Il y a deux ans et demi, Antelope débarquait sur le marché surpeuplé des interfaces audio numériques, fort de son expérience dans le domaine des horloges numériques. L’Orion 32 nous avait convaincus avec sa connectique très complète et ses performances audio haut de gamme, mais il lui manquait quelques fonctionnalités (DSP, section monitoring, préamplis) pour devenir l’arme ultime du home-studiste. Heureusement, le constructeur à l'antilope ne s’est pas démonté et récidive avec l’Orion Studio qui semble bien réunir tous les arguments pour devenir le couteau suisse tant attendu. Retour gagnant ?
Entre les sorties de l’Orion 32 originale et l’Orion Studio qui nous intéresse aujourd’hui, Antelope ne s’est pas tourné les pouces et a présenté en 2014 la Zen Studio, une autre interface audio un peu moins onéreuse (mais tout de même autour des 2500 €), disposant de moins d’entrées et sorties mais profitant de quelques avancées comme des traitements internes (DSP) et des préamplis intégrés. Pour le coup, elle nous a semblé bien plus complète que l’Orion 32, même si nous avons regretté le format étrange (un semblant de rack) et le manque de présets.
Une super Zen ?
À première vue, l’Orion Studio est d’ailleurs peut-être plus proche de la Zen Studio que de L’Orion 32, car elles partagent le même écran, les mêmes boutons et encodeur rotatif, et les 4 mêmes entrées combos XLR/Jack 6,35 mm en face avant. En revanche, Antelope est retourné sur le bon vieux format Rack pour l’Orion Studio, et ce n’est peut-être pas plus mal… Finalement, n’aurait-on pas devant nous une « super » Zen Studio ? C’est ce que nous allons voir tout de suite…
Lors de l’annonce au dernier AES, bon nombre d’entre nous étaient estomaqués par les spécifications de cette Orion Studio. Et pour cause, l’interface d’Antelope promet énormément de choses, à commencer par 12 préamplis micro (comme sa petite sœur Zen Studio), des connecteurs Thunderbolt et USB, un DSP et des traitements internes (EQ, compresseur et simulateur d’amplis), deux sorties casques, un micro pour le talkback, deux sorties pour le reamping, 16 canaux ADAT, 20 sorties analogiques, du Wordclock… Vous l’aurez compris, cette Orion Studio se veut très complète.
À l’avant, nous retrouvons les 4 connecteurs combo XLR/jack 6,35 mm permettant de brancher des micros, des sources au niveau ligne ou encore des instruments (guitare, basse…). Les 8 autres entrées micro/ligne sont situées à l’arrière, à l’instar de la Zen Studio. On retrouve d’ailleurs le même écran doté d’une résolution toujours aussi confortable permettant d’afficher les niveaux de 32 canaux.
Côté ergonomie, on profite des 6 boutons disposés à droite et gauche de l’écran, permettant d’ajuster les gains des entrées, les volumes des deux sorties enceintes et des deux sorties casques (via l’unique gros encodeur rotatif), mais aussi d’accéder aux menus System et Control afin de modifier pas mal de paramètres internes de l’interface, directement en façade. Ajoutez à cela un bouton pour activer le talkback (avec le petit micro associé), et vous obtenez une interface permettant de faire pas mal de choses sans toucher à votre clavier ou souris. On regrettera juste le fait que les sorties casques n’aient pas un potard de volume individuel, elles partageront l’encodeur rotatif avec vos paires d’enceintes et vous devrez parfois cliquer plusieurs fois sur l’encodeur ou un bouton avant de pouvoir régler le bon volume. C’est toujours un peu crispant, surtout quand le volume est trop fort et que l’on veut le baisser rapidement, par exemple. On termine le tour de la face avant avec les deux sorties pour le reamping, une excellente idée reprise de l’Apogee Ensemble (tout comme le talkback en façade, d’ailleurs).
À l’arrière, il y a du monde, avec les 4 connecteurs TOSlink pour l’ADAT, les 8 combo XLR/Jack TRS pour les entrées analogiques, les 4 sorties moniteurs en jack TRS, les deux BNC pour le Wordclock, les deux RCA pour le S/PDIF, les connecteurs USB et Thunderbolt, et enfin les deux gros connecteurs DB25 pour les 16 (!) sorties analogiques. À noter que l’alimentation est externe et que le bouton de mise sous tension situé à l’avant n’éteint pas complètement l’interface, il l’a met juste en veille. Il faut quand même signaler que le mode USB 2 n’offre pas autant de canaux que le mode Thunderbolt, ce qui est un peu dommage, surtout quand l’USB 3 est possible et disponible chez pas mal de concurrents…
Monde virtuel
Pour la partie logicielle de l’interface, nous avons décidé de faire une vidéo commentée, cela vous permettra de vous rendre compte plus facilement de l’ergonomie et des fonctionnalités disponibles. Nous y faisons le tour du routing, de la table de mixage virtuelle, des traitements d’inserts (EQ, compresseur, mais aussi simulateur d’amplis), de la réverbe et des différents paramètres internes.
Benchmark
En USB, avec la mémoire tampon réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu une latence de 3,67 ms en entrée et 2,93 ms en sortie (en 44,1 kHz). En Thunderbolt, la latence est bien moindre avec 1,97 ms en entrée et 1,11 ms en sortie (toujours en 44,1 kHz), soit de très bons résultats.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,037 dB, l’Orion Studio se place plutôt bien par rapport aux dernières interfaces testées. Légèrement en dessous de l’Apollo 8 d’Universal Audio (±0,019 dB) et de la Babyface Pro de RME (±0,021 dB) qui restent les meilleures dans le domaine, mais un peu au-dessus des Fireface 802 (±0,063 dB) et Metric Halo ULN-8 (±0,06 dB). On peut donc dire que c’est un très bon résultat, les convertisseurs sont assurément très transparents.
Côté distorsion, c’est aussi très bien avec des résultats toujours situés en dessous des 0,004 %, peu importe la fréquence. Encore une fois un peu en dessous de l’Apollo 8 (moins de 0,002 %) et un peu mieux que la Fireface 802 (moins de 0,005 %). Les résultats sont donc tout à fait satisfaisants, l’Orion Studio restant à chaque fois dans le peloton de tête.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation grimpe légèrement jusqu’à ±0,060 dB, ce qui reste très raisonnable, même si elle commence à se faire un peu distancer par les meilleures (la Babyface Pro reste à ±0,023 dB). Rappelons tout de même que l’on parle de quelques centièmes de dB, ce qui reste imperceptible à l’oreille… La distorsion quant à elle ne bouge pas du tout et reste très faible, ce qui est un très bon point.
Les préamplis contrôlés numériquement offrent une bonne réserve de gain (65 dB) tout en restant silencieux, avec un rapport signal/bruit de 104 dB.
L’Orion Studio offre donc de meilleures performances que la Zen Studio du même constructeur, notamment au niveau de la déviation, et reste dans le groupe des meilleures interfaces que nous avons testées sur Audiofanzine.
Conclusion
Même si quelques défauts subsistent, l’Orion Studio reste assez impressionnante. Le nombre d’entrées/sorties est assez énorme, que ce soit en analogique ou en numérique, et les performances audio sont au rendez-vous, tant au niveau des préamplis que des convertisseurs. Nous avons aimé avoir un talkback intégré, le fait de pouvoir choisir entre USB et Thunderbolt, les sorties reamping et les inserts. D’un point de vue hardware, nous aurions préféré avoir des potards de volume dédiés aux sorties casques et un connecteur USB 3 pour pouvoir gérer autant de canaux qu’en Thunderbolt. Côté software, ce n’est pas non plus parfait, avec une limitation à 4 tables de mixage virtuelles alors que l’on dispose de 16 sorties analogiques, une renommage des entrées/sorties peu lisible ou encore un bouquet de traitements encore un peu maigre (un LA2A ou un 1176 ?). Antelope a encore un petit peu de travail pour nous proposer l’interface audio parfaite, mais s’ils continuent d’améliorer leurs produits comme ils le font depuis maintenant plus de deux ans, cela devrait arriver bien assez tôt.