Il y a trois ans, Universal Audio sortait l’Apollo Twin, version desktop et compacte mais aussi moins onéreuse de leur interface audio star Apollo.
Entre-temps sont sorties les Apollo 8 (mi-2015) succédant aux Apollo originales (2012), une Apollo Twin USB 3 (début 2016) pour Windows et une mise à jour 9.0 du logiciel (en novembre dernier) rendant compatible toutes les interfaces Thunderbolt avec le dernier OS de Microsoft. 2017 marquera la sortie de la Twin MkII, version remise au goût du jour et aux quelques ajouts bienvenus.
Après les Apollo « rack », c’est donc assez logiquement à la petite Twin de recevoir un coup de jeune bien mérité. À l’instar de l’Apollo 8, La Twin MkII change de couleur afin d’adopter un gris plus foncé, mais pas aussi sombre que la version rack, se mariant ainsi parfaitement avec les nouveaux MacBook Pro (ce qui n’est sûrement pas un hasard !). Cette nouvelle finition est vraiment très réussie et même si le design ne change pas, le résultat est classe.
Un petit trou
Les dimensions restent donc les mêmes, et côté connectique c’est rigoureusement identique, à savoir deux entrées combo XLR/Jack TRS, une entrée instrument, deux paires de sorties ligne Jack TRS, une sortie casque, une entrée S/PDIF ou ADAT TOSlink, et malheureusement toujours qu’une seule prise Thunderbolt et une alimentation externe obligatoire.
Si on comprend que techniquement les DSP consomment trop pour que la Twin soit auto-alimentée, cela reste un point négatif par rapport à certaines concurrentes, comme la Babyface Pro de RME par exemple. L’absence de deuxième port Thunderbolt est aussi handicapante avec certains MacBook dotés d’une seule prise. Il faudra alors acheter un dock Thunderbolt afin de brancher d’autres périphériques (écrans, disques durs) utilisant cette connectique. C’est d’autant plus dommage qu’il est désormais possible de chaîner et mettre en réseau jusqu’à 4 Apollos et 6 appareils UAD-2, afin de rajouter des E/S et des DSP à son système.
Si l’on prête bien attention à l’interface, on peut apercevoir un tout petit trou situé juste sous le gros encodeur central. C’est l’une des grosses nouveautés de la Twin MkII : un micro de talkback ! Il sera ainsi possible de parler à ses musiciens sans avoir à brancher quoi que ce soit. La chose est en plus assez bien intégrée dans la console virtuelle, avec un fader et un bouton Talk, des envois et même des inserts ! On pourra aussi régler les niveaux d’envoi du micro talkback dans les différents « Cue » et choisir d’envoyer aussi le signal du micro dans les enceintes de monitoring, mais attention au larsen ! Évidemment, un bouton « Talkback » permettant d’activer le micro (avec un appui long – le talkback se désactivant quand on relâche le bouton – ou court – le talkback restant actif jusqu’à ce qu’on réappuie dessus) apparait sur la Twin, ainsi qu’une petite brochette d’autres fonctions associée au monitoring. On retrouve ainsi un dim, un mono, un mute, un Alt (pour passer sur une deuxième paire d’enceintes) et un FCN (notamment pour commander certaines fonctions des autres Apollo en réseau). Ces ajouts sont aussi les bienvenus !
Pour en finir avec les nouveautés, il est à noter qu’une version « Quad » est désormais disponible, ce qui n’est pas du luxe vu la consommation CPU des derniers plug-ins. On pourra donc commencer à mixer avec des plugs UAD un peu plus confortablement qu’avec une Duo, même si ce n’est pas encore la panacée. UA doit vraiment trouver une solution pour ses DSP et changer de génération s’il le faut. Ce n’est pas comme si on le disait depuis plusieurs années maintenant… Côtés convertisseurs, la Twin subit elle aussi une mise à jour et adopte les mêmes que l’Apollo 8, ce qui est une très bonne nouvelle vu que cette dernière a des performances audio irréprochables.
Mais nous allons quand même vérifier tout cela !
Benchmark
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence, et nous avons obtenu (en 96 kHz) 1,71 ms en entrée et 0,63 ms. Rien à redire là-dessus, c’est parfait !
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces que nous avons précédemment testées.
Voici les résultats obtenus avec les niveaux ligne :
Avec une déviation de ±0,052 dB, le résultat reste très légèrement en dessous de l’Apollo 8 (±0,019 dB), mais il reste très bon et au-dessus de la Metric Halo ULN-8 (±0,06 dB), l’Apogee Ensemble (±0,087 dB), la Fireface 802 (±0,063 dB) et la Crimson de SPL (±0,073 dB). À noter que la Babyface Pro fait légèrement mieux (±0,021 dB), l’UFX+ (±0,023 dB), la Zen Tour (±0,032 dB) et l’Orion Studio (±0,037 dB) aussi. Rappelons tout de même que nous parlons ici de centièmes de dB, sur la totalité du spectre. Je mets au défi n’importe quelle chauve-souris de faire la différence en test ABX !
Concernant la distorsion, elle ne dépasse qu’une seule fois les 0,002 %, en bout de spectre. C’est donc un très bon résultat, la Twin MkII se place dans le peloton de tête de ce que nous avons pu tester jusqu’ici.
Passons maintenant aux préamplis, qui offrent 65 dB de gain et sont contrôlés numériquement.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation reste au même niveau, ±0,054 dB, ce qui prouve que les préamplis embarqués sont très transparents. Un très bon point ! Quant à la distorsion, elle ne s’élève que très peu, à 0,003 %, ce qui est aussi de très bon augure. Côté rapport signal/bruit, le résultat obtenu, 106 dB, est lui aussi très bon, très légèrement en dessous de l’Apollo 8 (108 dB), mais au-dessus de beaucoup d’autres (Apogee Ensemble – 105 dB, Zen Studio — 101 dB, Fireface 802 — 102 dB, SPL Crimson — 101 dB, Metric Halo ULN-8 — 100 dB).
Si les résultats sont un cheveu en dessous de l’Apollo 8, ils demeurent très bons et dans le haut du panier des interfaces audio que nous avons pu tester jusqu’ici.
Conclusion
À l’instar de l’Apollo 8, les nouveautés apportées par la Twin MkII ne sont pas renversantes, l’originale étant déjà une très bonne interface, mais elles demeurent non négligeables. On pense forcément au micro talkback, aux nouveaux convertisseurs, au modèle Quad mais aussi aux nouveaux petits boutons (mute, mono, dim…) de la section de monitoring. Ajoutez à cela des performances audio au top et une compatibilité Windows et Mac OS, et on aurait presque envie d’oublier que l’interface n’a qu’un seul port Thunderbolt, qu’elle n’est pas auto-alimentée ou encore que les DSP UAD-2 ont maintenant plus de 8 ans ! Quoi qu’il en soit, cette Apollo Twin mérite désormais ses 4,5 étoiles.