Ce n'est pas parce que Berklee lui a refusé son entrée que cela a empêché Tim Henson de devenir l'un des plus influents guitaristes de sa génération. Autant dire qu'il mérite bien qu'on s'intéresse à son matos...
Tim Henson est un guitariste américain qui officie dans le groupe de Metal progressif Polyphia aux côtés de Scott LePage. Son parcours musical commence avec le violon qu’il a appris avec les méthodes de professeurs russes très strictes et exigeants. Bien que l’expérience ait pu être difficile pour très jeune garçon, Tim reconnaîtra par la suite que l’excellence requise par ses professeurs russes lui a permis d’apprendre à travailler avec rigueur et discipline. Il injecte ces 2 préceptes dans son apprentissage de la guitare, ce qui lui permet d’atteindre assez rapidement un excellent niveau. Très tôt, Tim Henson a développé un son et jeu qui lui sont propres en y incorporant de nombreuses techniques guitaristiques. Il alterne en permanence entre Sweep Picking, Economy Picking et Hybrid Picking, Thumb & Fingerpicking, techniques que le guitariste maîtrise à la perfection.
La musique produite par Polyphia se rapproche du Djent, une branche du Metal progressif où sont intégrés des motifs rythmiques complexes, mais également de la Pop. Malgré des rythmes sophistiqués, la musique entièrement instrumentale du groupe se veut quand même accessible, notamment par l’ajout de mélodies Pop. Le groupe s’inspire également du mouvement Funk, surtout au niveau du groove qui marque un contraste très intéressant avec les rythmes compliqués évoqués plus haut. L’histoire du groupe débute en 2010, le premier album Envision sortira 3 ans plus tard, en 2013. Depuis, 11 albums studio ont vu le jour faisant de Polyphia un acteur incontournable sur la scène Metal actuelle. Le jeu virtuose des 2 guitaristes et leur activité sur les réseaux sociaux vont dans le même sens.
Les influences de Tim Henson sont très diverses dans la mesure où il intègre quasiment toutes les techniques dans son jeu. Il puise cependant son inspiration dans les années 70 et 80 avec des groupes comme Pink Floyd et Led Zeppelin et des guitaristes comme Jeff Beck et Eric Clapton. Bien entendu, Tim puise également dans le vocabulaire musical des groupes Meshuggah et The Mars Volta. Les méthodes de composition du guitariste sont assez particulières. Il n’hésite pas en effet à explorer de nombreux univers musicaux afin de proposer des sonorités nouvelles. Il a par exemple l’habitude d’utiliser les arpégiateurs logiciels pour générer des motifs rythmiques très particuliers. Cette technique aboutit souvent à des résultats peu naturels en termes de jeu de guitare mais qui sont devenus la signature de Tim Henson. Afin d’être le plus autonome possible dans sa production musicale, il a fait construire un studio dans sa maison il y a un an, studio dans lequel il filme les contenus vidéos qui alimentent sa chaîne YouTube et enregistre ses morceaux.
Le matos de Tim Henson
Tim Henson a la particularité d’utiliser beaucoup de matériel. Bien qu’il ait conçu un plug-in signature avec la marque Neural DSP, il utilise aussi bien des amplis à lampes qu’un Axe FX de Fractal Audio. Pour ce qui est des guitares, notre virtuose du jour est fidèle à la marque nipponne Ibanez. Il a d’ailleurs élaboré plusieurs modèles signature avec le fabricant, les THBB10, TOD10 (6 et 7 cordes) et TOD10N (à cordes nylon). Ses guitares électriques possèdent un corps en tilleul américain et un manche vissé en érable torréfié au profil AZ Oval. Sa guitare à cordes nylon possède une table en épicéa et un dos et des éclisses en Sapele. Au-delà de ses modèles signature, Tim Henson utilise également une très belle Ibanez AZ construite entièrement en Koa et un prototype de guitare 8 cordes, la THBB8. Ses dernières guitares signature en date, les TOD10 6 et 7 cordes, sont équipées des micros Fishman Fluence signature Tim Henson. Ces 2 humbuckers bénéficient de 3 voix chacun dont un son de micro simple, autorisant le guitariste à varier les sons sur simple manipulation d’un switch. Le guitariste triture beaucoup l’électronique de sa guitare sur scène, qu’il s’agisse du sélecteur de micros et du potentiomètre push/pull ou du réglage de volume. Le taux de saturation a une grande importance dans la musique de Polyphia et de Tim Henson, il est donc capital de le contrôler avec précision.
Du côté des amplis, notre guitariste du jour utilise de nombreuses références, que ce soit en Live ou en studio. Le Fractal Axe FX-II occupe une place de choix aux côtés du Neural DSP Quad Cortex, 2 multi-effets numériques. Tim Henson joue également sur quelques pédales, les MXR GT-OD, Chase Bliss Blooper, Way Huge Supa-Puss, Boss PQ4 et Yellowcake Your Mom, une fuzz hybride Germanium/Silicium. La GT-OD est utilisée pour obtenir un overdrive plus chaleureux que ceux de ses multi-effets ; le Blooper de Chase Bliss est un looper très particulier qui autorise le guitariste à manipuler le son enregistré de nombreuses manières ce qui aboutit à la création de textures et ambiances sonores très singulières. L’égaliseur paramétrique de Boss, le PQ-4 permet à Tim Henson de sculpter son son avec précision et d’obtenir un son très précis, articulé et défini. Enfin, le délai analogique Way Huge Supa-Puss est encore une fois une alternative plus chaleureuse aux délais intégrés aux multi-effets. Au fil des
différentes séances de studio ayant abouti aux quelques 12 albums de Polyphia, Tim Henson a utilisé de nombreux amplis différents : EVH 5150 III combo 50 watts 2×12, Marshall JCM800 2204 (50 watts), Marshall Astoria Classic Combo, Orange Dark Terror et Orange Rockerverb mkII. Ses amplis étaient associés à des multi-effets, souvent des Axe FX-II et des plug-ins comme le Positive Grid Bias FX2. La réverbe, le chorus et la compression sont 3 aspects incontournables du son de Tim Henson. La réverbe permet de créer des ambiances particulières, des tensions et des effets dramatiques faisant vivre et évoluer la musique dans le temps. La compression est également très utile au guitariste dans la mesure où son jeu est un hybride entre de nombreuses techniques, agrémenté de beaucoup d’harmoniques naturelles. Cela lui permet de lisser ses attaques et de faire en sorte que toutes les notes aient le même volume, qu’elles soient jouées avec les doigts ou le médiator, qu’il s’agisse d’une note frettée ou d’une harmonique. Le chorus est aussi très présent dans le son du guitariste, particulièrement quand il utilise un son clair. Cela apporte un peu de vie et de mouvement au son. En Live, Tim Henson utilise les pédales que nous avons détaillées plus haut en conjonction avec un Neural DSP Quad Cortex. Ce dernier est connecté à l’entrée Return de la boucle d’effets d’un Orange Dark Terror qui est lui-même connecté à 2 enceintes Orange de 16 ohms avec hauts-parleur Celestion Vintage 30 de 12 pouces.
Les détails qui font LE son
Bien que, comme nous l’avons vu, Tim Henson utilise beaucoup de matériel, on peut quand même dégager des éléments essentiels pour retrouver cette sonorité particulière. Vous aurez impérativement besoin d’une guitare de type Stratocaster à la configuration électronique HSS et avec un vibrato flottant. C’est la configuration qu’on retrouvait sur le premier modèle signature de l’artiste en 2019, la THBB10 d’Ibanez. Elle vous permettra de retrouver les sons cristallins de micro simple en position manche mais aussi la sonorité particulière de la position intermédiaire qui mélange micro chevalet et micro central en opposition de phase. Tim Henson utilise beaucoup son vibrato flottant en donnant de petits coups sur la tige de façon à changer la hauteur de la note très légèrement. C’est un aspect incontournable de son jeu au même titre que toutes les différentes techniques qu’il emploie. Un autre élément essentiel pour retrouver le son de notre virtuose américain est un compresseur. Il lissera vos attaques quelle que soit la technique utilisée tout en amenant la guitare au premier plan dans l’espace sonore.
Sonner comme Tim Henson
Pour la guitare, nous vous conseillons les Yamaha Pacifica 112J et Harley Benton Fusion-III HSS. Elles affichent des tarifs respectifs de 239 € et 333 €. La Harley Benton sera idéale avec ses 24 frettes et son vibrato Wilkinson à 2 points d’ancrage. La Yamaha sera plus traditionnelle avec 22 frettes et un vibrato de style vintage. Chez Ibanez, vous pouvez choisir la GSA60 qui fonctionnera également très bien avec son manche en érable et sa configuration HSS. Elle est proposée au tarif de 237 €. Vous aurez aussi besoin d’un pédalier multi-effets comme les nUX MG-400 ou Hotone Ampero II Stomp. Grâce à leurs moteurs DSP (2 pour le nUX et 3 pour le Hotone), ils sont capables de générer des chaînes d’effets assez complexes. De plus, ils intègrent de nombreuses simulations d’amplis et enceintes et beaucoup d’effets comme réverbe, délai, chorus, fuzz et compresseur. Le nUX est proposé au tarif de 210 € et le Hotone au tarif de 466 €.
Le plug-in Archetype:Tim Henson de Neural DSP incarne également une bonne solution pour retrouver les sons du guitariste.
Les pédales d’effets qu’utilise Tim Henson sont dispensables dans la mesure où on peut trouver des équivalents dans les 2 multi-effets que nous vous conseillons. Cependant, si comme notre virtuose du jour, vous souhaitez amener une petite touche analogique à votre Setup, vous pouvez choisir une pédale d’overdrive. La MXR GT-OD utilisée par Tim est proposée au tarif de 139 €. Ce n’est pas donné, mais cette pédale vous permettra de vous rapprocher du son du guitariste avec ce côté lisse et bien saturé. La Joyo R-02 Taichi Overdrive fonctionnera bien également. Il s’agit d’une pédale d’overdrive assez polyvalente, comme la GT-OD de MXR. Elle peut aller de la légère saturation typée lampe à la distorsion. Elle est proposée au tarif de 45 € ce qui est raisonnable. Enfin, du côté du compresseur, pédale indispensable pour sonner comme Tim Henson, nous vous conseillons plusieurs références. Le nUX Sculpture Compressor donnera des résultats assez convaincants grâce à son réglage de Blend qui permet de conserver un côté naturel, même en compressant beaucoup. Enfin, le Comp Engine de Tone City, compresseur à ampli-OP à trans-conductance, incarnera une bonne solution aussi. Il ne possède pas de réglage Blend mais applique une compression plus douce et musicale. Il est proposé au tarif de 58 €.
En bref
Tim Henson est un guitariste singulier qui cherche sans cesse à repousser les limites de ce qu’il est possible de jouer à la guitare. Par des techniques de composition inédites et un travail permanent et acharné, il a su créer un univers sonore et musical qui lui est propre. Comme nous l’avons vu, il utilise un bel arsenal pour confectionner ses différents sons, de ses guitares signature à son plug-in signature en passant par son kit de micros signature. Vous pouvez donc vous rapprocher de ces sons en utilisant le matériel conseillé dans ce guide mais, comme vous le savez, vous ne vous rapprocherez jamais tant de lui qu’en passant quelques milliers d’heures à travailler ses différentes techniques pour qu’elles enrichissent votre vocabulaire…