Comme promis dans le dernier guide d’achat sur les pédales de préampli, nous allons nous intéresser à présent aux pédales « Amp in a Box ». Qu’est-ce qui se cache sous ce nom anglo-saxon ? Qu’est-ce qu’un « Amp in a Box » ? En avez-vous besoin ? Quelles sont les meilleures références ? Autant de questions qui trouveront leur réponse dans ce guide. En avant !
Ampli dans une boîte ?
Derrière le terme « Amp in a Box » se cache une catégorie de pédales d’effets assez spécifique, les pédales qui visent à obtenir le son de tel ou tel ampli, à partir d’un autre ampli. On parle alors depuis l’arrivée des grandes références du domaine sur le marché de pédales « Amp in a Box ». Attention à ne pas les confondre avec les pédales de préampli auxquelles nous avons dédié notre dernier guide d’achat. Une pédale « Amp in a Box » s’utilise de la même manière qu’une pédale d’Overdrive traditionnelle, directement en face de l’ampli, le plus souvent en son clair. Contrairement aux pédales de préampli et comme leur nom l’indique, les « Amp in a Box » tendent à reproduire le son d’un ampli là où un préampli ne fait « que » lui donner forme. Si l’étage de préamplification est reproduit au sein d’un « Amp in a Box », la sonorité de l’étage de puissance de l’ampli reproduit est également cloné. C’est d’ailleurs pour cette raison que, la plupart du temps, ces pédales fonctionnent mieux quand leur volume de sortie est monté assez haut. Une pédale « Amp in a Box » a pour but de transformer le son de votre ampli en un autre son.
Les pédales « Amp in a Box » tendent à reproduire le son des amplis saturés, c’est pour cela qu’elles sont des pédales d’overdrive. C’est le fabricant nippon Ibanez qui a initié le mouvement, un peu sans le vouloir, avec sa légendaire Tube Screamer. Cette dernière a été conçue pour générer le son d’un ampli à lampes qu’on poussait assez fort, l’idée étant d’obtenir une saturation sans devoir pousser son ampli et donc se fâcher avec la moitié de son voisinage. Dix ans plus tard, en 1991, c’est la firme britannique Marshall Amplification qui suit le sillage ouvert par Ibanez avec sa très célèbre Bluesbreaker. Cette pédale d’overdrive a été développée par Marshall pour générer le son de l’ampli du même nom, le Bluesbreaker, sorti en 1962 et utilisé notamment par Eric Clapton. L’histoire des « Amps in a Box » commence donc à s’écrire assez tard, mais les fabricants n’ont de cesse de proposer de nouvelles références. C’est finalement assez logique dans la mesure où les guitaristes d’aujourd’hui cherchent davantage de solutions compactes pour emporter en concert, l’époque où on se trimballait un ampli et deux enceintes 4×12 pour un poids total d’une centaine de kilogrammes étant définitivement révolue, sauf pour les groupes bénéficiant de dizaines de techniciens. De plus, bien que quelques références soient confortablement installées depuis les années 60/70, d’autres acteurs rejoignent la scène régulièrement comme les marques Revv et Friedman sur lesquelles nous reviendrons plus loin dans ce guide. C’est donc autant d’amplis à décliner au format pédale, ce qui explique que ce marché des amplis en boîte se porte bien.
Spécifications fonctionnelles
Une pédale « Amp in a Box » est avant tout une pédale d’overdrive dans la mesure où on cherche en général à retrouver tel ou tel son saturé. Si certaines pédales profitent d’une égalisation à trois bandes identique à celles qu’on trouve sur l’ampli qu’elles reproduisent, d’autres comme la Marshall Bluesbreaker ne se contentent que d’un réglage de tonalité, comme une pédale d’overdrive « standard ». Afin de proposer un circuit original et surtout au plus proche de celui de l’ampli, de nombreuses marques n’hésitent pas à reprendre très exactement ce circuit, composant par composant, en remplaçant les lampes par des transistors ou amplis OP. C’est le cas de l’excellente Jackson Audio 1484 Twin Twelve, déjà testée dans nos colonnes, qui reprend le circuit de l’ampli Silvertone du même nom.
Chaque pédale « Amp in a Box » bénéficie de réglages de gain et volume. Selon les cas, ces potentiomètres peuvent être nommés différemment. Le gain peut être appelé Volume et le volume peut être appelé Output ou Level. Quoi qu’il en soit, ces pédales disposent tout le temps d’un réglage de gain et d’un réglage de volume qui interviennent respectivement sur le taux de saturation et le niveau de sortie de la pédale. Dans la mesure où ces engins sont calqués sur de vrais amplis, leur utilisation est assez particulière si on souhaite en tirer le meilleur. Car comme un ampli à lampes, les pédales de ce type nécessitent d’être un peu poussées pour offrir un son qui soit le meilleur possible. Le réglage de volume d’une pédale « Amp in a Box » réagit de la même manière que le Master Volume d’un ampli à lampes ; il apporte une bonne dose de saturation et une certaine ouverture dans le son. La Charlie Brown de JHS Pedals par exemple, qui reprend le circuit et les sonorités du Marshall JTM45, sonne beaucoup mieux avec son volume aux alentours de 7/8. On peut alors profiter d’un son très ouvert et bien saturé sans se flinguer les oreilles. Même avec le niveau de sortie poussé sur la pédale, on a toujours la possibilité de baisser le volume sur l’ampli. Comme c’était le but de la Tube Screamer à l’époque, les « Amps in a Box » permettent donc de profiter d’un son d’ampli à lampes poussé très fort, sans entamer une guerre de voisinage. Les pédales de ce type s’entendent en général très bien avec leurs congénères ; dans la mesure où elles reprennent souvent la topologie d’un ampli, on peut sans tout à fait choisir de les précéder d’un Boost.
Si certains fabricants reprennent la topologie exacte du circuit qu’ils cherchent à reproduire avec leur pédale, d’autres font le pari d’aller un peu plus loin et intègrent des fonctions parfois bienvenues. La Box of Rock de ZVEX reprend la topologie du circuit d’un Marshall Plexi, mais en y ajoutant un boost qu’on peut activer directement grâce au foot switch dédié. La MXR 5150 Overdrive intègre un boost et un Noise Gate ce qui est également très bien pensé. D’autres marques comme Friedman, Diezel ou Revv sortent des pédales directement dérivées des amplis de leur catalogue. Cela peut être un gage de confiance, qui mieux que Friedman peut reproduire un ampli Friedman ? Enfin, certains fabricants comme Catalinbread ou Carl Martin proposent le son d’un artiste dans une pédale, peu importe le matériel qu’il utilisait. La Galileo de Catalinbread rassemble un circuit de Vox AC30 et un Treble Booster pour générer le son légendaire du guitariste de Queen, Brian May. De la même façon, Carl Martin avec sa Panama (testée dans nos colonnes) fournit le son d’Eddie van Halen avec un intelligent réglage Damping qui permet de resserrer les basses.
Quelques marques et références incontournables
Si globalement, tous les fabricants offrent un ou plusieurs « Amp in a Box », certaines marques se sont spécialisées dans cet exercice. On pense notamment à Catalinbread, marque américaine originaire de Portland dans l’Oregon, qui possède une très large gamme de pédales du genre. Baptisée Foundation Overdrive Series, cette série rassemble toutes les pédales « Amp in a Box » de la marque. Le fabricant espagnol Aclam propose aussi quelques pédales du genre. Ainsi, au catalogue de la marque, vous avez le choix entre une pédale vous offrant le son des Beatles sur l’album Revolver, une pédale développant le légendaire « Woman Tone » d’Eric Clapton ou encore une pédale calquée sur un Marshall Plexi. Josh Scott, patron de JHS Pedals, a lui aussi conçu pas mal de pédales « Amp in a Box ». L’ingénieur en propose notamment certaines qui rappellent les topologies des Marshall JTM45 (Charlie Brown), Marshall JCM800 (Angry Charlie), Bluesbreaker (Morning Glory), Supro (Superbolt) et Silvertone (Twin Twelve).
Crazy Tube Circuits propose également quelques références très intéressantes, les Falcon, Crossfire et Killer V qui reproduisent respectivement le son des amplis Fender Tweed & Brownface, Blackface et Magnatone, vibrato inclus. Le spécialiste américain des overdrives et distorsions, Brian Wampler, a lui aussi conçu de nombreuses pédales du genre. Dans la grande famille des « Marshall in a Box », Wampler Pedals possède un best-seller à son catalogue, les fameuses Plexi-Drive déclinées dans de nombreuses versions, de la Nano à la Deluxe. La marque Tone City a frappé fort également avec la Golden Plexi, vendue à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, sans parler des Model M, Model B et Model E qui ont connu un franc succès également. J.Rockett Audio Designs aussi avancé quelques pions dans la série « Marshall in a Box » : les Colt 45 et El Hombre (testée dans nos colonnes). La première reprend le son d’un Marshall JTM45 et la seconde génère un son très inspiré par celui de Billy Gibbons tout au long de sa carrière dans ZZ Top.
Si chaque fabricant de pédales a conçu au moins un « Amp in a Box », les marques d’amplis ne sont pas en reste. Diezel, Friedman, Revv, Marshall, Victory et même Bogner se sont essayées à l’exercice. Ces marques ne se contentent pas que d’inscrire à leur catalogue des pédales directement dérivées de leurs amplis, mais, comme dit plus haut, cela peut constituer un gage de confiance pour de nombreux acheteurs. Victory a ainsi décliné tous ses amplis dans de multiples formats dont, très récemment, le format « Amp in a Box ». Conçues avec Adrian Thorpe de Thorpy FX, ces pédales d’overdrive sont conçues pour reproduire le son des amplis best-sellers de la marque, à partir d’un son clair d’ampli standard.
Conseils d’achat
Pour l’acquisition d’une pédale « Amp in a Box », nous vous conseillons dans un premier temps d’identifier clairement les amplis qui vous intéressent et que vous aimeriez posséder. Cette étape permettra d’écrémer un peu les résultats. Dans un second temps, définissez votre budget. De nos jours, comme c’est le cas pour de nombreux produits audio, on trouve des « Amps in a box » à tous les prix. De la très récente nuX SixtyFive Overdrive à 51 € à la Bogner Ecstasy Red à 315 €, chaque budget trouvera sa référence à coup sûr. Dans un tarif moyen à élevé, nous vous conseillons les références de la série Foundation Overdrives du fabricant Catalinbread. Ces pédales offrent des résultats très convaincants, sont bien conçues, et offrent la particularité d’être alimentées avec une tension comprise entre 9 volts et 18 volts ce qui leur permet d’offrir un très gros Headroom. Pour les budgets un peu plus serrés, les produits Tone City comme la Model M sont aussi très intéressants. Le fabricant new-yorkais Electro Harmonix propose quelques références au tarif attractif, comme la Glove proposée à un tarif de 70 €. Si vous lorgnez du côté des amplis « boutique » comme Soldano, Revv, Friedman ou Bogner, jetez un œil au catalogue de ces marques. Elles proposent très souvent des déclinaisons « Amp in a Box » de leurs amplis phares. À l’image de Friedman qui propose son excellente BE-OD Overdrive, ou de Soldano qui a franchi le cap il y a peu avec sa SLO Pedal. Des fabricants comme Vertex Effects ont même osé reproduire les circuits des amplis Dumble dans des pédales. La Steel String par exemple, reprend le circuit et les sonorités du Steel String Singer de Dumble. Du côté des sonorités Hi-Gain, si vous cherchez une alternative aux amplis EVH, MXR a développé il y a quelques années la très chouette 5150 Overdrive qui génère un son très proche du légendaire « Brown Sound » d’Eddie van Halen.
Dans un autre registre, nous pouvons aussi vous conseiller des pédales d’overdrive qui ne sont pas à proprement parler des « Amps in a Box », mais qui offrent des sensations de jeu très organiques, proches de celles d’un ampli. On pense notamment à la super Blackstar LT Drive, à la Walrus Audio Eras et aux Revival Drive d’Origin Effects. Du côté des fabricants français, PFX Circuits a lancé il y a peu les Julius et Brutus, deux pédales d’overdrive très organiques et qui génèrent des sonorités très proches de celles des Marshall Bluesbreaker et JCM800.
En résumé
Beaucoup de musiciens s’appuient de nos jours sur les « Amps in a Box » pour forger leur son. Ces pédales ont indéniablement un côté très pratique et permettent de retrouve le son de tel ou tel ampli, simplement à partir d’un son clair basique. On peut très bien posséder plusieurs « Amps in a Box » et passer de l’un à l’autre en fonction des morceaux, ce qui serait très laborieux et extrêmement coûteux avec de vrais amplis. Ces produits permettent aussi de découvrir les sons d’amplis devenus introuvables et/ou inabordables comme les Dumble ou les Marshall Plexi d’époque. Pour un guitariste de sessions qui aborde de très nombreux styles et ne souhaite pas passer sur un multieffet, ces pédales incarnent une solution idéale. On conserve le plaisir de jouer sur un vrai ampli tout en profitant d’une très large variété de sons. Bien que le résultat sonore dépende de la qualité de l’ampli que vous utilisez, la plupart de ces pédales sont conçues pour bien sonner sur n’importe quel son clair. En bref, si les simulations numériques ne trouvent pas grâce à vos oreilles et que vous rêvez de tel ou tel ampli, jetez un coup d’œil aux pédales « Amp in a Box ».