Le constructeur britannique Focusrite n’est pas le dernier à adopter de nouvelles technologies pour ses interfaces audionumériques. Ainsi, nous avons vu apparaitre ces dernières années dans son catalogue toute une série d’interfaces Ethernet utilisant le protocole Dante (appelé RedNet chez le constructeur) en parallèle des interfaces Thunderbolt de la série Clarett, dont nous avons testé la 8pre il y a peu.
La Red4 Pre que nous testons aujourd’hui fait le lien entre ces deux séries en proposant une interface intégrant du Thunderbolt 2, du Dante et une compatibilité avec Pro Tools HD. Au menu, pas moins de 56 entrées et 64 sorties ! Quand les Anglais débarquent, ils ne font pas les choses à moitié et les interfaces voient rouge.
4Prehistoire
Au déballage, la 4Pre ne nous laisse aucun doute sur son niveau de gamme. Les finitions sont parfaites et le look très réussi se place un gros cran au-dessus des Clarett. Un coup d’œil sur la douloureuse nous confirme notre sentiment : environ 2700 € en magasin, ce qui la met en face de quelques références que nous avons précédemment testées comme l’Apollo 8 d’Universal Audio, l’Ensemble d’Apogee ou encore l’Orion Studio d’Antelope. Elle reste aussi sensiblement plus chère que la MOTU 1248 AVB (autour des 1500 €) que nous avons testée et qui propose elle aussi de faire transiter de l’audio via un réseau Ethernet. Le combat s’annonce âpre, même si la 4Pre dispose de quelques arguments que nous verrons plus tard… Mais faisons d’abord le tour du proprio.
Blanc sur rouge…
À l’arrière de l’interface, c’est plutôt chargé, et vu le nombre d’entrées et sorties disponibles, ce n’est pas vraiment étonnant.
Première bonne surprise à gauche, l’alimentation est intégrée, et vous n’aurez qu’à brancher le bête câble secteur fourni. On retrouve les deux connecteurs Ethernet RJ45 pour le réseau Dante, les connecteurs BNC pour l’horloge et le Loop Sync I/O permettant à l’interface d’intégrer une chaine d’E/S Pro Tools standard. Quatre connecteurs TOSLINK sont là pour les 16 E/S ADAT, et juste au-dessus nous avons les deux connecteurs Thunderbolt 2, ce qui permettra de chaîner l’interface avec d’autres périphériques Thunderbolt, comme un écran ou un disque dur. Il est bon de préciser qu’un câble Thunderbolt est fourni (plutôt long, 2 m), ce qui est loin d’être toujours le cas. Deux connecteurs Mini DigiLink Primary sont présents pour la connexion avec Pro Tools HD et la carte PCIe HDX, deux connecteurs RCA sont là pour le S/PDIF, et enfin les entrées et sorties analogiques pour brancher des microphones (4), une paire d’enceintes et des entrées/sorties au niveau ligne (8) via les deux connecteurs D-Sub 25 broches. Les deux entrées instruments sont situées à l’avant, ce qui est plutôt pratique.
Pour la face avant de l’appareil, nous avons préféré faire une petite vidéo, afin de mieux vous rendre compte des possibilités et de l’ergonomie. Si nous préférons d’habitude avoir des potards séparés pour les sorties casques, le fait d’avoir des boutons situés juste à côté de l’encodeur permet quand même d’améliorer un peu les choses, et passer du volume des enceintes à celui du casque reste assez rapide.
…rien ne bouge
Pour la partie logicielle, qui reste la même que celle des Clarett, nous avons aussi réalisé une petite vidéo, cela vous permettra de comprendre plus facilement le fonctionnement de Focusrite Control. Le logiciel est plutôt simple à comprendre, même s’il manque clairement quelques traitements comme une réverbe, un égaliseur et un compresseur. C’est d’autant plus dommageable que presque tous les concurrents directs le font.
Benchmark
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 1,22 ms en entrée et 0,81 ms en sortie (en 96 kHz). Ces résultats sont excellents, merci le Thunderbolt, et figurent parmi les meilleurs que nous ayons recensés.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,055 dB, la RED 4Pre reste légèrement en dessous de l’Apollo 8 d’Universal Audio (±0,019 dB) et de l’Antelope Orion Studio (±0,037 dB), mais au-dessus de l’Ensemble d’Apogee (±0,087 dB) et de la MOTU 1248 (±0,078 dB). Le résultat est donc dans la bonne moyenne. À noter qu’il est identique à la Clarett 8Pre que nous avons testée en septembre dernier.
Côté distorsion, le résultat est tout simplement l’un des meilleurs que nous ayons relevé, ne dépassant jamais les 0,001 %. Seules l’Ensemble d’Apogee, la MOTU 1248 et l’Apollo peuvent rivaliser.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation n’augmente quasiment pas (±0,057 dB), ce qui prouve que les préamplis sont extrêmement transparents, un très bon point. De même, la distorsion n’augmente que très peu. Focusrite ne se fout donc pas de nous, et a vraiment intégré de très bons préamplis dans son interface, possédant 63 dB de gain, contrôlés numériquement et assez silencieux avec un rapport signal/bruit de 104 dB.
Un petit mot sur la fonction AIR, qui reste la même que sur les Clarett et qui consiste à retrancher 2 dB dans le bas du spectre et ajouter 2 dB dans le haut comme suit, à noter que cela génère pas mal de distorsion dans le bas du spectre, mais le but ici n’est pas d’être transparent, bien au contraire.
Les performances générales sont donc largement à la hauteur de nos attentes, avec des préamplis très transparents et de bons convertisseurs.
Conclusion
Avec sa Red 4Pre, Focusrite grimpe d’une marche par rapport aux Clarett et se pose en face des ténors du marché, comme Universal Audio, Apogee ou encore Antelope. D’un point de vue des performances audio, il n’y a rien à redire, l’interface assumant parfaitement son statut d’interface haut de gamme. La connectique est très complète, avec du Dante, des connecteurs pour Pro Tools, de l’ADAT, et pas mal d’entrées/sorties analogiques. Le protocole réseau RedNet et les connecteurs pour Pro Tools restent d’ailleurs les principaux arguments face à la concurrence directe, car certaines lacunes demeurent, comme l’absence de talkback (micro intégré), d’inserts, de reamping et surtout de traitements intégrés. Si vous comptez monter votre installation autour d’un réseau Dante, vous pouvez foncer tête baissée. Si le protocole n’a en revanche aucun intérêt pour vous, préférez une autre solution correspondant plus à vos besoins.