Après les Volca Beats, Bass et Synth, c’est au tour d’une mini-BAR à échantillons de faire son apparition sur le marché. De quoi se mettre les accros du sampling dans la poche ?
L’hiver dernier, nous avions fait entrer dans notre valise trois petits cartons signés Korg, estampillés Volca Beats, Bass et Keys. C’était juste avant de prendre la route des pistes enneigées. Nous avions pu apprécier le faible encombrement, l’autonomie totale et le son plus qu’honorable de ces petites boîtes très sympathiques : une mini-BAR à percussions, un mini-synthé basse et un mini-synthé lead. Cette année, c’est au moment où les premières stations de ski font leur ouverture que nous recevons le 4e larron de cette famille ô combien attachante et ludique : cette fois, il s’agit non pas d’un échantillonneur, mais d’une boîte à échantillons (il est écrit « Volca Sample », pas « Volca Sampler », non, mais !). Les 6 piles fournies une fois en place, il ne reste plus qu’à allumer la bestiole…
Blanc comme neige
La physionomie du Volca Sample est proche de ses frères et sœurs : même format parallélépipède rectangle, taille réduite (19 × 11 × 5 cm) et poids plume (moins de 400 grammes). Toutefois, la construction semble plus robuste : le blanc manteau est majoritairement en plastique (caisse), mais la façade fixée par 4 vis est en alu (elle est plus froide au toucher).
La répartition des commandes est analogue aux Volca Bass et Volca Beats : en partie supérieure, on trouve l’ensemble de la connectique, avec de gauche à droite, l’interrupteur marche/arrêt, l’entrée pour alimentation externe (DC 9V, modèle KA-350 hélas toujours en option), l’entrée MIDI (synchro, déclenchement des samples, CC pour les paramètres sonores), les entrée & sortie synchro (format mini-jack) et la sortie casque (mini-jack stéréo) ; cette dernière est la seule sortie audio disponible sur un Volca. En partie centrale, on trouve l’essentiel des commandes de son et de transport, nous y reviendrons. Enfin, la partie basse est dédiée au clavier capacitif tactile, composé d’une rangée de 16 touches et 16 diodes, identiques à celles des Volca Bass et Volca Beats.
Un petit haut-parleur est intégré sous la machine, ce n’est pas le meilleur choix possible, mais c’est l’un des seuls endroits disponibles ; il est automatiquement coupé dès qu’un mini-jack est enfoncé dans la sortie casque. C’est aussi sous la machine que l’on trouve la trappe pour l’alimentation par piles (type 6 AA fournies), rendant ainsi le Volca Sample parfaitement autonome. Le constructeur annonce une autonomie de 10 heures avec des piles alcalines. La mise à jour de l’OS ne se fait pas par l’entrée MIDI, mais via l’entrée Sync, au moyen d’un fichier audio, comme sur une Monotribe. C’est également par cette entrée que l’on importe les samples utilisateur (nous y reviendrons). En temps normal, l’entrée Sync permet de synchroniser le tempo à partir d’une autre Volca/Monotribe, en les reliant avec le cordon mini-jack stéréo fourni. La réciproque est, on s’en doute, tout aussi vraie…
Tour de piste
Comme nous l’avons vu, les commandes sont regroupées en partie centrale de la façade. Elles sont ici généreuses : 2 « gros » potards (EQ), un LCD à 4 diodes 7 segments (affichage du tempo, des numéros de séquences/samples, des valeurs en cours d’édition…), 12 potards d’édition sonore, 4 potards d’édition globale (tempo, swing, réverbe, volume) et 8 touches de fonction (sélection/mémorisation des séquences ou Songs, sélection des parties, mode de jeu/édition, solo/mute de parties rythmiques, sélection de fonctions, activation/mute/saut de pas, transport du séquenceur). Parmi les 16 petits potards, 12 sont transparents et clignotent en rythme : à part le tempo, ce sont ceux dont les mouvements peuvent être enregistrés, nous y reviendrons en détail. Les plus petits potards sont pas mal serrés, mais plutôt bien ancrés, ce qui est moins le cas des deux plus gros (EQ) qui bougent pas mal sur leur axe.
En partie inférieure, la rangée de 16 touches tactiles permet, en plus de programmer les séquences, d’accéder à des fonctions supplémentaires : coupure/isolation de parties sonores, bouclage des samples, activation/annulation des mouvements de potards enregistrés (Motion), effacement des données (pas, séquence, tout). La très grande majorité des fonctions est donc directement accessible, seuls quelques réglages globaux nécessitent des combinaisons de touches à l’allumage. Bref, le Volca Sample est très simple à prendre en main.
Prêt à emporter
Le Volca Sample est un petit séquenceur à pas qui déclenchent des échantillons. La machine peut importer des samples (cf. ci-après), mais est totalement dépourvue d’entrée audio pour échantillonner soi-même. La polyphonie est de 8 voix et la mémoire de samples, conservée à l’extinction, est de 4 Mo (65 secondes, 100 échantillons mono maximum). La machine est livrée avec 100 échantillons d’usine de bonne qualité, comprenant des percussions acoustiques, des percussions électroniques (type TR et BAR à samples des 80’s), des pads courts, des effets spéciaux, des pêches d’orchestre, des voix… une panoplie orientée électro-pop qui permet de ne pas partir de zéro, mais que l’on pourra évidemment remplacer par une sélection de samples de notre choix ou de notre création. Avec ces samples, aucun souffle n’est à déplorer sur la sortie audio.
Assigner un sample à une partie est un jeu d’enfant, grâce à l’encodeur de sélection dédié cranté, l’écran affichant immédiatement le numéro de sample en cours (S000 à S099) ; petit détail d’ergonomie, la sélection des samples se fait en boucle : à la fin de la liste, on n’est pas obligé de repartir en arrière une fois le dernier sample atteint et réciproquement ; bien vu ! Le sample assigné, on peut le triturer à l’aide des 11 autres potards lumineux : point de départ (0 à 90 %), longueur (1 à 100 %), filtrage des hautes fréquences (LPF), Speed (pitch), enveloppe de pitch (intensité bipolaire, attaque, déclin), niveau, panoramique (ouiiiii, le Volca Sample est stéréo !) et enveloppe de volume (attaque, déclin). Dommage que le filtre soit statique (pas d’enveloppe assignable) et non résonant. Les paramètres ont 128 valeurs, qui sont affichées sur l’écran lors des manipulations ; ces valeurs ne sont pas émises via CC MIDI, puisqu’il n’y a pas de MIDI Out. En revanche, comme nous l’avons dit, le mouvement de ces commandes est enregistrable dans les séquences, ce pour chaque partie (du coup, le filtre n’est pas complètement statique).
Mise en boîte
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Si le Volca Sample avait intégré une entrée audio ou un microphone, il aurait été l’échantillonneur de poche idéal pour partir sampler en autonomie totale en tout point de la planète (voire au-delà)… mais à ce jour, pour jouer les aventuriers du sample, il faut mettre dans son paquetage un iPhone, équipé de l’application AudioPocket pour Volca Sample, téléchargeable gratuitement sur Apple Store ou utiliser Caustic Editor pour Volca Sample https://fr.audiofanzine.com/editeur-audio/single-cell-software/caustic-editor-for-volca-sample/news/a.play, n.27617.html, basé sur le SDK mis à disposition du public par Korg https://fr.audiofanzine.com/sequenceur-sampleur/korg/volca-sample/news/a.play, n.27313.html. Avec l’appli iOS, l’iPhone se transforme alors en échantillonneur – bibliothécaire. On peut donc capturer un son via le micro intégré (10 secondes maxi), le normaliser, le tronquer, puis l’envoyer au Volca Sample à l’emplacement mémoire de son choix, en ayant pris soin de relier la sortie casque de l’iPhone à l’entrée Sync du Volca. Le transfert se fait par données audio, comme au bon vieux temps des sauvegardes cassette sur les premiers synthés à mémoires. Il ne faut pas être pressé, car la transmission d’un échantillon de 10 secondes prend 2’46 ! L’application permet aussi de partager des fichiers iTunes, restaurer les sons d’usine (cela prend plus de 13 minutes) et mettre à jour d’OS.
Avant d’importer de nouveaux samples, on peut effacer tout ou partie des samples internes, soit via l’application, soit par combinaison de touches à l’allumage et marquage des samples à effacer (depuis l’OS 1.22 que nous avons installé). L’écran indique ensuite la mémoire restante. Les samples sont codés en 16 bits/31 kHz, c’est-à-dire ce qu’on trouvait fin 80 / début 90 (époque E-mu Emax II/Ensoniq EPS16). Cela amène un rabotage de la bande passante dans les aigus qui colore un peu le son, mais c’est tout à fait acceptable. Comme toujours, il faut apporter du soin au sampling pour éviter le souffle (ou jouer du potard de filtre intégré).
Séquence et Motion
Au cœur du dispositif, on trouve un séquenceur à 10 parties, chacune comprenant un sample avec ses paramètres sonores et le statut de chaque pas. Les parties 9 et 10 sont exclusives (elles se coupent mutuellement), ce qui est parfait pour gérer des hi-hats ouverts/fermés. La mémoire comprend 10 séquences de 16 pas maximum et 6 Songs basiques. Une Song est un assemblage simple de 1 à 16 séquences lues les unes après les autres selon un ordre à définir ; on peut répéter une séquence plusieurs fois, mais cela consomme autant de pas. C’est mieux que rien et toujours mieux que les 8 séquences minimalistes des autres Volca. La lecture des séquences se fait uniquement à l’endroit, il n’y a pas de mode inversé, alterné ou aléatoire. Par contre, on peut inverser le sens de lecture de n’importe quel sample, à la volée, pour chaque partie. On peut aussi supprimer certains pas, ce qui permet de modifier la longueur des séquences, même en live (et contourner l’absence de divisions temporelles variées). Autre point, il est possible de sauter sur un pas en temps réel en maintenant la touche Fonction, la touche Step Jump et la touche du pas à atteindre, ce qui est un peu périlleux, surtout au cours d’une soirée un peu arrosée…
Côté enregistrement, cela se passe indifféremment en temps réel (avec les 10 premières touches du clavier tactile) ou en pas-à-pas (avec les 16 touches représentant chacune un pas de la piste en cours), le tout sans interrompre le workflow, ce qui est un très bon point. Les notes entrées en temps réel sont calées sur le pas le plus proche. Point d’excellence déjà présent sur les autres Volca, la fonction Motion, qui permet d’enregistrer le mouvement continu des commandes au sein des séquences. Cela concerne, comme nous l’avons vu, les 11 paramètres sonores liés aux potentiomètres transparents et lumineux. Pour ce faire, on lance l’enregistrement, et dès qu’on bouge une commande, le Volca Sample enregistre le mouvement pendant une boucle, puis repasse en mode lecture. On peut à tout instant annuler le mouvement, puis le relancer, pour des séquences dynamiques du plus bel effet. En mode pas à pas, on peut éditer les valeurs avec précision, en maintenant le pas à modifier et en bougeant les commandes souhaitées. Par contre, il manque quelques fonctions : accent (et vélocité externe, toutefois contournable avec le paramètre de niveau), liaison de pas (Slide), tenue de note, roulement/fla… on ne peut pas tout avoir ! Il manque enfin un moyen d’exporter les séquences du Volca, tout comme les réglages sonores associés, dommage…
- Volca Sample S1 00:40
- Volca Sample S2 00:53
- Volca Sample S3 01:56
- Volca Sample SW 01:54
Conclusion
Le Volca Sample est une excellente petite BAR à samples. Tout aussi compacte et ludique que ses aînées, mais plus robuste, elle offre un séquenceur plus puissant avec mode mini-Song, une sortie stéréo, des samples personnalisables et une automation des paramètres sonores. Restriction de taille, on ne peut échantillonner directement à partir de la machine. Mais en embarquant avec soi un portable et l’appli adaptée (iOS fournie ou Caustic Editor par exemple), on pourra partir à l’aube dans la pampa échantillonner tout un tas d’ambiances, éditer ses samples dans la journée, puis monter sur scène le soir même. D’aucuns pourront reprocher cette absence de sampling direct ou la mémoire limitée, mais compte tenu de son tarif très agressif, le Volca Sample est une honnête proposition pour ceux qui veulent bâtir leurs séquences originales avec leurs sons originaux, le tout sans se ruiner…
Télécharger les extraits sonores (format FLAC)