Guide d'achat du matériel pour sonner comme Christone 'Kingfish' Ingram - La nouvelle vague du Blues

King­fish

À l’âge de 5 ans, le jeune Chris­tone a vu un docu­men­taire sur Muddy Waters, ce qui a immé­dia­te­ment éveillé sa curio­sité et suscité son inté­rêt pour la musique Blues. Le musi­cien a commencé par la batte­rie à l’âge de 6 ans avant d’ap­prendre la basse à 11 ans. Il a ensuite rapi­de­ment basculé vers la guitare. En 2015, alors qu’il n’était âgé que de 16 ans, il a été remarqué par un certain Tony Cole­man, batteur de BB King, excu­sez du peu, qui consi­dé­rait qu’il jouait le Blues comme il devait être joué. Sa carrière de musi­cien commence alors qu’il n’est encore qu’en 5e. Il joue autour de chez lui, dans le Missis­sippi. Dès 2014, il est inté­gré au groupe Delta Blues Museum qui joue en novembre 2014 pour Michelle Obama à la Maison-Blanche. Tout s’ac­cé­lère ensuite en 2017 alors qu’il appa­raît aux côtés de Gary Clarke Jr, sur l’al­bum Middle of the Road d’Eric Gales. Un an plus tard, il joue au Chicago Blues Festi­val. 

Son premier album baptisé King­fish sort le 17 mai 2019 sur le label Alli­ga­tor Records. Très acclamé par la critique, cet album sera nominé à la 62e céré­mo­nie des Annual Grammy Awards dans la caté­go­rie « Meilleur album de Blues Tradi­tion­nel ». Dès ce premier opus, le jeune musi­cien impres­sionne ses pairs par sa sensi­bi­lité, sa dexté­rité, sa sono­rité et sa grande matu­rité musi­cale. Il a en effet profité de la pandé­mie mondiale pour étendre ses connais­sances théo­riques et inté­grer davan­tage de plans Jazz et Rythm’n’­Blues à son jeu. Après avoir tourné avec Buddy Guy et accom­pa­gné le groupe Vampire Weekend sur 11 de leurs concerts en août 2019, il sort le single Rock & Roll en mai 2020, morceau enre­gis­tré en hommage à sa mère décé­dée en décembre 2019. 

Le deuxième album de Chris­tone « King­fish » Ingram est sorti en juillet 2021. Il est dénommé 662 ce qui est le code postal de la zone du nord du Delta du Missis­sippi qui englobe la ville de Clarks­dale dont le guita­riste est origi­naire. Neuf mois plus tard, Chris­tone Ingram remporte le Grammy du Meilleur album de Blues Contem­po­rain. Enfin, il ouvre pour les Rolling Stones à l’été 2022 à Hyde Park, Londres, dans le cadre des concerts British Summer Times. Notre blues­man du jour a égale­ment sorti un album Live, Live in London, enre­gis­tré au Garage à Londres et sorti le 13 octobre 2023. 

Le matos de Chris­tone Ingram

Dès son plus jeune âge, Chris­tone écou­tait et appre­nait les morceaux de Muddy Waters, Jimi Hendrix, Prince, BB King, Eric Gales, Gary Moore, Robert John­son et Ligh­tin’ Hopkins. Ces diffé­rents musi­ciens ont influencé « King­fish » tant au niveau de l’écri­ture que du phrasé, mais aussi du son. Pour les guitares, le guita­riste appré­cie les instru­ments typés Les Paul, avec 2 micros Humbu­cker, un cheva­let Tune-o-Matic et un cordier Stop­Bar. Un ami luthier installé à New York lui a d’ailleurs confec­tionné 2 guitares assez simi­laires, l’une ressemble à une Les Paul et l’autre à une Tele­cas­ter construite comme une Les Paul. Ces deux instru­ments sont équi­pés de micros inspi­rés des PAF de Gibson. Suite à son premier album, Chris­tone utili­sait une Fender Stra­to­cas­ter Player de couleur rouge pour les morceaux avec une influence Hendrixienne. S’il a débuté sa carrière en jouant sur des cordes assez grosses (.012), le musi­cien utilise désor­mais des cordes Ernie Ball Power Slinky (.011 — .048). En 2023, le guita­riste colla­bore avec Fender sur un modèle signa­ture, la King­fish Tele­cas­ter Deluxe. Grâce à une paire de micros conçus par Tim Shaw, la guitare déve­loppe des sons très ouverts, doux et jazzy, parti­cu­liè­re­ment en posi­tion manche. Fidèle et fier de ses origines, Chris­tone Ingram a choisi une fini­tion paille­tée assez jolie dénom­mée « Missis­sippi Night », pour évoquer les nuits d’été du Missis­sippi où le ciel est entre noir et bleu. 

L’am­pli­fi­ca­tion est assu­rée par un Peavey Delta­Blues 210, King­fish étant un grand fan des amplis de la marque, répu­tés pour leur fiabi­lité et leur soli­dité, ou un Fender Twin Reverb » 65 Reis­sue. Ces amplis génèrent un son « puis­sant, clair et punchy » selon les dires du musi­cien, ce qui lui plaît beau­coup. Son Fender Twin Reverb est joué sur son canal Vibrato avec le volume autour de 5–6 et la réverbe sur 3. Le Pedal­board du blues­man est plutôt modeste, mais répond parfai­te­ment à ses besoins. On y trouve dans l’ordre : 

• Un accor­deur, le Boss TU-3W
• Une wah-wah, la Dunlop CryBaby Mini CBM95
• Un over­drive à haut gain, la Marshall Shred­mas­ter
• Un delay, le Boss DD-3

En plus de ces quelques pédales, le musi­cien se sert d’un dispo­si­tif sans-fil Shure BLX4. Il recourt la plupart du temps à sa Wah en mode fixe, mais il lui arrive d’y appor­ter du mouve­ment. La Cry Baby Mini dispose de 3 voicings diffé­rents, Chris­tone utilise celui du milieu qui corres­pond au mode « Vintage ». La Marshall Shred­mas­ter four­nit toute la satu­ra­tion dont il a besoin, son ampli étant réglé pour four­nir un son clair. L’éga­li­sa­tion de la pédale est ajus­tée de façon à accen­tuer un peu les basses, avec le réglage de Contour à zéro et les aigus bais­sés. Le gain est à fond, Chris­tone Ingram appré­ciant parti­cu­liè­re­ment les pédales à fort taux de satu­ra­tion. Cela lui permet de créer un contraste puis­sant et une grosse dyna­mique entre ses ryth­miques en son clair et ses solos en son saturé. Enfin, le musi­cien règle son delay de façon à ce qu’il soit très discret, mais apporte une légère dose d’es­pace et d’air à ses solos. 

Les détails qui font le son

Bien que quelques éléments de la chaîne de King­fish puissent faci­le­ment être rempla­cés par des versions géné­riques, d’autres sont incon­tour­nables. Vous aurez obli­ga­toi­re­ment besoin d’une guitare équi­pée de 2 micros double-bobi­nage (Humbu­cker), et idéa­le­ment d’un cheva­let Tune-o-Matic et d’un cordier Stop Bar. Une autre compo­sante indis­pen­sable est un ampli au son clair, obli­ga­toire pour les ryth­miques Soul, Rythm’n’­Blues et Jazz qui ponc­tuent les compo­si­tions du guita­riste. Enfin, veillez à utili­ser des média­tors assez durs et des cordes en tirant .011 — .048. 

Sonner comme Chris­tone « King­fish » Ingram

Après avoir analysé le maté­riel utilisé par notre blues­man du jour et dégagé les aspects incon­tour­nables, nous allons à présent vous conseiller une liste de maté­riel acces­sible qui vous permet­tra de retrou­ver ce son à moindre coût. 

Pour la guitare, si vous préfé­rez vous orien­ter vers un instru­ment typé Les Paul, nous vous conseillons les très chouettes Harley Benton SC450 Vintage. Propo­sées à un tarif moyen de 200 €, elles ont un rapport qualité-prix très inté­res­sant. En augmen­tant un peu le budget, l’Epiphone Les Paul Stan­dard « 50 s est une bonne solu­tion égale­ment. Son tarif de 598 € lui permet aussi d’af­fi­cher un rapport qualité-prix plutôt inté­res­sant. Si votre choix se porte davan­tage sur une guitare typée Tele­cas­ter, nous pouvons vous orien­ter vers la Squier Clas­sic Vibe « 70 s Tele­cas­ter Deluxe. Elle dispose de micros Wide Range conçus par Fender qui four­ni­ront un son doux et jazzy. Elle ne dispose pas de cheva­let Tune-o-Matic, mais d’un cheva­let simple avec cordes traver­santes. Elle est propo­sée au tarif moyen de 420 €. Toujours du côté des Tele­cas­ter, la Harley Benton TE-40 Deluxe peut incar­ner une bonne solu­tion. Avec ses 2 Humbu­ckers AlNiCo 5 et son cheva­let Tune-o-Matic, elle coche pas mal de cases. Son tarif de 138 € lui permet d’avoir un excellent rapport qualité-prix.

Du côté de l’am­pli­fi­ca­tion, nous cher­chons en premier lieu à vous conseiller un combo tout lampes. Cette tech­no­lo­gie vous permet­tra d’ob­te­nir un son clair très chaleu­reux, punchy et très dyna­mique. Le Bugera V22 Infi­nium peut être un bon choix dans la mesure où il dispose de 2 canaux dont un dédié aux sons clairs, et de 2 entrées (Normal et Bright) qui vous aide­ront, en complé­ment de l’EQ, à retrou­ver cette sono­rité un peu sombre. De plus, le V22 béné­fi­cie d’une réverbe inté­grée, comme les amplis utili­sés par notre cama­rade King­fish. Ce combo déve­loppe 22 watts grâce à 2 lampes EL84 et il est proposé au tarif de 425 €. Avant de vous conseiller un ampli à tran­sis­tors, nous vous recom­man­dons forte­ment le Blacks­tar St. James 50 6L6. Il dispose des mêmes lampes de puis­sance que le Fender Twin utilisé par Ingram, ce qui aidera à atteindre ces sons clairs améri­cains typiques. Ce combo équipé d’un haut-parleur de 12 pouces Celes­tion Zephyr affiche un tarif de 866 € ce qui consti­tue un rapport qualité-prix correct. Enfin, le Fender Cham­pion 40, ampli à tran­sis­tors de 40 watts avec effets inté­grés (dont un delay), est un excellent choix. Il génère un son clair très fidèle à la couleur Fender ce qui sera parfait pour atteindre le son clair de King­fish. De plus, son préam­pli à tran­sis­tors prend bien les effets à satu­ra­tion. Son tarif de 230 € est très correct pour un ampli de 40 watts.

Pour les pédales, commençons par l’over­drive/distor­sion hi-gain. La Marshall Shred­mas­ter est calquée sur le préam­pli du JCM900 de la marque, nous cher­chons donc une distor­sion Rock à haut taux de satu­ra­tion. La Joyo Uzi R-03 sera parfaite pour cet exer­cice. Elle béné­fi­cie d’une égali­sa­tion à 3 bandes en plus d’un réglage de Bias qui permet­tra de varier les textures sonores. La R-03 de Joyo vous coûtera 45 €. La Tone City Dry Martini, forte­ment inspi­rée de la légen­daire Full­tone OCD, sera très appro­priée égale­ment. Elle dispose de réglages assez simples de volume, tona­lité et gain. Comp­tez 58 € pour l’ajou­ter à votre Pedal­board. Toujours dans la four­chette de tarifs basse, la nUX Horse­man OD est un bon choix. Veillez bien, cepen­dant, à placer le réglage de gain à fond sur cette dernière pour retrou­ver un carac­tère sonore proche de celui du son de Chris­tone. Enfin, la MXR Sugar Drive sera la solu­tion idéale dans la mesure où King­fish l’a beau­coup utili­sée entre 2018 et 2020. Atten­tion à main­te­nir le réglage de tona­lité assez bas pour ne pas être trop envahi d’ai­gus. La Sugar Drive Mini est au prix de 158 €.

La wah n’est pas une compo­sante essen­tielle du son de Chris­tone Ingram, mais elle lui auto­rise quelques varia­tions d’in­ten­sité et permet de confé­rer un côté plus vocal à la guitare. Nous vous conseillons la Vox V845 qui fonc­tion­nera à merveille sans vous ruiner. Son tarif de 66 € lui permet d’avoir un bon rapport qualité-prix. Cepen­dant, si vous aimez parti­cu­liè­re­ment le son de wah de King­fish, vous pouvez vous rabattre sur la Dunlop Cry Baby Mini Wah CBM95. Elle possède 3 voicings et pren­dra beau­coup moins de place que la Vox, mais son tarif de 137 € peut sembler un peu exces­sif. Enfin, pour le delay, on cherche un delay simple sans colo­ra­tion parti­cu­lière. Les Mooer Repea­ter, TC Elec­tro­nic The Prophet et JHS Pedals 3 Series Delay seront parfaits. Leurs tarifs respec­tifs sont de 69 €, 50 € et 125 €. 

En bref

Vous avez main­te­nant toutes les clés pour sonner comme Chris­tone « King­fish » Ingram. Cepen­dant, comme nous l’avons vu pour Metal­lica et Cory Wong, le son d’un guita­riste se dégage de son maté­riel, mais aussi de son toucher et de sa sensi­bi­lité propres. C’est d’au­tant plus vrai pour un guita­riste Blues au jeu très expres­sif. Le son de King­fish est d’un côté, un son clair avec réverbe et de l’autre un gros son saturé que le guita­riste dose et maîtrise grâce aux réglages de volume de sa guitare et à ses varia­tions d’at­taque.