Voilà, c’est au tour de Focusrite de se jeter dans le grand bain des interfaces audio Thunderbolt. Pour l’occasion, ils sortent une nouvelle série, toujours aux couleurs chères à la marque, mais avec un prénom différent : Clarett.
Le catalogue de Focusrite commence à s’étoffer sérieusement. Après les interfaces audio iOS avec la série iTrack, USB avec les Scarlett, FireWire avec les Saffire, Ethernet avec les RedNet, voici venir les Clarett, dotées du fameux connecteur.
Comme c’est la mode aujourd’hui, Focusrite sort donc ses interfaces audio Thunderbolt, promettant des latences très basses, des nouveaux préamplis et des convertisseurs convertissant plus blanc que blanc. La famille des Clarett est d’ailleurs déjà assez nombreuse, avec la 2Pre, la 4Pre, la 8Pre et la 8PreX proposant respectivement 10 entrées/4 sorties, 18 entrées/8 sorties, 18 entrées/20 sorties et enfin 26 entrées/28 sorties. La 8Pre est celle qui nous intéresse aujourd’hui, avec ses 8 préamplis micro casés dans un rack 1U.
En rouge et noir
Nous en avons désormais l’habitude avec Focusrite, la Clarett est toute de rouge métallisé vêtue. Les potards et les switchs inspirent vraiment confiance, et offrent une résistance parfaite.
Pour commencer, signalons que la marque a eu la bonne idée de laisser les deux premières entrées micro/ligne au format combo XLR/Jack TRS à l’avant, chose fort pratique au quotidien. Les 6 autres connecteurs se situent donc à l’arrière, mais heureusement, les 8 potards de gain résident sur la face avant, ainsi que les deux switchs pour l’alimentation fantôme (1 à 4 et 5 à 8). Située juste en dessous de chaque potard, une série de LED confirmera à l’utilisateur l’activation du mode AIR (voir encadré).
La partie droite est occupée majoritairement par 10 bargraphes à LED de 6 segments pouvant afficher les niveaux entrant dans les 8 entrées analogiques et le niveau émanant des sorties enceintes. On retrouve d’ailleurs juste à côté un potard pour le niveau de sortie, surplombant les très pratiques switchs DIM et MUTE. Enfin, nous retrouvons les deux sorties casques, disposant toutes les deux d’un potard de volume.
À l’arrière, on admire la palanquée de connecteurs, avec les 6 autres entrées analogiques au format XLR/Jack TRS, les 4 paires de sorties stéréo au format Jack TRS en plus de la paire pour les enceintes, le Word Clock au format BNC, l’entrée et la sortie ADAT au format TOSlink, l’entrée et la sortie MIDI au format DIN 5 broches, l’entrée et la sortie S/PDIF au format coaxial et enfin le connecteur Thunderbolt. Dommage qu’il n’y en ait qu’un seul, il sera impossible de chaîner la Clarett avec un autre périphérique Thunderbolt, tel qu’un écran ou un disque dur, par exemple. Enfin, l’alimentation a le bon goût d’être interne, donc pas de bloc secteur qui traine sous les pieds.
J’exilerai ma peur
Sous Mac, vous n’aurez qu’un seul petit bout de logiciel à installer pour profiter pleinement de la Clarett. Sous Windows, il faudra patienter un petit peu, car l’interface n’est pas encore compatible. Mais ça va venir, d’après le constructeur.
On ouvre donc le logiciel « Focusrite Control » et on se retrouve devant une fenêtre sombre nous proposant d’accéder aux réglages de l’interface et à la partie mixage/routing.
La première page nous permet de changer la fréquence d’échantillonnage, la source de l’horloge et la source du S/PDIF (RCA ou optique). On pourra aussi changer la portée du potard Monitor, qui affectera soit les sorties 1 à 2, les sorties 1 à 4, 1 à 6, toutes ou aucune. C’est ici que l’on activera le mode AIR sur les 8 entrées disponibles, ainsi que le mode line ou instrument sur les deux premières entrées.
J’irai plus haut que ces montagnes de douleur
La partie mixage est assez originale, mais finalement simple à appréhender. Sur la colonne de gauche sont disposées verticalement les sorties (les 4 paires analogiques, les numériques et le loopback pour renvoyer le signal dans la STAN), avec la possibilité de sélectionner la source (mix personnel ou un retour de la STAN).
Suivant la sortie sélectionnée à gauche, vous aurez accès aux entrées et retour de la STAN à droite. Il sera possible de n’afficher que certaines entrées (analogiques ou numériques) et certains retours, afin de faciliter la lisibilité du mixage.
À l’usage, Focusrite Control est très simple et on prend rapidement ses marques. On regrettera seulement l’absence de tout traitement, comme un égaliseur, un compresseur ou encore une réverbe. Dommage, car certains concurrents le font.
Benchmarks
Après avoir branché la Clarett 8pre sur notre MacBook, nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons), et nous avons obtenu une latence d’entrée de 1,22 ms et une latence de sortie de 0,80 ms (en 96 kHz). Ces résultats sont excellents et restent dans la moyenne de ceux obtenus avec les dernières interfaces Thunderbolt testées (1,63 ms en entrée et 0,54 ms en sortie pour l’Apollo 8, 0,79 ms en entrée et 0,46 ms en sortie pour la MOTU 1248 et 0,83 ms en entrée et 0,81 ms en sortie pour l’Ensemble de Apogee).
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Le Clarett commence très bien avec une déviation de ±0,054 dB, ce qui est du niveau de la Fireface 802 (±0,063 dB) et de la Metric Halo ULN-8 (±0,06 dB), mais un peu en dessous de l’Apollo 8 (±0,019 dB), qui coûte plus du double soit dit en passant. Ce résultat est donc largement à la hauteur de nos espérances, surtout pour une interface Thunderbolt avec 8 préamplis placée tout juste en dessous de la barre des 1000 €.
Pour ce qui est de la distorsion, c’est moins bon que l’Apollo 8 (moins de 0,002 %) ou la Fireface 802 (moins de 0,005 %), mais tout à fait honorable pour le prix, avec un ratio ne dépassant jamais les 0,01 %.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation est encore meilleure, avec ±0,036 dB, un résultat vraiment très bon compte tenu du prix de l’interface. La distorsion a le bon goût de rester elle aussi assez faible, avec seulement quelques pics dans le haut du spectre dépassant les 0,005 %. Comme pour les résultats précédents, cela ne fait pas de l’ombre aux meilleures interfaces que nous ayons testées et qui coûtent deux à trois fois plus cher, mais c’est un très bon rapport performances/prix.
Enfin, les préamplis, qui offrent jusqu’à 57 dB de gain, sont assez silencieux, avec un rapport signal/bruit de 105 dB lorsque le gain est placé sur 34 dB. C’est mieux que certaines interfaces plus onéreuses (Fireface 802, ULN-8, Zen Studio) et aussi bien que l’Apogee Ensemble Thunderbolt.
Les résultats de ces benchmarks sont donc excellents pour le prix, même si on aurait aimé avoir peut-être un peu plus de gain… Mais c’est vraiment pour chipoter.
Elle ne manque pas d’AIR
La Clarett intègre une fonction dénommée « AIR », qui est sélectionnable individuellement sur chaque entrée et qui modifie la réponse en fréquences du préampli intégré afin de modéliser les caractéristiques des préamplis ISA à transformateur de la marque. Concrètement, cela booste les hautes fréquences à partir de 1 kHz (et jusqu’à + 2,2 dB à 10 kHz) et diminue les basses fréquences en dessous de cette même fréquence (jusqu’à –2 dB à 30 Hz). Il est à noter que cela ajoute aussi de la distorsion dans le bas et le milieu du spectre.
Voici la réponse en fréquences et la distorsion avec (bleu) et sans (rouge) la fonction « AIR » :
Conclusion
Focusrite propose une interface dotée de 8 préamplis sous la barre des 1000 € avec de très bonnes performances audio. La finition est irréprochable et le logiciel Focusrite Control est bien pensé et simple à comprendre. Le Thunderbolt offre une latence très basse, même si on aurait aimé avoir un deuxième port afin de chaîner l’interface avec d’autres périphériques, et la fonction AIR est intéressante, même si on aurait apprécié avoir quelques traitements internes. À part ça, pas grand-chose à reprocher à cette Clarett, surtout quand elle sera compatible Windows… Le plus rapidement possible, on l’espère !