Souvent négligé, le sillet est une pièce importante qui influe sur la justesse, mais aussi sur le son de votre instrument. Aussi, s’il est abîmé ou si vous avez tenté des expériences peu orthodoxes avec le vôtre et qu’il mérite d’être changé, cela peut être l’occasion d’améliorer sensiblement votre guitare.
Je ne parlerai pas ici des guitares équipées d’un chevalet muni de mécaniques d’accordage fin (type Floyd Rose), car elles nécessitent des sillets bloquants spécifiques.
Qu’est-ce qu’un bon sillet ?
À l’exception des guitares équipées d’une frette zéro garantissant l’homogénéité du son, le sillet conduit une bonne partie de la vibration des cordes dès lors qu’elles sont jouées « à vide ».
De plus, les contraintes physiques s’exerçant sur le sillet deviennent importantes lorsque la tension des cordes change drastiquement en cours de jeu, comme c’est le cas avec un vibrato quand on l’utilise pour faire un « dive-bomb » ou lorsqu’on effectue des bends sur plusieurs tons. Un bon sillet doit donc permettre aux cordes de glisser dans leur rigole afin de rester justes, mais aussi pour éviter les casses de cordes intempestives dues aux frottements répétés.
Les matières
Voici les principaux matériaux faciles à dénicher :
Le plastique se contente de faire le travail avec un son peu défini. Il reste glissant quelque temps avant de devenir friable et irritant pour les cordes. Reste son prix, défiant toute concurrence.
Le graphite a l’avantage d’être autolubrifié tout en proposant un son précis pour un prix tout à fait correct. Un excellent rapport qualité/prix auquel il ne manque qu’un peu de chaleur.
Le métal permet bien sûr de s’approcher du son délivré par une frette, avec différentes sonorités possibles suivant le type d’alliage utilisé. Malgré son poids et son prix plus élevé que la moyenne, les amateurs de sons brillants en raffolent. Et si la glisse, bien que souvent suffisante, ne vous satisfait pas, vous pourrez opter pour un sillet à roulettes garantissant un retour précis de la corde après surtension.
L’ivoire fût historiquement la meilleure matière pour fabriquer des sillets, car il allie une excellente sonorité avec une glisse supérieure à l’os, mais est aujourd’hui introuvable depuis que l’on protège les pachidermes. Quelques fabricants proposent de reproduire synthétiquement ses qualités, comme GraphTech avec leur gamme TUSQ.
Enfin, l’os est la seule véritable matière noble actuellement utilisée pour construire des sillets. Adulé pour la chaleur sonore qu’il procure, son prix et son absence de lubrification peuvent malgré tout rebuter.
Mets de l’huile !
Pour pallier le manque de lubrification de certains matériaux comme le plastique ou l’os, il existe différentes solutions dont les plus courantes sont :
La Nut Sauce de chez Big Bends, qui est un lubrifiant spécialement conçu pour les sillets. Son prix au kilo frise l’indécence, mais elle reste un must pour de nombreux guitar techs.
Le crayon à papier. Vraiment pas cher et simple d’utilisation, car il suffit souvent de frotter légèrement la mine de celui-ci dans les rigoles afin d’y déposer un peu de graphite pour être tranquille jusqu’au prochain changement de cordes. Si vous souhaitez vous payer le luxe d’un crayon dédié à cet usage, préférez un modèle bien gras avec un chiffre supérieur à 3 devant le B.
Maintenant que vous en savez un petit peu plus sur le sujet, il ne vous restera plus qu’à choisir la taille adaptée à votre instrument. Pour cela, je vous invite à faire un petit tour ici, même si vous n’êtes pas anglophone, car les gabarits les plus courants y sont imprimables.