Aussi et surtout connu sous le nom de Martimix, Hugo Martinez a démarré comme assistant aux Studios de la Seine. Aujourd’hui, il mixe de nombreux projets depuis ses studios parisiens (on citera Brol, le premier album d'Angèle, Antidote de Shay, Jour avant caviar de Meryl ou encore Xeu de Vald). Passionné mais discret, il s’est confié à nous sur son approche technique et sa vision du métier d'ingénieur du son de mixage.
Salut, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Hello, moi c’est Hugo Martinez, mais tout le monde m’appelle Marti. Je suis ingénieur du son, plutôt de mixage pour 90% de mon temps.
Comment es-tu arrivé dans la musique ? Quel est ton parcours ?
J’ai commencé la batterie à cinq six ans et adolescent je me suis mis à écouter mes premiers CD, puis j’ai joué dans pas mal de groupes. Un jour, je faisais partie d’un groupe suffisamment cool pour avoir la possibilité de financer l’enregistrement d’un album en studio. C’est là que j’ai découvert les vrais studios, puisqu’avant ça, tout était auto-produit dans nos chambres ! Après des études générales bien ratées, je me suis dit que je j’aimais beaucoup trop ça, être derrière la console, et j’y ai donc consacré 200% de mon temps.
Actuellement, quelle est ta principale casquette ?
Je fais uniquement des mixages pour des artistes.
Tu bosses où ? Quelle est ta configuration ?
Je bosse au studio Fiyah Records dans le 19e à Paris. La configuration est plutôt simple. Un Hackintosh surboosté, énormément plug-ins. Pour l’écoute, des Barefoot MM27 et des Auspurger Solo 12 avec double Sub et un Dangerous Music Monitor ST. Ah, et surtout : de bons câbles.
Mon interface est une Apollo 16 d’Universal Audio et j’ai aussi 2 satellites routés vers un sommateur de Dangerous Music, le 2 Bus+ et une Rosetta 200 d’Apogee. J’apprécie beaucoup le Dangerous, car il ne colore pas trop, il reste plutôt fidèle à ce que j’entends. Pour l’enregistrement, j’ai un U87 de Neumann et un 1073 d’AMS-Neve. J’ai pris cette chaine, car c’est un classique. Et comme je ne fais pas énormément de prise de voix, je sais qu’au moins, avec le combo U87/1073, ça va passer sur 99% des voix que je vais enregistrer.
Quelle est ta pièce hardware favorite et pourquoi ?
Je n’utilise pas énormément de hardware. Ça va tellement plus vite d’être « in the box » aujourd’hui avec tous les recalls que les artistes demandent (que ce soit d’autres versions ou des essais sur des mixs). En plus les possibilités sont décuplées par rapport au hardware, ça va beaucoup plus vite de faire plein d’essais et de faire du routage. Donc comme dit avant, je somme mes sorties de ProTools vers un sommateur 2 Bus+ et ça me suffit.
Tu dis préférer mixer 'in-the-box", alors quels sont les plug-ins que tu utilises le plus ?
J’en utilise vraiment beaucoup, mais j’essaye de ne pas tout le temps bosser avec les mêmes, histoire de ne pas développer trop d’automatismes. Je me force à me concentrer sur le son et ne pas mixer au “preset”. On va dire qu’en ce moment j’aime beaucoup le catalogue de Plugin Alliance et plus particulièrement le Black Box HG-2MS de Brainworx, il me permet de rajouter des harmoniques et créer du relief. Je l’utilise un peu partout, sur une basse, une guitare ou des drums. Celui que j’utilise le plus va être le Virtual Mix Rack de Slate Digital. C’est un bon “go to”, je peux chainer plusieurs égaliseurs et compresseurs virtuels et la qualité est plutôt cool. Ça me permet de ne pas utiliser trop de slots sur ProTools et de faire les premières étapes de nettoyage sur une piste. Un dernier que j’utilise beaucoup est l’EQP1A de chez Universal Audio. j’aime beaucoup la couleur que cela donne, juste le fait de l’insérer sur une piste donne du relief.
Quel est, selon toi, le hardware ou software le plus sous-estimé et pourquoi ?
Sous estimés je n’en sais rien du tout, chacun bosse à sa façon. Par contre, je trouve que les plug-ins combo du type de la suite des CLA de chez Waves sont trop surestimés et trop utilisés. Ça change toute la couleur d’un son sans savoir réellement ce que l’on fait. Il faut vraiment être très prudent avec ce genre de plug-ins.
Quel est l’instrument ou toute autre pièce hardware que tu rêves de t’offrir ?
Vraiment je suis très bien comme ça. Mais bon, allez, peut être une reverbe Bricasti Design !
Est-ce qu’il y a un conseil ou autre que tu as reçu un jour et qui a changé ta façon de voir ou de faire les choses ?
Quand j’étais assistant aux Studios de la Seine, j’ai fait une session avec Yves Jaget (Julien Clerc, Zazie, Véronique Sanson). Il a mixé un titre devant moi et j’ai vu des réglages et du routage que je pensais impossible, car j’avais un esprit trop théorique. À la fin de la session, je me suis permis de lui demander s’il se rendait compte que ses pistes étaient dans le rouge et je lui demandais s’il faisait toujours des réglages aussi extrêmes.
il m’a répondu “Je te fais play, est-ce que tu entends que c’est dans le rouge ? Est-ce que tu entends une surcompression ? Ne mixe pas avec tes yeux, mais tes oreilles”. Depuis parfois j’éteins même l’écran.
Est-ce que toi tu aurais un conseil à donner ?
Pas vraiment, je ne suis personne pour donner des conseils ! Peut être juste un : si une personne veut faire ce métier, qu’elle soit prête à ne pas dormir beaucoup et manger beaucoup de malbouffe.
Quelle est ta plus grande fierté ?
Je suis très content de vivre de ma passion tous les jours. Me réveiller et faire du son tous les jours c’est génial. Même si j’ai quelques disques de diamant dans mon studio en vrai tout ce que je veux c’est mixer des titres.
Quels sont tes projets, dans un futur proche ou éloigné ?
En vrai aucune idée, je suis plutôt quelqu’un qui vit au jour le jour. Je vais déjà finir les 2 albums sur lesquels je bosse. Ensuite on verra.
As-tu quelque chose à ajouter ou dont tu aimerais faire part à nos lecteurs ?
Merci beaucoup à Audiofanzine et merci à celles et ceux qui ont pris le temps de lire. Et bossez sans rien mettre sur votre piste master !
Pour suivre Hugo Martinez et ses futurs projets, rendez-vous sur son Instagram.