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Test de la TC Electronic Helix - Helixir d’amour

8/10

Aussi étonnant que cela puisse paraître, TC n'avait encore pas proposé de phaser dans sa série de pédales Toneprint. L'oubli est réparé avec cette Helix qui entend bien faire valoir sa polyvalence.

Annon­cée lors du NAMM Show 2015 il y a un peu moins d’un an, la pédale Helix était, avec sa consoeur la Viscous Vibe, l’une des pédales TC Elec­tro­nic les plus atten­dues de l’an­née. Tout premier phaser compa­tible Tone­Print de la marque, l’He­lix innove en propo­sant de nombreux para­mètres. Les grands clas­siques de l’ef­fet phaser comme la Phase 90 de MXR, la Boss PH-3, ou encore la Small Stone, sont en effet rare­ment pour­vus de plus d’un ou deux boutons de contrôle. Ces pédales sont connues pour leur qualité et leur forte iden­tité sonore, mais pas forcé­ment pour leur poly­va­lence. C’est sur ce dernier axe que TC Elec­tro­nics compte donc faire la diffé­rence. Le pari est-il réussi ? Il était temps que l’He­lix passe entre nos mains !

Sobre, mais effi­cace

Avant de nous lancer dans l’ana­lyse sonore de notre pédale, faisons un rapide tour du proprié­taire. L’He­lix prend la forme d’un joli boîtier jaune pâle en métal, d’en­vi­ron 12 cm de longueur, 6 cm de largeur, et 3 cm d’épais­seur. D’ap­pa­rence solide, la pédale ne se démarque pas parti­cu­liè­re­ment par son look. La sobriété globale de la machine lui assure un côté passe-partout, l’éloi­gnant de poten­tielles fautes de goût. Seule la robe couleur jaune déla­vée aura quelque peu divisé au sein de la rédac­tion d’AF. Mais peut-on réel­le­ment se fier aux juge­ments esthé­tiques et au bon goût du vénéré Los Teignos ? Son affec­tion pour le « pod-cein­ture » permet d’en douter !

TC Electronic Helix Phaser : Helix de TC Electronic

Reve­nons à nos moutons élec­triques. Les androïdes ne rêvent surement pas de l’He­lix, et c’est bien dommage, car la belle a pour parti­cu­la­rité de propo­ser de la stéréo. Vous trou­ve­rez donc sur son côté droit deux entrées pour vos instru­ments (mono et stéréo), et sur son côté gauche deux sorties permet­tant de la relier à votre ampli ou à vos autres pédales (égale­ment mono et stéréo). Un connec­teur pour l’ali­men­ta­tion 9 volts, et un port USB pour la connexion Tone­Print complètent l’en­semble. Un câble USB est d’ailleurs fourni.

Niveau contrôle, l’He­lix se pare de quatre boutons, d’un sélec­teur trois posi­tions, et bien évidem­ment d’un foots­witch d’ac­ti­va­tion. Profi­tons-en pour mettre en valeur le fait que cette pédale est origi­nel­le­ment confi­gu­rée en True Bypass, mais qu’il est possible d’en­clen­cher un mode Buffe­red Bypass. Pour cela, les utili­sa­teurs de câbles parti­cu­liè­re­ment longs ou les fana­tiques de pedal­boards déme­su­rés devront ouvrir l’ar­rière de la machine, et utili­ser le dip-switch consa­cré à cette option. Les utili­sa­teurs du mode Buffe­red Bypass pour­ront égale­ment égale­ment acti­ver une option Kill-Dry pour inté­grer l’He­lix à une boucle d’ef­fets. Avec le Kill-Dry désac­tivé, la pédale est para­mé­trée en Analog Dry-Through dans ses réglages d’usines, votre signal n’est donc aucu­ne­ment traité lorsque l’ef­fet est éteint.

Enfin, la pédale doit être alimen­tée par une puis­sance de 9 volts en courant continu. Elle est prévue pour fonc­tion­ner en centre néga­tif, et consomme 100mA. L’ali­men­ta­tion n’est pas four­nie, et l’ap­pa­reil ne fonc­tionne pas avec des piles.

Le fond et la forme

TC Electronic Helix Phaser : Potards de la Helix

Il est enfin temps d’al­lu­mer l’He­lix ! Le foots­witch s’en­clenche aisé­ment, aucun bruit inop­por­tun ne pointe le bout de son nez. Une LED rouge s’illu­mine alors pour confir­mer l’ac­ti­va­tion de l’ef­fet. Mais après ce fugace senti­ment de devoir accom­pli, il faut se rendre à l’évi­dence : que vais-je faire avec cette pédale ? D’après TC Elec­tro­nic, son phaser permet de balayer un spectre allant de sons planants Gilmou­riens au rock agres­sif de Van Halen, en passant par Radio­head et les Smashing Pumkins. Soit, mais comment atteindre ce nirvana ? Aussi vite que Senna, je tente donc de bouger quelques contrôles. Le commu­ta­teur à trois posi­tions indique des modes Vintage, Tone­Print, et Smooth. Si la posi­tion inter­mé­diaire fait clai­re­ment réfé­rence aux innom­brables possi­bi­li­tés offertes par le logi­ciel d’édi­tion de TC, les autres quali­fi­ca­tifs semblent plus obscurs. Ce sera donc le mode Vintage pour commen­cer ! L’ef­fet est là, mais il se fait discret. Les quatre contrôles Speed, Depth, Feed­back, et Mix, me font furieu­se­ment de l’œil, et c’est sans aucune hési­ta­tion que je trifouille l’en­semble. Les potards font tout de suite ressen­tir leur influence sur le son produit. Le mode Vintage semble conçu pour offrir un effet de phaser présent mais pas enva­his­sant. Il agit comme un vête­ment qui embel­lit vos notes sans les modi­fier fonda­men­ta­le­ment. Le son reste très natu­rel, et ce, même avec les potards pous­sés à fond. Je passe fina­le­ment en mode Smooth, et constate un énorme chan­ge­ment. Malgré son appel­la­tion, le mode n’a rien de doux. En se limi­tant au premier tiers des diffé­rents réglages, votre son se nappera d’un phaser omni­pré­sent mais subtil. En pous­sant les diffé­rents boutons, l’as­pect synthé­tique et jusqu’au-boutiste de l’ef­fet pren­dra le dessus. Enten­dons-nous bien, dans toutes situa­tions, l’He­lix respec­tera le son de votre guitare ! Mais le mode Smooth poussé à son paroxysme produira des sons complè­te­ment fous et des mélo­dies informes. Avant d’écou­ter quelques exemples des possi­bi­li­tés offertes par notre pédale, faisons un point sur les diffé­rents boutons de réglage : 

  • Speed – Ce contrôle permet de gérer la vitesse de modu­la­tion de fréquence, ou en d’autres termes, le temps qui s’écoule entre chaque « pic » de l’ef­fet phaser. Placez ce bouton à 0, et votre son ne variera que très lente­ment dans les deux modes. Votre guitare sera comme filtrée : les aigus, les médiums, et les basses se poin­te­ront chacun à leur tour afin de prendre part à cette étrange ritour­nelle. A l’in­verse, pous­sez le bouton à son maxi­mum, et appré­ciez ce trémolo tour­billon­nant. En mode Vintage, ce réglage est domp­table, mais il n’en est pas de même en mode Smooth. Pour autant, cet aspect « noisy » peut avoir son inté­rêt pour quiconque souhai­tera créer des ambiances aux portes de la crise d’épi­lep­sie.
  • Depth – Il s’agit ici de modi­fier l’in­ten­sité du phaser. Le bouton accen­tue donc la présence de l’ef­fet. Avec un réglage à 0 en mode Vintage, vous obtien­drez un son quasi dry mais épaissi. En Smooth, il filtrera votre son à l’image d’une Wah Wah bloquée dans des posi­tions inter­mé­diaires. Dans ce dernier mode, le réglage augmen­tera égale­ment la présence des basses fréquences.
  • Feed­back – « La rétro­ac­tion est l’ac­tion en retour d’un effet sur sa propre cause : la séquence de causes et d’ef­fets forme donc une boucle dite boucle de rétro­ac­tion. » dixit Wiki­pé­dia ! Le bouton Feed­back augmente donc l’in­ten­sité de la boucle de rétro­ac­tion. Pour simpli­fier, plus vous pous­sez ce réglage, plus l’ef­fet de phaser se fera présent et réson­nera longue­ment. Placez à 0, vous aurez droit à des trémo­los aqua­tiques tout droit sortis des abysses. Réglé à fond, le Feed­back s’em­bal­lera complè­te­ment, parti­cu­liè­re­ment en mode Smooth ! Prépa­rez-vous à décou­vrir le doux chant d’une portée d’oi­sillons cyborgs adeptes de trance Goa.
  • Mix – Ce bouton permet tout simple­ment de gérer le niveau du phaser. Avec le potard réglé au mini­mum, votre son dry sera préservé. Plus vous pous­se­rez le bouton, plus le son wet pren­dra le dessus. C’est un excellent outil pour contrô­ler les réglages « extrêmes » et retrou­ver un peu de musi­ca­lité lorsque l’ef­fet prend trop le dessus.

Après plusieurs heures d’ex­plo­ra­tion de l’He­lix, je me suis rendu compte que j’uti­li­sais prin­ci­pa­le­ment le mode Smooth. A mon avis, c’est le mode offrant le plus de possi­bi­li­tés. Cepen­dant, le mode Vintage n’est certai­ne­ment pas à négli­ger, et la présence de ces deux sons très diffé­rents sur une seule et même pédale est un atout consi­dé­rable. J’ai donc décidé de vous enre­gis­trer quatre exemples sonores pour chaque mode. J’uti­lise pour ces exemples une guitare Ibanez RG Pres­tige bran­chée dans un Kemper, lui-même relié à une carte son Stein­berg UR22. L’He­lix se trouve entre la guitare et le Kemper.

Ce premier exemple est enre­gis­tré en mode Vintage, avec le bouton Speed au premier tiers, les boutons Depth et Mix à fond, et le feed­back à 0. Avec un son clean, l’on obtient de quoi rehaus­ser de simples accords. Malgré le fait que les boutons Depth et Mix soient au maxi­mum, le son reste très natu­rel.

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Le deuxième exemple est toujours en mode Vintage, avec les réglages suivants : Speed Max, Depth max, Feed­back 0, Mix max. Ce son hypno­tique ne noie pas la guitare sous l’ef­fet, alors que la plupart des potards sont au maxi­mum. En augmen­tant le feed­back, il sera plus diffi­cile de contrô­ler l’He­lix, mais cela appor­tera un brin de folie supplé­men­taire.

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Avec notre troi­sième exemple, nous passons à la satu­ra­tion ! J’ai utilisé le mode Vintage avec ces réglages: Speed 1/4, Depth 1/3, Feed­back 2/3, Mix 2/3. Le son rappelle inévi­ta­ble­ment les grandes heures du Hard Rock (Hard FM ?) et les envo­lées d’Ed­die Van Halen.

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On reste dans la satu­ra­tion avec ce dernier exemple en mode Vintage, réglé ainsi : Speed 0, Depth max, Feed­back max, Mix max. En plaçant la vitesse au mini­mum, on peut consta­ter cette forme de filtre évoluant lente­ment mais sûre­ment.

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Ce cinquième exemple est l’oc­ca­sion de passer au mode Smooth. En plaçant le potard Speep à 1/3, le Depth à 2/3, le Feed­back à 2/3, et le Mix à 1/3, une irré­mé­diable envie de sortir nos plus belles ryth­miques Funk ou Reggae nous prend ! Bon, en l’oc­cur­rence ce n’est certai­ne­ment pas ma plus belle ryth­mique Funk… Pardon­nez-moi mon père, car j’ai péché !

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Voici un autre enre­gis­tre­ment en son clean. Cette fois-ci je modi­fie en temps réel les boutons Speed et Feed­back. Les réglages Depth et Mix sont à fond, puis je bouge le Feed­back de la moitié au maxi­mum. Je fais ensuite exac­te­ment pareil avec le Speed. Enfin, je reviens du max à la moitié pour le Speed, et de même pour le Feed­back. Cet exemple devrait vous permettre de visua­li­ser (enfin, on se comprend quoi !) l’in­fluence des potards Speed et Feed­back, et les possi­bi­li­tés psyché­dé­liques qu’offrent ceux-ci en mode Smooth.

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Dans ce nouvel exemple, j’uti­lise un son saturé pour enfin solo­ter ! Les boutons sont placés de cette façon : Speed 1/3, Depth 2/3, Feed­back 1/2, Mix 2/3. En jouant, on ressent l’étrange senti­ment d’avoir affaire à une pédale d’Auto-Wah. Bien entendu, l’ef­fet est moins prononcé, mais vos notes semblent comme prises d’une soudaine envie de taper la discus­sion.

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Toute bonne chose a une fin. Les mauvaises aussi d’ailleurs ! Quelle que soit la caté­go­rie dans laquelle vous range­rez notre petite balade sonore, voici notre dernier exemple. Excité par les possi­bi­li­tés « vocales » de l’He­lix, j’ai décidé de pous­ser le vice un peu plus loin dans cet enre­gis­tre­ment. J’ai utilisé ces réglages : Speed 2/3, Depth max, Feed­back 2/3, Mix 1/3. Comme je le souhai­tais, on entend clai­re­ment la guitare s’ex­pri­mer. Notons égale­ment que le sustain de l’ins­tru­ment est parti­cu­liè­re­ment boosté.

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Une TC vaut mieux que deux tu l’au­ras ?

TC Electronic Helix Phaser : Alimentation à l'avant

La première chose qui frappe lorsque l’on utilise l’He­lix, c’est son incroyable poly­va­lence. Nous avons pris le temps de décou­vrir les modes Vintage et Smooth, mais n’ou­blions pas la présence du mode Tone­Print. En l’uti­li­sant, vous pour­rez sculp­ter votre son de manière extrê­me­ment fine et assi­gner chaque bouton à une action parti­cu­lière. Chaque mode possède son iden­tité propre, et respecte le son de votre guitare et de votre ampli. Les éton­nantes voca­lises que produit la pédale sont égale­ment un régal. Avec un tarif avoi­si­nant les 130 €, l’He­lix est clai­re­ment un phaser inté­res­sant pour les musi­ciens souhai­tant une pédale poly­va­lente et peu coûteuse. C’est égale­ment un choix à consi­dé­rer lorsque vous hési­tez entre des modèles dit « vintage » et d’autres au son plus moderne. Le produit de TC Elec­tro­nic rassemble clai­re­ment le meilleur des deux mondes.

Néan­moins, on peut regret­ter qu’en mode Smooth les réglages pous­sés à fond aient tendance à vite deve­nir inex­ploi­tables. Mais l’ha­bile bouton Mix permet de retrou­ver un peu de musi­ca­lité dans ce caphar­naüm. Et puis cela ravira les adeptes des sons étranges et bruyants. D’ailleurs, j’ai globa­le­ment préféré l’usage de micros simples ou de posi­tions inter­mé­diaires avec l’He­lix, les micros à double bobi­nage ayant parfois tendance à deve­nir brouillon en mode Smooth.

J’au­rais égale­ment souhaité que TC Elec­tro­nic innove plus. Par exemple, un Tap Tempo aurait été un atout énorme pour cette pédale. Le produit serait alors proba­ble­ment devenu un incon­tour­nable dans le monde du phaser. La marque danoise pour­rait aussi envi­sa­ger de propo­ser plusieurs presets Tone­Print sauve­gar­dables sur la pédale. Il est en effet néces­saire de passer par un ordi­na­teur ou un smart­phone pour modi­fier cela, ce qui semble ne pas être une chose aisée en concert ! Mais ces menus reproches n’en­tament en rien cette belle réus­site qu’on devrait, n’en doutons pas, retrou­ver sur plus d’un pedal­board prochai­ne­ment… 

Notre avis : 8/10

  • Polyvalente
  • Respectueuse du son de votre matériel
  • Différents modes avec une forte identité pour chacun
  • Quatre potards
  • Un seul preset toneprint
  • Pas de piles
  • Un tap tempo aurait été appréciable

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