Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
22 réactions

Test des moniteurs Eve Audio SC2070 - Eve au studio d'Eden ?

7/10

Eve Audio, encore une marque allemande sur le marché des moniteurs, nous propose ses nouvelles enceintes SC2070. Retour sur la genèse de ce modèle et sa relation avec Adam, puis écoute attentive du fruit défendu : le grave.

Test des moniteurs Eve Audio SC2070 : Eve au studio d'Eden ?

Dans un marché du moni­teur de studio déci­dé­ment très proli­fique, voici le nouveau venu de la marque berli­noise Eve Audio. Après les modèles de chez Neumann et Adam récem­ment écou­tés, c’est la troi­sième marque d’outre-Rhin qui nous propose de la nouveauté en quelques mois. Plus géné­ra­le­ment, cette caté­go­rie d’en­ceintes deux voies avec un haut-parleur 6.5 '' ou 7 '' voit constam­ment de nouvelles propo­si­tions arri­ver, et on en a testé un grand nombre depuis un an et demi. Pour situer un peu ce modèle sur le marché, elles sont vendues 1099 € l’unité, ce qui les place au-dessus des Adam A7V, mais en dessous des Focal Solo6 ou des Neumann KH150. Eve Audio est une jeune marque, puisque créée en 2011, qui se consacre exclu­si­ve­ment aux enceintes de studio ou home-studio. Comme on pouvait s’y attendre, elle est étroi­te­ment liée à Adam, son fonda­teur étant un ancien patron de la marque compa­triote et désor­mais concur­rente. La série SC, pour Silver­Cone, est la première et prin­ci­pale de la firme avec quatorze modèles diffé­rents, de la petite enceinte de bureau SC203 à la trois voies « twin » SC4070. La paire de moni­teurs que nous allons tester ici est l’évo­lu­tion des précé­dents SC207 sortis en 2012 dès les débuts de la marque. avant centre

Quand Eve ressemble à Adam 

On sort les enceintes de leur carton, et on est frap­pés par la ressem­blance du twee­ter avec celui des Adam A7X qu’on connaît bien.tweeter Pour le reste, le design des SC est assez simple : de grosses boîtes noires profondes, aux angles coupés, avec tout de même cette petite origi­na­lité d’avoir une petite plaque gris métal­lique en dessous du haut-parleur. Cette plaque qui affiche le logo de la marque et le nom du modèle, accueille aussi un petit poten­tio­mètre, dont on va vite se rendre compte que c’est l’unique outil de réglage sur ce modèle. Contrai­re­ment à beau­coup de moni­teurs de studio, le panneau arrière est mini­ma­liste et ne propose presque pas d’op­tions de réglages : deux entrées XLR et RCA, un inter­rup­teur et trois petits sélec­teurs. Deux de ces sélec­teurs permettent de bloquer les réglages de volume et de filtres présents à l’avant, le troi­sième de choi­sir le niveau d’en­trée entre +7 et +22dBu. Il va donc falloir s’en remettre à ce petit poten­tio­mètre sur la plaque métal­lique pour confi­gu­rer la paire de moni­teurs comme on le souhaite. Il faut mention­ner aussi à ce stade qu’Eve Audio ne propose pas pour ces moni­teurs de logi­ciel de contrôle à distance du DSP, ce qui est pour­tant devenu récur­rent depuis quelques mois chez les marques concur­rentes (Neumann, Adam, IK Multi­me­dia…). On trouve assez appré­ciable que l’ou­til de réglage de volume et filtres soit à l’avant et non à l’ar­rière des enceintes : en fonc­tion du place­ment des enceintes dans la pièce cela peut deve­nir un peu compliqué d’ac­cé­der à l’ar­rière une fois instal­lées, et c’est toujours bien d’en­tendre depuis l’avant quand on effec­tue les réglages. Mais les expé­riences très probantes avec certains logi­ciels de confi­gu­ra­tions propo­sés par d’autres marques (on pense à Neumann, ou au parte­na­riat d’Adam avec Sonar­Works) nous font regret­ter qu’Eve Audio n’ait pas suivi cette mode. Pour ce qui est de la concep­tion des enceintes, la marque insiste beau­coup sur le twee­ter, qui utilise la tech­no­lo­gie Air Motion Trans­for­mer RS7, et élar­git son champ de fréquences vers le bas jusqu’à 1800 Hz, agis­sant ainsi davan­tage sur les hauts médiums. Le haut-parleur grave est une struc­ture en nid d’abeilles, de maté­riaux compo­sites, et deux ampli­fi­ca­teurs de classe D sont cachés dans ces grosses boîtes noires. Un évent pour le bass reflex se situe à l’ar­rière.haut parleur

Un Silver­Cone tourné vers le bas

On branche les moni­teurs, on lance un premier morceau pour écou­ter (en l’oc­cur­rence 15 Step de Radio­head), et la première impres­sion est assez radi­cale : l’en­semble est plutôt agréable, mais il y a une dose d’in­fra­basses ou de « sub » impres­sion­nante, voire exces­sive ! On est dans une régie de studio, trai­tée acous­tique­ment avec un bass trap de plusieurs dizaines de centi­mètres, de l’air derrière les enceintes ; on a écouté une dizaine de paires de moni­teurs diffé­rents dans cet espace cette dernière année, et c’est la première fois qu’on ressent à ce point les fréquences infra­basses. Si on veut le prendre du bon côté, on dira que ces enceintes descendent très bas pour des haut-parleurs de cette taille, si on est moins posi­tifs, on remarquera que c’est déséqui­li­bré. Quoi qu’il en soit, c’est le moment d’ex­plo­rer les réglages propo­sés pour compen­ser cette tendance. Le poten­tio­mètre nous sert d’abord à régler le volume de chaque enceinte, et il a quelques carac­té­ris­tiques surpre­nantes. Il est cranté, mais les repères visuels s’ef­fec­tuent par des diodes qui ont chacune plusieurs niveaux de lumi­no­sité : celles situées autour du 0 en ont deux, tandis que d’autres ont quatre niveaux… un peu désta­bi­li­sant. En appuyant sur le poten­tio­mètre, on accède à quatre filtres : High, Mid, Desk et Low. potarD’em­blée, on va s’in­té­res­ser au filtre grave qui pour­rait nous permettre de régler cet excé­dent tout en bas du spectre, mais celui-ci agit très haut à partir de 300 Hz, et même en le bais­sant de manière radi­cale on conserve de l’in­fra­basse alors qu’on perd de la matière entre 100 Hz et 300 Hz, qu’on voudrait garder. Le filtre appelé Desk pour­rait nous inté­res­ser, mais il agit en atté­nua­tion autour de 170 Hz, ce qui n’est pas la bande de fréquence qu’on trouve exces­sive, et en augmen­ta­tion autour de 80 Hz, ce qui ne va pas nous arran­ger non plus. En toute fran­chise, ces diffé­rents filtres ne nous aident pas beau­coup, et pour ne rien arran­ger, la navi­ga­tion avec ce petit poten­tio­mètre unique est un peu labo­rieuse : il faut appuyer puis tour­ner jusqu’au bon filtre, puis appuyer à nouveau puis tour­ner pour chan­ger de réglage, tout ça une enceinte après l’autre et de près car c’est écrit tout petit, et il n’y a pas de possi­bi­lité de bypass des réglages pour compa­rer rapi­de­ment avec ou sans les filtres. Sur des morceaux dont le grave ne descend pas aussi bas, on est moins gêné par les infra­basses et on trouve le son vrai­ment agréable, avec une profon­deur inté­res­sante et une belle préci­sion dans le haut du spectre. SoundID measure

Pour véri­fier nos oreilles et nos impres­sions, on décide de faire appel à la tech­no­lo­gie et à l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle. Avec l’aide du micro de mesure et du logi­ciel Soun­dID Refe­rence, on prend la mesure des enceintes dans notre pièce. Après une quaran­taine de mesures à diffé­rents points autour du point d’écoute, on obtient un graphique qui présente une courbe plutôt conforme à nos impres­sions : une bosse très nette tout en bas du spectre entre 40 Hz et 50 Hz, un creux juste au-dessus autour de 100 Hz, la réponse en fréquence n’est pas du tout linéaire dans le bas du spectre. On est plus étonné de consta­ter une deuxième bosse dans les bas médiums autour de 200 – 300 Hz. Préci­sons qu’on a effec­tué les mêmes mesures dans ce même espace avec diffé­rentes enceintes il y a quelques mois, les Adam A7V et A7X, et les Gene­lec 1030A, et que c’est bien la première fois qu’on constate cette bosse dans les infra­basses.

Ecoute compa­ra­tive en chan­sons

Au travers de quelques œuvres musi­cales, on va confron­ter nos impres­sions et nos ressen­tis avec deux autres paires de moni­teurs de réfé­rences qu’on a au studio, les Adam A7X et les Gene­lec 1030A qui sont tous deux de format compa­rable.

Radio­head – 15 Step

En faisant quelques réglages inspi­rés par les résul­tats du Soun­dID (médiums autour de 1 kHz augmen­tés, graves et desk un peu atté­nués), on se lance dans cette première écoute d’une chan­son dont on connaît très bien le mix. Le surplus de grave est évident, et chaque coup de grosse caisse nous le rappelle. Hormis ça, le reste du spectre semble plutôt équi­li­bré, et les hauts médiums et aigus sont à la fois précis et doux. L’image stéréo est large alors que les deux enceintes ne sont espa­cées que d’un mètre dix, et on ressent bien les diffé­rentes profon­deurs de champ. Au regard de ce dont on a l’ha­bi­tude avec les Gene­lec, on ressent un peu moins de présence et de mordant, mais ça n’est pas forcé­ment un mal. En compa­rai­son avec les A7X, la préci­sion des SC2070 est très appré­ciable dans le haut du spectre.

Lou Reed – Walk on the wild side

Sur cette chan­son, où le grave est un enjeu bien moindre, car il n’y a pas grand-chose en dessous de 50 Hz, on se concentre davan­tage sur le médium et on perçoit plus clai­re­ment la bosse autour de 200 et 300 Hz. La densité dans le bas médium semble plutôt être un trait commun à (presque) toutes les paires de moni­teurs que nous avons testées ces derniers mois, par rapport à nos enceintes qui sont d’une autre géné­ra­tion. Dans l’en­semble c’est très agréable, l’image stéréo est claire, mais on regrette un léger manque de présence.

Mode­rat – A new error

On avait hâte d’ar­ri­ver à cette écoute parce que les enceintes vont ici être confron­tées à un mix très riche en sub (infra­basses), sur ce morceau élec­tro dont les basses synthés descendent profon­dé­ment dans le grave. Et nos craintes sont confir­mées, la bosse est évidente et gênante à l’écoute. La présence de fréquences très basses pour des enceintes de ce calibre peut être un atout pour travailler sur de la musique élec­tro­nique, mais quand leur niveau est exces­sif et qu’au­cun réglage ne permet vrai­ment de les atté­nuer, ça devient un peu problé­ma­tique. Pour illus­trer nos propos, on va faire une petite analyse du spectre sur une minute, entre 1' et 2'. À nouveau, on constate clai­re­ment une bosse autour de 47 Hz, et un spectre globa­le­ment plus fort en dessous de 500 Hz. La même mesure avec nos deux paires de moni­teurs réfé­rences nous montre une courbe nette­ment moins haute en dessous de 100 Hz, et globa­le­ment un peu moins de graves.Freqanalyst Moderat

Conclu­sion

Cette paire de moni­teurs Eve Audio a des quali­tés, une belle préci­sion en haut, une largeur et une profon­deur agréables, mais elle a aussi de vrais défauts. L’ex­cès de graves tout en bas du spectre et le manque de réglages qui permet­traient d’at­té­nuer cette bande de fréquences sans bais­ser celles situées juste au-dessus, sont assez regret­tables. Les deux enceintes repré­sentent un budget de plus de 2000 €, ce qui n’est pas rien, et pour ce prix-là on aurait aimé avoir un logi­ciel qui permette de contrô­ler le DSP et peut-être de corri­ger cette bosse dans les infra­basses.

Notre avis : 7/10

  • Le tweeter pour des aigus précis et doux
  • Une belle image stéréo
  • La capacité à descendre très bas dans le grave
  • Une bosse excessive en bas du spectre
  • Pas de logiciel pour corriger précisément
  • Des filtres pas très pratiques
Pays de fabrication : Allemagne

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre