Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
465 réactions

Test du Roland JD-Xi - Le groove qui brille

8/10

Présenté au NAMM 2015, le JD-Xi vient tout juste de débarquer avec sa bouille brillante. De prime abord un petit synthé au faciès amusant, mais bien plus que cela en réalité…

Depuis la présen­ta­tion de la nouvelle gamme JD au NAMM puis à la Musik­messe 2015, la société Roland a fait couler beau­coup d’encre. Des tartines de commen­taires, on en retien­dra qu’il est surtout ques­tion de traces de doigts et de rayures sur la façade, au moins dans 90 % des cas. Mais cela ne doit pas occul­ter que les JD-Xi et JD-Xa marquent le grand retour de Roland dans la synthèse analo­gique. En atten­dant le plat de résis­tance, nous venons rece­voir l’en­trée de cette nouvelle cuisine où synthèse numé­rique rime avec analo­gique et motifs ryth­miques. Et une fois le JD-Xi allumé, ce qu’on entend va vite faire tomber tout a priori que pour­rait engen­drer le côté jouet rigolo à mini-touches.

Mon beau miroir

On recon­nait les nouveaux JD de très loin, surtout quand ils sont allu­més. Le design est très marqué : impos­sible de manquer la façade noir miroir, la séri­gra­phie rouge, les flancs rouges et le rétro-éclai­rage rouge (écran, LED, boutons).

Roland JD-Xi

Le JD-Xi est tout en plas­tique, super-léger (2,2 kg) et ultra compact. Le gloss en façade est fragile et salis­sant, il néces­site un chif­fon ultra doux et beau­coup de soin. La qualité de construc­tion est correcte compte tenu de la gamme de prix, rien de surpre­nant. On compte 14 poten­tio­mètres (13 gros et 1 petit), 1 énorme sélec­teur rota­tif (choix des caté­go­ries de Tones), 32 boutons en forme de pastille (certains lumi­neux) et 16 boutons lumi­neux carrés bien alignés, vitaux pour le séquen­ceur à grille. L’er­go­no­mie est bonne tant qu’on reste en surface : on peut rapi­de­ment choi­sir des sons, les assem­bler, trans­po­ser l’oc­tave du clavier, program­mer une séquence, ajus­ter le tempo, faire évoluer le filtre, régler le LFO ou para­mé­trer les effets vite fait. Mais dès qu’il s’agit d’al­ler plus en détail, ça se gâte : il faut passer par le petit écran 2 × 16 carac­tères, faire défi­ler les pages menu, trou­ver le para­mètre et modi­fier la valeur avec les touches incré­ment/décré­ment. Pas le moindre enco­deur de données, curieux de la part de l’in­ven­teur de l’Al­pha-Dial il y a presque 30 ans ! Les grandes perdantes sont les enve­loppes qui n’ont qu’une commande directe, un poten­tio­mètre pilo­tant simul­ta­né­ment les segments AR ; il y avait pour­tant encore de la place en façade !

De même, il n’y a pas de touche Compare pour reve­nir sur les éditions faites (on peut toute­fois jongler avec les 16 banques de 16 favo­ris pour stocker un programme en cours d’édi­tion et reve­nir dessus plus tard…). Autre point d’er­go­no­mie, on peut muter les pistes du séquen­ceur, mais pas les instru­ments indi­vi­duels sur la piste drum kit… Outre les 2 mini-molettes de pitch et modu­la­tion, le JD-Xi est équipé d’un mini-clavier 3 octaves. Il garde ainsi une taille compacte tout en permet­tant de program­mer rapi­de­ment des séquences en toute auto­no­mie, mais le jeu direct s’en trouve limité ; c’est dommage, car les 37 touches répondent parfai­te­ment à la vélo­cité.

Roland JD-Xi

La connec­tique a été réflé­chie : en haut à gauche de la façade, la prise XLR (asymé­trique) permet de connec­ter le micro dyna­mique col de cygne géné­reu­se­ment fourni (nous en repar­le­rons). Le reste se passe à l’ar­rière : à droite, il y a 4 jacks 6,35 mm pour la sortie casque, la sortie audio gauche/droite et l’en­trée audio ; cette dernière possède un sélec­teur de sensi­bi­lité haute impé­dance/ligne, s’ac­com­mo­dant à tout type de source, de la guitare à l’ins­tru­ment élec­tro­nique. À gauche, c’est numé­rique, avec le MIDI (entrée et sortie/Thru) et l’USB. Ce dernier véhi­cule les signaux audio (16 bits/44 kHz stéréo bidi­rec­tion­nel) et MIDI (CC et dumps programmes) avec un PC (Windows 7/8/8.1) ou un Mac (OSX 10.7/8/9/10), une fois installé le driver ASIO. Viennent enfin la borne d’ali­men­ta­tion (externe, bloc à l’ex­tré­mité) et son petit inter­rup­teur. Dommage que Roland n’ait pas prévu une alimen­ta­tion par piles, ça devrait être obli­ga­toire pour tout instru­ment aussi compact… Et les prises pour pédales, au fait ? Ben il n’y en a pas, le JD-Xi se posi­tionne clai­re­ment comme groove machine à clavier. 

Pseudo-hybride

Le JD-Xi est orga­nisé en programmes multi­tim­braux 4 parties : 2 synthés numé­riques, 1 synthé analo­gique et 1 drum kit. Le synthé analo­gique est mono­dique, alors que les 3 autres parties numé­riques se partagent 128 voix de poly­pho­nie. Point impor­tant, ces 4 parties sont indé­pen­dantes, l’ana­lo­gique ne touche jamais le numé­rique et vice-versa…

Roland JD-Xi

C’est au sein d’un programme que sont sauve­gar­dés les para­mètres de synthèse des 4 parties, les effets, l’ar­pé­gia­teur et le séquen­ceur. Il y a 8 banques de 64 programmes en mémoire, dont 4 pour l’uti­li­sa­teur. Chaque partie possède son propre canal MIDI, fixé respec­ti­ve­ment sur 1, 2, 3 et 10, ce qui empêche d’em­pi­ler ou spli­ter les sons au sein d’un programme ; on pourra contour­ner le problème avec un clavier de commande externe capable de mapper plusieurs canaux MIDI. Vu la taille du clavier du JD-Xi, ce n’est pas trop surpre­nant…

Commençons par tritu­rer quelques programmes tirés des moteurs numé­riques. Immé­dia­te­ment on prend une grosse claque, non seule­ment liée au niveau de sortie, mais aussi à la qualité et la diver­sité des sons de synthèse : de profondes nappes planantes à la mode analo­gique, des spectres hybrides riches en harmo­niques, des strings velou­tées (faisant réfé­rence aux poly vintage de la marque, tels que le JP-8 ou le Juno-60), des cuivres à attaque filtrée… sur ce type de son, c’est fran­che­ment du niveau de qualité de ce que l’on trouve sur un JP-80 ou un FA (rien à voir avec un SH-01). On dispose aussi d’une série de sons acous­tiques multi-échan­tillon­nés. Ici, le meilleur et le pire se côtoient, c’est du niveau d’un bon module GM : piano réservé à la house, claviers élec­triques hété­ro­gènes (EP et Rhodes et Wurly pas trop mal, Clavi­net plus anec­do­tiques), des orgues accep­tables, des cordes moyennes, des guitares pathé­tiques, des basses correctes et, enfin, des cuivres et bois très éven­tés. On sent bien que le JD-Xi n’est pas un Rompleur du niveau d’un FA.

EP2
00:0000:18
  • EP2 00:18
  • EP1 00:18
  • EP3 00:39
  • Pad1 00:28
  • Pad2 00:29
  • Pad3 00:14
  • Strings 00:23
  • Synth brass1 00:20
  • Synth brass2 00:18
  • Synth brass3 00:20
  • Synth strings 00:23
  • Tech stab 00:09

Passons à la partie drum kit : là c’est la fête à la TR, de la plus ancienne à la plus récente. Il ne manque rien sur ce thème élec­tro­nique. On trouve aussi quelques kits acous­tiques pop, rock, jazz et exotiques plus anec­do­tiques. Globa­le­ment, cette section offre des sons bien défi­nis, pêchus, musi­caux. Et si ça ne plait pas, on peut éditer les kits et les sons en détail, comme on le verra plus tard. Là encore, une excel­lente surprise d’en­tendre ce qui sort de cette petite bête.

Kits1
00:0000:50
  • Kits1 00:50
  • Kits2 00:53
Roland JD-Xi

Passons enfin à la partie analo­gique, très atten­due, puisqu’il s’agit du premier retour de Roland dans ce domaine depuis belle luret­te… Nous entre­rons plus tard dans les détails tech­niques, mais ce que nous enten­dons nous sied assez : de belles basses rondes et grasses (bon point pour le filtre), quelques leads cuivrés plai­sants, une PWM géné­reuse qui tient sa place. La partie analo­gique a de la pêche (pas autant que les parties numé­riques, qui ont une meilleure dyna­mique), mais la variété n’est pas excep­tion­nelle : on retombe assez souvent sur les grand stan­dards de cette tech­no­lo­gie, mais n’est-ce pas ce que nous atten­dons ? Ah, nous allions oublier le trai­te­ment de la voix. Le JD-Xi intègre un voco­deur et est livré avec micro ; nous n’avons donc pu résis­ter à la connec­ter en façade et à beugler dedans. Là encore, nous avons été agréa­ble­ment surpris par l’in­tel­li­gi­bi­lité du trai­te­ment, sauf les pops qui ont tendance, comme d’ha­bi­tude, à coller les aiguilles… sans oublier la fonc­tion Auto Note qui conver­tit la fonda­men­tale du signal présent à l’une des entrées audio en note MIDI, afin de pilo­ter le géné­ra­teur de synthèse interne (en mono).

Analog bass1
00:0000:52
  • Analog bass1 00:52
  • Analog bass2 00:41
  • Analog bass3 00:46
  • Analog lead 00:26
  • Analog pwm 00:18
  • Analog seq 00:33
  • Solo voice 00:17
  • VP 330 choir 00:27
  • Voco­der ensemble 00:16
  • Voco­der formant 00:09

Parties numé­riques

Roland JD-Xi

Nous avons vu que le JD-Xi dispo­sait de 2 parties synthé numé­rique (Tones). Un Tone comporte des réglages communs et 3 couches sonores indé­pen­dantes bapti­sées Partial. Parmi les réglages communs, signa­lons la caté­go­rie sonore, le volume du Tone, l‘ac­ti­va­tion de la modu­la­tion en anneau entre les Partials 1 et 2, la quan­tité de modu­la­tion de fréquence entre les Partials 1 et 2, l’Ana­log Feel (géné­ra­teur de fluc­tua­tion aléa­toire du pitch), le nombre de notes de l’unis­son, les modes de jeu (mono/poly, legato), le temps de porta­mento et l’ac­tion du Pitch Bend. Mais c’est au sein même des 3 Partials que l’on touche à la véri­table synthèse.

Chaque Partial consiste en une chaîne oscil­la­teur – filtre – ampli et modu­la­tions. Pour l’os­cil­la­teur, on choi­sit entre des ondes modé­li­sées ou des échan­tillons PCM. On trouve 7 formes d’onde modé­li­sées : dent de scie, carrée, impul­sion à largeur variable et modu­lable, triangle, sinus, bruit et Super­saw (7 dents de scie empi­lées, désac­cor­dées et modu­lables). Les 6 premières formes d’onde offrent 3 varia­tions spec­trales. Côté ondes PCM, on trouve 160 échan­tillons/multi-échan­tillons : des ondes synthé­tiques (imita­tions analo­giques, combi­nai­sons spec­trales plus ou moins complexes), quelques sons acous­tiques (de qualité moyenne – comme nous l’avons dit, le JD-Xi n’est pas une station de travail haut de gamme) et des bruits/effets. Le pitch possède son enve­loppe AD bipo­laire.

Roland JD-Xi

Sorti des ondes PCM, le signal passe par un filtre passe-haut statique à 1 pôle, puis un filtre multi­mode réso­nant (4 modes passe-bas, passe-haut, passe-bande, peaking) à 2 ou 4 pôles. La fréquence de coupure est modu­lable par le suivi de clavier, la vélo­cité et une enve­loppe ADSR dédiée (toutes ces modu­la­tions sont bipo­laires). Enfin, on arrive à l’étage d’am­pli­fi­ca­tion, avec niveau et pano­ra­mique. Le niveau est modu­lable par la vélo­cité, le suivi de clavier et une enve­loppe ADSR dédiée (modu­la­tions bipo­laires pour la vélo­cité et le suivi de clavier).

On trouve aussi 2 LFO pour chaque Partial (LFO1 direct et LFO2 asservi à la molette de modu­la­tion). Au programme, 6 formes d’onde clas­siques (triangle, sinus, dent de scie, carré, S & H, aléa­toire), une synchro à l’hor­loge interne/MIDI, un fondu d’en­trée, un mode de déclen­che­ment pour le LFO1 (libre ou à chaque note) puis une action sur le pitch, le filtre, l’am­pli et le pano­ra­mique. La vitesse du LFO2 est modu­lable par la molette. Quelques réglages supplé­men­taires demandent toute notre atten­tion : after­touch (externe) sur le filtre et l’am­pli, sensi­bi­lité des temps d’en­ve­loppes et du porta­mento à la rapi­dité de jeu, bouclage et porta­mento chro­ma­tique (chouette, ce dernier !). Le JD-Xi renferme 256 Tones Presets (dont un Tone Init), dont on part pour construire ses propres sons, qui sont ensuite mémo­ri­sés dans l’un des 256 programmes utili­sa­teur.

Partie drum kit

Roland JD-Xi

Le JD-Xi dispose d’un moteur PCM spéci­fique pour géné­rer des kits de percus­sion. Cette partie partage les 128 voix de poly­pho­nie dispo­nibles avec les deux parties synthé numé­rique. Il y a 33 kits Presets pour ne pas partir de zéro, fabriqués à partir de 453 ondes PCM, lais­sant une très large part aux machines Roland (TR-909, TR-808, TR-707, TR-727, TR-606, TR-626, CR-78, R-8). On trouve aussi quelques sons acous­tiques, synthé­tiques, effets, bruits et voix. Un kit est consti­tué de 26 instru­ments (Partial) compre­nant 1 à 4 ondes PCM. On trouve des para­mètres communs au kit entier tels que volume, groupes exclu­sifs (Partials qui se coupent mutuel­le­ment comme les hi-hats) et mode de jeu.

Chaque Partial propose une série impres­sion­nante de para­mètres : choix des 4 ondes PCM parmi les 453 dispo­nibles, FXM (modu­la­tion du contenu harmo­nique des ondes), accor­dage (gros­sier, fin, aléa­toire), niveau, pano­ra­mique (direct, aléa­toire), fenêtre de vélo­cité (avec fondus bas et haut).

Roland JD-Xi

On pour­suit par le pitch du Partial (accor­dage et modu­la­tions par la vélo­cité et l’en­ve­loppe dédiée 4 temps/5 niveaux). Puis on arrive dans la section filtre multi­mode : choix du mode (3 modes passe-bas, passe-haut, passe-bande, peaking), fréquence de coupure, réso­nance, modu­la­tion de la FC (vélo­cité, enve­loppe dédiée 4 temps/5 niveaux) et modu­la­tion de la réso­nance par la vélo­cité. Ensuite, on attaque la section ampli, avec niveau, modu­la­tion par la vélo­cité, enve­loppe dédiée 4 temps/3 niveaux et pano­ra­mique (réglage de posi­tion et modu­la­tion aléa­toire). On termine enfin par le choix de la sortie (toujours pour chaque Partial) : routage vers l’un des 4 effets, niveau de sortie, départ délai et départ réverbe. Nous sommes plutôt du genre à saluer la pléthore de para­mètres sur les synthés ; le problème ici, c’est qu’il faut navi­guer dans les menus pour régler tout ça. Autant c’est facile sur les stations de travail à grand écran graphique, autant se taper 3 enve­loppes multi-segments pour chacune des 26 touches, c’est du sport ici ! Surtout qu’avoir autant de réglages pour des kits de percus­sions… 

Partie analo­gique

Roland JD-Xi

Le JD-Xi renferme un petit synthé analo­gique mono­dique : c’est en quelque sorte la 129e voix de la machine. C’est un retour aux sources pour Roland, mais un retour tout en douceur, puisque sont analo­giques l’os­cil­la­teur, le sous-oscil­la­teur et le filtre ; l’am­pli et les modu­la­tions (LFO, enve­loppes) sont numé­riques. L’unique oscil­la­teur peut émettre une onde dent de scie, triangle ou impul­sion. Cette dernière est à largeur variable, fixée manuel­le­ment (par un petit poten­tio­mètre en façade ou via le menu) ou modu­lée par le LFO. Le son ainsi modulé prend une belle épais­seur, c’est propre mais sans extra­va­gance. S’y ajoute un sous-oscil­la­teur à onde carrée (simple marche/arrêt), à 1 ou 2 octaves sous la fonda­men­tale.

Roland JD-Xi

Le pitch est para­mé­trable (réglages gros­sier et fin) et modu­lable par une enve­loppe AD bipo­laire. Le signal attaque alors le filtre, sans réglage de niveau d’en­trée (et sans satu­ra­tion). Ce filtre unique est de type passe-bas (4 pôles, nous semble-t-il) avec une réso­nance qui va jusqu’à l’auto-oscil­la­tion (ça siffle !). Le poten­tio­mètre de fréquence de coupure crée des pas audibles à réso­nance élevée, comme au temps des premiers synthés à mémoires. La fréquence de coupure peut être modu­lée par le suivi de clavier, la vélo­cité et l’en­ve­loppe ADSR dédiée. Toutes ces modu­la­tions sont bipo­laires, tant mieux ! Vient ensuite l’étage d’am­pli­fi­ca­tion, avec son niveau et ses modu­la­tions : suivi de clavier bipo­laire, vélo­cité bipo­laire et enve­loppe ADSR dédiée.

En plus des 3 enve­loppes déjà évoquées, on trouve un LFO assez basique, dont le tempo peut être synchro­nisé à l’hor­loge interne/MIDI. Il offre un fondu d’en­trée et 6 formes d’onde basiques (triangle, sinus, dent de scie, carrée, S & H, aléa­toire). Le cycle peut être libre ou redé­clen­ché par le clavier. Le LFO peut indé­pen­dam­ment modu­ler le pitch, le filtre et le volume. L’ac­tion de la molette de modu­la­tion est para­mé­trable sur ces trois desti­na­tions, tout comme sur la vitesse du LFO. Enfin, on trouve des réglages de porta­mento, legato et action du Pitch Bend vers le haut ou vers le bas. 64 Tones Presets permettent de ne pas partir de zéro, le résul­tat final étant là aussi mémo­risé au sein d’un programme. Nous avons vu que les sons produits par ce petit synthé analo­gique étaient très conve­nables, mais que la variété était limi­tée… ce qui s’ex­plique par un moteur au final peu puis­sant.

Quatuor d’ef­fets

Roland JD-Xi

Chaque programme du JD-Xi béné­fi­cie d’une section à 4 effets : 2 effets multiples, un délai et une réverbe. Les deux premiers peuvent être routés en série, alors que les deux derniers sont des effets paral­lèles ; on peut doser l’en­voi des deux premiers vers les deux derniers, tout comme l’en­voi du délai dans la réverbe. Pour chaque partie synthé (ou externe/voco­dée, voir ci-après), on décide vers quel multi-effet on envoie le signal et on dose les départs vers le délai et la réverbe. Et comme on l’a déjà vu, cela se passe par instru­ment pour le drum kit. Bref, c’est très souple ques­tion routage sur le JD-Xi (cf. schéma).

Le premier effet multiple est capable de produire 4 types de trai­te­ment, certains avec variantes : Distor­sion, Fuzz, Compres­seur ou Bit Crusher. Le second effet multiple est dédié aux Chorus/Flan­ger, Phaser, Ring Mod ou Slicer. Chaque algo­rithme possède 4 à 6 para­mètres éditables, pour salir/enjo­li­ver/décou­per le son de manière plus ou moins fine. Les réglages extrêmes sont… on ne peut plus extrêmes ! Rien à dire, ça peut décoif­fer, il faudra être prudent sur scène avant de tour­ner certains poten­tio­mètres à fond à droite ! Pour le délai, on peut régler le type (simple ou pano­ra­mique), le temps (0 à 2 600 ms), le niveau de délai rela­tif entre les canaux gauche/droit (pour le mode pano­ra­mique), le feed­back, le filtrage des hautes fréquences (200 à 8 000 Hz), le niveau de sortie et le départ vers la réverbe. Pour la réverbe, on choi­sit le type de pièce (2 Room, 2 Stage, 2 Hall), le temps, le filtrage des hautes fréquences et le niveau de sortie. La qualité sonore des réverbes est moyenne, assez métal­lique. C’est plus un habillage à utili­ser avec parci­mo­nie ou sur une scène bruyante.

Voco­der & pitcher

Le JD-Xi incor­pore un mode Voco­deur/Auto Pitch. Dans le premier cas, la partie synthé numé­rique en cours est routée vers le voco­deur, où elle fait office de signal porteur (on ne peut pas voco­der la partie analo­gique). Dans le second cas, la partie synthé numé­rique en cours est désac­ti­vée. Le signal audio entrant (depuis l’en­trée micro ou ligne) dispose d’un réglage global de niveau et d’un suppres­seur de bruit (avec seuil et relâ­che­ment).

Roland JD-Xi

Lorsqu’un instru­ment est connecté à l’en­trée ligne (à l’ar­rière), l’en­trée micro (à l’avant) est désac­ti­vée. L’Auto Pitch permet de corri­ger plus ou moins bruta­le­ment les irré­gu­la­ri­tés de fréquence du signal audio entrant (une voix par exemple). On commence par régler le niveau du signal entrant dans l’Auto Pitch, la posi­tion stéréo, le routage d’ef­fets, les départs vers le délai et la réverbe, le type de correc­tion de pitch (parmi 4 possi­bi­li­tés : doux, dur, par pas, radi­cal genre effet auto­tune), l’échelle (chro­ma­tique ou majeure/mineure), la tona­lité (clé), le genre (déca­lage des formants côté fille ou côté garçon), l’oc­tave (-1, 0, +1) et la balance entre son direct et son traité. Le résul­tat est bon, allant de la correc­tion subtile au reca­lage impla­cable, avec la possi­bi­lité de géné­rer des voix restant natu­relles ou dignes de Disney (de Donald Duck à Dark Vador, le nouveau venu de la bande…).

Passons à la fonc­tion Auto Note, enclen­chée à partir de n’im­porte quel programme avec la touche idoine située en façade sous l’en­trée XLR. Elle permet de détec­ter la fonda­men­tale de l’en­trée audio et de l’ap­pliquer en temps réel au pitch de la partie synthé en cours (en mono). Cela fonc­tionne vrai­ment très bien avec une voix ou une guitare, même sans pré-trai­te­ment de type porte de bruit ou compres­seur. Enfin, attar­dons-nous sur le voco­deur. Sur le JD-Xi, le signal d’ana­lyse (le modu­la­teur) provient d’une des entrées audio et le signal de synthèse (porteur) d’un des 256 Tones des parties synthé numé­rique. Une fois le Tone choisi, on règle le niveau du signal d’en­trée, son pano­ra­mique, le routage d’ef­fet, les deux départs, la carac­té­ris­tique du modu­la­teur (voix humaine, doux, long) et les cruciaux réglages de niveau : sensi­bi­lité du signal micro, niveau du son de synthèse, balance et filtrage hautes fréquences du signal micro (1000 à 16 000 Hz). On ignore le nombre de bandes de ce voco­deur, mais il permet de faire sans diffi­culté des voix dignes de Kraft­werk en main­te­nant une bonne intel­li­gi­bi­lité, même quand on roule les R en version alle­mande : Wirrrrrrrrrr sind die Rrrro­bo­terrrrrrrrrrrrr… 

Turbu­lences assu­rées

Roland JD-Xi

Le JD-Xi possède un petit arpé­gia­teur fort pratique : 128 styles Presets, 12 motifs (haut, bas, alterné, aléa­toire, phra­sé…), 9 signa­tures ryth­miques avec modes ternaires et Shuffle, une réponse en vélo­cité, un temps de porte para­mé­trable (30 à 120 %), une plage d’ac­tion de +/- 3 octaves et un niveau d’ac­cen­tua­tion (accents pré-program­més dans les styles Presets). Mais le clou du spec­tacle, c’est le séquen­ceur inté­gré. Il est capable de travailler sur 4 pistes indé­pen­dantes : 2 pistes synthé numé­rique, 1 piste synthé analo­gique et 1 piste drum kit. Il est très large­ment inspiré du séquen­ceur à grille qui a fait la répu­ta­tion des TR. Les motifs font de 1 à 4 mesures, avec 3 échelles de temps : trio­let de croche (12 pas), double croche (16 pas) ou triple croche (16 pas). L’en­re­gis­tre­ment se fait indif­fé­rem­ment en temps réel ou en pas-à-pas. En temps réel, on entre les notes au clavier (dyna­mique) ou avec les 16 boutons lumi­neux, le JD-Xi se char­geant de caler tout cela au pas le plus proche, suivant l’échelle de temps choi­sie. En pas-à-pas, on entre les notes une par une, la séquence s’in­cré­men­tant à chaque entrée.

Roland JD-Xi

Pour modi­fier un motif, on peut effa­cer à la volée (touche Erase main­te­nue le temps voulu) ou par pas (16 boutons lumi­neux). Pour la piste drum kit, le clavier permet de sélec­tion­ner la note à program­mer/éditer ou d’en­trer une ligne en direct ; dès qu’on appuie sur une touche, la ligne de 16 boutons lumi­neux indique le statut des pas dans la mesure. Lorsqu’un motif fait plus d’une mesure (2, 3 ou 4), il est néces­saire de choi­sir laquelle visua­li­ser, le JD-Xi ne faisant pas les enchaî­ne­ments tout seul. Le mouve­ment des molettes et poten­tio­mètres peut égale­ment être enre­gis­tré en temps réel, ce qui évite la mono­to­nie des motifs. Par contre, on ne peut ni visua­li­ser ni éditer les valeurs entrées : soit on efface, soit on écrase (sauf les mouve­ments de poten­tio­mètres d’ef­fets que l’on ne peut qu’écra­ser). À l’usage, nous sommes assez vite arri­vés à la satu­ra­tion de la mémoire dans le motif (message « Pattern Full ! »), en bougeant quelques poten­tio­mètres (certes fréné­tique­ment). Le séquen­ceur du JD-Xi est au final très orienté perfor­mance groove. Il lui manque des possi­bi­li­tés d’en­chai­ne­ment de motifs (mode Song ou Chain), une fonc­tion Swing et des longueurs indé­pen­dantes de piste. La sauve­garde des motifs se fait, là toujours, dans les 256 programmes utili­sa­teur.

Zeblob1
00:0001:02
  • Zeblob1 01:02
  • Zeblob2 01:03
  • Zeblob3 01:06
  • Zeblob4 01:08

Groove revi­sité

Au final, le JD-Xi est une bonne surprise. Son aspect appa­rent gadget est vite dissipé dès qu’on écoute ce qui en sort. La qualité sonore des moteurs numé­riques (VA) et drum kits est indé­niable. La partie analo­gique sonne bien, mais manque un peu de possi­bi­li­tés de synthèse, donc de variété. Qui plus est, les deux tech­no­lo­gies coha­bitent en paral­lèle, évitant soigneu­se­ment de se croi­ser. L’hy­bri­da­tion est donc très partielle. Le séquen­ceur façon TR est une valeur sûre, qui invite à la program­ma­tion. L’au­to­ma­tion est bien là, même si l’édi­tion est inexis­tante. Ques­tion ergo­no­mie, tout va bien tant qu’on reste en surface, mais l’édi­tion milli­mé­trée des sons néces­site de passer par les menus, et quand on voit le nombre de para­mètres acces­si­bles… Du coup, un éditeur externe devien­drait presque une néces­sité, ce qui contre­di­rait un peu l’orien­ta­tion de la machine. Le mini-clavier limite presque l’uti­li­sa­tion à la program­ma­tion des motifs et au pilo­tage du voco­deur ; il est peu adapté aux solos endia­blés et progres­sions complexes d’ac­cords. Quoi qu’il en soit, Roland revi­site le concept de la machine à groove de fort belle manière, avec des moteurs sonores parfai­te­ment complé­men­taires et tout ce qu’il faut pour la perfor­mance directe, en studio comme en live.

Tarif géné­ra­le­ment constaté : 499 €

Télé­char­gez les fichiers sonores (format WAV)

  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi
  • Roland JD-Xi

 

Notre avis : 8/10

  • La qualité sonore globale
  • Les possibilités de synthèse puissantes
  • Les kits de batterie intégrés
  • Un zeste d’analogique à bord
  • Le séquenceur type TR, excellent
  • Le petit arpégiateur intégré
  • La section vocodeur et son micro fourni
  • L’USB MIDI et audio
  • Le bon rapport performance/prix
  • Le clavier certes dynamique…
  • … mais de type mini-touches
  • Le volume en retrait de la partie analogique
  • La partie analogique basique et peu différenciée
  • L’impossibilité d’hybridation numérique/analogique
  • Le manque de commandes directes cruciales (ADSR)
  • L’édition détaillée pénible via les menus
  • L’absence de chainage de Patterns
  • La façade gloss salissante et fragile

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre