Il y a trois ans déjà, nous testions la toute première interface audio d’Universal Audio, l’Apollo. Cette dernière, intégrant les fameux DSP UAD-2 chers à la marque, permettait d’utiliser le catalogue de plug-ins UAD avec une latence minime, tout en offrant des préamplis et convertisseurs de qualité. Plus tard, les Apollo 16 et Twin ont suivi, et la partie logicielle a continué d’évoluer avec notamment l’arrivée des plug-ins Unison, permettant de simuler des préamplis vintage. Universal Audio a profité du Musikmesse pour mettre à jour sa gamme d’interfaces Apollo, et notamment l’Apollo originale dotée de quatre préamplis appelée dorénavant Apollo 8. Quoi de neuf docteur ? C’est ce que nous allons voir.
Avant de commencer, précisons qu’en plus des mises à jour des Apollo 8 (l’originale) et 16 (la Twin n’a pas changé), un nouveau modèle a aussi vu le jour, répondant au doux nom d’Apollo 8p, intégrant 8 préamplis micro. Cela complète la gamme de belle manière pour ceux ayant besoin de ce type de configuration.
Mais c’est bien l’Apollo 8 qui nous intéresse aujourd’hui, dotée de « seulement » 4 préamplis.
Noir c’est noir
En ce qui concerne le look de l’Apollo 8, le premier changement qui saute aux yeux par rapport à son ancêtre, c’est le changement de couleur. On passe du gris métallisé au noir. Est-ce mieux ou moins bien, à vous de voir. Ce qui est sûr, c’est qu’elle passera un peu plus inaperçue dans votre home-studio tandis que les témoins lumineux profiteront d’un meilleur contraste avec la finition.
Mis à part ça, la face avant reste assez semblable avec à gauche les deux entrées instruments (qui sont désormais Unison et adaptent l’impédance et le gain d’entrée au plug-in utilisé), l’encodeur permettant de régler les entrées et les 6 boutons activant différentes fonctions liées à ces dernières (mic/line, coupe-bas, 48V, PAD, inverseur de phase et link). Universal Audio a gagné un peu de place en incorporant les LEDs à ces boutons (auparavant, elles étaient placées à côté), et cela leur a permis de caler trois boutons supplémentaires sur la partie droite. Ces derniers permettront d’avoir un meilleur contrôle de la partie monitoring, avec les boutons METER, ALT (pour passer sur votre 2e paire d’enceintes) et FCN (que l’on assignera à la troisième paire d’enceintes, au mono ou au dim). Situés juste à gauche du 2e encodeur permettant de régler le niveau de sortie, ils s’avèrent très pratiques à l’utilisation. Avec l’encodeur cliquable qui permet de muter les sorties enceintes, nous avons accès aux commandes principales liées au monitoring en quelques centimètres carrés.
Enfin, on retrouve comme sur l’ancien modèle, les deux sorties casques totalement indépendantes et le switch de mise sous tension.
À l’arrière, c’est un peu moins surchargé qu’avant, et pour cause, les 4 premières entrées sont au format combo XLR/Jack TRS et gèrent à la fois les niveaux micro et ligne. Avant, nous avions des connecteurs séparés pour les 4 premières entrées ligne et les entrées micro. C’est un peu moins bien qu’avant, surtout pour ceux qui ont plein d’instruments/outboards et qui veulent tout laisser branché sur leur interface, les autres s’en moqueront sans doute un peu.
Côté FireWire, les connecteurs ont disparu et ont laissé place aux deux connecteurs Thunderbolt qui ne sont donc plus optionnels. Le fait qu’il y ait deux connecteurs permet de chaîner n’importe quel périphérique à votre Apollo, ce qui est très pratique. Votre serviteur a donc branché sur son MacBook un dock Thunderbolt, lui-même relié à un disque dur RAID 1, qui est lui-même relié à l’Apollo, qui est elle-même reliée à un écran. Ce qui fait 4 périphériques reliés au MacBook via un seul et unique connecteur. C’est très pratique et surtout très stable : nous n’avons eu aucun problème pendant la période de test. La seule chose à noter, c’est que le chaînage n’est possible que lorsque l’Apollo est allumée. Sur notre configuration, le fait d’éteindre l’Apollo coupe l’écran. Ce n’est pas très grave, mais bon à savoir. D’ailleurs, l’Apollo gère enfin le branchement/débranchement à chaud et la mise en veille de votre ordinateur. Ouf !
Une dernière chose : l’alimentation est externe, ce qui fera un bloc secteur en plus qui trainera derrière votre bureau… Dommage.
On se console comme on peut
La partie logicielle de l’Apollo a elle aussi été mise à jour peu de temps avant la sortie de la nouvelle gamme. Même si ces nouveautés concernent aussi les anciens modèles, il nous parait important d’en parler ici.
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La première chose importante est l’Apollo Expanded permettant aux détenteurs d’Apollo de combiner jusqu’à 4 interfaces audio et 6 UAD-2 afin de multiplier les DSP. Cela ne concerne que les configurations Thunderbolt, mais c’est une nouveauté que l’on attendait depuis longtemps.
La console, qui avait déjà reçu une mise à jour intéressante lors de la sortie de la Twin, est donc passée en version 2.0. Au rayon des nouveautés, on peut noter que l’application est désormais Retina et qu’elle propose des présets de types « Channel Strip » réalisés par des gens a priori compétents et incluant des réglages pour plusieurs plug-ins. Ces derniers sont regroupés par instruments (Bass, Drums, Guitar, Keyboard et Vocal) et permettent d’avoir un bon point de départ, en utilisant à la fois des plug-ins de compression, d’égalisation, etc. On pourra aussi choisir si l’on veut enregistrer les traitements pour chaque canal (avant, c’était global) et la fenêtre devient redimensionnable à convenance. Il sera aussi possible de cacher n’importe quelle entrée ou plug-in, de renommer les entrées, de tout router comme on le souhaite et d’avoir jusqu’à 4 bus Cue (youpi !).
Autant dire que cette mise à jour règle la plupart des manques de la console. Une très bonne chose !
Benchmarks
Universal Audio, avec la sortie de cette nouvelle gamme d’Apollo, a annoncé qu’elles intégraient une nouvelle génération de convertisseurs. Ceux équipant les précédentes Apollos étaient déjà excellents, nous avons donc hâte de voir ce que donnent les nouveaux.
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 1,63 ms en entrée et 0,54 ms en sortie (en 96 kHz). Ces résultats sont excellents et vous permettront d’utiliser vos plug-ins favoris, même natifs, lors des enregistrements sans ressentir le moindre décalage.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces que nous avons précédemment testées.
Voici les résultats obtenus avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Les anciennes Apollo étaient déjà les interfaces ayant la meilleure déviation, et Universal Audio a encore réussi à améliorer légèrement le résultat avec ±0,019 dB. C’est le meilleur score que nous ayons obtenu jusqu’à présent, tout simplement. (pour rappel, la déviation de la Fireface 802 est de ±0,063 dB, la Metric Halo ULN-8 ±0,06 dB, l’Apollo Twin ±0,023 dB, l’Apogee Ensemble ±0,087 dB et la Crimson de SPL ±0,073 dB). Il est tout de même à noter qu’en 44,1 kHz, le score est légèrement moins bon, ± 0,046 dB, mais toujours supérieur à la concurrence.
En ce qui concerne la distorsion, l’Apollo fait jeu égal avec l’Ensemble d’Apogee, et reste ainsi au top de notre comparatif.
Avec un gain allant jusqu’à 65 dB, les préamplis contrôlés numériquement offrent une marge confortable aux utilisateurs. Reste à savoir s’ils sont transparents et silencieux.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation est de ±0,025 dB, ce qui démontre que les préamplis sont très transparents, et la distorsion reste toujours sous les 0,002 %, ce qui est aussi un très bon résultat.
Côté bruit de fond, l’Apollo 8 est encore au top, avec un rapport signal/bruit de 108 dB lorsque les préamplis sont réglés sur 34 dB de gain. C’est mieux que les dernières interfaces que nous avons testées (Apogee Ensemble – 105 dB, Zen Studio — 101 dB, Fireface 802 — 102 dB, SPL Crimson — 101 dB, Metric Halo ULN-8 — 100 dB).
Les résultats des benchmarks sont donc sans appel, nous avons affaire à la meilleure interface que nous ayons testée. Le seul petit reproche qu’on pourrait faire, concerne la réserve de gain (65 dB) qui est meilleure chez certaines concurrentes. Mais c’est vraiment histoire de chipoter…
Une mise à jour mineure ?
Cette nouvelle série d’Apollo apporte, certes, peu de nouveautés, mais elles sont toujours intéressantes, avec notamment les boutons ALT et FCN en façade et la technologie Unison transposée aux entrées instruments. Pas de quoi revendre son ancienne Apollo pour acheter une nouvelle, mais des vrais plus pour les nouveaux entrants. La console virtuelle évolue aussi dans le bon sens et le catalogue de plug-ins continue de s’étoffer. L’Apollo 8 (2 199 € pour la version Duo et 2 699 € pour la version Quad) garde évidemment toutes les qualités de son ancêtre, avec des préamplis et des convertisseurs au top, une latence minime et une construction sérieuse. On regrettera juste le fait qu’elle ne soit compatible qu’avec les Macs ayant un port Thunderbolt, et surtout que les DSP UAD-2, même en version Quad, commencent sérieusement à s’essouffler. La faute à leur âge avancé et aux plug-ins toujours plus réalistes, mais toujours plus gourmands.
Téléchargez les benchmarks pour les niveaux ligne et micro (format PDF)