Après avoir remplacé la Fireface 800 par la Fireface 802 en 2014 et la Babyface par la Babyface Pro l’année dernière, le constructeur allemand RME revoit cette année le haut de sa gamme d’interfaces audio externes avec l’UFX+, version survitaminée de l’UFX sortie il y a déjà 6 ans et qui restera tout de même au catalogue.
Six ans, c’est long, et pas mal de choses se sont passées chez RME depuis, comme les sorties des Babyface et Babyface Pro, ou encore des Fireface UCX et 802. Et comme chez les allemands, on n’aime pas gâcher, la UFX+ profite des quelques avancées logicielles et matérielles découlant du développement des interfaces précitées. La UFX+ n’est donc pas, a priori, juste une UFX ayant subi un léger lifting. Le premier changement est d’ailleurs très visible puisque la UFX+ hérite du design de la face avant « mi-gris, mi-bleu » de la Fireface 802 et non de celui de l’UFX. Pour le reste de la façade et l’ergonomie générale, c’est en revanche presque identique, avec les entrées combo Jack/XLR, les sorties casques, les entrées MIDI, le port USB pour l’enregistrement direct-to-disk, l’écran couleur de taille modeste mais à la résolution élevée, les quatre boutons et les trois encodeurs rotatifs.
Première bonne surprise, un point faible de l’UFX relevé dans notre test publié il y a 6 ans semble être corrigé : les deux sorties casques disposent désormais, en plus d’une puissance de sortie élevée (attention les oreilles !), de leur propre potard de volume. C’est bon de se sentir écouté. Il ne reste donc plus que le « moins » concernant la télécommande optionnelle que l’on trouvait à l’époque un peu trop chiche. Ce point semble lui aussi être sur la voie de la résolution. Le connecteur situé en face arrière est désormais au format USB et permet d’y connecter la nouvelle Advanced Remote Control USB malheureusement indisponible lors de la rédaction du test. À en voir les photos, elle semble beaucoup plus complète que l’ancienne, avec plus de boutons (15), un rétro-éclairage, une prise pour footswitch, et une grosse molette sans doute héritée de la Babfyface Pro, alors que l’ancienne disposait de celle de la Babyface « normale », beaucoup plus fragile. À noter que la Advanced Remote Control USB fonctionnerait lorsque l’interface est en mode standalone. Conjointement utilisée avec un disque dur externe USB, vous n’aurez plus besoin d’ordinateur pour enregistrer ! Profitons-en aussi pour parler de la fonction DURec (Direct USB Recording) qui gère désormais mieux les disques durs externes lents et/ou partitionnés. Le nombre de canaux enregistrables en simultané est monté à 76 et le système intègre maintenant quelques fonctions de lecture supplémentaires. Rappelons aussi qu’il existe aussi désormais une appli iPad Totalmix FX (sortie en 2013) qui permet d’utiliser la UFX+ avec votre tablette Apple. On constate donc que RME a fait beaucoup d’efforts pour l’utilisation en mode standalone ou avec une tablette.
Mais s’il est toujours appréciable de constater les progrès effectués par un constructeur, la concurrence ne se tourne généralement pas les pouces et en six ans, beaucoup de choses se sont aussi passées chez Universal Audio, Antelope, Apogee et consorts… L’UFX+ est-elle donc au goût du jour ?
Thunder !
La face arrière apporte un premier élément de réponse. Exit les ports FireWire et USB 2, bonjour le Thunderbolt et l’USB 3 ! On le sait, le FireWire est mort, abandonné par son géniteur lui-même, Apple. RME se devait donc de trouver un remplaçant, le plus naturel étant le Thunderbolt, créé par Intel et adoubé par la pomme. L’apparition de ce petit connecteur est d’ailleurs une petite « révolution », car c’est la première fois qu’il est utilisé par le constructeur allemand. Heureusement, les utilisateurs ne disposant pas de port Thunderbolt sur leur ordinateur pourront utiliser le port USB 3, descendant direct de l’USB 2. L’UFX+ est d’ailleurs compatible avec l’USB 2, même si l’on restera limité à 30 canaux d’entrée/sortie. Autre chose importante : l’interface est compatible Windows et Mac OS X en USB, mais aussi en Thunderbolt, chose assez rare pour être soulignée. Finalement, la seule chose qui nous chiffonne un peu est l’absence d’un deuxième port Thunderbolt permettant de chaîner l’interface avec un autre appareil Thunderbolt comme un disque dur externe ou un écran. Dommage.
Autres nouveaux arrivants sur la face arrière : les deux ports MADI. Grâce à eux, l’UFX+ passe à 94 entrées/sorties, soit plus du triple de l’UFX qui en proposait 30 ! RME a donc bien tiré profit de l’arrivée de l’USB 3 et du Thunderbolt, le MADI ajoutant pas moins de 64 canaux audio en 48 kHz/24 bits. L’UFX+ se destine donc principalement à ceux ayant besoin d’énormément d’entrées/sorties, et le MADI explique en partie les 700 € de différence entre la UFX et l’UFX+.
Côté logiciel, pas grand-chose de nouveau avec un Totalmix FX toujours complet et redoutable. Allez faire un tour sur le test de l’UFX, votre serviteur avait fait à l’époque une petite vidéo afin de montrer les possibilités du TotalMix FX. RME en a quand même profité pour ajouter un « DAW mode » qui ravira les plus néophytes. Le concept est simple : exit la partie mixage du Totalmix, vous n’aurez qu’à choisir l’entrée à écouter en appuyant sur le bouton CUE et basta, plus qu’à enregistrer. Revers de la médaille, vous ne pourrez pas faire de petite balance entre le signal entrant et celui provenant de votre STAN… Nous pensons que Totalmix FX vaut quand même le coup d’être apprivoisé dans sa version « complète », surtout quand on achète une interface à 2 700 € comme l’UFX+ ! Un petit effort, rien n’est insurmontable.
Benchmark
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 1,40 ms en entrée et 1,23 ms en sortie (en 96 kHz) avec le Thunderbolt et 1,50 ms / 1,14 ms en USB 3. Ces résultats sont donc relativement similaires et globalement excellents, même si nous en avons déjà obtenu de légèrement meilleurs avec d’autres interfaces (1,22 / 0,81 ms avec la Focusrite Red 4Pre dernièrement).
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,023 dB, la UFX+ fait partie des meilleurs résultats obtenus dans nos bancs d’essai, du même tonneau que l’Apollo 8 testée dans nos colonnes (±0,019 dB). Pas grand-chose à rajouter, c’est du très haut niveau.
Côté distorsion, c’est aussi très discret, avec un pourcentage ne dépassant que rarement les 0,002 %. La Red 4Pre et l’Apollo font un peu mieux, mais ça se joue dans un mouchoir de poche… Elle reste dans le peloton de tête !
Les quatre préamplis de l’UFX+ sont contrôlés numériquement et offrent un gain allant jusqu’à 75 dB, ce qui est vraiment très confortable et meilleur que la plupart des interfaces testées ici. Avec les gains réglés sur 34 dB, nous obtenons ces résultats :
La déviation n’augmente pas, elle baisse même un petit peu (±0,021 dB), ce qui prouve que les préamplis sont extrêmement transparents. La distorsion quant à elle n’augmente que très peu et avec 106 dB de rapport signal/bruit, ils sont en plus très silencieux. Rien à redire, c’est un 10/10.
Les performances audio sont donc largement à la hauteur de nos attentes, même avec un prix fixé à 2 700 € TTC. D’un point de vue fonctionnel, on aurait apprécié voir certaines choses disponibles chez les concurrentes directes, comme un micro de Talkback intégré (Apogee, Antelope), des inserts et des sorties pour le reamping (Apogee, Antelope encore), ou encore des traitements intégrés supplémentaires (Universal Audio et Antelope). Que voulez-vous, nous avons toujours quelque chose à redire !
Conclusion
RME revient en patron avec son UFX+ proposant pas moins de 94 entrées/sorties, une compatibilité Mac OS X / Windows / USB / Thunderbolt, des performances audio irréprochables et quelques défauts en moins par rapport à l’UFX. Le MADI, le mode standalone (DURec et l’ARC USB) et la partie logicielle Totalmix FX sont des points forts indéniables, et le sentiment de qualité se dégage toujours autant des produits signés par le constructeur allemand, tant au niveau matériel que logiciel. On aurait apprécié avoir un connecteur Thunderbolt supplémentaire afin de chaîner la belle avec d’autres périphériques et voir apparaitre des fonctionnalités que l’on trouve chez la concurrence, comme le micro talkback intégré, des inserts, des sorties reamping ou encore des traitements intégrés supplémentaires (amplis de guitare, LA2A…) pour que la tableau soit parfait. Quoi qu’il en soit, la UFX+ mérite largement ses 4,5 étoiles !