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Test de la pédale de filtre et de modulation Glou-glou RendezVous - À la croisée des chemins

9/10

En septembre dernier, la jeune marque française Glou-Glou dévoilait sa toute première pédale : la RendezVous. Complexe et radical dans sa conception, cet effet revisite la mythique Mu-Tron Bi-Phase en mêlant une section de phaser/vibrato et un filtre multimode, tous deux modulables par l’intermédiaire d’un LFO et d’une enveloppe. Audiofanzine vous propose un test de cette pédale conçue pour les instrumentistes exigeants.

Test de la pédale de filtre et de modulation Glou-glou RendezVous : À la croisée des chemins

Fort d’une expé­rience de plus de 20 ans en tant que musi­cien, Olivier Armbrus­ter s’est lancé il y a 3 ans dans l’aven­ture Glou-glou. Collec­tion­neur de pédales, il se met petit à petit à la répa­ra­tion, avant de s’at­te­ler à la fabri­ca­tion de clones. Dési­reux de propo­ser un effet origi­nal, il débute fina­le­ment un projet qui l’oc­cu­pera 2 ans, et abou­tira à la créa­tion de la Rendez­Vous.

Cette machine reprend les prin­ci­paux éléments de la Mu-Tron Bi-Phase, effet phaser mythique que le fabri­cant en herbe a forte­ment modi­fié en remplaçant l’un des deux phasers origi­nel­le­ment présents sur la pédale par un filtre multi­mode, et l’un des deux LFO par une enve­loppe. Il a ensuite remplacé l’autre LFO de la Mu-Tron par celui du synthé­ti­seur MS-20 de Korg. 

Vous l’au­rez compris, la Rendez­Vous n’est pas une pédale à mettre entre toutes les mains ! Ouver­te­ment complexe et élitiste, elle concré­tise le rêve des amateurs de modu­la­tions et de filtres bidouilleurs, qu’ils soient guita­ristes, bassistes, clavié­ristes, ou même trom­pet­tistes.

Gare à la noyade !

La Rendez­Vous est une impo­sante pédale aux dimen­sions d’en­vi­ron 21 × 19 × 4 cm. Livrée dans une élégante boîte avec un couvercle à rabat, la pédale fait tout de suite son effet. L’es­thé­tique est travaillée de bout en bout, du packa­ging au manuel. Ce dernier prend en effet la forme d’un cahier à spirales dont les pages carton­nées respirent la qualité. La fonc­tion de chaque bouton est détaillée, et le tout est accom­pa­gné de petits dessins faci­li­tant l’ap­pren­tis­sage. 11 sché­mas permet­tant de noter ses réglages favo­ris sont même dispo­nibles. Atten­tion toute­fois, le manuel est inté­gra­le­ment en anglais ! La marque lyon­naise semble déjà prête à conqué­rir le monde…

Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (85201)

Sobre, mais parti­cu­liè­re­ment jolie grâce à son parti pris graphique réso­lu­ment rétro sans être kitsch, la machine séduit malgré la présence effrayante d’in­nom­brables boutons et sélec­teurs. En obser­vant la pédale, l’on comprend rapi­de­ment que les réglages du phaser/vibrato et du LFO se trouvent à gauche, alors que ceux du filtre multi­mode et de l’en­ve­loppe sont à droite, ce que corro­bore la présence de deux foots­witchs dont l’un est dédié à l’ac­ti­va­tion de la section de modu­la­tion, et l’autre à l’ac­ti­va­tion du filtre. Quant à l’ar­rière du châs­sis, il dispose d’une entrée pour instru­ment, d’une sortie, d’une entrée dédiée au Control Voltage (CV), et d’un port d’ali­men­ta­tion néces­si­tant 18 volts.

Bien que certains éléments sont rapi­de­ment iden­ti­fiables grâce aux diffé­rentes inscrip­tions, il est préfé­rable de consul­ter le manuel pour vrai­ment comprendre la logique de la Rendez­Vous et la dispo­si­tion des boutons. L’on apprend ainsi que la pédale est divi­sée en 6 sections distinctes :

  • En haut à gauche : section de phaser/vibrato
  • En haut à droite : filtre multi­mode
  • En bas à gauche : LFO
  • En bas à droite : enve­loppe
  • En bas au milieu : matrice de modu­la­tion
  • En haut au milieu : section de gate
Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (23551)

Comme nous l’avons précé­dem­ment indiqué, le phaser/vibrato et le filtre multi­mode peuvent être modu­lés par le LFO ou par l’en­ve­loppe. C’est là que la matrice de modu­la­tion entre en jeu, puisqu’il s’agit en réalité d’un bouton rota­tif offrant 6 posi­tions diffé­rentes à travers lesquelles on assigne le LFO et l’en­ve­loppe au phaser ou au filtre. Les petits symboles présents sur le châs­sis sont peu parlants et il est encore une fois néces­saire de comp­ter sur le manuel. Voici la liste des possi­bi­li­tés :

  • Posi­tion 1 : LFO sur le phaser, enve­loppe sur le filtre
  • Posi­tion 2 : Enve­loppe sur le phaser, LFO sur le filtre
  • Posi­tion 3 : LFO sur le phaser, LFO inversé sur le filtre
  • Posi­tion 4 : Enve­loppe sur le phaser, enve­loppe sur le filtre
  • Posi­tion 5 : LFO sur le phaser, CV sur le filtre
  • Posi­tion 6 : CV sur le phaser, enve­loppe sur le filtre

À propos de la section Gate, celle-ci permet de couper le signal de modu­la­tion lorsque le jeu du guita­riste s’ar­rête. Un sélec­teur active le gate sur le phaser, et un autre sur le filtre. De plus, un réglage Thre­shold déter­mine le seuil à partir duquel le signal est audible.

Plus qu’une pédale

Comme vous pouvez le consta­ter, la Rendez­Vous est en réalité très proche du fonc­tion­ne­ment d’un synthé­ti­seur. La prise en main n’est pas évidente, et il faudra vous armer de courage – et du manuel – pour arri­ver à vos fins.

La pédale ne propose pas l’en­re­gis­tre­ment de favo­ris et l’on ne trouve pas de réglages types dans le manuel. C’est dommage, car c’est souvent une bonne façon de débu­ter la décou­verte d’une machine complexe. En bran­chant une guitare, on constate rapi­de­ment que tous les réglages inter­agissent énor­mé­ment, et il n’est pas toujours évident de se rendre compte de l’in­fluence de chaque bouton. Nous allons donc décou­vrir petit à petit les sono­ri­tés de notre machine en procé­dant par étape. 

Phaser :

Débu­tons avec la section de phaser. Elle dispose de 8 boutons. Un bouton Gain permet de choi­sir le niveau de sortie, et un sélec­teur les modes Vibrato ou Phaser (il s’agit en fait du vibrato couplé au signal dry). L’on peut aussi choi­sir le nombre d’étages : 1, 3, 5, 2, 4, ou 6. Plus le nombre d’étages est impor­tant, plus l’ef­fet est prononcé. Les réglages Peak, Fixed, et Depth modi­fient respec­ti­ve­ment la réso­nance du phaser, son carac­tère, et la profon­deur de la modu­la­tion. Enfin, un sélec­teur permet de modi­fier la phase, et un autre d’in­ver­ser le feed­back.

Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (38186)

Suivant les réglages, et notam­ment le nombre d’étages, les boutons n’au­ront pas exac­te­ment le même effet. Ainsi, le chan­ge­ment de phase permet­tra de récu­pé­rer des fréquences graves dans certains cas, ou inver­se­ment d’ob­te­nir quelque chose de plus cris­tal­lin. La combi­nai­son des sélec­teurs de modes, de phase, et d’in­ver­sion du feeback modi­fie complè­te­ment la nature du phaser, et les possi­bi­li­tés sont immenses.

Modulé par le LFO, le phaser est d’une redou­table effi­ca­cité. Quels que soient les réglages, le son est toujours là. C’est ample, chaud, doux ou agres­sif tout en étant maîtrisé, et surtout d’une poly­va­lence extrême. Il n’y a jamais de bruit de moteur exagéré, et les oscil­la­tions peuvent être douces ou plus marquées grâce à un sélec­teur modi­fiant le type d’onde (triangle ou carrée) et un potard qui façonne encore plus la forme (dent de scie, triangle, dent de scie inver­sée, ou encore carrée avec profon­deur variable). La vitesse de modu­la­tion peut aussi être chan­gée grâce au bouton Speed. Un dernier sélec­teur dédié au LFO modi­fie la plage de vitesse : en mode Low la vitesse de modu­la­tion est clas­sique, alors qu’elle est gran­de­ment accé­lé­rée en mode Hi, ce qui permet d’ob­te­nir des sons barrés façon bit-crushing. C’est là que la section Gate démontre tout son inté­rêt, puisque la pédale produit un petit son perma­nent et qu’il est oppor­tun de couper le signal lorsqu’au­cune note n’est jouée.

1 LFO sur le phaser en mode vibrato
00:0003:28
  • 1 LFO sur le phaser en mode vibrato 03:28
  • 2 LFO sur le phaser en mode phaser 03:42
  • 3 LFO avec vitesse Hi sur le phaser 03:04

Modulé par l’en­ve­loppe, le phaser est complè­te­ment diffé­rent. La vitesse et la sensi­bi­lité à l’at­taque de l’en­ve­loppe peuvent être modi­fiées par l’in­ter­mé­diaire d’un potard cranté (11 vitesses diffé­rentes) et d’un bouton appelé Sens. De plus, un sélec­teur permet d’in­ver­ser l’en­ve­loppe. Dans tous les cas de figure, le rendu est origi­nal, et en fonc­tion de la vitesse l’on obtient des nappes évoluant lente­ment, des modu­la­tions bizarres clau­di­cantes, ou une étrange satu­ra­tion quasi fuzz. Les para­mètres du phaser et ceux de l’en­ve­loppe inter­agissent énor­mé­ment, et il est moins aisé de trou­ver son son qu’avec le LFO dont les sono­ri­tés sont plus clas­siques. Cepen­dant, le jeu en vaut la chan­delle, et on se laisse vite gagner par les plai­sirs de l’ex­pé­ri­men­ta­tion.

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Filtre multi­mode :

Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (76349)

Comme le phaser, le filtre multi­mode possède les réglages Gain, Peak, Depth, et Fixed, et un sélec­teur permet aussi de modi­fier la phase. Le fonc­tion­ne­ment est donc assez simi­laire ! Un potard cranté offre la possi­bi­lité de choi­sir entre quatre modes distincts : Low-Pass, Band-Pass, High-Pass, et Notch-Pass. Dans chaque cas, le filtre agit sur des fréquences diffé­rentes. Enfin, un dernier sélec­teur modi­fie légè­re­ment la tona­lité pour obte­nir un son plus rond notam­ment adapté au jeu avec une basse.

Modu­lés par le LFO, les trois premiers modes se trans­forment en une sorte de trémolo/vibrato aux rythmes et aux réso­nances parti­cu­liers. En augmen­tant la vitesse par l’in­ter­mé­diaire du sélec­teur High de la section LFO, on obtient un effet de bit-crush très prononcé évoquant des musiques de vieux jeux vidéo. Le mode Notch-Pass est, lui, diffé­rent, puisqu’il cumule un filtre passe-haut et un filtre passe-bas. C’est en jouant avec la réso­nance (Peak) que l’on découvre réel­le­ment ses capa­ci­tés puisque l’on obtient alors un phaser plus simple et neutre que celui de l’autre section.

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Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (35410)

Avec l’en­ve­loppe, le filtre prend encore une autre tour­nure. De nombreuses sono­ri­tés assez synthé­tiques sont possibles, que ce soit un effet d’auto-wah ou des nappes étranges évoluant lente­ment lorsqu’on inverse l’en­ve­loppe. Les réglages de la réso­nance et de la sensi­bi­lité de l’en­ve­loppe sont essen­tiels pour chan­ger la nature du son, et l’in­ter­ac­tion entre tous les boutons est encore une fois énorme. Le mode de filtre Notch-Pass est certai­ne­ment le plus diffi­cile à maîtri­ser. En effet, peu de fréquences passent avec ce type de filtres, et il faut donc vrai­ment tendre l’oreille pour régler les diffé­rents boutons et obte­nir de subtiles modu­la­tions.

Quelles que soient les condi­tions, l’en­ve­loppe se comporte en tout cas admi­ra­ble­ment. La pédale réagit vrai­ment subti­le­ment à l’at­taque, et le son s’éteint de manière très harmo­nieuse. En accords, on entend une réso­nance parti­cu­lière parfois proche de la satu­ra­tion ou du ring modu­la­tor, ce que l’on peut encore accen­tuer en augmen­tant la vitesse.

6 Enve­loppe sur le filtre
00:0001:26
  • 6 Enve­loppe sur le filtre 01:26
  • 7 Enve­loppe plus rapide sur le filtre 02:00

Phaser et filtre multi­mode en paral­lèle :

Enfin, il est possible de cumu­ler les deux sections en paral­lèle. S’il est très facile d’ob­te­nir rapi­de­ment des résul­tats satis­fai­sants avec le filtre ou le vibrato/phaser seuls, il est moins évident de mêler les deux. Pour autant, cela vaut le coup et l’on obtient des sono­ri­tés peu habi­tuelles. Les réglages de gain de chaque section permettent même de mixer subti­le­ment les deux effets. Les possi­bi­li­tés sont innom­brables, et nous nous conten­te­rons donc d’écou­ter quelques exemples sonores :

8 LFO sur le phaser + LFO inver­sé sur le filtre
00:0002:06
  • 8 LFO sur le phaser + LFO inver­sé sur le filtre 02:06
  • 9 Enve­loppe sur le phaser + enve­loppe sur le filtre 02:56

Avant de conclure notre test, indiquons tout de même qu’il est possible de contrô­ler la machine de Glou-glou avec une pédale d’ex­pres­sion CV (Control Voltage). En utili­sant les posi­tions 5 et 6 de la matrice de modu­la­tion, la pédale d’ex­pres­sion rempla­cera le LFO ou l’en­ve­loppe et modu­lera l’ou­ver­ture du filtre ou du phaser, ce qui peut être très inté­res­sant sur scène.

Conclu­sion

La Rendez­Vous a peu de défauts. L’er­go­no­mie pour­rait être meilleure, et l’on regrette que les diffé­rentes inscrip­tions n’aident pas toujours à mieux comprendre le fonc­tion­ne­ment de la machine (surtout pour la matrice de modu­la­tion). Bien sûr, il y a aussi ce prix hallu­ci­nant pour une pédale de 590 euros… Mais le travail est tel et la cible si restreinte, que ni l’er­go­no­mie ni le tarif ne consti­tuent un réel frein tant la Rendez­Vous se destine à une élite de bidouilleurs fortu­nés ou de profes­sion­nels.

S’il fallait vrai­ment rete­nir un défaut majeur, ce serait plutôt l’im­pos­si­bi­lité d’en­re­gis­trer ses réglages favo­ris. Vous appré­ciez diffé­rents sons et souhai­tez navi­guer entre ceux-ci en live ? Impos­sible ! Il vous faudra connaître la machine sur le bout des doigts et la tritu­rer en live (éven­tuel­le­ment avec du Control Voltage) ou vous canton­ner au studio. L’in­té­gra­tion du MIDI aurait pu être une solu­tion, et la Rendez­Vous aurait encore pris une autre dimen­sion !

Pour autant, l’ori­gi­na­lité de l’ef­fet, ses sono­ri­tés divines et le sérieux de la fabri­ca­tion nous poussent à lui attri­buer la note excep­tion­nelle de 4,5/5. Oui, la Rendez­Vous se mérite et frustre à cause de l’ab­sence de presets. Mais elle a tant à offrir qu’on en oublie rapi­de­ment le reste.

  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (36906)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (85201)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (19981)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (76349)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (38186)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (35410)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (23551)
  • Glou-Glou Rendez-Vous : Glou-Glou Rendez-Vous (80824)

 

 

Notre avis : 9/10

  • Effet original
  • Des possibilités sonores quasi infinies et une pédale de rêve pour les bidouilleurs !
  • Sonorités chaudes, amples, parfois folles, et tout simplement belles
  • Réagit de façon subtile à la dynamique
  • Fabrication de qualité
  • Sacré look avec un packaging tout aussi réussi
  • Impossible d’enregistrer ses réglages favoris
  • Pédale complexe et pas toujours ergonomique qui nécessite un véritable temps d’apprentissage
  • Tarif très élevé (mais la qualité et la fabrication artisanale se paient…)

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