Depuis l’apparition de la MPC Renaissance en 2012, Akai a emprunté le chemin de l’hybridation machine/machine, pardon de l’hybridation hardware/software. Le moins que l’on puisse dire est que cette décision industrielle a provoqué de nombreux remous parmi les adeptes de la marque, et notamment ceux attachés à la MPC des origines, la machine emblématique notamment de l’émergence de la culture hip-hop. Il y a un an et demi, je testais ici même la MPC Touch, alors l’ultime itération de cette tendance, et les commentaires de l’époque allaient bon train dans le sens du « mais quand donc Akai nous reproposera-t-il du hardware, scrogneugneu ? ». Il semblerait bien que le fabricant japonais ait entendu le message, car au mois de janvier de cette année, ce sont même deux nouvelles machines un peu particulières que la marque a mises sur le marché, j’ai nommé le vaisseau amiral MPC X et la MPC Live, aux tarifs respectivement de 2169 € et de 1199 €. Qu’ont-elles de particulier ? Eh bien l’une comme l’autre est pensée pour pouvoir à la fois travailler en connexion avec un ordinateur... ou de manière totalement autonome !
La MPC Live testée ici est en fait l’évolution directe de la MPC Touch évoquée plus haut. Ces deux machines partagent énormément de points communs. Je vous propose donc ici un test un peu particulier. J’ai déjà en effet présenté la grande majorité des fonctionnalités communes à ces deux appareils dans l’article sur la MPC Touch, que je vous invite à lire si cela vous intéresse. Ici je soulignerai bien entendu les particularités de la MPC Live au regard de son aînée. Mais au-delà de ça, je m’attacherai principalement à vous faire partager un processus créatif, avec les qualités et les défauts de l’appareil à chaque étape de l’aventure. Allons-y !
1re rencontre
Eh bien voilà, elle est arrivée, devant moi, magnifique dans sa belle robe noire et ses pads qui s’illuminent de mille feux dès que l’on enfonce son petit bouton situé à l’arrière. Sans compter son bel écran tactile d’environ 7 pouces, parfaitement lisible quel que soit l’angle de vue que l’on adopte. Il convient toutefois de rester dans un environnement intérieur. Lors du test de la MPC Touch l’année dernière j’avais en effet déjà souligné qu’il est plus compliqué de distinguer quoi que ce soit en plein soleil, et ce malgré un chiche réglage « nuit » ou « jour » disponible dans les paramètres système de la machine. Mais ne nous formalisons pas plus que de raison : l’un comme l’autre de ces appareils n’est guère destiné à l’usage en plein air.
C’est bien plus dans le confort d’un studio que l’on trouvera usage à cette machine. Et en live.
Pour le moment, intéressons-nous à sa présentation extérieure.
Il s’agit d’un beau bébé de 424×224×69 mm, pour un poids de 2,7 kg. Globalement, l’on retrouve en termes de commandes tout le layout de la MPC Touch. Tout d’abord, à gauche de l’écran susmentionné, l’on trouve bien entendu les 16 pads de la catégorie des « Thick Pads » chers à Akai, à la fois sensibles à la vélocité, à l’aftertouch par canal ou polyphonique et rétroéclairés, pouvant être virtuellement multipliés par 8 banques, lesquelles sont appelables par les huit boutons situés au-dessus des pads. Les quatre boutons de banques inférieurs servent également à activer certaines fonctions de jeu comme le « note repeat » ou le « full level », niveau de vélocité maximal, très utile par exemple lors de la programmation d’une rythmique électro sans variation de volume.
À la droite de l’écran, on retrouve les quatre boutons rotatifs « q-link » non crantés et sensibles au toucher, qui à l’instar des pads peuvent être virtuellement multipliés par plusieurs banques. Elles sont ici au nombre de quatre et sont accessibles via le bouton q-link situé au-dessus des rotatifs. Toujours comme sur la MPC Touch, un cinquième rotatif, quant à lui cranté, cliquable et non-sensible au toucher vient servir de principal outil de navigation et de sélection. Enfin sous l’écran, on retrouve les principales commandes de transport et d’édition.
Mais c’est à l’arrière que les différences avec son aînée sont les plus visibles. En effet, la MPC Live propose une sortie casque stéréo mini-jack, six sorties jack 6,35 mm mono (contre deux pour la Touch), 2 entrées au même format, une entrée stéréo phono (absente de la Touch), 2 entrées et 2 sorties MIDI au format DIN (contre une entrée et une sortie au format mini-jack pour la Touch), et enfin un slot pour carte SD et deux prises USB 3 de type A pour brancher aussi bien des unités de stockage externe que des contrôleurs supplémentaires. La connexion à l’ordinateur se fait également en USB 3 via une prise de type A. Enfin, un bouton de mise sous tension et une fente Kensington viennent compléter le layout de la face arrière de la machine.
Si tout le reste de l’appareil respire une qualité de fabrication certaine, ce bouton peut sembler un peu fragile. Seul le temps sera juge. Enfin, on signalera la petite trappe sous l’appareil qui permet d’accéder physiquement au disque dur interne et de le remplacer éventuellement contre n’importe quel autre disque dur SATA.
On démarre
Comme je vous l’ai annoncé en introduction, la MPC Live s’utilise aussi bien conjointement à un ordinateur que de manière autonome, en standalone. Et moi, c’est précisément cette particularité-là que je souhaite explorer en premier lieu.
Alors trêve de bavardage, pressons le bouton de démarrage de la bête. Après une bonne quinzaine de secondes de démarrage et le pressage d’un bouton virtuel sur l’écran tactile qui nous incite à confirmer notre volonté d’allumer la bestiole (faute de quoi la machine se ré-éteint toute seule), nous retrouvons le même écran principal que la MPC Touch.
Me trouvant donc en terrain connu, je me mets immédiatement à l’œuvre. Allez, on fait dans le classique, on se programme une petite rythmique pour commencer. Je configure la première track de la première séquence afin qu’elle accueille un « drum program », et j’ouvre le browser pour choisir mon kit de batterie. Je ne m’étendrais pas non plus sur les caractéristiques du browser. Comme je l’ai déjà dit — et promis je ne le répéterai plus — vous pourrez les trouver ainsi que celles de la majorité des fonctionnalités de la Live dans le test de la Touch. Et en ce qui concerne le browser de la Live, on est un peu déçu : rien n’a changé depuis la Touch ! Alors ce n’est pas catastrophique, hein, mais l’absence de tags qui était déjà peu excusable fin 2015 l’est encore moins à la mi-2017, sans parler de l’absence de dossier par type de son. Finalement, il s’avérera que l’absence de tags ne concerne que l’affichage du browser sur l’écran de la MPC (en mode standalone comme en mode controller). En effet, le browser du soft MPC sur l’ordinateur permet l’affichage et la gestion par tags. On peut espérer donc que tout ceci ne soit qu’une question de mise à jour du firmware de la machine. Heureusement que les noms des fichiers sont bien labellisés, et que l’on dispose d’une fenêtre de recherche dans laquelle on peut taper le nom. Alors on se dit que comme sur la Touch, il faudra simplement que l’on veille à bien organiser ses fichiers… Oui sauf que sur la Touch, lesdits fichiers étaient stockés sur l’ordinateur, ce qui rendait leur organisation facilement réalisable. Dans le cas présent, les fichiers en question sont stockés sur le disque dur interne de la MPC… auquel on n’accède pas de l’extérieur ! Donc adieu toute velléité d’organisation. Crotte ! J’espère vraiment qu’Akai fera également évoluer cette chose-là lors d’une mise à jour du firmware, d’autant qu’au-delà de la réorganisation de fichiers, cette limitation entrave d’autres interactions MPC-ordinateur, comme nous le verrons plus loin.
Mais revenons à notre morceau.
Je finis par trouver le drum kit de mon choix, d’autant plus facilement que la fonction de pré-écoute du browser est quant à elle efficace. Les 16 sons du kit sont affectés automatiquement aux 16 pads, pas de problème, on est dans la logique MPC. Rappelons tout de même aux sound designers de chez Akai — si l’on veut être un peu taquins — que la marque a prévu 8 banques de pads, et que leurs kits de batterie pourraient profiter de cette opportunité et s’en trouver ainsi enrichis au niveau du contenu, mais ne soyons pas chiens. Les sons de chaque kit, même si peu nombreux, sont de bonne qualité. Là aussi, je reviendrai dessus plus tard.
Je règle mon métronome sur 127 (chaque séquence peut avoir son propre tempo), la durée de la séquence sur 4 mesures, et la boucle de la séquence sur l’ensemble des 4 mesures en question, ne faisons pas dans le compliqué.
Un petit paramétrage de « time correct » (l’appellation made in Akai pour la quantisation) afin de m’assurer d’être ultra-carré, « rec » pour armer, et « play start » pour enregistrer dès le début… et c’est parti ! J’enregistre la partie de grosse caisse.
Arrivée au bout des 4 mesures prévues la séquence passe automatiquement en mode « over dub, me permettant d’ajouter à la piste autant d’éléments de mon kit de batterie que je le souhaite. À ce stade, je tiens à souligner qu’en dehors de la petite déception concernant lebrowser, tout fonctionne à merveille et que je n’ai pas mis plus de 2 minutes depuis l’allumage de la machine que j’ai déjà une rythmique qui tourne.
Je décide de renommer ma track en « drums », et au moment d’utiliser le clavier virtuel qui s’affiche, une idée me traverse l’esprit : et si je tirais parti des prises USB ? Peut-être qu’un clavier d’ordi… ? Aussitôt pensé, aussitôt fait, bim je branche le clavier en question et là hourra, il est immédiatement reconnu et je peux taper le nouveau nom de ma piste avec bien plus de confort.
Et de cette première idée naît immédiatement la suivante : peut-être puis-je faire de même avec un clavier MIDI ? Parce que bon, j’aimerais maintenant ajouter une ligne de basse et j’avoue qu’autant j’apprécie les pads pour tout ce qui est rythmique, autant pour les lignes mélodiques (et encore davantage pour plaquer des accords) j’apprécie un clavier.
Je chope donc mon petit Korg Nanokey, je le branche sur la seconde prise USB de la MPC et youpi, c’est pareil, hallelujah, lui aussi est immédiatement reconnu ! Je commence à jouer sur le clavier, mais je redécouvre alors à ce moment-là que pour une raison étrange, les kits de batterie d’Akai ne bénéficient pas de la même répartition MIDI que d’autres banques de sons et qu’en conséquence l’ordre des touches du clavier ne correspond à l’ordre des pads.
Je charge sur ma seconde track un son de basse (un « keygroup » dans le langage Akai, la même chose en gros qu’un drum kit mais pour les instruments mélodiques, et réparti sur l’ensemble des 8 banques de pads cette fois), et je réitère l’expérience : là, l’ordre des pads et l’ordre des touches de mon clavier correspondent, et je joue donc bien les mêmes notes avec les deux types de contrôleurs.
Le monde extérieur
Bien, maintenant que j’ai mon petit duo batterie basse, je me dis que j’aimerais bien tester les capacités de communication externe de la bestiole. Je suis particulièrement intrigué par le logo « CV » qui apparaît sur mon écran principal parmi les différents types de tracks que je suis censé pouvoir créer… Je retourne le boîtier dans tous les sens pour m’assurer que je n’ai rien omis lors de ma première exploration extérieure de la machine. Non, c’est bien ce que je pensais, aucune trace de la moindre prise CV sur la MPC Live. Quel est donc ce mystère ? Eh bien, c’est tout simplement pour que la MPC Live puisse traiter les projets créés avec la MPC-X dont je parlais dans l’introduction de cet article, et qui dispose pas moins de huit sorties CV quant à elle. Voilà.
Donc moi, je vais devoir me contenter des sorties MIDI classiques. Pas de problème, tout en continuant à faire tourner ma séquence, je connecte la MPC en MIDI et en audio avec mon Microbrute. Et là, pendant que ma séquence tourne, j’aimerais bien faire quelques petits essais de recherche de sons sur mon Microbrute sans pour autant que cela sorte par les sorties principales de la MPC, mais plutôt par la sortie casque. Je cherche donc le moyen de configurer une sortie « cue » sur ladite sortie casque et une sortie master sur la sortie principale justement labellisée master… eh bien c’est impossible ! La sortie casque est physiquement « jumelée » avec la sortie stéréo principale (stéréo 1/2), sortie vers laquelle sont véhiculés tout ce que j’appelle les sons secondaires, à savoir par exemple le métronome et la pré-écoute des presets. Et il n’y a rien à faire à cela. Il est dommage de perdre ainsi une paire de sorties stéréo en condition de Live si l’on souhaite bénéficier d’une pré-écoute au casque.
Donc dans ma situation présente, je me trouve obligé de rerouter le signal de mes tracks préexistantes vers les sorties 3/4 de la MPC pour tester mon Micro-Brute au casque. Tant pis.
Tout en jouant du petit synthé monodique d’Arturia via mon Nanokey branché à la MPC, je récupère son signal sur une piste audio indépendante. Je décide alors d’employer la fonction looper de la MPC, afin de pouvoir superposer différentes couches d’audio et transformer artificiellement mon MicroBrute en instrument polyphonique. Ah tiens, j’ai fait une fausse note, pas grave, je dois avoir moyen de retirer la dernière couche audio… ah ben non, nous ne sommes pas ici en présence d’une RC –505 mais d’un looper plus basique qui n’autorise aucune erreur, mais permet d’autres choses comme la lecture inversée ou l’insertion de quatre effets distincts. Globalement, on peut dire qu’il s’agit d’un très bon outil.
Sculpture sonore
Au final j’obtiens une petite phrase musicale composée d’un enchaînement rythmique d’accords. Mais je ne suis pas très satisfait du placement de l’avant-dernier de ces accords. Je décide en conséquence d’éditer ma boucle pour le recaler.
Pour travailler sur un sample, il existe deux modes, le Audio edit mode et le Sample edit mode. Selon moi, les deux mériteraient d’être réunis en une seule interface, certaines fonctions comme la création de slices étant communes aux deux alors que d’autres sont réservées à un seul mode.
C’est le cas de celle qui m’intéresse ici, le warp, fonctionnalité de modification de hauteur et/ou de durée temporelle inspirée de celle du même nom que l’on trouve sur Ableton Live.
Sur la MPC Live, celle-ci se trouve dans le mode Audio edit. Grâce à elle, je peux aisément recaler la partie… « décalée » de mon fichier audio.
Sinon j’aurais également pu découper ladite forme en tranches (slices) pour les affecter ensuite aux pads au sein d’un nouveau « program », et jouer enfin la phrase musicale sur lesdits pads et selon le rythme désiré. -Le jeu sur les pads générant alors des informations MIDI, il suffit en cas de flottement rythmique d’une bonne petite quantization pour tout faire rentrer dans l’ordre.
Et puis au pire, on peut toujours fignoler en accédant à la grid view, la version Akai du piano roll que l’on retrouve sur tous les séquenceurs virtuels du marché.
D’ailleurs puisqu’on en parle, il s’avère que par rapport à ma suite d’accords au synthé nouvellement produite, ma ligne de basse n’est plus aussi pertinente qu’auparavant, et que le groove général du morceau gagnerait à ce qu’elle soit légèrement modifiée.
Ça rolle
Mon but est de déplacer tous les Mi de la seconde octave pour les décaler par rapport à mes accords. Rien de plus simple : une pression sur le pad correspondant et les notes sont immédiatement sélectionnées sur l’écran. Malheureusement cela ne fonctionne pas avec un contrôleur externe, alors que le son est pourtant produit et que le pad correspondant s’allume de la même manière que s’il avait été lui-même enfoncé. Tant pis.
Le déplacement des notes en question se fait ensuite très facilement via l’option « nudge » et le gros bouton rotatif. Je décide en plus de cela d’en choisir quelques-unes pour les raccourcir. Mais malheureusement, si je peux choisir tous les événements situés sur une même hauteur de note comme nous l’avons vu, ou encore encadrer d’un tracé du doigt toute une région donnée, je ne peux pas choisir plusieurs notes isolées simultanément. Il faudra donc intervenir individuellement sur chacune d’entre elles. Dommage.
On regrettera également de ne pouvoir accéder ici directement qu’au paramètre de vélocité. Impossible de régler l’intensité de l’aftertouch, par exemple. Mais on peut y accéder dans la version logicielle.
Arrivé à ce stade de ma production, je ne suis pas encore totalement satisfait de cette fichue ligne de basse. En effet, l’attaque du son me semble un peu trop franche.
Dans le cambouis…
Direction donc la section « program edit », dans laquelle je peux modifier tous les paramètres sonores que je souhaite au sein des instruments et « drum kits » d’Akai, mais également au sein des plug-ins tiers (dans le cas de l’emploi de la MPC comme contrôleur), ce qui s’avère être absolument cool.
Par contre, je ne comprends pas tout de suite : j’ai modifié mon attaque sur mon son de basse, mais la modif ne semble pas concerner toutes les notes. C’est parce que pour les instruments virtuels d’Akai, lesdites notes sont réparties sur plusieurs « keygroups », des groupes de notes qui peuvent bénéficier chacun de réglages différents. C’est là aussi plutôt une très bonne idée, mais cela peut s’avérer déroutant au début.
…avec les outils de la MPC
En ce qui concerne d’ailleurs la modification des paramètres, l’interface des MPC Touch et Live est très bien pensée. Dans mon cas j’ai cliqué sur le segment graphique représentant l’attaque de mon son, et j’ai fait glisser mon doigt sur l’écran pour l’allonger. Mais j’aurais également pu modifier le paramètre grâce au gros bouton rotatif, ou encore double-cliquer dessus pour en afficher une version plein écran et plus précise, ou enfin agir via les boutons q-link.
Ceux-ci bénéficient d’une affectation dynamique par défaut qui couvre quasiment toutes les fonctionnalités proposées par la MPC Live et les plug-ins Akai ou autres. Ils ont leur propre écran de paramétrage (que je n’avais pu tester sur la Touch, car la page était annoncée « Coming soon », merci le marketing douteux de la marque…) qui permet de définir le comportement de chaque bouton en fonction du contexte.
Et si en cours de production, vous manipulez l’un de ces boutons sans plus trop savoir ce que vous faîtes, car il ne correspond pas à l’une des fonctions que vous avez affiché à l’écran, pas de panique : une pression prolongée sur le sélecteur « q-link » vous fera afficher en surimpression la banque de Macro paramètres à laquelle appartient celui que vous êtes en train de modifier. Très très bien vu.
En revanche, on regrettera que le mode « learn » des « q-links » coupe le playback du morceau en cours, ce qui est parfaitement incompréhensible et limite fortement les possibilités d’affectations en live.
En aparté, un dernier mot sur les possibilités de modulations de paramètres : la fonction pad XY avec la possibilité d’affecter un effet différent à chaque axe est un vrai bonheur à utiliser, malgré quelques petites limitations (cf test de la MPC Touch).
Mais ne nous évadons pas trop loin, nous avons un morceau à finir ! La prochaine étape va consister à organiser toutes nos petites séquences.
Au suivant !
Je n’avais pas dans l’idée d’écrire une symphonie, juste un petit enchaînement proposant une base rythmique à laquelle s’ajouterait rapidement une basse et enfin, dans un dernier temps, une suite d’accords de synthé, soit trois séquences au total. Dans l’écran principal, il est extrêmement facile de dupliquer des séquences et des tracks entre elles ou de les supprimer… sauf quand on souhaite copier une track d’une séquence vers une autre. En effet, il n’existe pas d’option permettant simplement définir une autre séquence de destination lorsque l’on copie une track, et il nous faut passer par un petit workaround. Pas très grave mais un peu étrange tout de même. Quoi qu’il en soit, j’obtiens rapidement mes trois séquences, dont il s’agit maintenant d’organiser l’enchaînement.
Là, je reprécise que toutes les opérations que j’ai effectuées jusqu’à présent se sont faites sans aucune interruption de son, à l’exclusion du moment où j’ai voulu affecter manuellement des fonctions aux q-links via le midi learn. Donc jusque-là, on peut dire que la MPC mérite globalement son appellation « Live ».
J’organise l’ordre de mes séquences tranquillement via l’option « next sequence », quand me prend l’envie folle de n’en faire qu’une seule séquence à réintégrer telle quelle dans mon morceau pour ensuite le développer.
Et là c’est le drame : cela se fait par l’intermédiaire d’un export qui coupera obligatoirement la sortie audio. Impossible également d’enregistrer l’intégralité des séquences via le sampler interne.
En conséquence, oubliez tout export ou transfert de votre morceau en une seule séquence en live. Oubliez également toute possibilité de mixer votre morceau en live : le mixage ne peut se faire que par séquence, mais pas sur l’ensemble d’un morceau… À moins d’exporter votre morceau en une séquence mais alors vous obtenez une belle coupure de son… Et ceci est valable aussi bien en utilisation standalone qu’en utilisation « controller ». Mais comme je l’avais souligné déjà dans le précédent test, le mode « song » n’est vraiment pas le mieux implémenté des modes de création dans la MPC. Par
Akai se lance dans le clip
Et puisque j’évoque des problèmes liés au workflow, c’est l’occasion de parler des clips, la nouvelle fonction présente tout d’abord sur les MPC Live et MPC X, puis implémentée également dans la version 2.0 du logiciel MPC et donc également utilisable maintenant sur la MPC Touch.
L’idée est de pouvoir envoyer des clips à la manière d’Ableton Live, sauf que c’est encore très embryonnaire et que l’on ne saisit pas forcément l’avantage par rapport aux modes existants de lancement de sons via les pads.
Les possibilités d’enchaînements entre les clips notamment sont très faibles. Tout d’abord, tout comme dans le mode « next sequence », il n’y a pas de mode legato non plus dans les clips. Au contraire d’Ableton Live ou de Bitwig Studio, on ne trouve pas non plus de de programmation de « next action ».
La manipulation pour mettre les clips en boucle est un peu fastidieuse, tout comme l’est celle qui permet de ne déclencher qu’un seul clip quand une séquence de clips a déjà été préalablement enregistrée. Au final, il s’agit là également d’une fonction d’ont on espère qu’elle fera l’objet d’une mise à jour.
Mais je reviens à mon morceau, auquel j’aimerais juste rajouter une pointe de distorsion sur mes accords de synthés. Mais attention, pas n’importe quelle distorsion : celle de mon très cher plug-in Ohmicide.
Et pour accomplir cette tâche, il nous faut maintenant abandonner le mode autonome de la MPC pour le mode controller, et lancer le logiciel sur l’ordinateur.
Le monde virtuel
Nous voici donc devant la version numéro 2 du logiciel MPC. Celle-ci apporte principalement deux grandes nouveautés, à savoir la gestion des clips dont j’ai exprimé tout le « moyennement bien » que j’en pensais, et l’apparition très attendue du time stretch et du pitch shifting en temps réel. Tout cela permet au soft d’être pleinement raccord avec les fonctionnalités « warp » (voir plus haut) présentes dans l’utilisation standalone de la MPC Live. Poursuivons.
Une fois lancé le soft MPC et avoir fait basculer l’appareil du mode standalone au mode controller, je me dis que je pourrais très certainement récupérer mon projet en cours directement depuis le disque dur de la MPC dans le logiciel. Que nenni ! L’accès au disque dur de la machine est prohibé, obligation est donc de transférer l’ensemble d’un projet de la MPC vers une unité de sauvegarde externe pour ensuite récupérer le contenu sur votre ordinateur. Toutefois, la MPC pouvant faire office de hub, vous n’aurez pas besoin de déconnecter et reconnecter quoi que ce soit, il suffira de faire passer votre appareil en mode controller pour que toute unité de stockage connectée à lui soit immédiatement reconnue par l’ordinateur.
Il en va de même pour tout projet que vous souhaiteriez faire basculer de votre ordinateur vers la MPC en mode standalone : passage obligatoire par un disque dur ou une clé USB externe. Et attention à bien penser à exporter en fichier audio toutes vos pistes contenant des plug-ins tiers, ceux-ci ne pouvant bien entendu pas être installés sur la MPC Live. En ce qui concerne les expansion packs d’Akai en revanche, ils peuvent être transférés vers la MPC mais tout comme les projets, cela se fera via l’intermédiaire d’une mémoire externe. Le partage des projets et des ressources logicielles reste donc perfectible entre la MPC Live et son logiciel dédié. Par contre, sans surprise et à l’image de la Touch, la MPC Live se comporte comme un excellent contrôleur dudit logiciel. On ne perçoit aucune différence sur l’écran de la machine entre l’utilisation standalone et l’utilisation en mode contrôleur, et le passage de l’une à l’autre se fait de manière absolument fluide.
On appréciera par ailleurs le fait que les drivers ASIO soient multiclients et que l’on puisse ainsi ouvrir, sur PC, autant d’applications audio que l’on souhaite tout en continuant à bénéficier de la fonctionnalité « carte son » de la bête. Et tout comme pour la MPC Touch, quand on utilise le logiciel MPC comme plug-in dans une autre DAW, on peut basculer du contrôle du plug-in MPC à celui du reste de la DAW hôte instantanément. Ce genre de fonctionnalité n’est pas nouveau, mais ça fait toujours plaisir.
J’arrive à la fin de ma démonstration. Il ne me reste plus qu’à effectuer un petit export de mon projet format de mon choix (wav, aiff ou mp3), et le tour est joué !
Et concrètement, pour les oreilles ?
Avant de conclure, je voudrais juste ajouter quelques mots sur les banques de sons et plug-ins livrés avec la MPC. 10 giga-octets sont préinstallés dans la machine, et une vingtaine de gigas supplémentaire est téléchargeable gratuitement en packs d’expansion.
Et pour la partie plug-ins, Akai nous propose quelques excellents synthétiseurs de la branche instruments virtuels de la maison mère InMusic, à savoir AIR Instruments, avec notamment les très bons Loom et Hybrid 3. Et je vous propose d’ailleurs juste quelques petits exemples personnels de mise en situation des sons de la bête, avec pour les trois derniers morceaux l’ajout de certains plug-ins supplémentaires.
- With a little help from my Twist 01:03
- With a bit of Massive 00:45
- With a bit of Absynth 00:59
- Techno 00:18
- Hip Hop 00:21
- Future House 00:21
- DnB 00:12
Conclusion
Comme je l’ai mentionné en introduction, la MPC Live partage énormément de caractéristiques communes avec la MPC Touch. J’y ai ainsi retrouvé tout ce qui m’avait plu dans cette dernière, à savoir une excellente gestion du tactile, la grande qualité des pads, une ergonomie globalement très bien pensée, la parfaite osmose du contrôleur (je dis bien du contrôleur !) et de son logiciel, la variété des méthodes possibles pour accomplir une tâche… Variété qui peut toutefois conduire à la multiplication un peu inutile de certains modes qui mériteraient peut-être d’être réunis. D’autres modes en revanche méritent même carrément d’être repensés, comme le nouveau mode « clips » ou le plus ancien mode « song » qui ne s’intègrent à mon sens pas encore de manière totalement fluide dans le workflow. Notamment en ce qui concerne le mode song, le fait que son utilisation implique l’arrêt de la lecture sonore peut s’avérer éventuellement problématique, surtout en… live. Ensuite, les partages de fichiers entre l’ordinateur et la MPC pourraient s’effectuer de manière plus directe que via l’emploi d’unités de stockage externe : on regrette de ne pouvoir accéder directement à partir de l’ordinateur au contenu du disque dur interne de la MPC. Enfin, on regrettera que la sortie casque soit couplée avec la première des trois sorties stéréo de l’appareil. Mais tout ceci ne doit pas occulter une chose : Akai est revenu dans le monde des instruments de musique autonomes. Et si grâce à sa nouvelle machine, la marque ne parvenait pas pour une quelconque raison à se réconcilier avec ses anciens utilisateurs, elle pourrait bien convaincre les aficionados de la MAO comme moi à faire évoluer leurs habitudes !