Cela fait maintenant trois ans qu’Antelope sort régulièrement des interfaces audio, toujours au format rack (Orion 32 ou Studio) ou presque (Zen Studio). On attendait donc avec impatience leur première interface au format desktop, la Zen Tour, présentée au dernier Musikmesse. Une chose est sûre, pour le constructeur à l’antilope, desktop ne rime pas forcément avec performances au rabais et connectique limitée…
Antelope nous a habitués, avec ses Orion et Zen Studio, à des interfaces à la connectique très riche : une douzaine de préamplis, de l’ADAT et des sorties analogiques à foison, quatre entrées instruments et même des sorties pour le reamping… La Zen Tour, malgré son format plus compact, ne déroge pas à la règle et tente d’en offrir le maximum. C’est en effet l’une des interfaces desktop les plus complètes du marché, mais aussi l’une des plus chères (environ 1500 €) et imposante (255 × 167 × 59 mm pour 1,6 kg). Le fait que la Zen Tour ne soit pas auto-alimentée l’exclut définitivement de la catégorie nomade, à laquelle appartient par exemple la Babyface Pro, et la range plutôt du côté des interfaces transportables, à l’instar des Crimson de SPL, Apollo Twin d’Universal Audio et Quartet d’Apogee. On s’attend donc à du lourd et on a bien raison…
Le Zen Tour du proprio
En main, l’interface reste donc, malgré son format desktop la destinant à être posée sur un bureau, assez lourde et imposante. Son look est plutôt sympathique, la qualité de construction rassure et l’écran est la première chose qui attire le regard. Il est grand, couleur et tactile, ce qui en 2016 reste assez banal d’un point de vue technologique, mais demeure relativement rare dans le domaine des interfaces audio. Côté connectique, il y en a de tous les côtés. Devant, on retrouve les deux sorties casques (totalement indépendantes), les deux sorties reamping et les quatre (!) entrées instruments. À l’arrière sont disposées les quatre prises combo XLR/Jack TRS pour les entrées micro/ligne, les deux paires de sorties pour les moniteurs permettant de passer d’une paire d’enceintes à une autre rapidement, les E/S S/PDIF (RCA) et les huit sorties analogiques au format D-SUB 25. Pour relier l’interface à son ordinateur, l’utilisateur pourra choisir entre l’USB et le Thunderbolt, même si nous le verrons plus tard, les résultats et possibilités ne seront pas identiques. Les E/S ADAT au format TOSLINK ont été placées, à l’instar de la Zen Studio, sur le côté. Ce n’est pas forcément l’endroit le plus pratique, mais il faut avouer qu’il ne restait plus beaucoup de place devant ou derrière… Et comme nous ne sommes jamais contents, nous noterons l’absence d’un deuxième port Thunderbolt afin de chaîner l’interface avec un autre périphérique (écran, disque dur…), d’un véritable interrupteur de mise sous tension, ou encore d’inserts et de Word Clock.
Mais vous l’aurez compris, la Zen Tour n’est pas avare en connectique, que ce soit analogique ou numérique. Le fait qu’elle propose le choix entre l’USB et le Thunderbolt est aussi une très bonne chose.
Touch me
Format desktop oblige, toutes les commandes se trouvent sur la face supérieure, et afin de vous donner un meilleur aperçu de l’ergonomie de l’interface, nous avons réalisé une petite vidéo. Au menu : l’écran tactile, les différents paramètres, les boutons et le potard rotatif…
D’un point de vue ergonomique, la seule chose qui nous chagrine vraiment est donc l’absence de potards séparés pour les sorties casques. On espère aussi que des fonctionnalités supplémentaires pour le bouton Antelope seront ajoutées via une future mise à jour et qu’ils en profiteront pour augmenter la taille des boutons virtuels de l’écran tactile.
Plug me
La partie logicielle reste quant à elle identique à celle de l’Orion Studio testée il y a quelques mois. On vous propose donc de revisionner la vidéo :
On notera tout de même quelques améliorations dues aux mises à jour récentes : le renommage dans la matrice de routing est désormais beaucoup plus lisible et on nous a confié qu’un compresseur virtuel vintage de type 1176 sera bientôt disponible dans le bundle. Le constructeur semble donc à l’écoute de nos critiques, car ces deux « moins » figuraient dans le test de l’Orion Studio. C’est si bon de se sentir écouté !
Benchmark
En USB, avec la mémoire tampon réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu une latence de 2,41 ms en entrée et 2,06 ms en sortie (en 96 kHz). En Thunderbolt, la latence est bien moindre avec 0,96 ms en entrée et 0,56 ms en sortie (toujours en 96 kHz), soit de très bons résultats. À noter tout de même que l’interface se restreint à 24 canaux en USB 2, ce qui est un peu dommage. Pourquoi ne pas avoir mis de l’USB 3 afin d’avoir 32 canaux comme le Thunderbolt ?
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,032 dB, la Zen Tour est au même niveau que l’Orion Studio (±0,037 dB) et meilleure que la Zen Studio (±0,155 dB). Antelope n’a donc fait aucune concession pour son interface desktop, qui se hisse presque au niveau des meilleures (autour des ±0,020 dB pour les Apollo 8 de Universal Audio et Babyface Pro de RME). Tout comme l’Orion Studio, le résultat est donc très bon.
Côté distorsion, c’est aussi très bon avec des résultats toujours situés sous les 0,005 % et même 0,002 % en dessous de 5 kHz. Ce n’est pas la meilleure interface que nous ayons testée ici (l’Apollo 8 reste sous les 0,002 %, peu importe la fréquence), mais cela reste un très bon résultat, dans le peloton de tête.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation grimpe légèrement jusqu’à ±0,060 dB, tout comme l’Orion Studio. Cela reste bon, même si les meilleures interfaces passées dans nos bureaux arrivent à rester sous la barre des ±0,030 dB (la Babyface Pro, par exemple). Après il faut relativiser, une différence de ±0,030 dB reste impossible à déceler pour nos pauvres petites esgourdes… À noter que la distorsion ne progresse pas, ce qui est une très bonne chose. Les préamplis contrôlés numériquement offrent une bonne réserve de gain (65 dB), avec un rapport signal/bruit de 100 dB, légèrement moins bon que l’Orion Studio (104 dB), mais tout à fait honnête.
La Zen Tour possède donc quasiment les mêmes performances audio que sa grande sœur l’Orion Studio, ce qui est une très bonne chose, car 1 000 euros les séparent. Pour 1 500 € et au vu de ce qu’elle offre en termes de connectique, la Zen Tour n’a donc pas à rougir de ses résultats, bien au contraire.
Conclusion
Quand Antelope se met à faire une interface desktop, ils n’y vont pas avec le dos de la main morte. Certes, le prix peut paraitre élevé au premier abord (1 500 €) et l’encombrement important, mais vu ce qu’elle offre, cela nous semble tout à fait justifié. Ses performances audio sont semblables à l’Orion Studio et pas loin des meilleures interfaces testées ici, elle est USB et Thunderbolt, Mac et Windows, possède bon nombre d’E/S numériques et analogiques, un écran couleur tactile, un micro de talkback intégré… La liste des points positifs est longue ! Il reste tout de même quelques incompréhensions, notamment l’absence de potards séparés pour les sorties casques, l’utilisation de l’USB 2 qui restreint à 24 canaux ou encore l’absence d’un deuxième port Thunderbolt. Quoi qu’il en soit, la Zen Tour est une interface audio bourrée de qualités qui mérite largement ses quatre étoiles.