"Salut c'est Etienne Tremblay de la Mmmmmmachine à Mixer", ça vous parle ? Si oui, c'est que vous connaissez déjà le travail de cet ingénieur du son montréalais, qui alimente régulièrement sa chaîne Youtube avec du contenu pédagogique, des tutoriels, des comparatifs de produits, des conseils, etc. De la direction technique d'un studio d'enregistrement à l'installation en indépendant, il s'en est passé des choses, et tout cela a forgé ce qu'il se passe derrière le son d'Etienne Tremblay.
Salut, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Je m’appelle Etienne Tremblay, de La Machine à Mixer, je suis technicien de son, musicien, arrangeur, réalisateur et formateur. Je travaille dans l’industrie musicale depuis plus d’une quinzaine d’années. Après 8 ans en tant que directeur technique d’un studio à Montréal, je travaille à la maison depuis 2014.
Comment es-tu arrivé dans la musique ? Quel est ton parcours ?
En 2001, après des études en littérature et expression, je voulais démarrer une carrière d’auteur-compositeur-interprète à Montréal et mon père a insisté pour que je me trouve un “filet de secours”, un autre emploi au cas où ma carrière musicale ne fonctionnerait pas. Je suis allé faire des études en technique de sonorisation live et studio à Drummondville et à partir de là, j’ai vraiment eu la piqûre de la production musicale. Un de mes premiers jobs à Montréal était dans un magasin de vente d’instruments de musique et c’est là que j’ai rencontré les partenaires avec lesquels j’ai lancé le Studio CME, où j’ai appris à faire mon métier. Je n’étais pas co-propriétaire du studio, mais j’étais en charge de toutes les sessions et des formations.
Actuellement, quelle est ta principale casquette ?
Je fais principalement du mix et du mastering, c’est ce que j’aime faire le plus.
Tu bosses où ? Quelle est ta configuration ?
Je travaille chez-moi, dans mon appartement, qui est en mode loft (une grande pièce avec chambre et salle de bain). Je ne suis vraiment pas difficile pour l’environnement. Tant que le traitement acoustique est bien fait, que les moniteurs sont bien placés et que la correction de l’écoute est faite avec le logiciel de Sonarworks, ça me convient. Cela dit, la qualité de mon écoute est supérieure à beaucoup de studios dans lesquels j’ai travaillé ! Un de mes grands bonheurs dans la vie est de pouvoir commencer à mixer peu de temps après m’être réveillé, en prenant mon café. La flexibilité du travail à la maison est un facteur important pour ma qualité de vie, je ne pense pas retourner dans un studio classique. Je planifie plutôt bâtir un studio à côté de ma prochaine résidence, ce qui serait l’idéal.
Quelle est ta pièce hardware favorite et pourquoi ? Tu peux nous faire ton TOP 3 ?
J’aime beaucoup mon U87 qui ne sert bien depuis plus d’une dizaine d’années, c’est un micro extraordinaire et très polyvalent. On peut enregistrer à peu près n’importe quoi et obtenir un bon résultat.
Mon top 3 :
- Le préampli Great River ME-1NV que j’avais acheté avec le micro est aussi une pièce importante, il possède une grande palette de son. Les volumes d’entrée et de sortie permettent de bien contrôler l’apport de la saturation harmonique et les interrupteurs pour changer l’impédance et enlever une résistance à la sortie le rendent extraordinaire avec toutes les sources. Encore aujourd’hui, ce sont deux pièces clés dans ma production musicale.
- J’ai acheté récemment le GrandMother de Moog Music, et c’est très certainement ma nouvelle pièce favorite! C’est un synthé modulaire très simple et complexe à la fois, avec la sonorité classique des meilleurs Moog.
- J’utilise mes enceintes de monitoring Focal Solo6 Be quotidiennement parce que le mix est la partie la plus importante de mon travail. Dans cette gamme de prix, c’est à mon avis les meilleurs moniteurs sur le marché.
Quel est ton plug-in favori et pourquoi ? Quel est celui que tu utilises le plus et pourquoi ? Ton TOP 3 ?
Je n’ai pas vraiment un seul plug-in favori, c’est difficile d’en nommer un… Peut-être le Decapitator, de Soundtoys, qui est efficace dans beaucoup de contextes. La distorsion harmonique est très importante pour ajouter de la présence et de la musicalité à beaucoup d’instruments et le Decapitator offre une palette sonore assez étendue. Le plug-in que j’utilise le plus actuellement est l’EQ Pro-Q 3, de FabFilter. Pas besoin de rappeler que l’égalisation est LE traitement le plus important en mix…
Mon top 3 serait :
- Alpha Comp d’Elysia: d’une grande simplicité d’utilisation, il est super propre et il ajoute toujours un petit “je ne sais quoi” au mix.
- Vertigo VSM-3 : c’est de la grosse tuerie sur les kick et les basse en contexte électro, il permet d’éviter la perte du kick lorsqu’on écoute sur de petits systèmes.
- La VintageVerb de Valhalla DSP : parce qu’on a toujours besoin d’une réverbération plus ou moins naturelle qui complémente bien la source sans empiéter sur le signal sec.
Quel est, selon toi, le hardware ou software le plus sous-estimé et pourquoi ?
Le préampli Great River est un des meilleurs sur le marché et il n’est pas particulièrement cher. C’est une pièce d’équipement fiable, bien construite et qui offre une grande palette sonore. Je n’ai jamais été déçu de ses performances.
Quel est l’instrument ou toute autre pièce hardware que tu rêves de t’offrir ?
J’aimerais beaucoup avoir un U47 de Telefunken, avec lequel j’ai eu la chance de travailler à plusieurs reprises. On peut enregistrer des tonnes de pistes de voix sans que les moyennes fréquences ne soient agressives.
Est-ce qu’il y a un conseil ou autre que tu as reçu un jour et qui a changé ta façon de voir ou de faire les choses ?
Un peu avant d’être à mon compte, j’ai travaillé dans un studio où la philosophie était : il faut que ça sonne, peu importe le setup de production. Je mixais avec des Barefoot Sound et des Adam Audio S6, mais si les différentes stations de travail étaient utilisées, il fallait prendre un ordinateur portable et se débrouiller avec écouteurs. Il n’y avait aucune excuse acceptée si une prod ne sonnait pas, il fallait s’arranger pour que ça fonctionne. C’est ce qui m’a convaincu que je pouvais faire le pas et travailler à la maison, même si mon setup à l’époque était beaucoup moins bien d’aujourd’hui.
Est-ce que toi tu aurais un conseil à donner ?
Apprenez à vraiment écouter. On a une foule de biais mentaux qui altèrent notre perception et on a souvent tendance à se convaincre que quelque chose sonne correctement au lieu de travailler à résoudre le problème. Ça peut être frustrant lorsqu’on débute, surtout lorsqu’on réalise que ça ne sonne pas, mais qu’on ne sait pas comment faire en sorte que ça sonne. Alors, on finit par se convaincre que c’est ok…
Quelle est ta plus grande fierté ?
Ma chaîne YouTube est un accomplissement dont je suis assez fier. Faire une vidéo chaque semaine depuis 2014 demande beaucoup de temps et d’efforts, mais cela m’apporte beaucoup. De plus, les +300 vidéos me survivront, je suis heureux de laisser ce leg pédagogique.
Quels sont tes projets, dans un futur proche ou éloigné ?
Je veux acheter une nouvelle résidence à Montréal pour y emménager avec ma compagne, ce qui représente un certain défi, vu que nous travaillons tous les deux à la maison. Aussi, je vais probablement retourner en Égypte prochainement (j’y ai passé tout le mois d’août en vacances) pour enregistrer un projet combinant la musique traditionnelle égyptienne Zar et le métal alternatif. C’est Cherine, ma compagne, qui est à la tête de ce projet ambitieux. Il faut aussi qu’on produise cet hiver notre premier EP ensemble, il y a actuellement un premier single, Kol Shi, qui est disponible sur toutes les plateformes. En parallèle, nous travaillons sur un vidéoclip d’une nouvelle chanson avec un réalisateur égyptien… Bref, beaucoup de projets et de choses excitantes pour l’avenir !
As-tu quelque chose à ajouter ou dont tu aimerais faire part à nos lecteurs ?
Soyez heureux et n’oubliez pas que ce n’est que de la musique.
Retrouvez Etienne Tremblay sur la chaîne La Machine à Mixer.