’Op­pres­sor vendu 180 euros déjà monté est proposé en kit pour 80 euros. La mise à dispo­si­tion des kits a d’ailleurs une consé­quence : Gabriel conçoit ses desi­gns en gardant à l’es­prit que les machines doivent être faciles à monter. Il a donc exclu les compo­sants montés en surface et les PCB double-face pour faci­li­ter les soudures. Les cartes sont donc plus grosses, et l’in­té­rieur des pédales moins joli.

Noisulc­noc

Ache­ter l’Op­pres­sor, c’est adhé­rer à une philo­so­phie, celle de Zorg Effect. Tout d’abord, pour tirer la quin­tes­sence de cette pédale, il faut suivre la volonté du créa­teur et procé­der par étapes. Il faut commen­cer par régler le niveau de gain pour appor­ter la chaleur dési­rée, puis augmen­ter la compres­sion, à nouveau régler le gain, et ainsi de suite jusqu’à trou­ver un son plai­sant. 

L’Op­pres­sor doit être manié avec finesse, et s’épa­nouit réel­le­ment lorsqu’on maîtrise le bouton de gain et surtout son inter­ac­tion avec la compres­sion : il est alors possible d’ob­te­nir un son clean très chaud ou un léger crunch réussi. C’est un compres­seur qui a une âme, bien loin par exemple de l’as­pect froid et trans­pa­rent du TC Elec­tro­nic Force­field Compres­sor que nous avons récem­ment testé. De plus, le tarif de 180 € nous paraît en adéqua­tion avec les prix du marché, en parti­cu­lier pour une pédale fabriquée à la main en petite quan­tité. Les plus bidouilleurs pour­ront même opter pour un kit et écono­mi­ser quelques sous tout en s’exerçant au DIY.

Mais il faut aussi avoir en tête que la nature arti­sa­nale du travail de Zorg Effect peut entraî­ner quelques aléas comme celui que nous avons vécu avec notre premier exem­plaire. La ques­tion est donc de savoir si ce type de souci est récur­rent ou non… Le concep­teur de la pédale est en tout cas dispo­nible et à l’écoute, et c’est assez rare pour être souli­gné. Bref, l’Op­pres­sor est un effet très atta­chant, mais destiné à un public prêt à tâton­ner avant de pouvoir plei­ne­ment profi­ter de son achat.

  • Zorg Effects Oppressor : Zorg Effects Oppressor (59482)
  • Zorg Effects Oppressor : Zorg Effects Oppressor (54421)
  • Zorg Effects Oppressor : Zorg Effects Oppressor (35806)
  • Zorg Effects Oppressor : Zorg Effects Oppressor (48990)

 

Noisulc­noc

Notre avis : 7/10

  • Un compresseur qui a du caractère
  • Son chaud (idéal en tant que boost)
  • Joli crunch
  • Compression assez fine et polyvalente
  • Tarif raisonnable pour une pédale originale et fabriquée à la main
  • Disponible en kit
  • L’écoute du concepteur
  • Effet difficile à dompter
  • Notre premier exemplaire n’était pas au point
  • Au-delà du crunch, la saturation s’enlaidit
  • Compression et gain élevés ne font pas bon ménage
  • L’influence du sélecteur Release est difficilement perceptible
  • Attention au bruit généré par le bouton de volume

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