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Test de la pédale de modulation Locustom The Parasite MK0 - Piqûre de rappel

7/10
Award Innovation 2016
2016
Innovation
Award

Véritable cauchemar pour pédales, The Parasite n’a qu’une ambition : lentement se sustenter de vos précieuses machines, quitte à profondément changer leur nature.

Quels que soient les desseins du fou derrière cette inven­tion machia­vé­lique, la mission de l’odieux symbiote est claire. C’est donc avec une fébri­lité certaine que je me suis porté volon­taire pour accueillir cette machine en mon sein. Tel Eddie Brock en proie à ses démons inté­rieurs, j’al­lais petit à petit apprendre à domp­ter le Para­site. Le méde­cin fou du Fris­sons de Cronen­berg n’a qu’à bien se tenir, car c’est à présent à mon tour de propa­ger la mala­die. Et j’ai quelques victimes en tête…

Ecto­pa­ra­site

Nous vous propo­sions il y a quelques mois un test de l’Over­bass, la toute première pédale de la marque française Locus­tom. Le construc­teur en avait profité pour teaser la sortie immi­nente du Para­site, une pédale d’ef­fet annon­cée comme unique en son genre. Celle-ci a pour prin­cipe de vous offrir la maîtrise des signaux dry et wet, ou plutôt de leur alter­nance. Ne fuyez pas, on va tout vous expliquer ! 

Locustom The Parasite : Locustom The Parasite 3

Outre les tradi­tion­nelles entrées instru­ments et sortie, le Para­site est en fait pourvu d’une entrée « From FX » et d’une sortie « To FX ». Elles forment ainsi une boucle, dans laquelle vous pour­rez bran­cher toutes les pédales qui vous passe­ront sous le pied. Nous évoquions la possi­bi­lité de maîtri­ser les signaux dry et wet, le signal dry corres­pon­dra donc au son pur sortant de votre instru­ment, et le son wet sera engen­dré par l’ef­fet placé en paral­lèle du Para­site. À l’aide d’un VCO (oscil­la­teur contrôlé en tension que l’on retrouve souvent dans les synthé­ti­seurs) recréé grâce à des tran­sis­tors, la pédale alter­nera les deux signaux. Le concept est puis­sant, puisqu’il ouvre des possi­bi­li­tés de combi­nai­sons innom­brables. Mais repre­nons notre décou­verte de la nouvelle Locus­tom depuis le début.

The Para­site, puisque c’est son appel­la­tion offi­cielle, est livré dans une jolie boîte en bois, comme tous les autres produits Locus­tom. Le packa­ging est très réussi, tout comme l’as­tu­cieux pliage du manuel qui dévoi­lera petit à petit un mot de remer­cie­ment. Cette version MK0 (une présé­rie) se présente sous la forme d’un boîtier quasi carré en métal brillant. Ses dimen­sions sont de 11,7 cm de hauteur, 9,3 cm de largeur, et 3,4 cm d’épais­seur. L’es­thé­tique globale rappelle l’Over­bass (format, métal, séri­gra­phies, etc.), les LED colo­rées en moins. La pédale peut être alimen­tée par un trans­for­ma­teur allant de 9V à 18V sous 100 mA. Il est égale­ment possible de bran­cher une pile, mais il faut pour cela ouvrir le boîtier. En faisant cela, on constate que la marque n’a pas menti : l’en­semble est pure­ment analo­gique, assem­blé et soudé à la main. On regret­tera néan­moins que les concep­teurs n’aient pas prévu d’em­pla­ce­ment avec des fixa­tions pour la pile 9V, il y a un peu de jeu, et celle-ci a tendance à cogner légè­re­ment contre les parois. Malgré tout, la pédale respire la soli­dité et possède un charme indé­niable.

Reve­nons briè­ve­ment sur la connec­tique. Sur la tranche droite, vous trou­ve­rez donc la sortie « To FX », et l’en­trée instru­ment. Cette dernière est dotée d’un buffer, vous offrant ainsi la possi­bi­lité de bran­cher diffé­rents instru­ments. Le Para­site peut en effet être utilisé avec une guitare, mais égale­ment avec une basse, un synthé, et plus globa­le­ment n’im­porte quel instru­ment élec­trique. L’en­trée « From FX » et la sortie à raccor­der à l’am­pli sont, elles, situées sur la tranche gauche.

Locustom The Parasite : Locustom The Parasite 8

Côté contrôles, la pédale joue la carte du mini­ma­lisme. Outre le foots­witch permet­tant d’en­clen­cher l’ef­fet, l’on trouve un sélec­teur à deux posi­tions pour choi­sir la forme d’onde (trian­gu­laire ou dents de scie). Un bouton Speed permet de régler la fréquence d’al­ter­nance entre le signal dry et le signal wet. Poussé à son maxi­mum, sa vitesse atteint les 40Hz, soit 25 ms. Il est d’ailleurs possible de bran­cher une pédale d’ex­pres­sion pour contrô­ler ce para­mètre. Enfin, un bouton central permet de contrô­ler la balance entre le Dry et le Wet. Plus concrè­te­ment, il permet de régler le temps passé sur le dry et sur le wet. En pous­sant le bouton au maxi­mum sur le Dry, vous aurez unique­ment votre son clean, alors que vous obtien­drez votre son bourré d’ef­fet en posi­tion full Wet. Dans la première moitié de la course du potard, c’est le Dry qui propor­tion­nel­le­ment est plus présent. En allant de plus en plus vers le FX, c’est le Wet qui le sera. Pour termi­ner, une LED rouge (coucou chef !) complète le tableau. Elle s’illu­mine à chaque fois que le signal dry refait son appa­ri­tion.

Le symbiote seul

L’in­té­rêt prin­ci­pal du Para­site réside dans son inter­ac­tion avec vos multiples pédales. Pour autant, il est possible de l’uti­li­ser sans bran­cher les entrée et sortie FX. Le Para­site agira alors comme un simple trémolo contrô­lable ou non par l’in­ter­mé­diaire de la pédale d’ex­pres­sion. Dans ce premier extrait, j’ai placé le bouton central à 12h afin d’avoir une alter­nance symé­trique entre les signaux dry et wet. La forme d’onde est placée sur le mode trian­gu­laire. Petit à petit, je pousse la pédale d’ex­pres­sion pour augmen­ter la vitesse. Il m’ar­rive égale­ment d’al­ter­ner les vitesses de façon ryth­mique.

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Locustom The Parasite : Locustom The Parasite 5

Sur la première moitié de la course de la pédale d’ex­pres­sion, le rendu est très musi­cal. L’al­ter­nance est inté­res­sante, douce, en adéqua­tion avec la forme d’onde trian­gu­laire. Mais à peine le premier tiers du potard atteint, la vitesse s’em­balle déjà. On ressent un manque de subti­lité dans les réglages, les paliers se fran­chissent bien trop rapi­de­ment. En allant au-delà de la moitié de la course, cela devient diffi­ci­le­ment maîtri­sable. Vous pouvez même entendre vers la fin le moteur du Para­site s’em­bal­ler tel une voiture de course. De légers bruits de satu­ra­tion peuvent égale­ment faire irrup­tion lorsque la pédale d’ex­pres­sion est enfon­cée au maxi­mum. Si certaines sono­ri­tés « noisy » peuvent avoir leur utilité, les réglages vrai­ment extrêmes me paraissent inuti­li­sables, car trop… para­si­tés ! J’uti­lise pour ce test une pédale d’ex­pres­sion Boss FV 500-H, et sa longue course de synchro­nise mal avec les possi­bi­li­tés du Para­site. Locus­tom a souhaité offrir une compa­ti­bi­lité la plus large possible avec les pédales d’ex­pres­sion du marché, et il est natu­rel que certaines asso­cia­tions fonc­tionnent mieux que d’autres. Mais j’ai égale­ment constaté ces problèmes en utili­sant unique­ment le bouton Speed. Le deuxième extrait est plus court. J’ai gardé les mêmes réglages que pour le précé­dent, mais cette fois la forme d’onde est en dents de scie.

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La diffé­rence est notable, et le rendu respecte parfai­te­ment ce que l’on est en droit d’at­tendre d’une onde en dents de scie. Enfin, voici deux extraits présen­tant l’in­fluence du bouton central. Dans le troi­sième fichier audio, le contrôle est placé à un quart. Dans le quatrième, il est poussé aux trois quarts. Dans les deux cas, le bouton speed est réglé de façon assez lente, et la forme d’onde est en mode trian­gu­laire.

Para­site 3 Tré­molo 1:4
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  • Para­site 3 Tré­molo 1:4 00:15
  • Para­site 4 Tré­molo 3:4 00:14

Lorsqu’au­cun effet n’est bran­ché en paral­lèle du Para­site, le signal Wet est quasi inexis­tant. On entend bien la diffé­rence entre les deux types de trémo­los utili­sés dans les extraits audio. Dans le son 3, le rendu est fort et dyna­mique, car le signal Dry est omni­pré­sent. À l’in­verse, dans le son 4, le Para­site passe plus de temps sur le signal Wet que Dry. En résulte un effet plus éthéré.

Le symbiote et ses hôtes

Le plai­sir soli­taire ayant ses limites, il est temps d’of­frir quelques cama­rades de jeu à notre Para­site. Nos premiers hôtes seront des pédales d’over­drive et de distor­sion ! J’ai utilisé pour le premier extrait la pédale The Crusher d’Ea­gle­tone. Cet ersatz de Tube Screa­mer est réglé avec le gain au maxi­mum, le volume au trois quarts, et la tona­lité à 12h. Le bouton central du para­site est égale­ment à 12h, et la forme d’onde en mode trian­gu­laire. Pour le son avec la distor­sion, j’avais sous la main une autre pédale Eagle­tone, la Hell Dude. Le réglage de distor­sion est à fond.

Para­site 5 Over­drive 12h Trian­gu­laire
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  • Para­site 5 Over­drive 12h Trian­gu­laire 00:43
  • Para­site 6 Disto 3:4 Dents de scie 00:53
Locustom The Parasite : Locustom The Parasite 13

Les défauts que j’ai pu rencon­trer lors de l’uti­li­sa­tion du para­site en trémolo sont toujours présents, mais s’ac­cordent plutôt bien avec des satu­ra­tions. Le bruit de moteur est couvert par le vacarme des pédales Eagle­tone, et l’on obtient des sons exploi­tables même avec les vitesses les plus extrêmes. Vous pouvez par contre entendre dans le deuxième extrait un surplus de basses qui dans certaines condi­tions posera problème. Mais comme toujours avec The Para­site, votre son dépen­dra de vos réglages. Il faut par exemple prendre le temps de travailler le volume de la pédale d’ef­fet pour l’har­mo­ni­ser avec l’al­ter­nance dry/wet et que ce soit en phase avec ce que l’on souhaite. Il en va de même avec un effet tempo­rel comme le delay. Ainsi, si vous souhai­tez garder une certaine cohé­rence ryth­mique avec des répé­ti­tions trai­nantes, il peut être utile de synchro­ni­ser les vitesses. Dans ce sixième exemple audio, j’uti­lise la pédale de delay Flash­back x4 de TC Elec­tro­nic en mode Analog, avec la plupart des contrôles placés à 12h. Quant au Para­site, le bouton central est placé au premier tiers, et la forme d’onde est en mode dents de scie.

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Le résul­tat s’ins­crit dans la lignée de mes précé­dentes expé­ri­men­ta­tions. On peut noter que certaines vitesses fonc­tionnent mieux que d’autres. En accé­lé­rant, on obtient une forme de modu­la­tion plutôt réus­sie dans un premier temps, mais qui se trans­forme en grésille­ment si l’on appuie un peu trop fort. D’ailleurs, pour termi­ner, tentons de bran­cher un effet de modu­la­tion ! J’uti­lise pour cet extrait la pédale de phaser Helix de TC Elec­tro­nic. Elle est réglée en mode Smooth avec l’en­semble des potards à 12h. Le bouton central du Para­site est poussé jusqu’à la moitié, et la forme d’onde est en dents de scie.

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Je t’aime, moi non plus

Alors, au final que penser de ce Para­site ? La pédale a de nombreux défauts en l’état, c’est certain. Deux points en parti­cu­lier m’ont marqué. Tout d’abord, les graves sont parfois diffi­ciles à maîtri­ser. Un réglage aux petits oignons devrait résoudre ce problème, mais ce n’est pas toujours évident. N’ou­blions pas que la pédale a été conçue pour fonc­tion­ner avec des instru­ments très diffé­rents. Le spectre de fréquences est donc large, mais ne semble pas aisé­ment maîtri­sable. Le manque de subti­lité du réglage de vitesse est par contre moins excu­sable. J’au­rais égale­ment aimé avoir plus de formes d’onde, notam­ment une carré. Pouvoir contrô­ler le bouton central à l’aide de la pédale d’ex­pres­sion aurait égale­ment été un atout consi­dé­rable. Enfin, nous nous devons d’évoquer le prix de la machine. Tout le monde ne souhai­tera pas dépen­ser 269 € pour une pédale. Nous ne rentre­rons pas dans un débat autour du Made in France et des produits haut de gamme, mais ce tarif est évidem­ment un élément à prendre en compte.

Mais, pour autant, The Para­site est fasci­nante. Son concept est brillant, et ouvre la voie à d’in­nom­brables possi­bi­li­tés. Le vivier de pédales d’ef­fets à bran­cher dans la machine est inépui­sable, et vous pour­rez lais­ser libre cours à votre imagi­na­tion, car tout reste à faire. Par exemple, vous pouvez direc­te­ment bran­cher votre guitare dans une pédale d’ef­fet stéréo, et récu­pé­rer les deux signaux de sortie pour les utili­ser dans le Para­site (dans les entrées In et From FX). Il est aussi possible de bran­cher deux instru­ments en même temps. Le Dry corres­pon­dra à un instru­ment et le Wet à un autre. Ce bran­che­ment aurait d’ailleurs pris une ampleur consi­dé­rable avec des sorties stéréo sur le Para­site, afin de pouvoir « paner » les deux signaux. Mais ne boudons pas notre plai­sir, il s’agit d’une version MK0 pouvant être amélio­rée, et nous avons malgré tout affaire à une pédale inno­vante, unique en son genre. Il faut féli­ci­ter Locus­tom pour cela. Si vous avez l’âme d’un bidouilleur, et que vous recher­chez des sons origi­naux, tentez l’aven­ture !

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  • Locustom The Parasite : Locustom The Parasite 2
  • Locustom The Parasite : Locustom The Parasite 1

 

Notre avis : 7/10

Award Innovation 2016
2016
Innovation
Award
  • Pédale unique et innovante
  • Tout reste à faire et à découvrir, les bidouilleurs et autres chercheurs de sons seront comblés
  • Les possibilités sont infinies grâce à la possibilité de brancher n’importe quelle pédale d’effet
  • Plusieurs branchements sont possibles, et tous ont un impact sur le rendu sonore
  • Conçue pour n’importe quel instrument électrique
  • Le packaging
  • Le bouton Speed manque de finesse
  • Le moteur se fait trop entendre lorsque la machine est poussée à fond
  • Les graves sont parfois difficiles à maîtriser
  • J’aurais aimé pouvoir contrôler le bouton central Dry/Wet avec la pédale d’expression
  • Une alternance carrée pourrait apporter encore plus de possibilités

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