La marque britannique Ashdown, réputée pour ses amplificateurs de basse et de guitare, a récemment enrichi sa gamme avec plusieurs nouveaux modèles. Parmi eux, on retrouve la tête d'ampli de 5 watts, la SX-5H, que nous allons décortiquer en détail dans ce test.
Présentation
La SX-5H fait partie d’une nouvelle série d’amplificateurs d’Ashdown, qui met en avant une approche mêlant tradition et modernité. Dans cette série, on trouve également un modèle combo pour les musiciens recherchant un tout-en-un, ainsi qu’une version plus puissante, la SX-50H, qui, comme son nom l’indique, délivre une puissance de 50 watts. Un test de ce modèle plus puissant sera proposé prochainement, pertinent pour ceux qui souhaitent un son plus ample avec plus de headroom et quelques canaux supplémentaires.
Ainsi, la SX-5H est une tête monocanal tout lampes de 5 watts, équipée d’une 12AX7 pour le préampli et d’une EL84 pour l’étage de puissance. Grâce à sa puissance relativement faible, ses dimensions restent compactes (220 × 435 × 240 mm) et son poids raisonnable, autour de 9 kg, ce qui en fait un ampli compact, à la manière des formats lunchbox. Elle est donc idéale pour les musiciens qui ont besoin d’un ampli facile à déplacer, que ce soit pour des répétitions ou des petites scènes.
En tant qu’ampli monocanal, ses fonctionnalités restent simples, avec une égalisation 3 bandes (basses, médiums, aigus), un contrôle de gain, et un master volume. Néanmoins, Ashdown a ajouté quelques fonctionnalités modernes qui viennent enrichir l’expérience utilisateur. En plus de la réverbe numérique ajustable via un potentiomètre dédié, la SX-5H permet de brancher une source audio externe via une entrée LINE IN. Cette dernière offre la possibilité de jouer par-dessus la musique de son choix, et le niveau peut être réglé via le contrôle MIX. Toutefois, il faut garder à l’esprit que le rendu sera mono.
À l’arrière, on trouve une boucle d’effets en série, deux sorties pour enceintes (8 et 16 ohms), ainsi qu’une sortie RECORD OUT. La sortie RECORD OUT peut être couplée avec l’option « Speaker Mute », dont le bouton est situé en façade et qui permet de couper le son de l’enceinte. Ce dernier fonctionne également avec la sortie casque, elle aussi en façade, ce qui en fait un atout pour les sessions silencieuses. On reviendra sur la qualité de ces sorties plus loin dans ce test.
Autre particularité de la SX-5H, le switch STEALTH active un atténuateur de puissance. Ashdown précise que ce mode bénéficie d’un traitement qui compense les éventuelles pertes tonales dues à la réduction du volume.
Bien que conçue en Angleterre, la SX-5H est fabriquée en Chine. Cependant, la qualité de fabrication semble très correcte, avec une finition robuste et un design traditionnel plutôt réussi. De plus, dans une démarche qui s’inscrit dans une philosophie plus durable, la marque souligne que cet ampli, comme d’autres de ses modèles, est facilement réparable grâce à un accès simplifié à l’électronique. Le prix de vente constaté lors de la rédaction de ce test est de 499 euros, ce qui place cet ampli dans une gamme de prix plutôt accessible pour un modèle tout lampes agrémenté de quelques fonctionnalités annexes destinées à la pratique quotidienne.
Simple et efficace
La SX-5H est une tête d’ampli qui va à l’essentiel et dont la prise en main est immédiate. En effet, il n’y a même pas de switch pour le standby. Cependant, cette simplicité n’empêche pas une certaine polyvalence, à explorer principalement via le potentiomètre de gain. Ce dernier permet à l’ampli de passer facilement d’un son presque totalement clair à des crunchs plus généreux, tout en restant dans une esthétique sonore très « british ». En revanche, si vous comptez l’utiliser dans un groupe de black metal aux influences scandinaves, il faudra penser à l’associer à quelques pédales ou autres équipements extérieurs pour obtenir un gain suffisant… ou partir sur totalement autre chose. Le SX-5H est clairement un ampli conçu pour un univers rock.
Pour illustrer cela, je vous propose d’écouter quelques extraits capturés avec un micro Shure SM57 placé devant une enceinte Ashdown SX-112A (Celestion Seventy 80) :
- 1 – SM57 – Gain 2 – Master 4 – Rev 100:21
- 2 – SM57 – Gain 5 – Master 4 – Rev 100:39
- 3 – SM57 – Gain 8 – Master 4 – Rev 100:31
- 4 – SM57 – Gain 6 – Master 4 – Rev 400:34
- 5 – SM57 – Gain 2 – Master 4 – Rev 800:22
La SX-5H ne déçoit pas. Elle délivre des sonorités convaincantes avec un grain intéressant, notamment lorsque le gain est poussé. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est que ça sonne déjà très bien avec une égalisation neutre, c’est-à-dire tous les réglages d’égalisation à midi. D’ailleurs, les basses sont plutôt généreuses pour un ampli orienté « british ». La réverbe intégrée est pratique et offre un rendu agréable, bien qu’elle ne soit pas particulièrement taillée pour des sons expérimentaux ou ambiants. En poussant un peu le niveau de réverbe, on peut tout de même obtenir des sonorités moins conventionnelles. Pour des effets plus complexes, la boucle d’effets vous permettra d’ajouter vos propres pédales, et on apprécie qu’Ashdown n’ait pas négligé cet aspect.
J’ai ensuite voulu tester la sortie RECORD OUT, directement reliée à ma carte son. La marque indique que cette sortie est équipée d’un filtre qui simule un haut-parleur Celestion Alnico. Voici ce que ça donne :
- 6 – REC OUT – Gain 2 – Rev 2 – Master 600:41
- 7 – REC OUT – Gain 7 – Rev 2 – Master 600:43
J’imagine que, comme moi, vous êtes surpris par la mauvaise qualité de cette sortie. Clairement, ce n’est pas à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’une sortie dédiée à l’enregistrement pour un ampli vendu en 2024. Il aurait été judicieux de proposer un switch permettant de désactiver cette simulation de haut-parleur, ou mieux encore, de ne pas l’intégrer du tout. Avec les nombreuses solutions existantes aujourd’hui, qu’il s’agisse de pédales ou de plugins (payants ou gratuits), laisser l’utilisateur appliquer sa propre simulation d’enceinte aurait eu du sens. En somme, c’est un mauvais point pour Ashdown. J’ai également testé la sortie casque, et malheureusement, le résultat est assez similaire : un son « fuzzy », comme mal filtré, ce qui est vraiment dommage.
J’ai ensuite branché la tête dans un système de simulation d’enceinte plus qualitatif, le Torpedo Live, associé à une enceinte Victory Duchess 2×12. Cette configuration s’accorde parfaitement avec l’esthétique sonore de la SX-5H :
- 8 – Torpedo Live – Gain 2 – Rev 0 – Master 600:23
- 9 – Torpedo Live – Gain 5 – Rev 0 – Master 600:33
- 10 – Torpedo Live – Gain 8 – Rev 0 – Master 600:29
- 11 – Torpedo Live – Gain 6 – Rev 3 – Master 6 – EQ en V00:58
- 12 – Torpedo Live – Gain 2 – Rev 6 – Master 6 EQ en V00:34
- 13 – Torpedo Live – Gain 4 – Rev 6 – Master 600:25
- 14 – Torpedo Live – Gain 10 – Rev 2 – Master 6 EQ en V00:26
Dans ces conditions, l’ampli retrouve tout son potentiel avec un caractère bien marqué lorsque le gain est poussé, ainsi qu’une légère compression naturelle très agréable sous les doigts. J’ai particulièrement apprécié pousser le gain, mais j’ai trouvé qu’à son maximum, le grain devenait un peu plus « fuzzy » et perdait légèrement en définition. Selon les goûts, cela peut être une qualité ou un défaut. Toutefois, si je devais être vraiment tatillon, je dirais qu’une marge légèrement supérieure dans le réglage du gain aurait été la bienvenue. Non pas pour jouer du métal, mais plutôt pour obtenir un son « high gain » plus assumé, offrant plus de puissance tout en conservant la clarté du signal.
J’ai également testé l’atténuateur de puissance dont la vraie utilité est celle de pouvoir pousser le master et donc faire davantage travailler l’électronique sans y perdre ses oreilles et la cordialité de ses voisins. Voici des extraits avec l’atténuateur activé :
La compensation évoquée par Ashdown semble bien fonctionner, et permet de préserver le caractère sonore original de l’ampli. Cela dit, même sans atténuation, les 5 watts de la SX-5H offrent une montée en volume progressive, ce qui est très appréciable pour trouver facilement un niveau sonore adapté à une utilisation quotidienne. Pour aller plus loin, j’ai branché l’ampli sur une enceinte Ashdown SX-212A (équipée de Celestion 80), et en poussant le master, il devient évident que cette tête peut tenir le coup en conditions réelles, même avec un batteur.
Enfin, pour terminer, j’ai voulu écouter la réaction de l’ampli avec un clean boost en façade, en utilisant la Spark Mini de TC Electronic. Le résultat est convaincant : l’ampli gère bien l’augmentation de gain, ce qui ouvre quelques possibilités supplémentaires en termes de polyvalence si comme moi, vous trouvez qu’il manque quelques crans au potentiomètre de saturation.