Après le test convaincant de l'amplificateur SX-5H du fabricant britannique Ashdown, nous vous proposons aujourd'hui de découvrir la version la plus aboutie de cette nouvelle série : le SX-50H, fort de ses 50 watts.
ESSEX-50H
Nous avions été séduits par le modèle 5 watts, le SX-5H, de la série SX, nommée en hommage à la région d’Essex, où Ashdown est basé. Cependant, il était impensable de passer à côté du test du modèle phare de la collection, le SX-50H. Cette tête d’ampli délivre 50 watts de puissance, alimentés par trois lampes 12AX7 pour la préamplification et deux EL34 pour l’étage de puissance. Avec des dimensions de 230 × 570 × 245 mm et un poids d’environ 13,5 kg, il reste relativement facile à transporter pour un ampli de cette catégorie. Son design s’inscrit dans une esthétique classique et repose sur une construction en contreplaqué Tolex, qui apporte solidité et robustesse, tout en contribuant quelque peu à son poids.
Contrairement à son petit frère, le SX-50H offre trois canaux distincts. Le premier est un canal clair avec son égalisation dédiée (BASS/TREBLE), tandis que les deux autres sont des canaux saturés, partageant une égalisation commune (BASS/MIDDLE/TREBLE/CONTOUR). Néanmoins, malgré cette apparente indépendance, le deuxième canal saturé est en fait un boost du premier, fonctionnant uniquement lorsque celui-ci est activé. Chaque canal dispose de son propre potentiomètre de volume, et il est possible de régler indépendamment le gain des deux canaux saturés, en gardant à l’esprit cette interdépendance. En façade, on trouve également un contrôle pour ajuster le niveau de la réverbe numérique intégrée.
À l’arrière, l’ampli dispose de deux sorties pour enceintes (8 et 16 ohms), d’une prise pour connecter un footswitch (vendu séparément), d’un atténuateur STEALTH, de deux sorties RECORDING OUT pour l’enregistrement silencieux, ou non, ainsi que d’une boucle d’effets dont le niveau peut être ajusté via un potentiomètre FX DRIVE LEVEL.
Comme pour le SX-5H, ce modèle 50 watts est conçu en Angleterre, mais fabriqué en Chine. L’ampli fait une très bonne impression, et son châssis en contreplaqué semble plus tolérant aux petits chocs que la lunchbox tout en acier d’une marque anglaise concurrente, qui trône d’ailleurs ici même dans le studio. Comme mentionné dans le test du SX-5H, Ashdown met également en avant la réparabilité de ses amplis, avec un accès simplifié à l’électronique, ce qui pourrait s’avérer pratique à long terme.
Au moment de ce test, le SX-50H est disponible à un prix d’environ 755 euros, un tarif plutôt attractif pour un ampli tout lampes de 50 watts. Mais reste à voir s’il tient ses promesses en matière de performances sonores, ce que nous allons découvrir dans la suite de ce test.
Le son
Pour commencer, j’ai branché la tête d’ampli dans une enceinte Ashdown SX-212A équipée en Celestion Seventy 80, le tout capturé par un incontournable Shure SM57 :
- 1 – SM57 – Clean – EQ à midi – Rev 000:20
- 2 – SM57 – Clean – EQ à midi – Rev 400:15
- 3 – SM57 – GAIN1 à 2 – EQ à midi – Contour à 4 – Rev 400:20
- 4 – SM57 – GAIN1 à 5 – EQ à midi – Contour à 4 – Rev 400:23
- 5 – SM57 – GAIN1 à 10 – EQ personnalisée – Contour à 4 – Rev 400:46
- 6 – SM57 – GAIN1 à 2 GAIN2 à 2 – Contour à 4 – Rev 200:23
- 7 – SM57 – GAIN1 à 5 GAIN2 à 5 – Contour à 4 – Rev 200:24
- 8 – SM57 – GAIN1 à 5 GAIN2 à 10 – Contour à 2 – Rev 200:26
- 9 – SM57 – GAIN1 à 10 GAIN2 à 5 – Contour à 1 – Rev 600:43
Le canal clair se montre très « droit », et je n’ai pas réussi à le faire cruncher, même légèrement, en montant le volume. Cela s’avère plutôt être un atout, car il offre une base parfaitement « propre » pour accueillir des pédales. L’égalisation à deux bandes est également suffisante, puisque la réponse en fréquences est déjà bien équilibrée lorsque les potentiomètres sont positionnés à midi.
Le premier canal saturé se montre très progressif. Concrètement, jusqu’à la moitié de la course du potentiomètre, on obtient tout au plus un léger crunch, dont le rendu est particulièrement agréable grâce à la compression naturelle qui l’accompagne. En poussant le gain au maximum, on découvre un crunch très « british », avec beaucoup de caractère, capable de percer facilement dans le mix d’un groupe. Le grain possède un côté légèrement « fuzzy », un peu agressif, mais qui reste musical et parfaitement adapté à un style rock au sens large du terme.
En activant le second canal saturé, on combine alors deux étages de saturation. Cela signifie que modifier le gain du premier canal influence directement le son du second. Ce canal supplémentaire agit comme un crunch survitaminé, idéal pour alterner entre un son rythmique et un son solo. Il permet également d’atteindre des niveaux de saturation suffisants pour jouer quelques riffs de métal. Cependant, même en poussant les deux gains pour obtenir des saturations généreuses, je ne pense pas que cet Ashdown soit vraiment la meilleure « machine à riffs » pour ceux qui recherchent un grain moderne.
Le potentiomètre CONTOUR joue également un rôle clé dans le façonnage du son, modifiant l’ensemble de l’égalisation. Il permet d’obtenir un son plus rond et riche en basses et bas médiums en début de course, jusqu’à un son plus tranchant et affûté en fin de course. Je l’ai trouvé particulièrement utile pour adoucir le côté fuzzy, évoqué plus tôt, qui se fait davantage sentir lorsque les gains sont poussés. Ce potentiomètre est aussi très pratique pour ajuster l’égalisation en fonction des caractéristiques de la guitare utilisée. Par exemple, l’Ibanez RGD utilisée dans ce test a naturellement une belle bosse dans les bas médiums, et ce potentiomètre m’a permis de « l’aplatir » pour obtenir un son plus équilibré.
Du bon, mais aussi du moins bon
Tout comme son petit frère, le 50H offre la possibilité de s’enregistrer sans utiliser de micro. Pour ce faire, Ashdown propose deux sorties : LIVE et DEAD. La première permet de préserver le signal d’origine dans l’enceinte, et la seconde permet de s’enregistrer en silence. Toutefois attention, la SX-50H ne possède pas de loadbox, ce qui signifie qu’il faudra toujours garder une enceinte connectée à l’ampli. Avant tout commentaire, voici une prise effectuée en me branchant directement à ma carte son :
Comme lors du test du SX-5H, le rendu pose question. En effet, Ashdown affirme que ces deux sorties sont filtrées et émulent la réaction d’un haut-parleur Celestion Alnico. Pourtant, il faut bien admettre que le son se rapproche davantage d’une sortie non filtrée, derrière laquelle il serait tout à fait possible de rajouter sa propre simulation. Il n’y a d’ailleurs aucun bouton permettant d’activer ou de désactiver cette fameuse simulation du Celestion, ce qui me pousse à conclure que si Ashdown avait pour objectif de proposer une sortie dédiée à l’enregistrement « plug’n’play », à brancher directement dans une carte son ou une table de mixage, le résultat est malheureusement raté.
S’agissant de l’atténuateur intégré, nommé STEALTH, celui-ci propose deux modes de fonctionnement : STAGE et STUDIO. Dans le premier cas, il est tout simplement désactivé, et autant vous dire que 50 watts à lampes, c’est puissant, très puissant ! Cependant, j’ai trouvé que le mode STUDIO reste bien trop nerveux et ne réduit pas suffisamment la puissance pour une utilisation dite « studio », ce qui est bien dommage, car on aimerait pouvoir pousser davantage les Masters sans y perdre ses oreilles.
Curieux de voir comment l’ampli réagirait avec un clean boost en façade, j’ai utilisé le Spark Mini Booster de TC Electronic pour obtenir un surplus de niveau en entrée. J’ai également connecté l’ampli à mon Torpedo Live pour pouvoir pousser les volumes plus librement. Voici ce que j’ai obtenu :
- 11 – Torpedo – Clean sans et avec boost00:38
- 12 – Torpedo – Gain1 à 6 sans et avec boost – Master 500:48
- 13 – Torpedo – Gain1 et 2 à 6 sans et avec boost – Masters 500:49
Le canal clair est surprenant par sa capacité à rester « droit » malgré l’ajout de décibels supplémentaires. Quant aux canaux saturés, ils réagissent très bien à ce surplus de gain à l’entrée. Ainsi, avec un simple clean boost bon marché comme ce Spark Mini Booster, il est facile de se créer un étage de saturation supplémentaire.
Enfin, je vous propose d’écouter un dernier extrait où j’ai augmenté le niveau de la réverbe numérique intégrée. Celle-ci s’avère plutôt convaincante, offrant un rendu naturel. Toutefois, son utilisation reste limitée à une réverbe standard, sans permettre d’explorer des sonorités plus expérimentales, mais est-ce vraiment ce qu’on lui demande ?