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MOTU fait fonctionner son réseau
9/10
Award Innovation 2015
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Depuis quelques années maintenant, nous voyons fleurir de nouvelles interfaces audio permettant de construire un réseau audionumérique basé sur de simples connecteurs Ethernet. L’« Audio over Ethernet » (AoE pour les intimes), puisque c’est son nom, est apparu sous différents protocoles chez certains constructeurs connus du milieu de l’audio. MaGIC chez Gibson, SoundGrid chez Waves Audio, Dante chez notamment Focusrite… MOTU a décidé d’intégrer l’AVB (Audio Video Bridging), un format ouvert, dans sa nouvelle gamme d’interfaces Thunderbolt/AVB/USB qui compte déjà 9 références. Nous avons testé la 1248, qui intègre 4 préamplis et le fameux AVB…

À première vue, la MOTU 1248 est une inter­face audio­nu­mé­rique comme nous en testons souvent sur Audio­fan­zine. Seule la présence d’un connec­teur Ether­net permet de déce­ler l’ori­gi­na­lité, à savoir la possi­bi­lité d’in­té­grer l’in­ter­face à un réseau AVB. Cool, mais pour quoi faire ?

A Va Bien

L’AVB, aussi connu sous le nom d’IEEE 802.1BA, est donc un proto­cole ouvert permet­tant de gérer des flux audios et vidéos de manière synchro­ni­sée et avec une très faible latence (0,625 ms).

MOTU 1248

Dans le cadre des inter­faces audio­nu­mé­riques MOTU AVB, le connec­teur Ether­net (utili­sant des câbles stan­dards CAT-5e ou CAT-6, et donc peu chers et très courants dans le monde infor­ma­tique) situé au dos de la 1248 permet­tra de relier plusieurs inter­faces AVB entre elles en passant par des switchs (MOTU en vend d’ailleurs un doté de 5 ports) et en utili­sant des câbles pouvant aller jusqu’à 100 mètres. Bien sûr, il sera aussi possible d’uti­li­ser un réseau Ether­net déjà installé (c’est ce que nous avons fait au bureau) et de profi­ter pourquoi pas du WiFi pour contrô­ler les para­mètres de l’in­ter­face.

C’est bien beau tout ça, mais quelles sont les appli­ca­tions concrètes ?

MOTU 1248

En studio, vous pour­rez très bien envi­sa­ger d’ins­tal­ler une inter­face AVB dans la control room, et une autre dans la cabine de prise. Ainsi, vous n’au­rez à faire passer qu’un seul câble entre les deux pièces, et vous pour­rez faire tran­si­ter n’im­porte flux audio de l’une à l’autre inter­face. Le micro situé dans la salle de prise sera ainsi bran­ché sur une inter­face qui enverra son signal à l’autre inter­face, elle-même bran­chée sur un ordi­na­teur en USB ou Thun­der­bolt qui pourra alors enre­gis­trer le tout sur votre STAN préfé­rée. De même, le play­back prove­nant de votre STAN reçu par l’in­ter­face située dans la control room pourra être envoyé à l’autre inter­face AVB sur laquelle sera bran­ché le casque du musi­cien.

Sur scène, vous pour­rez faire la même chose en instal­lant une inter­face sur scène et une dans la régie. N’im­porte quel micro situé sur scène sera envoyé en régie et n’im­porte quel retour prove­nant de la régie sera envoyé sur scène avec un seul et simple câble Ether­net.

Plus simple­ment, vous pour­rez chaî­ner les diffé­rentes inter­faces afin d’ad­di­tion­ner les entrées et sorties et tout contrô­ler à partir d’un seul et unique ordi­na­teur, voire une tablette ou un smart­phone si votre réseau dispose d’une borne WiFi.

Afin de tester la 1248, nous l’avons bran­chée à notre Mac via le connec­teur Thun­der­bolt, et à notre réseau Ether­net déjà en place via la prise idoine et un câble qui trai­nait par là. Sachez qu’il est aussi possible de bran­cher l’in­ter­face AVB en Ether­net direc­te­ment à son ordi­na­teur, mais nous souhai­tions tester l’ac­cès aux diffé­rents para­mètres via un iPad et un iPhone.

MOTU 1248

Dans notre confi­gu­ra­tion, l’au­dio tran­si­tera donc vers notre ordi­na­teur par le connec­teur Thun­der­bolt, et nous accé­de­rons à la table de mixage virtuelle et aux diffé­rents para­mètres par le réseau, via notre iPad, iPhone ou tout simple­ment le navi­ga­teur de notre Mac. À noter aussi que l’in­ter­face est compa­tible Windows après une mise à jour du firm­ware. Cette dernière s’est faite assez simple­ment, la 1248 ayant accès direc­te­ment à inter­net via le réseau, elle s’est mise à jour toute seule comme une grande.

Si l’ac­cès aux para­mètres de l’in­ter­face peut se faire via n’im­porte quel navi­ga­teur (et donc, n’im­porte quel OS), il existe aussi une appli­ca­tion iOS qui offre la même chose qu’un navi­ga­teur et garde pour unique avan­tage le fait qu’elle découvre toute seule les diffé­rentes inter­faces MOTU AVB situées sur le réseau.

Mais avant de plon­ger dans les para­mètres et la console virtuels, faisons le tour du rack.

Le grand bleu

MOTU 1248

Presque la moitié de la face avant est occu­pée par un grand écran bleu, dont la fonc­tion première est de montrer les niveaux des diffé­rentes entrées et sorties, analo­giques ou numé­riques. On pourra aussi s’en servir pour navi­guer dans les menus de l’in­ter­face et rappe­ler, par exemple, un préset. Tous les enco­deurs en face avant sont cran­tés, sans fin, et permettent de contrô­ler les gains des 4 préam­plis micro inté­grés (on a aussi un pad et un 48V), des deux entrées instru­ments, et les niveaux des deux sorties casques et des sorties Main et Moni­tor.

À l’ar­rière, c’est bien rempli aussi, avec les 4 entrées micro au format XLR, les 8 entrées et 8 sorties ligne au format Jack TRS et les sorties Main et Moni­tor au format Jack TRS. Côté numé­rique, on dispose de 4 connec­teurs TOSlink (2 E/S) pour les 2 × 8 canaux ADAT et une E/S S/PDIF en RCA. On termine avec les deux connec­teurs BNC pour le Word Clock, la prise USB 2, la prise Thun­der­bolt (une seule, dommage), et évidem­ment l’Ether­net pour l’AVB. Ultime bon point : l’ali­men­ta­tion est inté­grée.

Nous allons main­te­nant lancer notre navi­ga­teur préféré et accé­der aux para­mètres.

Mixe avec ton navi­ga­teur

Pour nous simpli­fier la tâche, MOTU nous livre un petit bout de logi­ciel dont l’unique rôle est de trou­ver les MOTU AVB dispo­nibles sur le réseau local et d’ou­vrir notre navi­ga­teur par défaut. On clique sur notre 1248, Safari s’ouvre (eh oui) et nous accé­dons à la page prin­ci­pale de la confi­gu­ra­tion de l’in­ter­face.

MOTU 1248

La première chose que l’on peut faire est de cliquer sur « Quick Setup » et de choi­sir parmi les 8 confi­gu­ra­tions propo­sées : Audio Inter­face, Stand-alone Mixer, Inter­face + Mixer, Live Recor­ding with Moni­tor Mixing, Stage IO, Studio Input Expan­der, Studio Output Expan­der et Opti­cal Conver­ter. Cette liste nous démontre bien la poly­va­lence de l’in­ter­face, qui pourra donc être utili­sée en studio comme en live, dans la control room ou la régie, sur scène ou dans la pièce de prise. Le choix aura une inci­dence sur le routing et vous fera gagner quelques précieuses minutes lors de la confi­gu­ra­tion.

Sur la première page on accède aussi aux para­mètres clas­siques : taux d’échan­tillon­nage, mode de l’hor­loge, et le mode USB (choi­sir si l’on veut envoyer à l’or­di­na­teur 24 canaux en 192 kHz, 32 en 96 kHz ou 64 en 48 kHz). Chaque E/S analo­gique dispose d’un TRIM pour régler le niveau, et il sera aussi possible de cacher certaines « banques » d’en­trées ou sorties, comme la banque Opti­cal, S/PDIF, ou Phones, par exemple, afin de simpli­fier les pages suivantes (routing et mixing).

MOTU 1248

La page Routing nous affiche une belle matrice à deux entrées, avec en haut les entrées et à gauche les sorties, physiques ou virtuelles. Certains groupes peuvent se déplier/replier pour faci­li­ter la lisi­bi­lité et sur la colonne de gauche, la source est rappe­lée juste à côté de la sortie toujours pour rendre la compré­hen­sion un peu plus aisée. L’uti­li­sa­teur n’aura plus qu’à cliquer dans la matrice pour envoyer une entrée vers une sortie, et le tour sera joué. Il est à noter que parmi les entrées, on dispose bien sûr des entrées physiques analo­giques et numé­riques, mais aussi des retours prove­nant de l’or­di­na­teur (USB), et des retours prove­nant de la console virtuelle interne. Il est ainsi possible de récu­pé­rer comme entrée la sortie Main ou Moni­tor de la table de mix, ou encore un AUX, un Group, la sortie d’une réverbe interne ou encore une entrée « post-fx », donc modi­fiée par les trai­te­ments internes. Pratique pour enre­gis­trer dans son séquen­ceur à la fois une source trai­tée et non trai­tée sur deux pistes diffé­rentes.

Côté sorties, on dispose aussi de sorties vers l’or­di­na­teur (USB) et vers la table de mixage interne. Si l’in­ter­face est en mode AVB, vous dispo­se­rez aussi des entrées et sorties AVB (4 « streams » de 8 canaux chacun) direc­te­ment dans la matrice, afin d’en­voyer ou rece­voir n’im­porte quel flux audio de n’im­porte quelle inter­face audio située sur le réseau.

Vous l’au­rez compris, tout est possible avec cette matrice et elle reste fina­le­ment assez lisible. Surtout que grâce aux diffé­rents présets cités ci-dessus, vous n’au­rez a priori pas grand-chose à chan­ger. Du tout bon !

MOTU 1248

On se garde le meilleur pour la fin avec la console de mixage virtuelle. Cette dernière est vrai­ment très complète, avec pour chaque tranche un gate, un coupe-bas, un égali­seur 4 bandes para­mé­triques (à modé­li­sa­tion analo­gique), un compres­seur, un leve­ler (type LA-2A, sur les groupes et sorties unique­ment), un réverbe (dispo­nible en envoi), des envois vers des bus auxi­liaires et des groupes. À l’ins­tar de la matrice, il est possible de masquer certaines entrées, groupes ou auxi­liaires. De même, nous pouvons affi­cher seule­ment les trai­te­ments qui nous inté­ressent. Côté prise en main, rien de plus simple pour ceux qui sont habi­tués aux « bonnes veilles consoles de mixage ». MOTU fait dans la simpli­cité et l’ef­fi­ca­cité, et n’im­porte quelle personne à l’aise avec ce genre d’ou­til retrou­vera très rapi­de­ment ses marques. De plus, il est à noter que les inter­faces AVB sont compa­tibles avec les contrô­leurs OSC pour accé­der aux diffé­rents para­mètres et à la table de mixage virtuelle.

En haut de chaque tranche, on retrouve aussi quelques outils pratiques. On pourra ainsi accé­der aux entrées virtuelles ou réelles direc­te­ment via la petite matrice, au trim ou encore au navi­ga­teur de présets. Ces derniers sont d’ailleurs dispo­nibles pour la tranche entière ou chaque trai­te­ment. Pour finir, une dernière page « Aux mixing » permet d’ac­cé­der, comme son nom l’in­dique, aux diffé­rents mixages des diffé­rents canaux AUX et Group (et de la réverbe égale­ment).

Vous l’au­rez compris, la MOTU 1248 possède des possi­bi­li­tés de routing et de mixage énormes, encore plus si vous possé­dez plusieurs inter­faces AVB !

Bench­marks

Il n’y a plus qu’à espé­rer que l’in­ter­face tienne la route côté perfor­mances audio.

Nous avons réglé la mémoire tampon au mini­mum (32 échan­tillons) afin d’ob­te­nir la meilleure latence : 0,79 ms en entrée et 0,46 ms en sortie (en 96 kHz). Ces résul­tats sont vrai­ment au top (merci le Thun­der­bolt !) et vous permet­tront d’uti­li­ser vos plug-ins favo­ris, même natifs, lors des enre­gis­tre­ments sans ressen­tir le moindre déca­lage.

Afin de tester l’in­ter­face, nous avons fait des bench­marks avec notre APx515 d’Au­dio Preci­sion, et nous allons pouvoir compa­rer les résul­tats à ceux obte­nus avec les inter­faces que nous avons précé­dem­ment testées.

Voici les résul­tats obte­nus avec les niveaux lignes, en 96 kHz :

MOTU 1248

Avec une dévia­tion de ±0,078 dB, la MOTU est dans la bonne moyenne des meilleures inter­faces que nous ayons testées (pour rappel, la dévia­tion de la Fire­face 802 est de ±0,063 dB, la Metric Halo ULN-8 ±0,06 dB, l’Apollo 8 ±0,019 dB, l’Apogee Ensemble ±0,087 dB et la Crim­son de SPL ±0,073 dB). Un résul­tat donc hono­rable, avec une (très) légère atté­nua­tion dans le haut du spectre.

MOTU 1248

Le taux de distor­sion est très bon, quasi­ment toujours sous la barre des 0,001 %, et riva­lise avec les meilleures inter­faces.

Les préam­plis inté­grés disposent d’un gain de 65 dB, ce qui est très bon, et demeurent très trans­pa­rents : la dévia­tion est même meilleure qu’en niveau ligne.

MOTU 1248
MOTU 1248

Avec le gain réglé sur 34 dB, la dévia­tion de ±0,064 dB est donc un bon résul­tat, avec un haut du spectre plus plat et un bas très légè­re­ment atté­nué. La distor­sion est quant à elle légè­re­ment supé­rieure au niveau ligne, mais reste aux alen­tours des 0,002 % suivant la fréquence.

Enfin, les préam­plis se sont révé­lés être très silen­cieux, avec 108 dB de rapport signal/bruit avec le gain réglé sur 34 dB, ce qui est le meilleur résul­tat de notre compa­ra­tif avec l’Apollo 8.

Les résul­tats sont donc à la hauteur de nos espé­rances et du prix de la bête. Les conver­tis­seurs sont dans la bonne moyenne des meilleures inter­faces que nous ayons testées, sans pour autant arri­ver au niveau de certains cadors (comme l’Apollo 8 testée récem­ment). Les préam­plis nous ont surpris par leur trans­pa­rence et leur faible bruit de fond. En plus, ils offrent un gain confor­table, que deman­der de plus ?

Conclu­sion

La MOTU 1248 est vrai­ment une très bonne surprise, car en plus d’ap­por­ter la tech­no­lo­gie AVB d’une manière très simple et acces­sible, elle offre des perfor­mances audio tout à fait accep­tables pour le prix (envi­ron 1700 €). Nous avons vrai­ment appré­cié le fait de pouvoir accé­der aux para­mètres de l’in­ter­face avec n’im­porte quel navi­ga­teur/smart­phone/tablette via le réseau Ether­net/WiFi, la console et le routing sont très complets et simples d’ac­cès, et l’AVB promet des possi­bi­li­tés inté­res­santes, que ce soit en live ou en studio. Si ce proto­cole vous fait de l’œil et que vous imagi­nez déjà votre nouvelle confi­gu­ra­tion basée sur plusieurs inter­faces AVB, vous pouvez y aller les yeux fermés. Atten­tion à ne pas se prendre les pieds dans le câble Ether­net quand même.

Télé­char­gez les bench­marks Micro et Ligne (format PDF)

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Award Innovation 2015
Points forts
  • De très bons préamplis micro
  • Un grand écran pour visualiser tous les niveaux
  • USB, Ethernet et Thunderbolt
  • L’AVB et les possibilités qu’il offre
  • La console virtuelle avec traitements intégrés
  • La matrice de routing
  • Connectique très complète
  • Latence très faible en Thunderbolt
  • Mac & Windows
  • Configuration via n’importe quel navigateur
  • Déjà 9 interfaces AVB disponibles au catalogue
Points faibles
  • Un seul port Thunderbolt
Auteur de l'article Red Led

Je suis rentré dans la musique par la rosace d'une guitare classique et depuis, j'essaie d'en sortir sans trop de conviction.


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