Les interfaces audio compactes se sont généralisées ces dernières années chez les constructeurs, et c’est au tour de RME de sortir sa Babyface, compatible USB 2 et attendue au tournant par bon nombre de musiciens et ingénieurs du son nomades…
La fin d’année est riche en nouveautés chez RME, et la gamme d’interfaces audio externes s’agrandit avec une Fireface UFX haut de gamme, testée il y a peu sur AudioFanzine, et une Babyface, qui fait l’objet du test d’aujourd’hui et qui vient compléter l’offre de RME en entrée de gamme. Le terme « entrée de gamme » reste bien entendu tout relatif avec un prix avoisinant les 550€… Reste que la Babyface est aujourd’hui l’interface externe la plus compacte et la plus accessible chez le constructeur allemand, et qu’elle fait déjà de l’œil au home-studiste nomade en quête d’une qualité audio certaine.
Lorsque nous avions reçu la carte il y a quelques jours de cela, nous avions fait une vidéo du déballage :
On retrouve donc la notice, l’épanoui et sa rallonge permettant de greffer des entrées et sorties additionnelles à la Babyface (nous y reviendrons), le câble USB 2, une jolie sacoche pour transporter la belle, sa câblasse et pourquoi pas un micro, et enfin, la seule, l’unique Babyface, toute de bleu et de gris vêtue. L’interface est assez compacte (100 × 25 × 160 mm) et son poids de 500 grammes lui permet de rester bien en place sur le bureau et lui confère une certaine impression de solidité. Ce sentiment est renforcé par la coque métallique d’un bleu cher à la marque. Seuls les boutons sont en plastique et le jogwheel semble un peu moins solide que le reste, en espérant que les premiers mois d’utilisation intensive nous donnent tort…
Plug-in Baby
Côté entrées et sorties, on peut dire que malgré sa taille, la Babyface reste complète avec ses deux entrées micro au format XLR, ses sorties ligne (aussi en XLR), son entrée/sortie MIDI en DIN 5 broches et sa sortie casque en jack TRS 6,35mm (qui pourra servir aussi de sortie ligne). Tout ce petit monde est situé sur l’épanoui qui se connecte à la Babyface via un connecteur D-Sub 25 broches, semblable à ceux qui équipaient nos cartes vidéo VGA. Sur l’interface en elle-même, on retrouve l’entrée instrument, qui remplacera la deuxième entrée micro lorsqu’elle sera activée via TotalMix FX, et la deuxième sortie casque qui n’est pas séparée électriquement de la première. Cela signifie que le volume maximum diminuera lorsque deux casques seront branchés simultanément et que le signal audio sera forcément identique. On ne pourra donc pas avoir deux mix différents dans les deux casques, dommage. Enfin, on retrouve une entrée et une sortie ADAT en TOSLINK, et c’est plutôt une bonne surprise vu la taille et le prix de l’interface. L’utilisateur pourra donc brancher un convertisseur et ajouter 8 voies d’entrées/sorties, bien ! Enfin, sachez que l’interface dispose d’une entrée pour alimentation externe (non fournie) et d’un câble USB à deux prises, au cas où le port USB de votre ordinateur ne délivrerait pas assez de courant (la Babyface réclame 300 mA pour fonctionner, d’après le constructeur).
Le dessus de l’interface regroupe les LEDs et les boutons permettant de contrôler certains paramètres sans passer par le logiciel TotalMix FX. Le jogwheel permet de contrôler au choix les gains des deux entrées analogiques (simultanément ou séparément), les volumes des sorties lignes principales et de la sortie casque. On pourra sélectionner le mode (in, out ou phone) via le bouton « select » situé juste en dessous. Un simple clic sur le jogwheel permettra d’enclencher le dim (réduction temporaire du volume) lorsque l’on est en mode out ou phones. Une dernière LED indique l’état de la synchronisation de l’horloge numérique dont la source sera interne, ou l’entrée numérique ADAT et S/PDIF.
Deux rangées de 10 LEDs servent de Vumètres pour les entrées ou les sorties, ce qui est très bien pour une interface de cette taille. Généralement, les constructeurs se contentent d’une ou deux loupiottes, bravo RME !
Voici une petite vidéo réalisée par nos soins afin de voir le jogwheel en action :
Tournons-nous désormais vers la partie logicielle…
Driver et TotalMix
Après avoir installé le driver sur notre iMac de test, nous nous retrouvons devant la fenêtre des réglages permettant de fixer la fréquence d’échantillonnage, la source de l’horloge ou encore le mode de la sortie optique (S/PDIF ou ADAT). Mais ce qui nous intéressera le plus est sans conteste TotalMix FX, que nous avons déjà aperçu lors du test de la Fireface UFX il y a quelques semaines de cela. Nous vous invitons d’ailleurs à lire ou relire cet article et regarder la vidéo de présentation, la table de mixage virtuelle étant quasiment identique sur les deux interfaces audio.
Les seules différences se situent au niveau du nombre de canaux (60 pour la Fireface UFX et 22 pour la Babyface) et des effets d’insert. En effet, la Babyface est malheureusement dépourvue du module de dynamique incluant un compresseur/expandeur et un auto level. C’est dommage, mais il reste cependant l’égaliseur 3 bandes, le filtre coupe-bas, la réverbe et l’écho, ce qui est déjà pas mal pour une interface de ce prix.
Pour le reste, on le connaît déjà grâce à la Fireface UFX, et on peut dire que TotalMix FX fonctionne toujours aussi bien et reste toujours aussi pratique à utiliser. Aucune fonction ne manque à l’appel : les groupes de solo, mute et fader, les snapshots, les loopbacks, le mode matrice… L’interface graphique nous semble même plus fluide que lors du test de l’UFX, sans doute grâce à une mise à jour récente !
Il ne nous reste plus qu’à brancher le micro et la guitare !
À l’utilisation
L’interface n’a pas eu besoin d’être reliée au secteur pour fonctionner sur notre iMac, le port USB étant suffisant pour alimenter la Babyface. Avec la taille du buffer réglée au minimum (32 samples), nous avons une latence en entrée de 2,449 ms et en sortie de 2,154 ms, ce qui est plutôt pas mal. La latence des convertisseurs est tout au plus de 1ms, suivant la fréquence d’échantillonnage :
Évidemment, avec cette taille de buffer, il vaut mieux avoir un ordinateur très puissant et ne pas avoir la main trop lourde sur les plug-ins. Afin de tester les préamplis et les convertisseurs, nous avons utilisé, comme lors du test de la Fireface UFX, notre guitare acoustique Gibson J-200 et notre micro Oktava mk-012–01 qui a la particularité d’avoir un niveau de sortie assez faible. Il est généralement nécessaire de pousser les préamplis jusqu’aux trois quarts de leur course afin d’avoir un niveau correct avec la plupart des interfaces audio d’entrée, voire de milieu de gamme. Avec la Babyface, pousser le potard virtuel jusqu’à la moitié de sa course suffira, ce qui indique une bonne réserve de gain (60dB d’après le constructeur). De plus, nous n’avons pas entendu de souffle ou de distorsion et le son reste très neutre : un très bon point. Nous regrettons juste le fait de ne pas pouvoir régler le gain plus précisément que par paliers de 3 dB. Les convertisseurs sont eux aussi de très bonne qualité, avec notamment un très bon rapport signal/bruit.
Nous avons aussi testé l’entrée instrument, en branchant notre Gibson Les Paul et en envoyant le signal dans Guitar Rig 4.
- Riff Guitar00:23
- Rythm Guitar00:23
- Guitar Cat00:24
L’égaliseur, la réverbe et l’écho sont de très bonne qualité, a priori identiques à ceux de la Fireface UFX et l’interface s’est révélée être d’une stabilité sans faille sur notre configuration lors du test, même si des craquements se sont vite fait entendre lorsque le buffer était réglé sur 32 samples. Rappelons tout de même que notre iMac n’est pas un foudre de guerre (Core 2 Duo 2,4 GHz).
Si le besoin d’entrées et sorties supplémentaires se fait sentir, notons qu’il sera possible de chainer jusqu’à trois Babyface, mais l’utilisateur devra alors gérer trois TotalMix FX, ce qui n’est pas des plus pratique. On recommandera donc l’utilisation de l’ADAT qui semble tout de même bien plus commode.
Vis-à-vis de la concurrence, la Babyface se place très bien dans le secteur de « l’ultra nomade » et reste la seule à proposer de l’ADAT. La Duet d’Apogee est environ 100€ moins cher, mais n’est pas compatible Windows et n’a pas d’entrée/sortie numérique ni de traitements et effets intégrés. D’autres interfaces peuvent rivaliser techniquement avec la Babyface, comme l’Ultralite mk3 de MOTU, mais restent des solutions plus encombrantes.
Conclusion
RME remplit son contrat en dévoilant une interface compacte, robuste et à la qualité sonore indéniable. Pour 550€ environ, le bébé propose deux préamplis micro et des convertisseurs de qualité, une entrée/sortie ADAT, un jogwheel, une sacoche et deux beaux Vumètres. Ajoutez à cela TotalMix FX, la console virtuelle permettant de gérer les 22 canaux, des traitements (égaliseur, filtre, réverbe et écho), et vous obtiendrez la meilleure interface nomade du marché, tout simplement. On pourra rechigner sur le manque de précision des réglages de gain, sur le fait que les deux sorties casque soient dépendantes ou encore sur la supposée fragilité du jogwheel, mais rien n’est parfait en ce bas monde, que voulez-vous…