Bien qu’elle porte la mention 5, la nouvelle pédale Boss OC-5 est le troisième octaver développé par la marque nipponne. La première version commercialisée de 1982 à 2003, a été remplacée par la célèbre OC-3 Super Octave que vient donc à son tour remplacer cette nouvelle OC-5, sobrement baptisée « Octave ». La pédale hérite du coloris marron qu’on associe à l’octaver, mais décliné ici dans une finition légèrement pailletée assez jolie.
Vintage et Poly sont sur un bateau
Nouvelle mouture de l’octaver Boss, l’OC-5 reprend quand même les sonorités du grand classique du genre qu’est l’OC-2. La pédale dispose de deux modes de fonctionnement : Vintage et Poly. Le mode Vintage développe donc les sonorités classiques de l’OC-2 qui ne permet de jouer que des notes seules alors que le mode Poly, comme sur l’ OC-3 d’ailleurs, autorise un jeu en accord.
Les contrôles sont assez basiques et intuitifs, on retrouve les réglages suivants :
- Direct Level : ajuste le niveau du signal direct venant de la guitare
- +1 Oct Level: ajuste le niveau du signal une octave au-dessus
- –1 Oct Level : ajuste le niveau du signal une octave en-dessous
- –2 Oct / Range : réglage dont la fonction dépend du mode engagé ; en mode Vintage, il ajuste le niveau du signal 2 octaves en-dessous et en mode Poly il détermine la largeur de bande du signal –1 Octave. Tout à gauche, seule la note la plus grave de l’accord est prise en compte et plus on tourne le potard vers la droite, plus on augmente la largeur de bande qui sera traitée.
- Un petit sélecteur métallique à deux positions placé sous la rangée de potards permet de basculer entre les deux modes.
Un switch à deux positions situé au-dessus de la pédale permet de choisir entre basse ou guitare, selon l’instrument que l’on souhaite brancher. Enfin, l’OC-5 offre deux sorties séparées : une baptisée « Output » qui donne à entendre l’effet d’octave, et l’autre dénommée "Direct Out” avec laquelle on n’entend que le son direct provenant de la guitare. En termes d’utilisation, on n’est pas trop déboussolé et on arrive rapidement à obtenir le son recherché. Le boîtier de la pédale a l’air solide, à l’image des produits Boss, toujours bien réalisés, fiables et à l’épreuve de la scène. Les fiches jack et les potards inspirent solidité et confiance et le foot switch semble taillé pour affronter les tournées dans les conditions les plus extrêmes. Mention spéciale pour Boss qui, comme la marque new-yorkaise Electro Harmonix, prend le soin de fournir une pile 9 volts avec toutes ses pédales.
Oh c’est cinq !
On commence par jouer cette petite OC-5 sur un son clair, en mode Vintage. Le son est effectivement bien vintage et rappelle fortement l’OC-2, première version de l’octaver de Boss.
L’octave supérieure sonne vraiment bien et génère cette sonorité si particulière qui fait penser légèrement à un son d’orgue quand le signal direct de la guitare est présent aussi. L’octave inférieure est assez décevante et pas très précise. La pédale a un peu de mal à détecter les notes les plus graves que ce soit pour la guitare ou la basse. C’est dommage. Cette octave inférieure reste quand même largement exploitable, il faut juste veiller à ne pas descendre trop bas. Le potard –2 Oct génère une sonorité qui est vite trop grave et ne fonctionne pas très bien en son clair. En ne choisissant d’entendre que l’octave inférieure, sans le son direct, le rendu est assez synthétique et très éloigné de ce qu’on peut obtenir avec un POG d’Electro Harmonix. Le mode Vintage n’autorisant un jeu qu’en note à note, on s’empresse de passer en mode Poly. Les accords sont quant à eux très bien pris en charge et dévoilent toute leur richesse avec les deux octaves en même temps (supérieure et inférieure). On conserve cette sonorité d’orgue si typique et qui fonctionne très bien en son clair. Sans plus attendre on attaque les sons saturés en commençant par le crunch, toujours fourni par notre tête Marshall SV20H.
L’effet prend tout de suite une autre dimension avec de la saturation. L’octave inférieure s’ouvre davantage et amène ce côté lourd que l’on cherche avec un octaver. Le son s’épaissit et s’enrichit, c’est un bonheur. Les harmoniques ressortent davantage grâce à l’octave supérieure et on peut trouver, en mélangeant les deux octaves, des sonorités très inspirantes. En mode Poly, le potard Range permet de régler assez finement le rendu de l’octave inférieure. Néanmoins, cette dernière reste un peu trop vague, on sent que la pédale a du mal à détecter la note encore une fois. La sonorité d’orgue est accentuée avec la saturation, et on obtient avec uniquement l’octave supérieure et le son direct, des sonorités très punchy qui feront bien ressortir des lignes mélodiques ou des riffs note à note. On augmente un peu le volume de l’ampli avant d’enclencher notre fidèle Xotic BB Preamp et c’est parti pour les grosses saturations.
Avec une saturation plus franche, on prend encore plus de plaisir. Les riffs joués en note à note deviennent simplement énormes, avec une belle présence. Les bends sont également magnifiés, chaque petit mouvement du poignet est accentué par les octaves. Attention cependant à ne pas jouer d’accords trop complexes, la pédale aura du mal à les détecter et ils sonneront un peu faux. Les lignes mélodiques jouées sur les frettes les plus hautes sonnent elles aussi très bien ; plus les notes sont aigües, plus cette sonorité d’orgue devient présente et cela confère un aspect vraiment original au son, tout en l’enveloppant d’une nappe dans les basses.
Envoyez la Fuzz !
Un effet indissociable de l’octave est la fuzz ; Jimi Hendrix l’avait tout de suite entendu et a décidé de marier ces deux effets assez tôt dans sa carrière. Là encore, l’OC-5 se montre particulièrement efficace. Le côté rugueux de notre Big Muff est démultiplié et le son devient simplement énorme dès qu’on enclenche l’octaver. Un des aspects très agréables de cet effet est de donner une impression de lourdeur au son, sans que l’on soit obligé d’accorder sa guitare cinq tons en dessous du classique Mi standard.
Si l’octave supérieure fait encore des merveilles avec la fuzz en amenant ce côté très psychédélique à toutes les lignes mélodiques et solos, l’octave inférieure se montre encore un peu capricieuse. Il faut doser avec beaucoup de minutie ce réglage afin d’amener juste ce qu’il faut pour alourdir le son sans le surcharger. Même constat avec le réglage –2 Oct qui s’avère rapidement trop grave. Cependant, son utilisation est intéressante et c’est un réglage qui pourra être utile dans certains cas. C’est dommage que la pédale ait du mal à détecter les fréquences les plus basses mais on peut quand même trouver le son recherché, la course des potards étant suffisamment longue.
Le mot de la fin
Proposée au prix public conseillé de 139 €, l’OC-5 a un bon rapport qualité-prix. Ses deux modes de fonctionnement permettent de générer les sonorités vintage du célèbre OC-2 tout en offrant un mode polyphonique qui place la pédale en concurrence directe avec le POG de chez Electro Harmonix. Malgré les quelques difficultés de la pédale à détecter les notes les plus graves, elle fonctionne bien avec une basse ; elle a cependant du mal à être aussi précise que le POG. L’OC-5 est un octaver fiable, efficace et classique qui trouvera sa place sur le Pedalboard de tout guitariste qui cherche ces sonorités typées orgue et ce côté lourd amené par l’octave inférieure.